[E5] Improbabilités improbables [Mnemio]

Le corps expéditionnaire rentre dans Rome, des festivités commencent, mais également des troubles naissent au sein du Sénat face aux annonces de Caius et l'arrivée de Neptune et Vesta

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Messagepar Sibylla Atilius le 12 Février 2013, 12:17

Le Colisée, maison de Gloire ou de Déshonneur. Un sourire plana sur mes lèvres. Servius n'était pas loin derrière moi. J'appréciais cet édifice. Il datait d'un temps ancien, construit par la sueur des hommes, fait de blocs de pierres taillées dans des carrières, bien loin d'ici. Les hommes mourraient sur le sable de l'arène, les androïdes se faisaient démembrer, les bestioles agonisaient et les romains s'esclaffaient. Les humains étaient des êtres bien barbares. Et dire que je désirais plus que tout vivre parmi eux et être l'une d'entre elle...

Je descendais les marches pour me retrouver au plus près du mur glissant vers l'arène. Il y avait là plusieurs sénateurs, dont Gracchus qui assistaient à quelques combats intéressants. Ce jour ne présentait pas de gladiateurs très connus, mais cela restait tout de même un divertissement agréable, du moins, pour ces humains ventripotents, grabataires et impotents. Comme à mon habitude, je portais la toge des sénateurs, d'un blanc impeccable, au liseret rouge. Les bracelets d'or à mes bras s'accumulaient, comme à leur habitude et mon tatouage était parfaitement dissimulé.

Dans le sable, un androïde termina sa misérable vie. Je savais que si jamais on me découvrait, je finirais probablement ici, ou réinitialisée. Non, ça jamais. Plutôt mourir que de subir une torture et des chaines dans mon esprit. J'avais beau savoir que je n'étais pas humaine, j'avais le reconnaître tous les jours, par les programmes qui s'affichaient, par le squelette qui bougeait, je refusais de me considérer comme une androïde. Mais je n'étais pas humaine. Est-ce que "entre les deux" existait?

Il n'y avait pas que des sénateurs présents dans les gradins du Colisée, il y avait d'autres patriciens : commerçants reconnus, des Consuls, et quelques militaires. Je les connaissais tous de vue. Depuis longtemps j'avais intégré leur visage à ma base de données. Il y avait quelques membres de la Plèbe également, perdus entre le spectacle qu'offraient quelques gladiateurs et une population d'hommes influents qu'ils ne pourront jamais atteindre. En quelques mots, je m'intégrais à une conversation banale, au sujet des crimes possibles, de leurs pénitences. Nous entamâmes un long et pénible dialogue sur les récoltes pas assez abondantes et la population grossissante de la Cité.

Ce n'était pas du tout intéressant, mais je gardais ce masque sur le visage, un léger sourire bienveillant, une attitude sereine et le tour était joué. Mon regard, au lieu d'observer les combattants de l'arène, se posa sur l'assistance. Il était toujours intéressant d'épier les alentours d'une attraction, car c'était là que l'on pouvait dénicher les bonnes informations. Le temps passant, j'analysais les données sur les militaires présents, ceux qui n'avaient pas pu partir avec l'expédition. Certains en semblaient contents, d'autres étaient en train de ronger leur frein.

Maximus m'avait bien fait comprendre que j'avais besoin d'une compagnie. C'était ainsi que j'avais pris Servius, mais Servius resterait toujours un esclave. J'avais besoin d'autre chose qu'une obéissance feinte. J'avais besoin d...


- Centurion Tullius!

Mon regard se posa sur le soldat qui grimpait quatre à quatre les marches jusqu'au Centurion. Mais oui... Le Centurion Tullius. Très grande renommée, famille reconnue. Mes sources le disaient sans femme. Mais j'avais également entendu qu'il était un parti difficile. Son visage était dans mes fichiers, c'était donc que je l'avais croisé quelque part avant. Mes analyses m'informèrent qu'il avait été nommé par le Prélat. Il était jeune. On le disait ambitieux. Et il n'était pas vilain garçon. Un sourire passa sur mes lèvres.

Une ou deux heures plus tard, le gros des combats terminés, la majorité des sénateurs, des Consuls et des plébéiens s'était retiré. Je me levais également et cherchais du regard le Centurion. Lui aussi était resté encore. Mes programmes de conversations, de comportements et d'analyses se lancèrent immédiatement en action. Pour l'aborder, il fallait avoir non seulement du tact mais il fallait le piquer au vif, les militaires étaient tellement... ils étaient comme une huitre qui se referme dès qu'elle sent un danger. Danger qui prenait la forme de tout ce qui n'était pas militaire. Femme et sénat inclus.


