par Camila le 05 Mai 2013, 02:18
Ma colère et ma tristesse s’apaisèrent soudainement lorsque je compris que depuis le début ce n’était pas face à un androïde à qui je tenais tête mais bien au seul et unique Grand prêtre de Vénus que j’avais toujours connu : Lui. Il n’était pas mort, il avait survécu à cet attentat que l’on m’avait relatée dans le désert. Il était VIVANT et devant moi à essayer de me faire changer d’opinions, à ouvrir enfin mes yeux et mon cœur. Je compris tout comme un déclic lorsqu’il prononça cette phrase sur Vénus. C’était le détail que seuls, lui et moi, connaissions. Tout devenait clair. Enfin. Je me jetais à son cou, lui imposant mon baiser, n’écoutant que mon envie à en être égoïste, lui faire peut-être mal tant je ne pouvais plus me contrôler. Trop longtemps à attendre. Trop longtemps à me voiler les yeux, à me cacher, à étouffer mes sentiments pour lui. Ce soir je n’avais plus la force de jouer à ce petit jeu éternel que nous menions depuis longtemps. Je l’embrassais comme s’il était devenu mon oxygène, celui qui me manquait, celui dont on m’avait privé durant des mois. Lorsque nos lèvres ses séparèrent, mes yeux le contemplèrent différemment. Et avant que je ne dise quoi que ce soit de plus, il m’attrapa, me rapprochant de lui – comme il ne l’avait jamais auparavant. Je me lovais contre son corps, ma joue contre son épaule, mon visage enfouie dans le creux de son cou. J’étais apaisée, au calme. Il formait avec ses bras une gangue protectrice qui me faisait un bien fou. Oui ! J’étais une guerrière. Je savais manier les armes. Je savais me battre. Mais j’étais aussi une femme épuisée et heureuse de retrouver le seul homme pour qui mon cœur battait. La terre aurait pu trembler que je ne m’en serai même pas rendue compte.
Effectivement … Il s’était passé beaucoup de choses autant pour lui que pour moi. Après avoir apprécié son contact, je me reculais légèrement, croisant son regard du mien. Sa réplique me fit sourire, secouant ma tête, amusée.
- J’aurai été capable de pactiser avec le Diable et de te faire ressortir de ton cercueil. Tu n’imagines même pas jusqu’où j’aurai pu aller pour te revoir.
Mon sourire dissimulait une vérité sans limite. Peut-être l’avait-il compris… Peut-être pas. Néanmoins, ce n’était pas le sujet de nos retrouvailles. Mes doigts s’enlacèrent doucement aux siens tandis qu’il me conduisait à l’intérieur de ma demeure récupérant au passage mon paquetage. La porte s’ouvrit sur un couloir magnifique. Toutes ces fleurs et ces plantes étaient entretenues comme l’avait toujours fait Caeso. Je respirai leurs parfums magnifiques qui exaltaient mes sens. Avant de le suivre, je déposais mon sac dans un coin de l’entrée, retirant aussi mes bottines pleines de terres. Je ne pouvais décemment pas salir ce lieu. J’accrochais ma longue cape à l’un des crochets sur le mur, et c’est pieds nus que rejoignit Tibérius dans ma chambre.
Toutes ces pièces me semblaient à la fois familières et si étrangères, comme si j’avais été coupée du monde pendant toute une année voir même plus, alors que ce n’était pas le cas. J’inspirai doucement, suivant des yeux Tibérius qui me remit des documents avant d’aller s’asseoir sur le bord de mon lit. C’était les fameux titres de propriétés de Caeso.
- Tu as bien fait… Je voudrai que tu les gardes avec toi. Un jour… qui sait, si tu ne les ressortiras pas pour les montrer à Caeso. Je ne veux pas décider à sa place.
