[E5] Que ressent-on quand on revient pour un mort ?

Le corps expéditionnaire rentre dans Rome, des festivités commencent, mais également des troubles naissent au sein du Sénat face aux annonces de Caius et l'arrivée de Neptune et Vesta

[E5] Que ressent-on quand on revient pour un mort ?

Messagepar Tiberius le 11 Février 2013, 18:09

Pour la première fois, je pénétrais sa chambre. Je préservais ce sanctuaire et m’en était interdit l’entrée. Mais Camila me manquait trop. Du moins, je le croyais. J’avais beaucoup de mal à exprimer ce que je ressentais. Elle me manquait, certes. Mais j’avais surtout de la peine que le sénat l’ait contrainte à partir. Je ressentais également un sentiment d’impuissance. Mais je refusai de m’apitoyer sur mon sort. Je refusai cette tristesse, je refusai de me plaindre. Elle souffrait et endurait bien plus que moi pour que je me permette de geindre. La colère ne m’envahissait plus.

Je lui avais reproché d’avoir suivi la meute comme un mouton. Mais son refus aurait apporté le discrédit sur sa parole et ses engagements. Un sénateur avait refusé de partir. Désavoué, il n’avait eu d’autres choix que de démissionner. Je le savais bien avant cet exemple. Mais je ne ressentais plus de colère, surtout pas envers elle. La colère contre moi-même avait disparu quelques jours après ma discussion avec Caecilius. Je me souvenais de ce dernier échange aux portes de Rome.

Finalement, je m’autorisais l’interdit. Je m’allongeai sur son lit. Son odeur avait disparu, mais je ressentais celle du jasmin. Caeso avait du parfumer sa literie. Je me laissais bercer et observait le ciel azur via le viridarium. Dehors, l’agitation régnait et m’empêchait de me concentrer. J’entendais la foule s’agiter. Je savais que deux crucifictions et trois pendaisons allaient avoir lieu. Un couple avait été accusé par le tribunal d’avoir abrité des androïdes libérés de leur plot et donc considérés comme rebelles. Les trois voleurs avait obtenu l’indulgence du tribunal et connaitrait une mort plus douce par pendaison. Cette civilisation m’écoeurait. Je souhaitais voir la peine de mort disparaitre mais le peuple romain en était friand. Seule l’éducation des romains permettrait de revenir à des méthodes moins barbares. Mais revers de l’immortalité, les générations ne se succèdent pas. Changer un Homme est difficile.

Néanmoins, la liesse populaire prenait de l’ampleur. Je me détachais du souvenir de Camila et regardait cette chambre. Je n’avais aucun souvenir d’elle en ce lieu. Je n’avais aucun souvenir paisible avec Camila. J’adorais nos engueulades, nos discussions houleuses, mais aujourd’hui je regrettais mon comportement, notre comportement !

Le bruit dans la rue s’intensifiait au point de piquer ma curiosité. Les sentiments qui se dégageaient de la rue n’avait ni haine ni colère. Je ressentais leur joie et leur adoration. J’ouvris la porte de la villa. La foule avait envahit la rue et criait des mots incensés. Je ne pouvais même pas sortir. J’avais refermé la porte avec beaucoup de peine. Je courus aux escaliers et grimpa sur la terrasse pour découvrir l’inconcevable ! Le corps expéditionnaire revenait en grandes pompes et se dirigeait vers le Colisée. Des rumeurs courraient sur leur retour victorieux. Mais j’avais eu grande peine à y croire car la garde prétorienne avait gardé cela secret. Je ne savais sur quel pied danser. Mettius passerait pour un héros d’avoir pris cette décision. Alors pourquoi tenir le secret ? Leur arrivée aujourd’hui n’avait pourtant pas été annoncée. La tempête de ce matin avait soulevé trop de sable pour que nos veilleurs sur les remparts puissent les voir arriver.

Je cherchais dans la foule des officiers, mais je n’en voyais aucun. Ils étaient déjà passé. Et comble d’ironie, les soldats n’avaient pas emprunté cette rue, mais une voie parallèle. Je ne m’appelais pas Neera et ne pouvais pas sauter de toit en toit. Je me dis que j’aurais dû être au temple. Je pensai que ma mort ne lui avait pas été annoncée et que, peut-être sa satanée colère, serait enfin retombée pour qu’elle daigne venir me voir.

J’étais en réalité loin de me douter que l’information qui lui manquait était celle de ma survie et non de ma mort ! Je devais trouver un plan rapidement. Pensant aux étables, je revins sur mes pas et m’y dirigeai. Malheureusement, cette solution s’avérait impossible. Si je sortais avec un cheval, la foule entrerait dans sa villa. Et si Camila avait péri, je n’aurai même plus cette maison pour pleurer, tout serait mis à sac !

-- Allez Venus ! Un coup de main s’il-te-plait !
Avatar du romain
Tiberius
Humains
 
Messages: 606
Inscription: 25 Juillet 2012, 00:15
Prénom: Tiberius
Nom de famille: Scribonius
Surnom: Festus
Compte principal: Oui

Re: [E5] Que ressent-on quand on revient pour un mort ?

Messagepar Camila le 12 Février 2013, 14:14


Merci à Lia pour le Kit ♥
Avatar du romain
Camila
Humains
 
Messages: 314
Inscription: 27 Juillet 2012, 13:24
Prénom: Camila
Nom de famille: Veturia
Surnom: Noctua
Compte principal: Oui

Re: [E5] Que ressent-on quand on revient pour un mort ?

Messagepar Tiberius le 28 Février 2013, 17:46

J’ouvris la petite porte annexée aux étables pour sortir discrètement. Malheureusement, il y avait là un cortège d’adeptes de Venus qui accueillaient comme il se devait les soldats romains. J’ignorai qu’il s’agissait d’une réponse de la déesse à ma requête. Ne voulant me faire happer par mes adeptes, je refermais la porte tant bien que mal. J’abandonnais l’idée de sortir par les étables. Finalement, je sortirais par la coursive des domestiques. Je traversais la villa et quelques secondes après moi, Camila apparut dans les jardins privés.

Je m’arrêtais devant un portrait de Camila et de sa soeur Aquila. Elles n’avaient alors qu’une dizaine d’années. Les parents semblaient veiller sur elles. Le regard du père s’attardait sur son aînée. Je comprenais mieux la difficulté de mon échange avec Aquila. Pourvu qu’Aquila ait veillé sur sa soeur ! Je devais découvrir au plus vite si elles avaient survécu.