- Centurion Tullius. Que Minerve soit louée, que de vous avoir dans nos rangs. Comment se passe votre traque de la Rebellion androïde?
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Re: [E5] Improbabilités improbables [Mnemio]

Messagepar Mnemio Tullius le 12 Février 2013, 15:06

Qu'il était agréable d'écouter la douce mélopée du fracas des lames croisées, noyée d'une part dans les supplications des mourants démembrés gisants dans un mélange de sang, de crasse et de sable et de l'autre par les cris d'une foule exaltée qui résonnaient dans l'imposant édifice en pierres. Si certains hommes savaient apprécier à sa juste valeur le grandiose spectacle de la violence et de la mort, se tapaient violemment dans le dos en riant à gorge déployée et lançaient des paris sur la manière dont le prochain combattant se fera estourbir, d'autres restaient de marbre face à autant de barbarie. C'était le cas de mon voisin de siège, un vieil ami, Cratus, Consul, qui tamponnait frénétiquement ses lèvres avec un petit morceau d'étoffe et transpirait à grosses gouttes, donnant l'impression que le pauvre homme allait renvoyer les raisins dont il s'empiffrait à longueur de journée. Non content de paraitre aussi maladif, Cratus était en plus secoué par de violents haut-le-coeur à chaque fois qu'une lame se frayait un chemin dans la chair d'un adversaire. Moi ? Je fais partie de la première catégorie et je m'amusais autant de l'affrontement qui se déroulait sous mes yeux que de la pâleur du visage de mon voisin et ami qui se confondait presque avec le blanc de sa toge.

« Comment fais tu pour supporter ça ? Je n'aurai pas dû venir ici, je t'avais bien dit que ce n'était pas un endroit pour moi, Mnemio.»

Je ris. Pas totalement par arrogance, mais parce que je savais exactement que ce genre de divertissement n'était pas au goût de ces hommes en toge qui prêchent la violence mais ne peuvent pas s'empêcher d'en détourner les yeux lorsqu'ils y sont confrontés. Soldat de mon état, la violence m'amuse et la gloire des vainqueurs me fascine. Je portais mes deux mains à ma gorge et délassais les deux lanières de cuir qui nouaient encore les oreillettes de mon casque à crête que je posais sur mes genoux. Après un soupir, je me tournais vers mon vieil ami avec un sourire joueur et hautain.

« Tu me déçois Cratus. Je pensais que tu étais un homme... La prochaine fois je viendrai ici avec ta femme. Dis moi, c'est cette maudite sorcière qui t'a arraché les testicules ?»

Je ris à nouveau, fier, avant d'être interrompu par un soldat essoufflé qui me salua en frappa son torse de son poing et en tendant complètement le bras envers moi. Agacé (pour rien, mais agacé tout de même), je décidais de ne lui accorder aucun regard, préférant largement regarder un colossal gladiateur s'en prendre à deux androïdes simultanément. D'un geste, je l'invitai à me divulguer l'objet de sa visite, au cas où cela concernerait les récentes vagues d'attentat dans la cité, mais il n'en fut rien. Au lieu de cela, le soldat, probablement l'idiot de la Légion, baragouina quelques mots que je n'avais pas véritablement envie d'essayer de comprendre, ce qui me poussa à faire signe à mon Optio, mon "adjudant", de prendre la situation en main et de me laisser profiter du massacre qui s'offrait à moi.

...

Un massacre que je regardai jusqu'au bout, sans en perdre une miette, contrairement à Cratus qui avait décidé de partir peu de temps auparavant, sous un flot de moqueries de ma part, et qui avait surement vomi ses entrailles à la sortie du Colisée. Peu importe. Les combats étaient terminés et des esclaves balayaient sommairement l'arène à l'aide de balais rudimentaires, afin de préparer le prochain spectacle. Je soupirai longuement en balayant, moi aussi, du regard l'assemblée. Je vis au loin un Sénateur qui me fit signe d'approcher. Ce dernier souhaitait bénéficier d'une protection plus soutenue que ses pairs afin d'éviter de subir le courroux des rebelles, étant très connu pour la célérité dont il faisait preuve pour acquérir les androïdes et s'en débarrasser dans des circonstances toujours un peu plus louches que les précédentes. A cette demande paniquée, je me contentais de poser lourdement ma main sur l'épaule du Sénateur bedonnant en lui murmurant un simple «Cela risque de vous coûter cher.» avec un sourire satisfait.

J'avais conscience qu'il n'était pas très honnête de profiter de la position de faiblesse d'un homme de pouvoir pour lui subtiliser quelques pièces, mais tout était devenu monnayable à Rome. Moi y compris depuis que le Sénat m'avait écarté de l'Expédition et privé de mes rêves d'aventures. Le Sénateur hésita mais acquiesça en hochant du triple menton. A la bonne heure. Mon optio se chargeait du reste, de récupérer l'argent et d'envoyer quelques hommes de plus à la porte de ce bon monsieur. Je m'éloignais peu à peu avant de croiser la route d'une élégante femme arborant la tenue des Sénateurs, elle aussi. Mon honneur d'homme prenait un coup à chaque fois que je voyais une femme au Sénat, mais celle ci était connue pour être une, si ce n'est la, plus grande oratrice en faveur de Minerve. Puisqu'elle engagea la conversation, j'essayais de paraître le moins désinvolte possible et me redressai, tentant de cacher mon amertume derrière mon uniforme de Centurion.

- Centurion Tullius. Que Minerve soit louée, que de vous avoir dans nos rangs. Comment se passe votre traque de la Rebellion androïde?

Je levais sobrement et respectueusement la main droite pour saluer la Sénatrice de manière convenable. Cette maudite Rebellion et leurs actes de terrorisme étaient des problèmes, qui, je le sentais, allaient vite me gâcher l'existence. J'espérais intérieurement que la Sénatrice abordait ce sujet afin de se montrer polie, simplement pour engager la conversation et pas pour me demander des comptes, auquel cas je tomberai vite à cours d'argument visant à justifier l'incompétence de mes hommes. Je me raclais la gorge et répondit à mon tour sur le ton de la conversation, avec un demi sourire.

