[E5] Rencontre sucrée [Tempus]

[Nelayandra]

C'est par une succession d'acrobatie impressionnante que je fis mon entrée dans le marché. Mes cheveux de feu volant aux quatre vents saluant telle une enfant les gens qui passaient devant moi. Certains continuant leurs routes tandis que d'autre plus amusé s'arrêtèrent. Les enfants tiraient leurs parents ou leurs androïdes pour voir ce qui se passait au centre de cet immense marché réunissant non seulement des étales d'étoffes, de nourritures, d'accessoires en tout genre, mais aussi des artistes qui venaient faire connaître leur talent ou bien qui comme cherche juste à se faire un peu d'argent pour pouvoir acheter de quoi manger pour la journée. Les saltimbanques vivent au jour le jour prenant ce qu'on leur offre et donnant aux centuples. C'est pour ça que cette vie m'a attiré plus que les autres. Maintenant que j'ai définitivement posé les armes, je peux vivre ma vie comme je l'entends sans être tétanisé en sachant que ce soir le sang coulera. Je n'ai vécu que de ça et aujourd'hui la vitae humaine m'est insupportable à la vue et à l'odeur. Odeur que je ne connais que trop bien d'ailleurs. Aujourd'hui, je peux parfaitement différencier du sang animal de celui de l'humain.

Alors, je commençais un jeu que j'aime beaucoup pratiquer depuis très longtemps maintenant. Un jeu consistant à utiliser son environnement pour faire toutes sortes d'acrobaties des plus impressionnantes au plus simple. Enfin pour moi. La simplicité que j'ai, ne concerne pas les autres. Je suis habituée à faire de telles choses ayant été entraîné dans ce but tout en utilisant le pouvoir que j'ai acquis à ma naissance comme tous les humains.

Je prenais vraiment beaucoup de plaisir riant comme à mon habitude appuyant si bien sûr le côté excentrique et innocent de cette personnalité qui me scie mieux que la précédente qui elle, se trouve être sombre, froide et sans véritable plaisir à vivre dans ce monde qui autrefois n'était qu'une farce.

Grimpant sur les hauts édifices du marché, je me retrouvais à présent sur le toit regardant en contrebas alors, que les gens ne me quittaient pas du regard impatient de voir ce que je m'apprêtais à faire avec une boule dans le ventre que j'avais fait naître en eux à cause de mes folles acrobaties. La musique qui s'élevait en arrière plan donnait à mon petit spectacle un petit plus. N'ayant pas peur du vide et encore moins des distances, je fis saut de l'ange pour me rattraper sur une plate forme plus loin où je tournoyais autour d'elle pour ensuite me lâcher et atterrir au sol levant les bras vers le ciel, sourire aux lèvres.

A mesure que j'avais avancé dans mon acrobatie dangereuse même mortelle, les spectateurs avaient retenu leur souffle puis lorsque mes pieds touchèrent le sol, ils s'étaient remis à respirer applaudissant si fort dans leurs mains que cela me fit rougir sautillante ensuite de joie comme une enfant heureuse. Ce que je suis de toute évidence.

- Merci hihihi ! Merci beaucoup !

Retirant ma casquette de ma tête, je passais parmi les gens afin de recevoir quelque pièce. Doucement, mon couvre-chef se remplissait de jolies pièces brillantes et sublimes qui pourront me permettre de payer une chambre à l'auberge et espérer un bon repas chaud. Mon excentricité vestimentaire était folle voir très, il faut l'avouer, mais c'est moi ! C'est ce que je suis, ce que j'ai toujours été qui aujourd'hui sortait et se montrait sans honte. Ce que je n'ai pu faire à l'époque. Une époque proche et pas si lointaine que cela.

- A votre bon coeur mesdames, messieurs !

Une femme très riche, mais portant un parfum un peu trop fort pour moi m'offrit non pas une ou deux pièces, mais carrément cinq. Avec ça, je pouvais largement espérer passer deux jours à l'auberge et à dormir dans un bon lit, bien chaud et moelleux. Je pourrais demander à maman Calypso ou bien tonton Octavius de m'héberger, mais j'aime trop mon indépendance et ma vie à la belle étoile pour le leur demander.