Un bruit attira mon attention dans les jardins privés. Prenant garde, je sortais de la maison et découvris un paquetage plein de sable et plutôt crasseux. J’en restai quoi, immobile, incapable de toute réaction. Je ne pouvais pas appréhender les difficultés de la guerre. Et à mes yeux, le paquetage de Camila serait propre, rangé, limite les fringues repassés. Je n’ai jamais fait mon service militaire, ni l’armée, encore moins la guerre. Je pensais qu’il s’agissait du paquetage d’Aquila du coup. Je la voyais beaucoup plus bordélique.

J’entendis une voix mettre en garde un voleur. Les deux soeurs ayant la même voix, je ne savais toujours pas qui parlait. En raison de sa mauvaise humeur, j’imaginais déjà Aquila, les dents sorties, prête à fondre sur le malheureux.

-- Vous devriez venir festoyer ! Mais ... Pardonnez-moi, sénatrice

L’intrus n’avait aucune volonté malveillante. Il ressortit et ferma visiblement mieux la porte que moi.

-- Sénatrice ? Je percutais enfin !

-- Sénatrice !

Le paquetage militaire à la main, je traversais le jardin, le palpitant menaçant d’exploser dans ma poitrine. Je ne survivrais jamais à la découverte d’Aquila. Pourvu que ce soit Camila ! En même temps, comment les confondre physiquement ? Et elle m’apparut !

Ok, ce n’était pas la fleur resplandissante qu’on pouvait imaginer. Le voyage n’avait pas été simple, Caius s’était rendu directement au Sénat et elle en revenait à peine. Mais à mes yeux, elle rayonnait. Mes doigts s’ouvrirent, la sangle glissa et le paquetage tomba à terre. Je n’arrivais pas avancer. Je ne savais plus quoi dire. Lui tendre son testament et lui demander de le signer ? Non, je ne voulais pas la provoquer. Lui coller une baffe parce qu’elle n’était pas venue me rejoindre au temple ? Hum... Je finirais la gueule en vrac à bouffer le sable et puis elle en revenait peut-être qui sait !

-- Désolé... Oui j’étais désolé... désolé d’avoir douter de toi !

Combien de fois avais-je douter de sa capacité à revenir ! Je n’avais pas arrêter une seconde de m’avancer vers elle. J’étais tout proche, je ne voulais pas m’arrêter. Je n’avais pas le droit de l’embrasser comme ça. Je ne pouvais pas la serrer dans mes bras ! Je n’allais quand même pas lui serrer la main ou lui faire la bise ?

Mes lèvres étaient déjà collées aux siennes. Et puis merde, si elle me foutait une baffe, je l’aurais méritée mais je tenais trop à elle ! Loin des yeux, loin du coeur ? Oh non ! Loin des yeux, que de douleur !

Mes deux mains avaient pris son visage en coupe.

-- Je pensais que vous ne reviendriez jamais.

Je ne savais pas si elle m’avait entendu, je n’avais à peine décollé mes lèvres des siennes. Ouvrant légèrement les yeux, je vis ses yeux ronds ! J’ignorais que Maximus lui avait annoncé ma mort. Que se passait-il ? Le grand prêtre du temple de Venus, habituée aux réactions de ses amantes, expert dans l’art de la joute sexuelle se retrouvait comme un gosse suspendu aux lèvres de l’être aimée, se demandant si la baffe viendrait de droite ou de gauche.
Avatar du romain
Tiberius
Humains
 
Messages: 606
Inscription: 25 Juillet 2012, 00:15
Prénom: Tiberius
Nom de famille: Scribonius
Surnom: Festus
Compte principal: Oui

Re: [E5] Que ressent-on quand on revient pour un mort ?

Messagepar Camila le 07 Avril 2013, 19:57

Fatiguée, épuisée, j’avais été sèche et froide avec cet intrus qui ne semblait ne pas vouloir du mal ni à ma demeure, ni à moi. Mes épaules s’effacèrent tout doucement lorsque cet inconnu sorti me laissant seule … TOUTE seule avec ma peine. Comment pourrai-je festoyer alors qu’il n’était plus de ce monde ? Quelle ironie, non ? Le Dieu es Enfers m’avait donnée de quoi me battre et survivre face au pouvoir immense du talisman de Sapiens. J’étais bien vivante… et à cet instant j’aurai tout donner pour le revoir devant moi, avec son sourire narquois et ses petites piques qui faisaient des merveilles lors de nos joutes verbales. Mais la réalité était tout autre … et je ne devais pas me leurrer que les prochains mois seraient encore plus terribles pour moi.

Je me croyais seule … mais ce ne fut pas le cas. D’autres pas approchaient vers moi, me tournant instantanément vers cette nouvelle silhouette qui me faisait face. Mon cœur s’arrêta. A cet instant, je failli vaciller… tant je ne comprenais pas ce que si passait et jouet devant moi… IMPOSSIBLE… Non, je devais rêver. La fatigue, tout ce voyage dans le désert. Je devais halluciner. Je me frottais les yeux pour me rendre compte que l’homme était encore là. La gorge nouée, une tempête d’émotion me gagna, entre le doute, la tristesse, la haine, la déception, la joie, l’envie, la passion. Tout se mêlait avec difficultés au point que je n’arrivais pas à en faire le tri.


- Douter … de … moi … ?

La seule chose dont je fus capable, ce fut de répéter ses mots. Sa voix était exactement la même. Sa carrure, son physique idem. Mais non, non, non !!! Il était mort ! Le consul Maximus en avait rapporté la mauvaise nouvelle ! Je reculais alors qu’il ne cessait de se rapprocher de moi. Ho Déesse toute puissante ! Qu’ont-ils fait au temple de Vénus ?? Un double ? Un androïde pour palier à sa disparition ? Ses jolies prêtresses pour l’avoir encore dans leur lit ? Non ! Non ! Pitié pas cette épreuve-là ! Mais dernière moi, il y avait le mur, et je fus prisonnière de ses mains et de ses lèvres, gardant mes yeux grands ouverts, ne pouvant apprécier quoi que ce soit d’un individu qui n’était pas LUI !
Et puis le dégout s’empara de moi, agrippant ses épaules pour le faire se reculer violemment et le gifler de toutes mes forces.


- Qui que tu sois ! Ne repose plus jamais tes mains et tes lèvres sur moi !!!
Bien joué la réplique parfaite du grand prêtre ! D’ailleurs comment un androïde pourrait-il savoir le lien qui m’unissait à ton …ton … celui à qui tu as usurpé ton visage et ton corps ???!! Peut-être le nom et le titre, aussi ? Soyons fous !! Non !?