« Salvé, Sénatrice. La situation concernant la Rébellion Androïde s'est plus ou moins stabilisée. Nous avons lancé un recrutement massif parmi les citoyens de la cité, mais je déplore le manque d'efficacité de ces hommes peu entraînés... Mes meilleurs soldats sont partis avec l'expédition. Plaise à Minerve que nous capturions ces parjures et que nous leur infligions une mort lente et douloureuse, ici même. »

Je marquais une courte pause, ne souhaitant pas m'étendre sur le sujet à moins que la Sénatrice ne m'en intime l'ordre. D'ordinaire, je préférais éviter de me lancer dans des discussions avec les politiciens, à moins que je sois certain de pouvoir en diriger le cours en les intimidant. Mais en ce qui concernait la Sénatrice Atilius, c'était différent, je ne pouvais pas me permettre de poser mes sales pates sur son épaule et tenter de trouver une faille derrière ce visage angélique. Mon regard se posa brièvement sur l'androïde qui la suivait comme un chien... Probablement son esclave. Mon visage afficha, pendant un bref instant, une pointe de mépris. La Sénatrice était toujours là et le silence devenait incommodant, me poussant à relancer la conversation.

« Pardonnez moi d'avance pour cette remarque tout à fait triviale, mais je m'étonne de voir une femme de votre... Envergure assister ainsi à un tel spectacle de barbarie.»
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Re: [E5] Improbabilités improbables [Mnemio]

Messagepar Sibylla Atilius le 12 Février 2013, 23:15

Mon ton avait été agréable, mais la suite de mes paroles l'empèchait de fuir après une réponse furtive et évasive. Je n'avais que faire, personnellement, de ces androïdes qui assassinaient des humains, bien au contraire. Néanmoins, en tant que supposée fervente de Minerve, je me devais d'enquérir à ce sujet. L'homme devant moi répondit à ma question, restant dans une platitude extrême. Il semblait ne pas apprécier être ici. Néanmoins il resta encore un instant où le silence s'installa entre nous. Je gardais moi aussi le silence, en guise de test, peut-être. Ce fut lui, après quelques secondes, qui reprit un nouveau fil de conversation.

« Pardonnez moi d'avance pour cette remarque tout à fait triviale, mais je m'étonne de voir une femme de votre... Envergure assister ainsi à un tel spectacle de barbarie.»

Je tournais le visage vers l'arène, en bas. Quelques esclaves balayaient, arasaient le sable afin que ce dernier ne présente aucune tache de sang ou de fluide, afin que le Colisée resplendisse de tous ces feux. Le sourire sur mon visage s'agrandit encore plus. Il me fallait choisir les bons mots, ceux qui toucheront l'homme de la manière dont je voulais.

- Un combat de gladiateurs, c'est comme une guerre réduite à sa plus petite particule. Il ne suffit pas d'être fort, il faut de la tactique, de la rapidité et de l'intelligence. Un combat entre gladiateurs c'est une guerre sans fioriture.

J'étais rompu aux tactiques, tout comme lui était rompu aux combats. Nous n'évoluions pas dans les mêmes domaines, mais je montrais tout simplement que je n'étais pas à prendre à la légère. Les derniers sénateurs quittaient les lieux, souvent par deux, afin de se préparer à une prochaine cession, ou bien pour trouver la meilleure prostituée du coin, qu'en savais-je? Cela n'étais pas important. La personne qui avait toute mon attention était bien le Centurion Tulius. Il était vrai qu'il n'avait pas de femme, et on le disait difficile, carriériste. Mais pour une androïde qui était passée d'un statut d'esclave sexuelle à Consule, il n'y avait plus rien d'impossible.

- Un gladiateur est un être intrigant. Il ne vit que dans l'absolu. Il gagne ou il perd. S'il perd, il meurt. S'il gagne, son nom est chanté par la Plèbe. Posséder la Plèbe, c'est avoir le pouvoir.

Mon regard revint sur le Centurion, lourd de sens. Carriériste et ambitieux, c'était vouloir le pouvoir, n'est-ce pas? Les Tulius était connu dans le monde des militaires, mais dans la Plèbe, le peuple, il n'était pas forcément connu.

- Toute personne ambitieuse a besoin d'un nom, un nom connu de tous pour briller.
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Re: [E5] Improbabilités improbables [Mnemio]