Debout, je comptais ma recette du jour avec un grand sourire, je pourrais même me permettre une petite gourmandise. Oui, mais quoi... Avec une moue sur le visage, je regardais l'étalagé du pâtissier qui exposait des merveilles qui me feraient presque baver. Chou à la crème, éclair, tarte au fromage, tarte au citron... Je craque ! Si je m'écoutais, je prendrais tout et le mangerais tout de suite.

Je m'approche et regardait toutes ces merveilles sous l'oeil attentif du pâtissier qui connaissait que trop bien mon penchant pour les sucreries.

- Je t'ai à l'oeil Sugar !

- Mais je n'ai rien fait encore....

- Je sais, mais je t'avertie ! dit-il en secouant son fouet à pâtisserie sous mes yeux.

Je fis une moue boudeuse et resta devant le stand à réfléchir à ce que j'allais choisir.

[Tempus]

La devise des hommes d'affaires plus ou moins scrupuleux est : savoir toujours bien nager pour n'avoir jamais à trop se mouiller. Il n'y a pas meilleure citation pour me définir. J'ai toujours réussi à éviter la tasse et surtout encore plus, éviter la noyade. Il faut dire que je choisie mes relations. Quand j'ai commencé à devenir ami avec Mettius, je savais déjà qu'il avait du potentiel. J'ignorais encore à quel point j'avais raison. Cet homme est le plus intelligent que je connaisse. Il a réussi un coup de maître et il sera toujours un exemple pour moi. Cependant, un homme doit apprendre à voler de ses propres ailes et je n'hésite pas à mener mes affaires de mon côté.

Affaires que je dois reconnaître, plutôt florissantes. Je suis sur la route de la gloire. Tout me sourit et je fais en sorte que cela reste comme ça. Bien sûr, je n'irais pas dire que mes mains sont propres et que je suis blanc comme neige. C'est loin d'être le cas. Je magouille, je soudoie, j'arnaque, je mens etc... malgré tout, vous pouvez demander aux personnes qui m'entourent, je suis un homme des plus charmant et généreux. Je n'hésite pas à offrir une de mes filles le temps d'une nuit pour remercier quelqu'un qui m'aura aidé. Je n'ai rien contre le donnant/donnant tant que cela sert mes intérêts.

Je suis en train de marcher aux côtés d'un noble de la cité, d'affaires plus ou moins sérieuses que je préfère garder à ma discrétion, quand nous sommes attirés par des acclamations de foule. Je ne suis qu'un homme et par conséquent, curieux. Nos pas nous mènent donc à la source de ce raffut. Il est étonnant de voir pourquoi ces cul-terreurs s'excitent ainsi. La responsable est une jeune fille dont je donne à peine la majorité. Elle fait des bonds entre les bâtiments. Gambade sur des corniches et nous laisse à perdre haleine d'une chute éventuelle à ses galipettes.

Pourtant, elle ne m'est pas imperceptible et je garde son visage au coin de ma tête. Une chatte de gouttière pourrait toujours m'être utile. Je n'ai pas d'idée précise pour elle, mais il n'en est pas moins que je préférerais l'avoir à mes services. Son côté enfantin, me garantit qu'il ne sera pas trop difficile de l'acheter.

Je la retrouve plus tard devant l'étole d'un marchand de sucreries. Elle est en admiration devant la cascade de sucre qui se présente devant elle. Quand j'arrive à ses côtés, j'entends le marchand la nommer Sugar.

Voilà un prénom qui vous va à ravir.

Je lui souris et passe ma commande au marchand.

Pouvez-vous me donner deux choux à la crème.

Le marchand s'exécute et je sors une bourse bien remplie pour le payer. Puis, je me retourne et tend une pâtisserie à la jeune fille.

Celui-ci est pour vous, Sugar.

Je lui tends le bras pour qu'elle se joigne à moi pour une promenade.

Vous êtes vraiment très agile pour une humaine.

Je mords une bouchée dans le choux.

Je vous ai vue faire vos cabrioles. C'est plutôt dangereux. J'ai eu peur pour vous.

[Nelayandra]

C'est avec une certaine tristesse que je regarde tous ces délicieux gâteaux et dont je ne peux me permettre d'en acheter seulement un. Ma bourse est pleine certes, mais je dois penser au reste de la journée ainsi qu'à trouver une chambre pour la nuit. Je peux très bien aller chez Calypso ou encore Octavius, mais je ne veux pas. Je tiens trop à mon indépendance pour cela. J'aime ma vie de saltimbanque. On ne se soucie jamais du lendemain, on vit au jour le jour. Carpe Diem comme on aime dire.