Je sortis mon glaive de son fourreau dont la sangle balayait ma poitrine, pointant la lame sous son menton qu'il releva sous mon geste.

- C’est quoi ? Un piège des prêtresses de Venus pour savoir comment j’allais réagir en voyant un double ? Elles n’ont pas pensé un moment qu’on m’avait avertie de la mort de Tibérius ! ?

Ma main tremblait, mes doigts s’accrochaient à la anse de mon arme. Mes larmes perlaient sur mes joues sans que je ne puisse les arrêter. J’étais affreusement mal de voir le double de Tibérius. C’était la torture la plus horrible qu’on m’infligeait.

- C’est du beau travail … Mais jamais, tu ne le remplaceras dans mon cœur ! Il est mort … mort… MORT !!!


Je lâchais finalement mon glaive à terre. J’avais envie de hurler, de crier toute ma peine. Les yeux clos, je penchais ma tête en arrière, butant contre le mur derrière moi. La gorgée serrée, la corps lasse par tout ce voyage, sans même ré-ouvrir mes prunelles, mon murmure se fit entendre :


- Va-t’en … Je ne veux plus jamais te revoir … Quoi qu’elles peuvent en penser … Elles … Tes prêtresses … Tu ne seras jamais lui …
Il n’y avait que … LUI…


Spoiler: Afficher
Navrée de t'avoir fait attendre autant.
Je suis désormais de retour ;)

Merci à Lia pour le Kit ♥
Avatar du romain
Camila
Humains
 
Messages: 314
Inscription: 27 Juillet 2012, 13:24
Prénom: Camila
Nom de famille: Veturia
Surnom: Noctua
Compte principal: Oui

Re: [E5] Que ressent-on quand on revient pour un mort ?

Messagepar Tiberius le 08 Avril 2013, 22:32

La baffe siffla et je me tenais la joue. Je ne m'attendais pas à la voir, encore moins à me retrouver ce soir en face d'elle. La baffe me surprit bien moins par contre. Non pas que je prenais Camila pour une femme violente, mais en déposant mes lèvres sur les siennes j'avais pu lire la surprise dans son regard. Plus qu'une surprise, je comprenais désormais qu'il s'agissait d'effroi. Pris à mon propre piège, elle me prenait pour un mille visage. Je m'étais déjà entaillé le bras pour prouver ma nature humaine à Lucretia, je n'avais pas forcément envie de renouveler l'opération avec Camila. Mais s'il le fallait, je m'amputerais. D'un autre côté, Camila était encore plus têtue que Lucrétia et je doutais que ce genre de preuve ne lui suffisent. Je reculais à mon tour et m'écartai pour qu'elle ne se sente pas oppresser entre le mur et moi.

Je réalisai sa fatigue, ses traits tirés par ce long voyage et par le deuil. Je ne comprenais pas tout à ces propos. Maximus lui avait parlé de ma mort. Il me semblait que le forgeron avait disparu de Rome. On prétendait même que la rébellion avait assassiné ce consul et que son corps nourrissait les drakes dans les bas fonds de Rome. Alors j'étais loin de me douter qu'il lui avait parlé de ma disparition. Je me contentais d'apprécier la qualité de ses espions. Elle avait dégainé son glaive et je trouvais soudain les enseignements de Roenna si inutiles. Quelque soit ma maîtrise des armes, je serai bien incapable de me défendre contre Camila. Déjà sa maîtrise martiale me surpassait aisément, mais je n'aurais jamais la moindre envie de me défendre contre elle. Etrangement dans ces moments-ci, je me raccrochais à certains mots. J'occupais bel et bien une place dans son coeur. J'avais envie que Venus en personne lui dise qui j'étais. Mais la déesse ne le fit pas.

Lui... Comment lui prouver que j'étais bien "lui", enfin "moi". Je me perdais moi-même et je la détestais autant que je l'aimais pour provoquer cela en moi. Je pouvais lui conter l'histoire du mille visage offert par Sapiens, mais j'ignorais la confiance qu'elle vouait envers cet homme. Elle et moi souffrions du manque de connaissance de l'autre. Je ne connaissais pas ses amis, je connaissais surtout ses ennemis. Et seule Venus savait combien d'ennemis, elle avait put s'attirer durant ses mandats par son franc parler qui me séduisait tant. Il me fallait trouver rapidement une preuve de mon identité. Mais comment prouver qui nous sommes réellement. J'avais quelques secondes pour trouver. Ces derniers mots me plurent autant qu'ils me firent souffrir. Il n'y avait que moi. Je pourrais lui rapporter le jasmin, mais un bon espion pourrait me l'avoir dérobé. Je ne connaissais aucun don à Camila lui permettant de connaître ma véritable identité.

Elle lâcha son arme à terre et de désespoir et de fatigue se laissait aller. Si ma mission eut été de la tuer, je n'aurais pas rencontrer la moindre difficulté à la transpercer de part en part avec son propre glaive. Je le ramassai de la main gauche. J'avais envie de lui mettre une baffe. Seul moi aurait eu ce toupet. Mais je restais immitable, un usurpateur n'aurait guère de mal à me plagier. D'ailleurs le mille visages avait bien réussi à duper l'androïde avec laquelle il avait couché.

Je la laissais là contre le mur et retournai vers son paquetage. Je tapotais dessus avec le glaive.

-- Je n'ai aucune idée des enfers que vous avez traversés avant de pouvoir revenir jusqu'ici. Sans doute ne les comprendrais-je jamais vraiment. Je n'ai pas la moindre idée des cartes et des documents dans ce paquetage. Mais je connais un mot qui ne se trouve pas dans le paquetage. Si tu dis la vérité et s'il n'y avait vraiment que lui, alors dans ce paquetage, il y a tout sauf le mot qu'IL t'a laissé le jour de ton départ. Il est où ce mot, ce mot où il t'ouvre son coeur ?

Je me tus quelques secondes et m'assura avoir gagné toute son attention. Je ne savais pas si elle me croyait. Mais avec horreur, je réalisais que j'étais soit-disant mort le jour-même de son départ. Rien ne prouvait donc que l'homme en haut de la tour n'était pas déjà mon usurpateur. Je revins vers elle.

-- Reprend ton glaive et ramasse ta foi en moi, Camila. Tu n'as pas traversé le désert pour te faire buter par le premier usurpateur venu.