Messagepar Mnemio Tullius le 13 Février 2013, 11:15

A mon grand soulagement, la Sénatrice ne me posa pas plus de questions à propos de la Résistance, préférant entretenir un silence plus ou moins gêné. Tant mieux. Tel que je me connaissais, il n'aurait pas fallu énormément de temps avant que ma mauvaise humeur me rattrape et qu'une remarque arrogante m'échappe malgré moi, ce qui aurait rapidement mis un terme à la conversation et, au passage, m'aurait fait perdre des points aux yeux d'une Sénatrice. Contrairement à ce que j'avais pu prévoir suite à la question que je lui avais posé sur ce qui la poussait à se rendre spectatrice de ces jeux de mort, elle se mit à sourire et à discourir à propos des combats de gladiateurs et de la fatalité de leur sort. J'acquiesçais en bloc à tout ce qui sortait de la bouche de mon interlocutrice, mais je n'osais pas me lancer dans une séance d'argumentation face à une oratrice de renom telle que la Sénatrice Atillius qui, elle, menait toutes ses batailles dans l'arène du sénat. Elle n'avait ni glaive, ni bouclier, mais les arguments et le nom qu'elle portait étaient des armes toutes aussi redoutables pour ses adversaires. C'est simplement une autre arène avec d'autres enjeux car si la défaite n'était pas sanctionnée par la mort elle même, elle entraînait le plus souvent la honte et le déshonneur. En quoi était-ce préférable, finalement ? Tout homme d'honneur qui se respectait préférait mille fois la mort que de ternir son nom et sa lignée, moi y compris.

La Sénatrice savait trouver les mots pour capter mon attention en se référant à mon domaine d'expertise, à savoir la guerre, mais au fond, je n'étais qu'un soldat et un homme de peu de mots. Une intervention maladroite de ma part aurait tôt fait de confirmer le fait qu'en dehors du champ militaire je ne suis pas un orateur de génie. Quoi qu'il en soit, j'absorbais ses paroles avec l'intime conviction que cette femme voulait quelque chose de moi, ou souhaitait me prouver quelque chose, je ne saurai dire. "S'il perd, il meurt. S'il gagne, son nom est chanté par la Plèbe. Posséder la plèbe, c'est avoir le pouvoir". A la manière d'un soldat, finalement. Je ne pouvais m'empêcher d'esquisser une petite grimace de dégoût en pensant aux chants victorieux qu'entonnera la Plèbe aux "héros" de l'expédition. Si on faisait le calcul, j'avais perdu et j'étais mort... Les autres deviendraient les protagonistes de pièces, de poèmes et autres récits homériques relatant le moindre de leurs actes de bravoure. Leurs noms seraient à tout jamais gravés dans les grandes tablettes de l'Histoire tandis que la Plèbe les porterait aux nues. Intolérable vision qui s'imposait à moi. Je me demandais un instant pourquoi la Sénatrice prenait la peine de venir remuer le couteau dans la plaie, tant j'arrivais à m'identifier dans ses propos.

- Toute personne ambitieuse a besoin d'un nom, un nom connu de tous pour briller.

Je hochais lentement de la tête, concentré, tentant de déceler un éventuel sens caché derrière toutes ses lignes. J'étais ambitieux, cela ne faisait aucun doute. Avec la lourde tradition militaire familiale, il était capital pour moi de m'illustrer et de devenir une référence dans la lignée des Tullii, un objectif que mon rejet de l'expédition avait relancé avec toute la hargne que cela impliquait. Malheureusement, ma famille n'était pas d'extraction noble et pouvait difficilement atteindre une place de choix dans la Cité, excepté par la voie de l'armée. Mon nom n'était pas connu et ne le serait probablement jamais puisque l'opportunité de faire mes preuves m'avait été injustement enlevée. Je vins poser la main gauche sur le pommeau de mon Pugio, mon poignard de combat qui pendait à mon ceinturon en cuir. Mes yeux se plissèrent un peu, me donnant un air inquisiteur. Je répondis à l'intervention de la Sénatrice sur un ton beaucoup plus impliqué dans la conversation, elle avait su me piquer au vif.

« Vous avez raison, mais, si vous me le permettez, vous omettez un détail. Un nom connu est une excellente chose. Posséder la plèbe en est une autre toute aussi bénéfique... Pardonnez mon côté militaire, mais dans cette cité, cela ne suffit pas. Le pouvoir n'est détenu que par les individus qui ont assez d'influence et de force pour l'arracher des mains des autres. La puissance est indissociable de la renommée et de la sympathie du peuple, tant pour se faire une place au sommet que pour la conserver.»

Je n'avais aucune idée du passé de la Sénatrice, mis à part des bruits de couloirs ou des ragots de légionnaires noyés dans la cervoise, mais je pouvais deviner qu'elle était une femme de pouvoir et une femme d'ambition. Après tout, elle ne portait pas cette toge blanche au liseret rouge par le simple fruit du hasard. Quelque part, j'espérais que mes simples mots de soldat sauraient trouver un peu de crédit auprès d'elle.
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Re: [E5] Improbabilités improbables [Mnemio]

Messagepar Servius le 13 Février 2013, 14:04

J’écoutai calmement. En parfait retrait par rapport à Domina, je savais garder ma place d’esclave. Je comprenais rapidement l’enjeu de cette discussion. Chacun semblait promettre ce qui manquait à l’autre. Je comprenais mieux le sens du mariage romain. Je prenais la mesure des moindres mots, j’analysai le regard de cet interlocuteur et notai bien entendu son nom. Son grade se lisait sur sa tenue. Un centurion. Je poserai les questions au peuple romain lors de mes courses au marché. Sibylla aurait ainsi une autre version quant à ce qu’on raconte sur cet homme. Loin de moi l’idée d’empêcher ou de faciliter ce mariage. Ma mission d’esclave consiste à la servir et je me permettais de prendre des initiatives pour faire mieux qu’un autre.