Qui sait si un jour, je ne repartirai pas pour une autre expédition. Caius voulait que je fasse partie des personnes dirigeant la nouvelle carrière. J’y retournerai et les dangers du désert seront encore bien présents. Je pliais soigneusement les deux papiers, les posant sur le dessus de ma table de nuit avant de m’installer à ses côtés. Ses mots me touchèrent bien plus que je ne l’aurai pensé. Avais-je vraiment douté de lui au point de croire qu’il n’avait pu se défaire un tel complot ?
Je fixais l’objet qu’il me montrait du doigt, appartenant à Sapiens. Soudain, je pris conscience de ce tatouage en forme de talisman qui recouvrait avec légèreté et délicatesse mon poignet. Une protection dont il m’avait fait don. J’écoutais enfin son histoire, qu’il avait fait remplacé son corps par un mille visages et que c’était ce dernier qui avait trouvé la mort. Le puzzle se mettait lentement en place dans ma tête même si je manquais encore terriblement d’informations.
- Ce n’est pas douter de toi… On m’a rapportée ta … mort. Le Consul Maximus nous a racontés ce qui s’était passé à Rome. Comment ne pas croire un tel homme ? Je le respecte énormément et il n’a jamais été un menteur. Il doit bien y avoir une raison. Peut-être ne savait-il pas que le vrai Tibérius avait échappé à la mort. Je ne lui en veux pas. Ainsi, ce n’est pas Mettius… Pour être franche, c’est assez déstabilisant de penser qu’il n’était pas le commanditaire de tout ça.
Il prit mes mains dans les siennes, retournant ainsi son contact contre ma peau. Parfois, j’admirai ses yeux, son visage dont je détaillais ses traits, et parfois, j’observais nos doigts qui se frôlaient, se caressaient. Un frisson m’envahit avant qu’il ne se volatilise aussi vite qu’il était arrivé.
- Même si tu avais su qu’on m’avait rapportée ta mort, tu avais beaucoup plus de problèmes à gérer ici que de te soucier de moi. Et … Lucretia est impressionnante et tu dois fa….
Son doigt se posa sur mes lèvres, m’interrompant dans mes explications. Un bain ?...
Je baissais ma tête, remarquant à quel point j’étais en très mauvais état. Son rire me fit du bien, riant à mon tour à ses commentaires.
- Oui, enfin ! Moi je ne me vautre pas dans le luxe, très cher ami !
Tibérius se redressa, marmonna quelques mots maladroits, m’invitant à me reposer et prendre un bain. Je me levais à mon tour et avant qu’il ne franchisse la porte de ma chambre, ma main se posa sur son avant-bras.
- Je te rejoins au plus vite … Ne disparais pas. Je ...
Il s’éloigna pour nous préparer un petit repas. J’avais oublié ce que pouvait être un diner en toute tranquillité, loin du brouhaha des soldats et des chevaux. Mon armure me quitta, la déposant sur un support. Elle était en piteux état, un peu comme moi. Un bain… Oui… de l’eau chaude et savonneuse.
Une quinzaine de minutes plus tard, enveloppée d’un peignoir blanc, toujours pieds nus, les cheveux lâchés encore légèrement mouillés, je retrouvais Tibérius s'afférant à nous concocter quelque chose pour grignoter.
- Tu veux un peu d’aide ?
Je contournais la table, picorant au passage un grain de raisin. J’avais tellement de choses à lui dire que j’avais dû mal à faire le tri.
- De nouvelles Divinités sont apparues à nos yeux dans le désert… Vesta et Neptune. Pluton et Minerve étaient là aussi.
Ce n’était pas vraiment cela qui m’impressionnait, et d’ailleurs, je ne savais pas vraiment pourquoi je réagissais de cette manière. En fait, le regard de Minerve m’avait fait comprendre quelque chose d’effroyable et qui bouleversait mes croyances.
- Caius est le fils de Neptune. Oui, j’ai beaucoup d’histoires à te raconter. J’espère que tu as un peu de temps devant toi. Je n’ai pas envie de finir ma nuit …toute seule.
Phrase ambiguë mais il était trop tard pour me rattraper et effacer ce que je venais de lui avouer.
Merci à Lia pour le Kit ♥