Tenant le glaive par la lame, je frappais sa poitrine avec le pommeau de l'épée. J'étais gonflé de lui reprocher de ne pas avoir cru en moi, alors que moi-même, j'avais douté d'elle. Mais j'étais ainsi. Je retournai le glaive et en posait désormais la pointe sur sa gorge.

-- Allez ! Tu baisses les bras ? Comment oses-tu ? Je te rappelle que tu n'as toujours pas signé ton testament. Ne me dit pas que tu souhaites que Caeso se retrouve chez Spurius ou chez Tempus ?

Je ne savais plus quoi faire. La douleur que j'infligeais à Camila me vrillait les tripes, mais je n'avais que la provocation pour la faire réagir. J'avais envie de la prendre dans mes bras et de lui jurer que j'étais bien moi-même, que je n'étais pas un usurpateur. Je voulais que son regard change, qu'elle comprenne qui je suis. Caeso... peut-être pourrait-elle lui expliquer ? Mais si mon usurpateur l'avait réinitialisée ? Par tous les dieux, qui m'aurait dit qu'un jour je devrais lui prouver qui je suis ?
Avatar du romain
Tiberius
Humains
 
Messages: 606
Inscription: 25 Juillet 2012, 00:15
Prénom: Tiberius
Nom de famille: Scribonius
Surnom: Festus
Compte principal: Oui

Re: [E5] Que ressent-on quand on revient pour un mort ?

Messagepar Camila le 08 Avril 2013, 23:36

Comment pouvait-on avoir l’esprit aussi tordu, aussi dérangé pour recréer de toute pièce l’image du grand prêtre alors qu’il était mort ? Que cherchaient les prêtresses de Venus et tous leurs adeptes pour ainsi accepter qu’on puisse bafouiller la dépouille d’un mort et d’un homme qui avait été aussi important ? Bon sang ! Que c’était-il passé à Rome pour ne découvrir qu’horreur et abjection ? La séance au Sénat avait été dès plus pénible dès notre arrivée dans la cité. Et là, alors que je pensais pouvoir me détendre après tout ce long voyage, voilà qu’une énième épreuve me faisait face.

La baffe avait été le déclencheur de ma colère mêlée à une tristesse que j’avais étouffée jusque-là. Sur le terrain, dans le désert, je n’avais pas pu laisser couler mes larmes à l'annonce de son décès. Guerrière avant tout, on avait eu besoin de ma présence et autant Caius que tous les hommes du corps expéditionnaire. Maintenant, je ne contrôlais plus aucune de mes émotions. Mes larmes perlaient alors que je laissais tomber à terre mon glaive. Je ne supportais plus de le voir LUI. Il avait TOUT de lui : ses expressions, son regard, ses mimiques et s’en était beaucoup trop à vivre. Je désirai qu’il parte, qu’il me laisse seule mais apparemment, ce n’était pas ce qu’il souhaitait faire. Je suivis attentivement ses mouvements. Il avait ramassé mon glaive et se dirigeait vers mon paquetage.

Ses mots me parurent à la fois totalement étrangers et pourtant si familiers. Me redressant légèrement, je fronçais les sourcils. Il venait de se dévoiler comme étant bien un androïde. Tibérius savait exactement qu’elles étaient la nature des cartes que je portais avec moi puisque c’était lui qui me les avait offertes avant mon départ. Mon cœur se serra plus violemment à ses dernières paroles concernant le mot … La scène se dessina alors sous mes yeux. Je me souvenais des remparts du Temple de Pluton et lui au-dessus de l’arche, les jambes dans le vide, m’envoyant ce morceau de tissu enroulé autour d’une pierre sur lequel il avait écrit un message pour moi.


- Tu viens de te tromper lourdement ! Et je ne te dirai rien sur ce message et où je le cache … Le vrai Tibérius ne me poserait même pas la question, il le devinerait tout seul !

Ce bout de tissu n’avait jamais changé de place, depuis mon départ, près de mon cœur, niché contre le haut de mon armure, entre le creux de mes seins. Il y était encore. Et le vrai Tibérius aurait été beaucoup plus malin que cela. J’inspirai nerveusement l’observant se rapprocher de moi. Je n’avais qu’une seule envie : qu’il termine son foutu numéro et qu’il me laisse enfin tranquille. Le coup de pommeau contre ma poitrine me fit réagir bien plus que je ne le pensais, serrant mes mains, tellement que mes phalanges en devenaient blanches sous la pression que je leur faisais subir. La lame de mon arme scintilla sous ma gorge, redressant mon menton tout en le défiant. Il ne faut jamais abaisser tout son jeu en une seule main ! A moi maintenant de troubler tes cartes.

- Très bien ! Tu veux me prouver que tu es le vrai Tibérius ? ! Alors écoute-moi avec attention. Je vais te poser deux questions. Lui seul est capable de me donner les bonnes réponses.

Je levais mon index devant lui, prononçant alors ma première question avec un calme olympien, loin de cette tempête qui couvait en moi, vrillant mes yeux aux siens.

- Avant mon départ, j’ai offert à Tibérius un présent, que représente-il très exactement et sa signification? Je levais mon majeur pour avancer ma seconde question. Par deux fois, sur le pont de Vénus et au Sénat, dans mon bureau, j’ai prononcé une phrase. Qu’elle est-elle ?

Ce jour-là au Sénat, il n’y avait pu avoir des espions puisque Caeso montait la garde, s’occupant que personne ne puisse nous déranger ou bien nous approcher. Aucun espion n’aurait pu deviner ce que j’avais pu lui offrir dans cette petite besace en cuir ni la phrase que je lui avais répétée. La même que j’avais énoncée sur le pont de Vénus lors des festivités qui avaient célébrées les votes.

- Tu n’auras pas de seconde chance. Je t’écoute !! Et vois-tu, je ne baisse pas les bras ! Je vérifie juste que tu ne sois pas un menteur et un usurpateur !
Alors ? Dis-moi ? Tu ne sais pas … Hé non ! Tu peux prendre son apparence, tenter de récupérer sa vie mais pas ses souvenirs qui n’appartenaient qu’à lui et moi !


En un battement de sourcils, je disparaissais de sa vue, utilisant mon pouvoir pour me téléporter derrière lui. Un coup violent dans le creux de son bras pour lui faire lâcher mon glaive. Je le poussais, torse et joue contre le mur, plaquant mon corps contre le sien pour le rendre prisonnier de mes gestes.

- J’ai horreur qu’on menace les gens que j’aime. Tu n’aurais pas dû parler de Caeso de la sorte !
J’ai deux solutions … Te détruire … Et les prêtresses de Venus reconstruirons un autre Tibérius, ou alors te laisser repartir d’ici. Penses-tu que je sois si magnanime… ce soir ?
Serais-tu devenu soudainement silencieux ? Ce sont peut-être tes programmes qui grillent lentement ?