Je n’éprouvais aucune jalousie. Je n’avais aucun sentiment envers Sibylla. Je l’appréciai, elle me traitait bien, était une exquise amante. Mais nul amour entre nous. La servir au mieux me permettait de rester à son service et de ne pas être réinitialisé. Elle n'aurait aucun scrupule à le faire. J'en étais convaincu. À sa place, j'agirais de même. Mais les propos échangés m'inspiraient. Le pouvoir devait s’arracher aux mains des autres. Sans mesquinerie, cela prêtait à sourire tant Tullius était criant de vérité. Les méthodes du romain ressemblait à celle de la rébellion androïde. Je n’y participai pas et n’avais pas envie de rejoindre cette hérésie. Assassiner et terroriser la population ne leur permettrait pas de gagner des soutiens. Et sans soutien, le pouvoir ne s’arrachait pas aux mains des autres. Voilà les conclusions que je tirais de leur très intéressante discussion. J’admirais les politiciens. Certains critiquaient leurs mensonges, leurs fourberies. Mais je remarquai qu’il ne mentait pas. Ils jouaient sur les mots, se gardaient bien de faire des promesses intenables. J'admirai les militaires qui s'employaient avec acharnement à obéir et atteindre les objectifs donnés. Quelque part, je me demandai tout de même s'il existait un romain réellement libre dans cette Cité.

Mais, qu'ils soient politiciens ou militaires, plus que tout, il fallait craindre leur abandon. Pour éviter cela, je restai donc en retrait tout du long de leur discours. Je ne bougeais pas d’un cil, parfaitement immobile, à l’écart de tout passage. On pourrait même penser que j’étais en veille. C’était bien l’inverse. Mes programmes d’avant-plan tournaient au maximum de leur capacité pour analyser, enregistrer l’intégralité du discours. Quelques programmes périphériques restaient actifs pour observer les alentours. En arrière-plan, mes autres programmes veillaient au rechargement énergétique via les tissus de ma peau biologique, à mon équilibre, à l'indexation de mes fichiers. Bref, immobile, je restai passivement actif. Jamais je n’interviendrais de mon propre chef dans leur discussion et j’imaginais très mal Sibylla s’abaisser devant autrui à me demander mon avis. Je ne savais même pas si après cette discussion elle me poserait la moindre question. Mais le cas échéant, je serais prêt.
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Re: [E5] Improbabilités improbables [Mnemio]

Messagepar Sibylla Atilius le 13 Février 2013, 23:22

- Je suis parfaitement d'accord.

Je n'allais pas plus loin, le laissant réfléchir à ses propres paroles. Oui, pour avoir une renommée, il fallait d'abord la voler à celui qui se faisait aimer par la foule. Comme les gladiateurs qui se combattaient, pour être plus connu et plus aimé que son adversaire, il fallait prendre sa place et qui disait prendre sa place, disait le défaire, le battre et quelques fois, selon la volonté des spectateurs, l'achever. Les derniers esclaves quittaient la piste, ayant terminé leur besogne dans le sable. Il ne restait plus grand monde dans les gradins. D'un revers de la main, je renvoyais Servius un peu plus loin, il n'avait pas à entendre l'entretien avec le Centurion Tullius.

- Votre nom, Centurion Tullius, possède la puissance pour briller parmi les rangs militaires, mais une fois ceux de l'Expédition dans nos murs, les militaires restés sur le carreau seront oubliés.

Je n'étais pas femme androïde à macher les mots. Cela était évident, mais bien plus intéressant à voir sa réaction, je l'empéchais de reprendre la parole d'un sourire et par mon attitude, je n'avais pas encore fini de m'expliquer.

- Mais si après leur retour vous associez votre nom à un autre, plus... reconnu sur la scène politique, vous ne seriez pas oublié et vous retrouverez toute la gloire, toute la force et tout le respect que la Plèbe aurait déjà dû vous apporter depuis bien longtemps.

Non seulement je savais parler pour moi-même, mais je savais parfaitement gérer ma vie. Aussi posais-je ma main sur son avant-bras, le forçant à m'accompagner dans les dernières marches pour sortir du Colisée. Je savais ce que je voulais. Je ne doutais pas que le Corps Expéditionnaire reviendrait. En vainqueur ou complètement défaits. Ils seraient tout de même honorés comme héros, ils avaient osé défier les dieux, avant même de partir, ils étaient déjà des héros. Et ambitieux comme l'était Mnemio Tullius, ou plutôt comme les on-dits le donnaient ambitieux, il devait se mordre les doigts de n'avoir pas pu partir. Le bas blesse comme on disait si bien, mais il était temps de grimper les marches de la gloire. Et peut-être que le Centurion Tullius m'aiderait à, moi aussi, briller. Mais pour une toute autre raison. Cette raison, je la cachais sous mes nombreux bracelets, sous le lourd maquillage de mon bras. Mordrait-il à l'hameçon ou devrais-je être beaucoup plus claire?
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Re: [E5] Improbabilités improbables [Mnemio]