Ayant déjà vécu dans un univers sombre et sanglant qui aujourd'hui me répugne, j'ai donc décidé de me consacrer à ce qui paraît futile pour d'autre, mais vitale pour moi. Je me montre naïve, car je n'ai jamais eu la possibilité de l'être. Je suis enfant, car je n'ai pas pu en être une. Je n'ai pas pu jouer et vivre innocemment. Non. Mes premiers jeux ont été celui du combat, de la furtivité et j'en passe. Tant de chose manqué que je veux rattraper aujourd'hui. J'ai déposé les armes le jour où j'ai décidé de me vouer à Neptune et Calypso. Une douce femme qui est une mère pour moi. Mère que je n'ai pas eu la chance de connaître et dont j'ignore encore tout.

- Oh s'il te plaît... rien qu'un supplément... Une sucrerie gratuite... Tu ne veux pas ?

- Tu vas me mettre sur la paille Sugar... Si je dis oui une fois, tu vas revenir et au pire tu vas vider mon étalage.

C'est une moue qui est la réponse du marchand. Ce dernier est d'ailleurs sur le point de craquer, je le sais. J'arrive toujours à mes fins surtout quand il s'agit de pâtisserie et de sucrerie. C'est sa faute d'abord ! Il n'a pas qu'à être aussi doué pour faire d'aussi délicieux trésors ! Je ne suis qu'une victime de son talent rien de plus !

Voilà un prénom qui vous va à ravir.

Je tourne la tête. Je regarde l'homme qui vient de me complimenter sur mon surnom. Un grand sourire illumine alors mon visage et un grand merci passe la frontière de mes lèvres. Une véritable enfant qui rougit et sourit à chaque compliment qu'on lui fait. Mais derrière ce masque d'innocence se cache bien des choses. Bien plus noirs encore qu'il ne pourrait l'imaginer. Je suis bonne comédienne donc on ne peut percevoir ce que je dissimule en moi.

Je le regarde commander des choux à la crème. Han !!!!!!!!! C'est injuste ! Ce sont mes préférés ! Je regarde le marchant d'un air de chien battu qui n'a rien mangé depuis des jours.

- Pitié Hélios ! Rien qu'un ! Je ne te demande pas le monde ! Regarde comme je suis pâle, c'est le manque de sucre ! Je vais faire un malaise ! Je le sens arriver !

En piètre comédienne, comme une enfant qui fait tout un cinéma pour avoir son chou à la crème. Je simule donc un malaise en exagérant un peu. Mais, il paraît que cela me rend adorable et que je fais rire les gens quand je me mets à faire l'idiote.

- Je vais m'évanouir ! Ah ! J'ai mal... C'est horrible...

Hélios finit par jeter l'éponge en murmurant un simple : « Je me suis encore fait avoir... »

- D'accord c'est bon, mais arrête ça...

Comme par enchantement, je me relève et sautille sur place tout sourire.

- T'es le meilleur !

- Le plus bête je dirais...

Celui-ci est pour vous, Sugar.

- Han j'en ai trois maintenant ! J'aime cette journée ! Merci monsieur !

C'est en dégustant un chou à la crème que je suivie l'homme qui me complimentait. Je rougis bien entendu, c'est toujours plaisant d'être félicité et complimenté qui ne serait pas insensible à cela ! Mon autre moi sûrement...

- Je retombe toujours sur mes pattes... Hihihi je suis un véritable chat. Et puis, je m'entraîne dur depuis que je suis toute petite donc j'ai l'habitude.

Miam... Miam... Un véritable délice ces choux à la crème, je suis au paradis des sucreries. Mais en me connaissant, ces trois-là seront loin d'être suffisant pour moi. C'est connu, je suis un ogre ! Dur à croire avec le physique que j'ai et pourtant, je suis une grande mangeuse.

- Aujourd'hui c'était cascade demain ce sera peut-être danse ou les deux... Il faut que je réfléchisse encore...

J'entame le second tout en marchant victorieuse d'avoir eu trois choux au lien de deux. Une bonne journée qui s'annonce.