Merci à Lia pour le Kit ♥
Avatar du romain
Camila
Humains
 
Messages: 314
Inscription: 27 Juillet 2012, 13:24
Prénom: Camila
Nom de famille: Veturia
Surnom: Noctua
Compte principal: Oui

Re: [E5] Que ressent-on quand on revient pour un mort ?

Messagepar Tiberius le 14 Avril 2013, 21:48

Elle m’énervait. À mon tour, j’avais envie de la baffer. Son jeu des enigmes m’agaçait et, de colère, je le pensais naïf. Je souhaitais éviter de répondre. Mais mes adversaires n’auraient eu aucun mal à trouver les réponses. Ils auraient pu trouver la fleur de jasmin sur ma dépouille. Ils auraient pu également découvrir grâce aux fleurs de jade les mots prononcés dans le bureau. Rapidement, je me retrouvais maîtriser et littéralement au pied du mur. Vexé, je constatais que l’entraînement de Roenna ne me permettait certainement de rivaliser avec des militaires aguerris. Vexé, je répondis sèchement écartant temporairement le sujet Caeso :

-- Répondre à deux questions ? Mais c’est bien trop simple. Tu me dis que seul le vrai Tiberius saurait où tu as caché ce mot. Bien... À ton avis pourquoi ai-je frappé ta poitrine du pommeau de l’épée ? J’ai simplement eu la décence de ne pas y mettre les mains.

Je voulais lui faire réaliser que j’avais donné des indices prouvant ma véritable identité. Je réfléchissais néanmoins à ses questions. Et mon scepticisme fut balayé par le pont de Venus... Je me souvenais de cette foule dansant et festoyant, de ma réflexion sur Venus enserrant Pluton de ses cuisses et de cette inconnue m’ayant embrassé. Qui pourrait avoir remarqué ce baiser ? Qui pourrait connaître cette phrase ? Elle et moi étions sur le Pont tels deux anonymes. Tout se chamboulait dans mon esprit.

-- Mais pour revenir à ce que tu as dit sur le Pont de Venus et au Sénat, sache que ça n’a guère de poids. Poser des questions est simple. C’est y répondre qui est difficile. Et quand j’ai compris que c’était toi sur le pont, j’ai... j’en ai perdu mon latin. Bref, c’est y répondre qui est difficile. Tu l’as fait. Et j’ai voulu le faire. C’est ma réponse que j’ai voulu te donner en t’embrassant. Tu crois que c’est facile de respecter ton sens du devoir et de laisser partir vers une mort certaine la femme que j’ai...

Je me tus, je ne voulais pas lui dire comme cela. Je ne sais pas si c’était la fatigue, la surprise de ma phrase, mais Camilla avait les deux pieds sur la sangle de son sac. La scène où Roenna me plaqua à terre en tirant le tapis me revint. En un instant, j’attrapais le sac et tirait dessus de toutes mes forces pour la faire tomber à la renverse. Camila ne tomba pas aussi stupidement que moi, mais je pus me libérer de son étreinte.

-- Pour ce qui est du jasmin, tu m’excuseras, mais la conversation avec Caecilius s’est vite détournée du langage des fleurs. Et la couleur du jasmin joue beaucoup sur le message. Je n’ai pas eu le coeur à gratter l’or. En tous les cas, quand ils ont assassiné le faux Tiberius, j’ai déposé le pendentif est dans ta table de nuit. Je me suis dit que si je mourrais vraiment, tu le trouverais là.

Je la regardai. La colère s’estompait et laissait place à un profond malaise. J’avais failli la perdre une première fois et je ne voulais pas la reperdre, encore moi pour avoir perdu sa confiance. Le soleil déclinait lentement et j’entendais la foule entonner un champ en l’honneur des soldats revenus.

-- Laisse-moi partir. Si je suis un mille visages, me tuer ne servira à rien. Je serais sur le Pont de Venus ce soir. Tu crois que Venus a déjà enserrée Neptune de ses cuisses ?

Cette dernière phrase rendait hommage à ma réplique sur le Pont de Venus. Personne ne pouvait savoir que j’avais dit cela, sauf celle qui m’avait embrassé... J’allais quitter son domus, en espérant qu’elle me retienne, convaincu qu’elle n’aurait pas la force de tuer un de mes sosies.
Avatar du romain
Tiberius
Humains
 
Messages: 606
Inscription: 25 Juillet 2012, 00:15
Prénom: Tiberius
Nom de famille: Scribonius
Surnom: Festus
Compte principal: Oui

Re: [E5] Que ressent-on quand on revient pour un mort ?

Messagepar Camila le 16 Avril 2013, 16:04

Allez ! C’était pas bien compliqué de répondre à mes deux questions si cet homme-là était le vrai Tibérius. Mais plus les secondes s’écoulaient, et plus le silence s’instaurait comme si cet androïde cherchait les bonnes réponses et qu’il était incapable de les trouver. Logique ! Ma réflexion fut interrompue par sa maigre tentative de désespoir de se sortir de cette situation avec moi, alors que je le maintenais toujours aussi fermement contre le mur.

- C’est tout ce que tu as trouvé pour me faire changer d’avis sur toi ? Comme ça tu as eu la décence de ne pas y mettre les mains ? C’est un argument un peu léger à mon gout ! Le grand prêtre ne se serait même pas posé la question, il aurait joué avec moi juste pour m’exaspérer, comme on l’a toujours fait depuis toutes ces années, lui et moi. Une sorte de code entre nous.

Le gros souci, c’était que cela ne m’aidait absolument pas même si je ne lui montrai pas. Tibérius aurait très bien pu ne pas oser faire ce geste envers moi malgré nos joutes verbales qu’on ne cessait de faire lorsqu’on se retrouvait l’un en face de l’autre. J’étais perdue ! Il commençait à gagner du terrain et je n’aimais pas cela. Comment savoir où était la vérité dans tout cela ? Pourquoi le consul Maximus m’aurait-il mentie en me rapportant la mort de cet homme ? Je fronçais les sourcils lorsqu’il recommença à parler d’un détail concernant la phrase que j’avais pu dire sur le pont de Venus et au Sénat. Il se défilait. Donc, il ne savait pas, et cela ne pouvait être Tibérius !

- Tu devrais arrêter avec tes remarques et tes conclusions inutiles ! Tu fuis le sujet et les questions. Tu gagnes du temps pour tenter de m’endormir avec tes propos. J’ai beau être épuisée, je ne suis pas encore devenue stupide !