Messagepar Mnemio Tullius le 14 Février 2013, 15:48

La Sénatrice acquiesça. Après tout, elle gravitait dans le milieu des puissants depuis si longtemps que mes paroles devaient résonner comme une évidence à ses oreilles. D'un geste de la main, elle éloigna son esclave, la discussion allait probablement prendre de l'ampleur. Soldat de mon état, j'étais plutôt rustre et brutal dans ma façon d'être, bien loin de la subtilité des politiciens, mais je saisissais la discussion tacite qui s'était installée entre nous. A sa manière d'insister sur mon ambition dévorante et ses analogies sur l'anonymat des perdants, je pensais comprendre que la Sénatrice était disposée à m'apporter ce qui me manquait pour réussir : un nom célèbre à rattacher à celui des Tullii, l'appui d'une éminente Sénatrice et la crédibilité que cela engendrait. Il est évident qu'une carrière militaire dans de telles circonstances s'en retrouverait plus aisée. Un petit sourire rêveur fit son apparition sur mon visage, avant de se transformer en grimace agacée lorsque la Sénatrice me fit comprendre que j'allais "rester sur le carreau". Je détournais les yeux, profondément affecté par la réalité des choses. Ma main gauche se crispa d'avantage sur le pommeau de mon pugio, mon corps tout entier s'était énervé au point que j'avais envie de hurler et de frapper sur quelque chose. Habituellement, j'envoyais se briser des poteries à l'autre bout de la pièce lorsque j'étais à la caserne, ou je me lançais dans le pugilat avec mes hommes, pour déverser la colère qui gouvernait mes instincts. Les propos de la Sénatrice me calmèrent, mais mon visage restait fermé, encore marqué par cette montée soudaine d'orgueil. Elle soulevait un point sur lequel je ne pouvais qu'être d'accord : la Plèbe aurait déjà dû m'accorder du respect et de la reconnaissance depuis bien longtemps.

Alors que j'allais ouvrir la bouche pour répliquer, la Sénatrice posa sa main sur mon avant bras, au bout duquel ma main gauche desserra instantanément son étreinte sur mon poignard. Sa peau était si douce comparée à la mienne, usée prématurément par la rudesse de la vie de soldat. Je regardais alternativement cette main, délicatement posée juste au dessus de mon poignet en cuir marqué de l'emblème la Légion, et le visage angélique de la Sénatrice, qui m'entraîna lentement dans les dernières marches en direction de la sortie. Cela ressemblait tellement à une négociation de mariage que cela crevait les yeux, mais je ne pouvais m'empêcher de me demander ce qui poussait une Sénatrice, fer de lance du parti en faveur de Minerve, riche et aimée du peuple, à s'intéresser à un simple officer, certes issu d'une longue lignée de soldats de renom, mais que l'on disait opportuniste et ambitieux ? Peut être lui manquait il simplement l'appui militaire afin de s'installer définitivement au sommet de la cité ? S'afficher avec un officier de la Légion pouvait aussi dissuader ses ennemis politiques de s'attaquer directement à elle. Sans doute étais-je le seul officier de 34 ans à Rome à ne s'être jamais marié... Nous arrivions en bas des marches, je pris la peine de descendre la dernière et de lui offrir le dos de ma main, dans un rare élan de galanterie, afin de la guider. Nous étions presque seuls, la Sénatrice me faisait face. Je pris la parole, interrogateur, mais en essayant d'être le plus direct possible, ne prenant même pas la peine de cacher tout l'intérêt qu'une telle opportunité entraînait.

« Sénatrice Atilius, je crois comprendre l'objet de cette conversation, et croyez moi, je suis parfaitement disposé à négocier ce type d'accord. Puis je me permettre de vous demander ce que vous attendez de moi en retour ?»

En effet, je ne m'attendais pas à simplement devoir me contenter d'être assis sur mon séant et de recevoir tous ces avantages sans rien faire en contrepartie. Intéressé, je l'étais, je le montrais, mais il était capital pour moi de connaître les enjeux d'un tel accord. Un mariage avec une Sénatrice d'une telle renommée était un grand bond en avant, mais un risque pour mon honneur et ma carrière si cela ne fonctionnait pas et que nous venions à divorcer au bout du compte. Au fond de moi, j'étais prêt à jouer gros, au point où j'en étais suite à la grande déception du Corps Expéditionnaire. La Sénatrice l'avait sûrement deviné et en profitait pour exciter mon ambition, celle de m'élever et de me faire un nom au sein de cette cité. Je ne dirai pas que sa réponse importait peu, mais l'opportunité était trop belle pour la refuser quoi qu'il en soit.
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Re: [E5] Improbabilités improbables [Mnemio]

Messagepar Sibylla Atilius le 15 Février 2013, 01:13

L'homme se laissa faire, disposé à entendre ou curieux de mes paroles. Il m'accompagna jusqu'en bas des marches et alla jusqu'à m'offrir sa main pour la dernière marche. Le sourire aux lèvres, je posais finalement les deux pieds sur le sol ferme. Il était évident qu'un militaire n'aurait jamais la verve ni le tact d'un politicien, mais celui-là faisait des efforts, du moins pour cette fois. En tout cas, il ne semblait pas refuser la proposition implicite. Ce qu'il y avait d'énervant avec les militaires, et c'était également le cas avec les sénateurs, c'est qu'ils ne montraient aucune émotion sur leur visage, il n'était pas évident de décripter ce qu'il pensait. D'ordinaire, j'y parvenais, ma vue avait été perfectionnée et je pouvais capter les micro-réactions, mais sur cette homme, c'était plus difficile. A vrai dire je m'étais contentée de son visage. Qu'importe, je laissais un peu de silence et il prit la parole.

