https://www.youtube.com/watch?v=XwP1rJsQIHAIls sont enfin de retour. Tel des anges tombés du ciel, ils nous reviennent. La vie n'a pas été de tout repos sans eux et un souffle d'apaisement, mais surtout de joie, règne sur la cité. Seulement, si cela est exact pour la majorité du peuple, il y en a un, dont je peux imaginer les réticences.
Je ne suis pas dans la tête de Mettius et je ne peux pas savoir d'avance ce qu'il prévoit dans son esprit sournois, mais quelque chose me dit, qu'il avait dans l'espoir que le préfet Aquilus n'en revienne pas. Seulement, voilà, la réalité est toute autre et il doit faire face. Je ne m'inquiète pourtant pas pour lui. Je sais qu'il prévoit toujours tout et que le scénario de sa possible survie est déjà clair dans sa tête depuis longtemps. Il réussira à tourner cette situation à son avantage, je n'en ai aucun doute.
Je le prépare pour la cérémonie de retour du corps expéditionnaire. Il doit être beau et majestueux, mais pas trop. Les soldats qui vont revenir, sont certainement dans un très mauvais état et voir le prélat en plein forme et beau comme un dieu, pourrait lui être préjudiciable. Je fais donc attention de ne pas en faire trop, pour ne pas attiser les remarques désobligeantes de la foule.
Cela fait déjà quelques semaines que le peuple est inquiet et commence à rendre Mettius responsable de la disparition de leurs proches. Jusqu'à l'apparition des temples à l'intérieur des murs de Rome, nous n'avions aucune idée de s'ils avaient réussi ou non. Et même avec la présence réconfortante de ces nouveaux dieux, nous ne pouvions pas savoir comment allaient les soldats. Peut-être avaient-ils tous péri lors de cette onde de choc encore inexplicable à ce jour ?! Enfin, bref, tout le monde étaient dans le doute et la peur, mais maintenant c'était fini.
Je me tiens derrière mon maître quand le préfet arrive accompagné de son trident. Seulement, si cet objet fut étonnant à découvrir en sa possession, il fut encore plus surprenant pour moi, de découvrir l’androïde qui se trouva à ses côtés. Elle provenait d'au-delà des remparts, j'en étais sûre et certaine. Son comportement, ne me fait pas croire qu'elle puisse être une machine soumise à l'homme, bien au contraire. Elle transpire l'indépendance. Je voudrais lui poser un milliard de questions sur son identité et l'endroit d'où elle vient. Seulement, je ne suis qu'une esclave au service de son maître et j’obéis aux ordres pour éviter d'avoir des problèmes. Je ne veux pas être réinitialisée. Je ne l'ai jamais été et je suis sûre que cela doit être la chose la plus horrible au monde. Perdre son identité, c'est comme perdre son âme. Et ça, je ne me le permettrais jamais.
Le comportement de Caius est agressif et j'ai peur pour ce qui est sur le point d'arriver. Va-t-il réussir à arracher le pouvoir à Mettius ? Je lui souhaite de tout coeur, mais je le redoute aussi. Alors, c'est avec appréhension que j'observe la scène en première ligne.
Il commence à se jouer du prélat, il tue même. Je ne connais pas cet homme, mais il est comme tous les humains. La vie n'a aucune importance si ce n'est pas celle des personnes qu'il aime. Qu'il fasse attention que Mettius n'en connaisse pas l'identité. Il tente de faire peur au prélat et je pense qu'il y parvient, mais dans sa hâte, il ne voit pas qu'il ne fait qu'ajouter de l'eau au moulin de mon dominus. Mettius est sournois et très intelligent. L'attaquer de front est une erreur. Je le sais et c'est pour ça que je prépare ma vengeance lentement. Je suis patiente, très patiente. Je sais qu'un jour, je lui ferais payer tout ce qu'il m'a fait et il ne verra même pas d'où ça vient. J'ai de la haine pour cet homme. Une haine viscérale. Pourtant, quand le trident de Caius est sur le point de tuer Mettius, je ne réfléchis pas et protège mon maître en le poussant, recevant à sa place la statue de pierre.
Si cela avait été le prélat à ma place, il serait mort et les ennuis de beaucoup avec. Seulement, il y aurait emporté avec lui Andromaque. La seule raison pour laquelle je reste fidèle, est pour sauver ma nièce. J'ai peut-être trouvé une solution pour la sauver auprès du noble Midas, mais je n'ai pas encore testé la potion sur l'enfant. Et si elle ne fonctionnait pas ? Que resterait-il à Angus comme solution ? L'année de soin est épuisée, mais je suis sûre qu'il peut encore avoir un moyen de s'arranger avec le prélat. Je ne peux pas me permettre de laisser mourir une des chances de ma nièce, alors je prends mes responsabilités et je fais ce qu'il me semble le plus juste en cet instant.
Je ne m'étais juste pas imaginé que cela me ferait autant de dégâts. Quand le bloc de pierre est retiré de sur mon corps, je peux apercevoir mes circuits. Je suis persuadée à ce moment que je vais mourir et qu'il ne restera plus rien de moi dès le coucher du soleil. Alors, mes pensées vont aux gens que j'aime. Mon père, qui me regarde certainement depuis les cieux. Mon frère, Angus, dont je sens la présence à mes côtés. Mon amour, Servius, à qui je souhaite ne jamais se souvenir de nous. Ma nièce, Andromaque, pour qui je m'inquiète. Mon amie Phaedra et le grand fou de Prométheus qui vont me manquer. Je revois les visages des gens qui m'ont offert de la compassion comme Livia, Euterpe et bien d'autres. Je les regrette, mais je ne regrette pas mon geste.
Mes yeux se dirigent vers le ciel et je me demande si Pluton me voit. Si une larme de Venus va venir trouver mon visage. Et je sens l'odeur des oliviers, le soleil chaud sur ma peau et je n'entends plus la foule. Il n'y a rien d'autre que le chant des oiseaux. C'est un beau jour pour mourir. Qu'il en soit ainsi. Et peut-être, je dis bien peut-être, que si j'ai une âme, alors je retrouverais mon père.
Une dernière phrase s'échappe de mes lèvres avant que je ne m'éteigne.
C'est un beau jour pour mourir.