par Sapiens Inspectoris le 12 Mars 2013, 01:13
Sapiens avait vu Améthyste ouvrir une dernière fois la porte du studio comme dans un ultime adieu à ce son propriétaire désormais nouveau résident dans le domaine de Pluton. Mais il n'avait dit mot, pas plus lors de leur avancées dans les rues de la ville qui fourmillaient de mondes. Ca et là on voyait les rires côtoyer les pleures, la joie effleurer la triste dans une danse pleine de mélancolie. Chacun vivait l'instant présent, aussi éphémère soit il à sa manière, mais surtout suivant le destin qui lui avait été tracé. Certains avaient eu la chance de pouvoir revenir près des leur, dans le foyer près de femmes, enfants et familles. D'autres avaient probablement du avoir une pensée pour les êtres chers qu'ils allaient laissé derrière eux avant que ne s'abatte la main glacée de la mort. La vie était tellement fragile, tellement insignifiante et pourtant provocateur de réactions aussi diverses que surprenante.
Sans un mot, le scribe regardait autour de lui, jetant de rapide coup d'oeil. Qu'aurait il pu dire à Améthyste en ce moment précis. Certes il l'avait fait sourire, mais cela n'était pas suffisant pour lui faire oublier la tragédie dont elle venait d'être l'une des victimes. Il lui faudrait du temps. Combien? Cela ne dépendrait que d'elle pour apprendre à cicatriser et non soigner la blessure qu'Ailanda avait créée en elle. On ne peu effacer le passé, une cicatrice et la preuve d'un évènement de notre vie qu'on ne peut qu'accepter et vivre avec sans pour autant réussir à totalement l'oublier. Cela reviendrait à feindre la réalité, se voiler le regard afin de ne pas souffrir. Protection dangereuse quant on sait que le réveil en sera beaucoup plus douloureux.
Améthyste, légèrement plus en retrait que Sapiens, prenait son rôle d'androïde très au sérieux malgré son plot qui désormais ne fonctionnait plus. Respectant les codes qui sied à la relation traditionnelle entre un maître et son androïde. Je dois avouer que pour le scribe c'était une situation quelque peu surprenante, pour ne pas dire nouvelle. Car oui, il peut vous l'avouer. Avant cela, mise à part lorsqu'il vivait jadis avec l'ancien Prélat il n'avait plus eu d'androïde à son service...
Une nouvelle famille qui se réunit attira l'attention de l'ancien qui tout naturellement eut un mouvement de la tête en direction d'Améthyste. Elle souffrait d'un tel spectacle et se mettait assurément martel en tête une fois de plus. Mais il ne pouvait rien faire de plus. Il lui avait fait comprendre et du moins lui avait exprimer son point de vue sur la situation, maintenant tout ne dépendait plus que d'Améthyste. Redresser la tête et avancer ou toujours regarder le passé par dessus son épaule. C'était probablement trop demander en si peu de temps. La jeune femme devait faire son deuil ce que Sapiens pouvait parfaitement comprendre.
Tout deux eurent tôt fait de tourner une nouvelle fois dans une rue plus calme et moins bondée pour que le silence ne se brise comme du verre sur le sol. Améthyste avait pris la parole, exprimant un mécontentement et un reproche quant à l'impassibilité que pouvait avoir certains hommes lorsqu'on laissait exprimer ses sentiments à leurs égard. En l'occurrence ici, Sapiens. C'est vrai, l'homme n'avait pas réagit quant à la déclaration sentimentales qu'Améthyste avait exprimé tout à l'heure. Certes ce n'était pas courtois dans l'avoir balayer d'un revers de la main comme l'on chasse un insecte qui nous tourne autour. Améthyste s'était donc vexée et n'avait pu contenir plus longtemps sa colère. Pourtant avant même que ce dernier ne puisse répondre, elle avait tranche court à cela et repris la marche, dépassant Atris.
Pourtant ce dernier n'eut aucune réaction, les mains placées sur la pomme de sa canne, il avait fermé les yeux. Un soupir mental parcouru son esprit puis soudain...
- Je t'ai parfaitement bien entendu tout à l'heure Améthyste....Cependant
Réouvrant les yeux, ce dernier se tourna en direction de son interlocutrice.
- Il m'est impossible de répondre favorablement à ta déclaration... Vois tu, en plusieurs siècles d'existence, j'ai pu observer le monde. J'en ait été la victime un nombre incalculable de fois et toutes ces expériences, ces trahisons, ces manipulations ont endurcis mon coeur et l'ont fermé à ce que tu appels "l'amour". Je peux ressentir de la tendresse, de l'affection, de l'attachement, mais pas ou plus de l'amour. Cette ville ,dit il d'un mouvement de bras pour désigner Rome, comme tu le sais a détruit bon nombre de choses en moi...
La naïveté et la candeur que Sapiens possédait dans ses jeunes années lui avait fait rencontrer beaucoup de mauvaises personnes et vivre des expériences dont il en avait pâtis longtemps après. Pourtant l'affaire des enfants disparus ou la découverte de la mort de sa mère auraient du lui faire prendre conscience de la véritable nature de l'Homme. Mais ce dernier avait toujours voulu croire en lui, lui donner une dernière chance, une chance qui s'était prolongée encore et encore. Cependant sa naïveté avait finis à s'effriter, son sourire s'était fané et la lueur d'espoir et de vie qui pétillait dans son regard à l'époque s'était éteinte depuis fort longtemps maintenant. Lors de son isolement, le scribe avait réussit à scellé certaines de ses émotions à commencé par "l'amour", n'en déplaise à la déesse Vénus. Cependant un autre détail pesait sur l'homme qu'il devait partager avec l'androïde pour qu'elle comprenne.
- Par ailleurs, même si j'avais été capable d'éprouver de l'amour, un autre point m' aurait empêché de pouvoir l'exprimer comme je l'aurais voulu: Mon devoir de scribe divin. En tant que tel, je me dois d'être d'une totale neutralité et donc ne pas laissé mes émotions influer sur mon jugement et mes décisions. L'amour est sans doute le sentiments le plus fort mais également le plus destructeur dans notre coeur. Il fausse notre jugement et pourrait me tenter de vouloir changer l'histoire selon mon bon plaisir. Tu comprends ?
Sapiens savait que la réponse qu'il donnait ainsi à Améthyste lui ferait énormément de mal. Il savait que la jeune femme en souffrirait sur le moment. Mais qu'aurait il bien pu faire d'autre ? Lui mentir, lui faire croire qu'il l'aimait comme elle l'aimait ? Oui c'est vrai, ce dernier avait des sentiments pour l'androïde, mais il ne pouvait lui donner de faux espoir pour les voir un jour éclater en morceaux.
S'approchant d'elle, il hésita un moment avant de mettre sa main sur son épaule. La vérité pouvait être très douloureuse.
- Je te demande pardon Améthyste, dans cette histoire ce n'est pas toi le problème... c'est moi...
Elle ne comprendrait pas. C'était fort à parier et surtout elle tenterait peut être de dissimuler la tristesse et la déception d'une pareille révélation. Néanmoins, inconsciemment, Sapiens espérait que cet avenir de changement lui permettrait de reconnaître les joies de l'amour lorsque le moment sera venu.