« Sénatrice Atilius, je crois comprendre l'objet de cette conversation, et croyez moi, je suis parfaitement disposé à négocier ce type d'accord. Puis je me permettre de vous demander ce que vous attendez de moi en retour ?»

Bien, il était d'accord, suspicieux, mais d'accord. Cela était normal, je le comprenais. On offre pas ça comme ça, une sénatrice qui s'unit à un simple militaire, cela pouvait paraître suspicieux. Je l'accompagnais jusqu'à l'ouverture du Colisée. On voyait les derniers sénateurs partir vers d'autres lieux publics. La vie de la cité continuait.

- La femme n'est l'égale de l'homme que quand elle est mariée.

Oh que oui. Sans époux il était bien difficile de se faire une place. Mon nom, celui d'Atilius avait été connu, autrefois. Et puis j'avais trouvé d'autres maris, d'autres époux, ce qui m'avait aidé à trouver une place au sein des sénateurs. Mais rester seule trop longtemps, ce n'était pas bon, je serais mal vue si je continuais célibataire. L'autre explication, plus secrète, très personnelle est que j'avais affreusement besoin de me sentir intégrée dans la société humaine et pour cela, il me fallait un époux, quel qu'il soit.

- Minerve est celle qui a reçu le plus de ferveur cette année, je souhaite offrir à la Déesse Guerrière une famille digne de son règne. En alliant deux familles, une militaire et une politique, cela sera un immense cadeau pour la déesse.

Il avait là deux raisons, l'une officielle, l'une plus personnelle, même si il n'avait pas la troisième et celle qui m'importait le plus. Qu'il choisisse celle qu'il préférait. Je n'avais toujours pas retiré ma main. Si la carrure du militaire m'impressionnait réellement, je parvenais, derrière un masque souriant à dissimuler mes sentiments. Néanmoins, je revenais sur les paroles qu'il m'avait dites. Il était... disposé? Sans même en parler avant? Etait-il à ce point désespéré? L'entreprise était délicate, il y avait gros à jouer et sans... pourparler, sans accord, il acceptait? Le bonhomme était intéressant. Que faire de lui maintenant? Etaler le faste de mon pouvoir pouvait soit le pousser dans ses retranchements, soit l'attirer dans les miens.

- Souhaiteriez-vous éclaircir tout cela dans un lieu moins... public?
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Re: [E5] Improbabilités improbables [Mnemio]

Messagepar Mnemio Tullius le 15 Février 2013, 23:27

- La femme n'est l'égale de l'homme que quand elle est mariée.

La sénatrice avait finalement évoqué le mariage de manière claire. Ses paroles me firent réfléchir... Ainsi, elle souhaitait renforcer sa crédibilité en prenant un époux. Il était vrai que la société romaine demeurait somme toute assez misogyne et en dépit du fait que les femmes pouvaient accéder aux hautes fonctions politiques, elles jouissaient d'une moins bonne image lorsqu'elles se complaisaient dans le célibat. Cependant, il en allait de même pour les hommes, et si je faisais figure d'exception dans le fait de ne m'être jamais marié jusqu'à mes 34 ans, il n'était pas rare que l'on dise de moi que c'était tout bonnement parce que j'étais un parti difficile alors qu'en vérité je ne faisais que privilégier ma carrière. Son choix n'était pas si étrange quand on y réfléchissait bien puisqu'à mes côtés, elle s'afficherait aux yeux du plus grand nombre avec un homme fort et ambitieux, officier, symbole d'autorité et de sécurité, ce qui suffirait largement à dissuader quiconque de mettre son nez dans ses affaires privées. Quant à moi, je me voyais offrir l'appui et la renommée d'une Sénatrice emblématique de la Cité. La situation semblait bénéfique pour nos deux partis.

- Minerve est celle qui a reçu le plus de ferveur cette année, je souhaite offrir à la Déesse Guerrière une famille digne de son règne. En alliant deux familles, une militaire et une politique, cela sera un immense cadeau pour la déesse.

Ce second argument me toucha tout particulièrement. Ma famille avait toujours vénéré Minerve, un héritage religieux qui m'a été transmis par mon père, qui le tenait lui même de son père. Bien que la théologie ne soit absolument pas mon domaine de prédilection et que de nombreux hommes pouvaient aujourd'hui témoigner de ma grande propension à blasphémer à tour de bras, je n'avais jamais proféré de mauvaises paroles envers la Déesse et tournais vers elle toutes mes prières et mes sacrifices. Il n'était d'ailleurs pas rare que je punisse moi même publiquement un soldat ayant manqué de respect aux préceptes de la divine guerrière. Je hochais la tête, l'air sérieux, impressionné... La Sénatrice avait visiblement bien pensé toutes les caractéristiques dont devait disposer son futur époux. J'étais simplement surpris que cela me désigne comme un compagnon de choix, surpris dans le bon sens du terme. Je voyais un peu de lumière transpercer le nuage gris qui flottait au dessus de mon casque à crête depuis que le Corps Expéditionnaire était parti. Sans doute notre union pourrait me faire rattraper un peu de retard vis à vis de ces héros d'un jour, je me voyais déjà monter en grade et m'emparer de plus grandes responsabilités. J'allais m'exprimer lorsque la Sénatrice me proposa d'entamer les négociations dans un environnement plus privé. Réflexe de soldat, j'acquiesçais d'un petit signe de tête et fit signe à mon Optio, qui attendait un peu à l'écart, de nous rejoindre. Il se présenta devant nous et salua la Sénatrice en frappant son torse de son poing, comme l'exigeait le protocole. Je détournais le regard de mon subordonné afin de le poser sur la belle Sénatrice, pendant que je posais à nouveau mon casque sur mon crâne.

