Mes explications lui avaient meurtrie sont coeur. Plus tranchante que la plus fine lame de tout Rome, chaque mots devaient être aussi douloureux que si on lui assénait encore et encore, avec acharnement, des blessures qui ne se refermeraient probablement jamais. Pourtant Sapiens devait le faire, il se devait d'être cruel en cet instant car trop de choses arrivaient dans la nouvelle vie d'Améthyste en si peu de temps. La perte d'un précédent maître, la peur de retourner au marché puis la joie d'apprendre que cela n'arriverait pas et pour finir l'amour qu'elle ressentait pour le scribe. Mais était ce réellement de l'amour? Non pas que Sapiens en doute, cependant lors d'un traumatisme conséquent, il n'est pas rare pour la personne déboussolée de voir en la première personne qu'elle croise une lumière salvatrice. Les émotions qu'elle n'a alors pas pu exprimées envers le disparu se retrouve transféré dans la personne qui se dresse, main sur le coeur, vers elle. La jeune femme se hâtait sans prendre le temps de voir le monde avec ces nouveaux yeux. Améthyste devrait apprendre à découvrir, ressentir, tout cela de façon sage et contrôlée. Lentement, mais surement, Sapiens ne doutait pas qu'elle finisse par devenir une humaine à part entière, un être ayant les mêmes droits qu'un romain et parfois qui le mériterait plus que certains d'entre eux.
Mais pour l'heure, l'homme s'était tut. Attentif, à l'écoute. Améthyste, à son grand dam, comprenait la situation dans laquelle Sapiens se trouvait. Elle en éprouva de la compassion, et comprenait les mots et les raisons qui avait fait repousser les avances de cette dernière. Prise par l'émotion, ce dernier la vit lui tourner le dos, comme si elle ne voulait pas qu'il l'a voit pleurer. Mais les émotions qui se coinçaient dans sa gorge lorsqu'elle poursuivit en disait long sur l'injustice qu'il devait ressentir face à la vie que le scribe divin devait mener.
Elle s'était fais une raison, l'amour qu'elle ressentait pour lui ne pouvait aboutir à une fin heureuse. Pourtant elle ne voulait partir, elle ne voulait le quitter. Améthyste lui demandait de lui laisser la chance de l'aime et le protéger. De rester près de lui désormais. Mais c'était la raison pour laquelle il était venu la chercher. Il voulait qu'elle reste près de lui, qu'elle ne souffre plus de la bassesse des romains corrompus. Aussi s'en un mot, réponse muette, il hocha la tête, marquant l'affirmation. Oui il la laisserait le protéger et l'aimer si cela pouvait la rendre heureuse. Sapiens ne voulait que cela, qu'Améthyste puisse enfin trouver le repos et le bonheur auquel elle avait droit.
C'est alors qu'elle se retourna vers lui, s'avançant d'un pas avant de lui caresser la joue de sa main hésitante. Il la laisse faire, sourit même devant sa démarche et continu d'écouter ses paroles. Des paroles sur Ailanda, des paroles sur lui même. Ses regrets, ses inquiétudes, puis la révélation et la sérénité. Elle parlait enfin librement, sans tabou. Elles exprimait ce qu'elle ressentait sans peur d'être frappée ou battu pour sa prise de parole. Répondant à cette main, Sapiens y joignit la sienne, refermant délicatement ses doigts sous ceux de la jeune femme. Oui, Améthyste apprenait enfin ce que c'était que d'être humaine.
- Seul les dieux savent l'avenir que nous attend Améthyste. S'ils leur plaisent de me donner cette chance alors j'apprendrais à découvrir ce sentiment depuis si longtemps oublié.
Derrière eux, le bruit de la ville n'était pas constant. Tantôt bruyant, tantôt silencieux, les allés et venus des romains ponctuaient l'atmosphère du lieu. Une douce pression fût exercé par se dernier sur celle de son interlocutrice, mais son sourire bienveillant continuait d'illuminer son visage.
- Mais pour l'heure Améthyste, je suis dévoué corps et âmes aux dieux. Tel est mon rôle et tel sera ma vie.
Oui, il savait que cette phrase sonnerait comme une triste fatalité. Mais comment aurait il pu en être autrement. L'Homme n'était qu'un jouet entre les mains des dieux, que pouvait il faire d'autre que de suivre le destin qui lui était tracé. Se rebeller? Sérieusement.... Vouloir construire son propre destin ? Pauvre naïf que vous êtes d'imaginer encore que nous sommes capable de choisir notre chemin et surtout de chercher à vous rassurer dans cette éphémère conviction. Quand comprendrez vous que ce qui doit arriver arrivera. Ce monde n'est que fatalité et vous actions provoqueront inévitablement une réaction vous menez vers la fin...