Au moins, une chose de certaine, cet androïde possédait le même caractère merdique que le vrai grand prêtre. Le concepteur ne s’était pas trompé à ce niveau-là. Par contre la fin de sa tirade avait eu le don de me surprendre. J’aurai aimé qu’il termine sa phrase, qu’il aille jusqu’au bout de sa pensée. Mais ce ne fut pas le cas. Quelques secondes d’inattention, perdue dans mes observations et il trouva la faille pour se libérer de mon étreinte, basculant en arrière lorsqu’il tira sur la sangle de mon paquetage, perdant presque équilibre et me rattrapant de justesse. Je me redressais alors que cet « inconnu » … ou pas … se poster devant moi. Encore une fois, ses mots me surprirent lorsqu’il prononça le prénom de Caecilius.

Bon sang ! Sur mon testament, il y figurait comme Tibérius. Mais ça aussi, on aurait pu lui voler et donner toutes ces informations à ce droïde. Je croisais mes bras sous ma poitrine, vrillant toujours mes yeux d’ébène dans les siens.


- Le jasmin, sur le pont de Vénus, que j’ai offert à celui dont tu t'es approprié l’identité était Blanc !
Tu veux savoir la signification ou tes programmes vont le faire tous seuls ? Allez ! Je vais t’aider ! Le jasmin est la symbolique de la sympathie voluptueuse. Il est également le symbole de l’amour. Pas besoin de gratter le médaillon !


Je soupirai de nervosité, fermant mes yeux, laissant tomber mes bras le long de mon corps tout en essayant tant bien que mal de chasser toutes cette tension dans mes muscles. Si au moins ses réponses avaient été plus directes, j’aurai pu admettre que l’homme qui se tenait devant moi, c’était bien lui. Faire appel à mon instinct qui ne m’avait jamais fait défaut… Mon instinct lors des séances au Sénat, lors de cette expédition. Faire le vide dans ma tête, faire le tri et voir la vérité … J’ouvris les yeux quelques minutes après alors qu’il s’apprêtait à partir, me donnant rendez-vous sur le pont de Vénus. Et là, ce fut le déclic, le détail que j’attendais ! Cette phrase qu’il prononça n’était pas toute à fait la même que cette nuit-là mais qui aurait bien pu l’entendre alors que toute la foule autour de nous ne penser qu’à boire et s’amuser ?

Mon cœur s’affola soudainement comme s’il venait de retrouver la flamme de la vie, tambourinant avec frénésie contre ma poitrine. Il s’avança pour m’échapper, m’approchant à mon tour pour lui barrer la route et sortir de cette étable. Je secouais la tête, me libérant de toutes ces interrogations incessantes. Lui seul était capable de prononcer cette phrase. Lui seul en connaissait les termes. Ce n’était pas Neptune que Vénus enserrait de ses cuisses mais Pluton. Il ne s’était pas trompé. Il avait fait cela pour me guider jusqu’à lui. Dans un souffle de voix, je laissais échapper mon murmure.


- C’est bien toi … ?

L’émotion enserra ma gorge et sans attendre une réponse de sa part, je me jetais sur lui, pour l’embrasser. Les paumes de mes mains se placèrent sur ses joues, englobant son visage, agrippant ses cheveux noirs de mes doigts pour le maintenir contre moi. Je l’embrassais avec toute ma passion, toute ma rage. Je ne lui laissais pas le choix, il endurait mon baiser et son intensité que je lui insufflais sans lui donner aucun répit. Il m’avait tant manquée…

Merci à Lia pour le Kit ♥
Avatar du romain
Camila
Humains
 
Messages: 314
Inscription: 27 Juillet 2012, 13:24
Prénom: Camila
Nom de famille: Veturia
Surnom: Noctua
Compte principal: Oui

Re: [E5] Que ressent-on quand on revient pour un mort ?

Messagepar Tiberius le 24 Avril 2013, 16:41

Vu sa répartie et son caractère, une certitude m’était acquise : Pour ma part, je n’avais pas affaire avec une mille visages ! Je la trouvais gonfler de prétendre que le véritable Tiberius aurait osé lui mettre la main aux seins. Je ne me permettais jamais ce genre de désinvolture. J’étais tout de même le mieux placé pour le savoir, non ? Déclarait-elle cela pour tester mes réactions une nouvelle fois ? Tout comme elle, j’étais perdu. Je connaissais la couleur du jasmin sur le pont de Venus, mais je n’avais pas percuté qu’il était de la même couleur dans sa gangue dorée. Quel idiot ! C’était pourtant si évident.

Par contre, si Caecilius m’avait appris que le jasmin blanc représentait l’amour, je ne l’aurais pas cru. J’aurai cherché une autre signification dans mes livres. J’aurais cru en cette définition de la «sympathie voluptueuse». En fait, j'y aurai pris là une attaque personnelle. Susceptible, j'aurais pensé qu'elle n'éprouvait que de la sympathie envers moi. Au mieux, aurais-je pris cela pour une invitation à partager voluptueusement sa couche, ce que j’aurai refusé en raison de mes sentiments trop forts. Ce qu’elle m'expliqua me surprit donc. Mais ce que je répondis la toucha encore plus.

Je venais de faire référence au Pont de Venus, car seuls, elle et moi, savions que nous y étions. L’un comme l’autre nous étions réfugiés dans l’anonymat de cette fête somptueuse. Elle murmura une dernière question n’attendant pas réellement de réponse. Bien sûr que c’était bien moi ! Mais l’entendre poser cette question provoqua chez moi un immense soulagement. Elle me surprit en m’embrassant à son tour. Et quel baiser ! La force de ce baiser me transperça, elle me maintenait contre elle et je sentis son corps se blottir contre moi.

Cela ne lui ressemblait pas, et si c’était elle le mille visages ? Non, impossible. Cette baffe, c’était tout elle ! Aucun mille visages n'aurait osé me gifler ainsi. Je tentais de l’embrasser également mais elle menait la danse en quelques sortes. Quand nos lèvres se séparèrent, je lus dans ses yeux brillants, le soulagement et la peur passée.

-- Il s’est passé tant de choses...

J’avais tant d’aveux à lui faire, de reproches à lui balancer aussi. J'avais également envie de l'entendre me parler de l'expédition. L’explosivité de notre relation venait de notre franchise. Elle et moi étions droits dans nos bottes, fiers et sans remords, mais nous n’avions pas du tout les mêmes méthodes. J’étais narcissique et provocateur, elle était directe, pugnace et ne connaissais pas vraiment la définition du mot compromis. Mais l’un comme l’autre étions francs et n’avions pas peur d’exprimer nos quatre vérités. Alors quand elle et moi étions en désaccord, ça explosait.