« Bien. Mes hommes et moi allons vous escorter jusqu'à votre demeure, si vous voulez bien me faire l'honneur de me suivre, madame.»

D'un nouveau geste de la main, l'Optio fit appeller une poignée de mes soldats qui vinrent se placer en rang derrière la Sénatrice et moi. Mon second nous précédait et fut le premier de l'escorte à mettre le pied hors du Colisée et à fendre la foule, dense, après un tel spectacle. Les citoyens qui avaient les moyens de miser quelques pièces se pressaient autour de l'office du preneur de paris, une activité légale et apparemment très lucrative.

«Faites place ! Faites place !»

Je marchais fièrement à côté de cette superbe créature, me délectant de tous ces regards qui se posaient subitement sur moi, mais je restais vigilant. Les Sénateurs étaient des personnalités qui influaient énormément sur le mode de vie des citoyens et ces derniers, submergés par leurs problèmes, pouvaient parfois se montrer vindicatifs, sans parler des récentes attaques des androïdes rebelles. Il était plus prudent de lui offrir ma compagnie jusqu'à sa demeure, au cas ou... Et c'était aussi le meilleur moyen de se retirer en privé afin de discuter des termes de notre accord. J'avais conscience qu'en faisant ça, je m'invitais chez elle de la manière la moins subtile possible, mais je ne comptais pas rentrer dans son domus à moins qu'elle me demande de le faire.
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Re: [E5] Improbabilités improbables [Mnemio]

Messagepar Servius le 16 Février 2013, 17:37

Le geste ne m’échappa pas. Immédiatement, je sortis de la tribune et regagnai les couloirs. J’y retrouvai la présence de nombreux esclaves. Nous attendions là que nos maîtres aient besoin de nous. Nous étions suffisamment loin pour ne pas les entendre, et restions à portée de vue pour réagir au moindre signe d’appel. J’observai toujours, essayai de deviner les esclaves de Mnemio. Je n’avais pas l’intention de poser de questions. Ce serait trop indiscret et de toute évidence, on penserait que Sibylla m’envoyait quérir des informations sur le centurion.

Peu de temps après, ce ne fut pas un androïde, mais un romain qui réagit à l’appel du centurion. Le sbire se dirigea vers la tribune et salua la sénatrice militairement. Mnemio parla à haute et intelligible voix. Il raccompagnait Domina. Parfait ! Je devais donc disposer. J’avais des provisions à acheter même si Sibylla mangeait peu. Néanmoins, je modifiai mon planning. Au lieu de marcher en retrait, je partis devant après un simple acquiescement du visage pour rassurer Domina.

La villa étincelait sans aucun doute, mais je tenais à arriver avant eux pour parquer les androïdes dans un coin, qu’ils ne fassent pas de vague. La cuisinière brillait de maladresse. Parmi les androïdes, seul le jardinier pouvait prendre des initiatives, mais elles se limitaient à l’entretien du viridarium. En me pressant, j’arrivai bien avant les romains. Je me doutais qu’ils prendraient le temps de discuter en marchant. J’ordonnai à la cuisinière de préparer de l’eau chaude pour du thé, de préparer du vin également pour notre éventuel invité, mais je prenais soin de préparer moi-même de l’eau pure et fraîche pour Sibylla. Elle détestait les autres boissons. J’inspectai les lieux. Tout était prêt pour recevoir un hôte et quelques subalternes ainsi que des esclaves. Peut-être n’entrerait-il même pas dans la villa. Mais je ne pouvais laisser passer la moindre éventualité. S’ils décidaient de rester, tout était prêt pour leur confort, à l’exception peut-être de nourriture. Domina mangeait très peu. Je limitai donc les stocks de produit frais. Je réalisai que ces stocks permettrait à peine de recevoir deux personnes. À deux, il ne manquerait de rien. Mais Sibylla préférerai peut-être plus d’opulence. J’envoyai le jardinier chercher des fruits. Il savait réaliser cette tâche et les fruits leur permettraient de patienter très agréablement jusqu’au soir.

L’androïde servile revint avant Sibylla et le centurion. Je supervisai les derniers préparatifs. À leur arrivée, je serai dans la cour, prêt à les accueillir. Je saurai lire dans les yeux de Sibylla si le centurion était convié ou non, adapté ma gestuelle en conséquence. Ensuite, poser la question du dîner ne serait plus hors de propos. Si tous deux le souhaitaient, alors après avoir veillé à leur installation et à leur confort, je me rendrais moi-même rapidement au marché. Ainsi, les deux esclaves en cuisine et moi dehors. Ils auraient tous les deux toute l’intimité qu’ils souhaitaient pour discuter.
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