Le corps expéditionnaire était rentré, acclamé en héros. Journée pouvait-elle commencer de manière plus pire ? Les badauds s’attroupaient pour apercevoir les soldats alors que d’autres plus furtifs filaient vers les grandes demeures afin de troquer cette fraiche nouvelle contre quelques piécettes.
Les héros sont de retour, les héros rentrent à la maison…
Vorenus me mis rapidement au courant et j’eu à peine le temps de me préparer que la garde prétorienne toquait déjà à ma porte. Le Sénat en entier est convié, les héros arrivent.
Rapidement sur les lieux, je constate avec une certaine surprise que la demeure politique ne compte pas un seul absent… en une vingtaine de décade je peux compter sur les doigts le nombre de fois où un tel prodige eu lieu. Alliés et ennemis réunis, certains exposant sourires et satisfactions alors que d’autres, comme moi, restent plus circonspect… plus froid à cet évènement.
Prenant place près des Jénoviens, j’observe l’arrivée des protagonistes. Voir des soldats en arme a le dont de me mettre de sale humeur d’autant qu’on peut encore sentir le sang sécher sur leurs lames. Je regrette que Vorenus ne puisse être présent, je me sentirais plus à l’aise avec mon enfant pour me protéger.
L’arrivée de Caïus est impressionnante et la découverte de l’artéfact fini par creuser mon malaise. Les rumeurs sont vrais semble-t-il, le héros est semi-divin et son arme parle pour elle-même…
… parle trop même. Les secousses stressent tous les sénateurs présents et je découvre une certaine tension même du côté des alliés de Caïus. Personne ne s’attendait à une telle menace, les prétoriens s’agitent et tous ont les yeux rivés sur celui qui passe doucement du titre de héro en menace émergeante. Mauvais calcul soldat ! La mort du fils d’Arotus fini par glacer d’effroi chaque politique présent. Ainsi la mort a traversé les déserts, s’est infiltré au travers de nos murs et est venu s’abattre sur ceux qui œuvrent pour le salut de Rome. Le préfet est-il lui-même dépassé par cette puissance ?
Les accusations commencent et j’ai peine à empêcher un sourire se dessiner sur mes lèvres. Les « cartes » oui, c’était astucieux même si cela s’est avéré assez inefficace. Un simple détail, presque une plaisanterie… Penser que seul le prélat soit derrière cette machination est d’une telle naïveté, visiblement être le fils d’un dieu mineur n’aide pas à la réflexion.
Nouvelle secousse, nouvelle attaque et mon ami sauvé in extrémis. Je quitte à peine le préfet du regard. Est-il conscient de ce qu’il fait ? Je cherche une trace d’horreur dans son regard, de méprise. Trop éloignée je ne décèle rien… Caïus me donne pourtant l’impression de l’apprenti magicien qui découvre trop tard la portée de sa petite baguette !
La réponse de Mettus ne se fait pas attendre et ce dernier déploie ses propres armes, plus sournoises et plus létales que le jouet du soldat. J’en profite pour observer Camilla, curieuse de sa réaction face aux exigences du « héros meurtrier ». Ce dernier a perdu pas mal d’appuis en l’espaces d’une poignée de minutes, la sénatrice acceptera-t-elle d’être associée à ce dernier ? Le Prélat n’épargne pas l’imprudent et l’isole par sa verve. Je souris, satisfaite de la situation… le fils de Neptune est en délicate position et il ne reste qu’à le terminer.
Hélas il en est pas du goût de la Sénatrice Décima qui entre en scène. Si généralement nous avons des points de vue forts similaires, j’avais cru comprendre qu’elle ne partageait pas mon dégout de cette expédition. Je ne suis donc pas surprise de la voir subtilement voler au secours du Préfet sans pour autant donner l’illusion d’être à ses côtés. Je réfléchis quelques temps à sa proposition et aux conséquences de cette dernière.
En agissant de la sorte, Mettus partait favoris des élections… de plus il suffirait d’appuyer Camilla comme prélat de la colonie pour la voir disparaitre du champ politique actuel. Plus important encore, c’était l’occasion de réaffirmer un serviteur de Jupiter à un poste clef. Ce dernier avait su marquer des points aujourd’hui et si cette élection à vie en dérangeait plus d’un, si l'actuel Prélat n'était pas très populaire au sénat… l’idée d’avoir un demi dieu colérique et menaçant à la tête de la cité allait en décider plus d’un.
Alors que je m’étais promis de rester simple spectatrice je finis par prendre la parole en tout simplicité :
« Moi, Arvena Lucita, appuie la proposition de la Sénatrice Décima. »
Nul besoin d’en dire plus et bientôt cet appui sera suivi de plusieurs autres.