Mais là, je n’arrivais plus parler. Son baiser m’avait coupé la parole. C'était la seconde fois qu'elle me coupait la chique. J'aimais sa répartie, elle devait être l'une des seules capables de réagir à mes propos et à me rendre coi. J’avais envie d’arracher ses vêtements et de l’étreindre contre le mur. Mais je tenais trop à elle. J’aurais agi avec impulsivité avec une autre femme. Mais Camila ne représentait pas n’importe quelle femme à mes yeux. Ma main passa derrière sa nuque et je plaquais son visage contre mon épaule en la serrant contre moi.

-- C’est bien moi...

Les androïdes n’avaient pas de coeurs au sens propre, certains avaient un système en imitant les battements. Alors, je ne me consolai pas vraiment en me disant qu’elle sentait mon coeur battre. J’avais cette inquiétude de voir ses doutes remonter à la surface une nouvelle fois.

-- De toute façon, je n’avais pas le droit de «vraiment» mourir, tu serais venu me déterrer pour m’engueuler.

Un cheval hennit, alors je l’invitai à sortir de l’étable. Je l’emmenai maladroitement dans son domus et gagnait sa chambre. Ne voulant pas qu’elle croit que je ne pensais qu’à coucher avec elle. J’ouvris sa table de nuit. Il y avait son présent et deux lettres. Il s’agissait de lettres d’acquisition de Caeso. La première donnait au temple de Venus l’entière propriété de Caeso, la seconde donnait entière propriété de Caeso à Caecilius. Je montrais les documents. Il n'y manquait rien, tous les documents étaient signés, il suffisait de les présenter pour enregistrement au tribunal.

-- Je me suis dit que Caeso était suffisamment autonome pour faire son propre choix.

Je ne savais pas pourquoi je lui montrais cela. Enfin si, je le savais...

-- Je pensais ne jamais te revoir Camila... J'ai douté de toi. Comme toi, tu viens visiblement de douter de moi... Je ne sais pas comment tu as appris la nouvelle de ma mort. Je n’ai jamais pensé qu’on te la rapporterait, d’autant que cela fait deux mois que je suis officiellement «revenu à la vie»...

Je m’étais assis sur son lit et je reconnus un objet ayant appartenu à Sapiens. Certainement, un cadeau ! Je lui montrais du doigt.

-- Dans les orgies et dans ma couche personnel, j’ai fait remplacé mon corps par un mille visages offert par Sapiens, justement. Je ne suis pas assez prétentieux pour prétendre survivre à un corps à corps avec un assassin. Mais je suis suffisamment malin pour éviter cette dangereuse rencontre. L'androïde a pris ma place cette nuit-là et c’est lui qui s’est fait assassiner. J’ai laissé croire en ma mort pour enquêter librement. J’ai pensé qu’il s’agissait de Mettius, d'ailleurs. Mais même pas... J'en suis presque déçu... Tu sais que Lucretia l’a manipulé ? Il a attesté avoir vu mon corps. Elle possède des dons d’illusionniste sans doute. Je ne pensais pas que ces informations te parviendrais aux oreilles. Sinon j'aurai tenté de te faire prévenir... Comment l’as-tu su ?

Je la fis s’asseoir sur le lit et ne lâchais pas ses mains. Dans sa maison, rien n’avait changé. Sa pièce était identique, seul son flacon de parfum témoignait d’un changement. Il se vidait chaque jour un peu plus. J’en pulvérisais dans la pièce chaque fois que j’y rentrais. C’est alors que je remarquais son état. Son visage était couvert de poussière, ses cheveux pleins de sable, ses habits ressemblaient à des guenilles, usés par le désert. Je l’interrompis dans ses explications et lui présentai mes excuses.

-- Mais je... enfin tu as peut-être envie de prendre un bain... Tu es épuisée... et... sale...

J'en ris

-- Cela n'a pas dû être de tout repos. Je ... Je vais descendre te préparer à manger. Je ... Repose-toi, prends un bain, je t’attends en bas...

C’était bien la première fois que j’étais maladroit avec une femme. Et puis quelle idée de lui proposer un repas ! Je risquai de l’empoisonner, oui ! Je ne savais même pas faire cuire du pain.
Avatar du romain
Tiberius
Humains
 
Messages: 606
Inscription: 25 Juillet 2012, 00:15
Prénom: Tiberius
Nom de famille: Scribonius
Surnom: Festus
Compte principal: Oui

Re: [E5] Que ressent-on quand on revient pour un mort ?

Messagepar Camila le 05 Mai 2013, 02:18

Ma colère et ma tristesse s’apaisèrent soudainement lorsque je compris que depuis le début ce n’était pas face à un androïde à qui je tenais tête mais bien au seul et unique Grand prêtre de Vénus que j’avais toujours connu : Lui. Il n’était pas mort, il avait survécu à cet attentat que l’on m’avait relatée dans le désert. Il était VIVANT et devant moi à essayer de me faire changer d’opinions, à ouvrir enfin mes yeux et mon cœur. Je compris tout comme un déclic lorsqu’il prononça cette phrase sur Vénus. C’était le détail que seuls, lui et moi, connaissions. Tout devenait clair. Enfin. Je me jetais à son cou, lui imposant mon baiser, n’écoutant que mon envie à en être égoïste, lui faire peut-être mal tant je ne pouvais plus me contrôler. Trop longtemps à attendre. Trop longtemps à me voiler les yeux, à me cacher, à étouffer mes sentiments pour lui. Ce soir je n’avais plus la force de jouer à ce petit jeu éternel que nous menions depuis longtemps. Je l’embrassais comme s’il était devenu mon oxygène, celui qui me manquait, celui dont on m’avait privé durant des mois. Lorsque nos lèvres ses séparèrent, mes yeux le contemplèrent différemment. Et avant que je ne dise quoi que ce soit de plus, il m’attrapa, me rapprochant de lui – comme il ne l’avait jamais auparavant. Je me lovais contre son corps, ma joue contre son épaule, mon visage enfouie dans le creux de son cou. J’étais apaisée, au calme. Il formait avec ses bras une gangue protectrice qui me faisait un bien fou. Oui ! J’étais une guerrière. Je savais manier les armes. Je savais me battre. Mais j’étais aussi une femme épuisée et heureuse de retrouver le seul homme pour qui mon cœur battait. La terre aurait pu trembler que je ne m’en serai même pas rendue compte.

Effectivement … Il s’était passé beaucoup de choses autant pour lui que pour moi. Après avoir apprécié son contact, je me reculais légèrement, croisant son regard du mien. Sa réplique me fit sourire, secouant ma tête, amusée.


- J’aurai été capable de pactiser avec le Diable et de te faire ressortir de ton cercueil. Tu n’imagines même pas jusqu’où j’aurai pu aller pour te revoir.

Mon sourire dissimulait une vérité sans limite. Peut-être l’avait-il compris… Peut-être pas. Néanmoins, ce n’était pas le sujet de nos retrouvailles. Mes doigts s’enlacèrent doucement aux siens tandis qu’il me conduisait à l’intérieur de ma demeure récupérant au passage mon paquetage. La porte s’ouvrit sur un couloir magnifique. Toutes ces fleurs et ces plantes étaient entretenues comme l’avait toujours fait Caeso. Je respirai leurs parfums magnifiques qui exaltaient mes sens. Avant de le suivre, je déposais mon sac dans un coin de l’entrée, retirant aussi mes bottines pleines de terres. Je ne pouvais décemment pas salir ce lieu. J’accrochais ma longue cape à l’un des crochets sur le mur, et c’est pieds nus que rejoignit Tibérius dans ma chambre.

Toutes ces pièces me semblaient à la fois familières et si étrangères, comme si j’avais été coupée du monde pendant toute une année voir même plus, alors que ce n’était pas le cas. J’inspirai doucement, suivant des yeux Tibérius qui me remit des documents avant d’aller s’asseoir sur le bord de mon lit. C’était les fameux titres de propriétés de Caeso.


- Tu as bien fait… Je voudrai que tu les gardes avec toi. Un jour… qui sait, si tu ne les ressortiras pas pour les montrer à Caeso. Je ne veux pas décider à sa place.

Qui sait si un jour, je ne repartirai pas pour une autre expédition. Caius voulait que je fasse partie des personnes dirigeant la nouvelle carrière. J’y retournerai et les dangers du désert seront encore bien présents. Je pliais soigneusement les deux papiers, les posant sur le dessus de ma table de nuit avant de m’installer à ses côtés. Ses mots me touchèrent bien plus que je ne l’aurai pensé. Avais-je vraiment douté de lui au point de croire qu’il n’avait pu se défaire un tel complot ?

Je fixais l’objet qu’il me montrait du doigt, appartenant à Sapiens. Soudain, je pris conscience de ce tatouage en forme de talisman qui recouvrait avec légèreté et délicatesse mon poignet. Une protection dont il m’avait fait don. J’écoutais enfin son histoire, qu’il avait fait remplacé son corps par un mille visages et que c’était ce dernier qui avait trouvé la mort. Le puzzle se mettait lentement en place dans ma tête même si je manquais encore terriblement d’informations.


- Ce n’est pas douter de toi… On m’a rapportée ta … mort. Le Consul Maximus nous a racontés ce qui s’était passé à Rome. Comment ne pas croire un tel homme ? Je le respecte énormément et il n’a jamais été un menteur. Il doit bien y avoir une raison. Peut-être ne savait-il pas que le vrai Tibérius avait échappé à la mort. Je ne lui en veux pas. Ainsi, ce n’est pas Mettius… Pour être franche, c’est assez déstabilisant de penser qu’il n’était pas le commanditaire de tout ça.

Il prit mes mains dans les siennes, retournant ainsi son contact contre ma peau. Parfois, j’admirai ses yeux, son visage dont je détaillais ses traits, et parfois, j’observais nos doigts qui se frôlaient, se caressaient. Un frisson m’envahit avant qu’il ne se volatilise aussi vite qu’il était arrivé.

- Même si tu avais su qu’on m’avait rapportée ta mort, tu avais beaucoup plus de problèmes à gérer ici que de te soucier de moi. Et … Lucretia est impressionnante et tu dois fa….

Son doigt se posa sur mes lèvres, m’interrompant dans mes explications. Un bain ?...
Je baissais ma tête, remarquant à quel point j’étais en très mauvais état. Son rire me fit du bien, riant à mon tour à ses commentaires.


- Oui, enfin ! Moi je ne me vautre pas dans le luxe, très cher ami !


Tibérius se redressa, marmonna quelques mots maladroits, m’invitant à me reposer et prendre un bain. Je me levais à mon tour et avant qu’il ne franchisse la porte de ma chambre, ma main se posa sur son avant-bras.

- Je te rejoins au plus vite … Ne disparais pas. Je ...

Il s’éloigna pour nous préparer un petit repas. J’avais oublié ce que pouvait être un diner en toute tranquillité, loin du brouhaha des soldats et des chevaux. Mon armure me quitta, la déposant sur un support. Elle était en piteux état, un peu comme moi. Un bain… Oui… de l’eau chaude et savonneuse.

Une quinzaine de minutes plus tard, enveloppée d’un peignoir blanc, toujours pieds nus, les cheveux lâchés encore légèrement mouillés, je retrouvais Tibérius s'afférant à nous concocter quelque chose pour grignoter.


- Tu veux un peu d’aide ?

Je contournais la table, picorant au passage un grain de raisin. J’avais tellement de choses à lui dire que j’avais dû mal à faire le tri.

- De nouvelles Divinités sont apparues à nos yeux dans le désert… Vesta et Neptune. Pluton et Minerve étaient là aussi.

Ce n’était pas vraiment cela qui m’impressionnait, et d’ailleurs, je ne savais pas vraiment pourquoi je réagissais de cette manière. En fait, le regard de Minerve m’avait fait comprendre quelque chose d’effroyable et qui bouleversait mes croyances.

- Caius est le fils de Neptune. Oui, j’ai beaucoup d’histoires à te raconter. J’espère que tu as un peu de temps devant toi. Je n’ai pas envie de finir ma nuit …toute seule.

Phrase ambiguë mais il était trop tard pour me rattraper et effacer ce que je venais de lui avouer.

Merci à Lia pour le Kit ♥
Avatar du romain
Camila
Humains
 
Messages: 314
Inscription: 27 Juillet 2012, 13:24
Prénom: Camila
Nom de famille: Veturia
Surnom: Noctua
Compte principal: Oui

Suivante

Retourner vers Épisode Cinq : Le retour du corps expéditionnaire



Qui est à Rome ?

Romains parcourant ce forum: Aucun romain en ville et 1 touriste

cron