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(HJ : J'ai changé le E4 en E5, c'est une faut de ma part, car le personnage de Tempus et moi-même sont apparu après le retour du corps expéditionnaire. Mille pardons )

[Tempus]

La demoiselle ressemble à une enfant. Je vois là une opportunité pour la séduire et lui donner une bonne impression de moi. Elle supplie le marchand de lui offrir une pâtisserie et celui-ci ne semble pas près à lui faire ce cadeau. Sortant ma bourse pleine de sesterces, je me mets à réfléchir. Mon choix est fait, je commande plusieurs choux et quand je vois ses yeux suivre ma commande avec envie, je sais que je ne me suis pas trompé. Je décide alors de lui offrir l'objet de ses désirs en espérant qu'un jour elle m'offre le mien, mais soudain, le marchand en fait de même. Me voilà grillé, mais je ne fais pas ressortir ma frustration à la jeune femme.

Ravie d'avoir les mains pleines de sucre, elle me remercie avec un grand sourire.

Ne me remerciez pas. Le sourire qui illumine votre visage me suffit amplement.

Le rouge lui vient aux joues et je sais que j'ai marqué un point dans son coeur. Cependant, la partie n'est pas gagnée pour autant. Je dois réussir à savoir de quoi elle est capable et s'il est possible qu'elle travaille pour moi sans se poser de questions.

Je lui avoue que je l'ai vue faire ses cabrioles et je fais même l'homme inquiet... elle aurait pu se blesser ! Cela serait dommage qu'elle se tue avant même que j'ai pu utiliser ses capacités. Charmante, elle me rassure et j'apprends que ce n'est pas inné chez elle, mais qu'elle travaille dur pour obtenir un tel niveau.

En naissant sous la garde des dieux, nous avons obtenu des capacités et même des pouvoirs. Certains font des choses que personne d'autres ne pourraient faire, simplement comme s'ils respiraient. Je sais donc maintenant, que la jeune Sugar travaille de toutes ses forces pour être aussi agile. Et après conversation avec elle, je découvre qu'elle aime aussi la danse.

Vous aimez danser ?

Une question qui n'en est pas vraiment une.

J'aimerais beaucoup voir ça.

Un peu de provocation pourrait servir mes intérêts comme elle pourrait me griller de ses faveurs. Seulement, je suis joueur et qui ne risque rien n'a rien. Je décide de la provoquer.

Je doute que vous dansiez aussi bien que vous exécutez vos cabrioles.

Un sourire mutin au coin des lèvres, je pose mes cartes.

Une soirée est donnée ce soir dans mon domus. Souhaiteriez-vous danser pour mes convives ?

Nous ne nous sommes pas encore présenté et j'espère qu'elle ne connaît pas mon identité. Je ne suis pas un bougre d'homme, mais mes activités extérieures peuvent refroidir certaines jeunes filles... comme les enflammer. Pour tous, je suis le conseiller du roi et pour les plus pervers des romains, je suis bien l'homme le plus chanceux. Propriétaire des plus jolies androïdes de Rome. J'attends sa réponse feintant le détachement en dégustant ma pâtisserie.

[Nelayandra]

L'étranger pense sûrement que je suis une gamine naïve et un peu simplet. Croyant à la gentillesse du monde et des gens que personne n'osera me faire du mal. Mais, je suis loin d'être stupide, je veux juste me complaire dans ce rôle qui est une partie de moi depuis trop longtemps refoulé. Tout en gardant cette part de moi qui ne m'éloigne pas de la réalité qui ne saute pas aux yeux des enfants. On pense qu'on peut facilement me manipuler, mais ce n'est guère le cas. Je sais comment détourner quelque chose sans élever des soupçons. Je ne veux rien à voir à faire avec des personnes qui veulent utiliser mes talents pour leurs desseins. Mon agilité surhumaine soulève parfois des idées qui vont à l'encontre des lois instauré. Chose qui vont à l'encontre de mes principes désormais. Je ne sers les intérêts de plus personne, je vis pour moi. Je profite de cette renaissance que Neptune m'a offert et je la chéris comme un trésor tout autant que les êtres que j'aime. Si je devais à nouveau utiliser les armes ou mes talents de combat, cela serait pour sauver l'un des miens ou pour Neptune.

La question semble vouloir être dit sous le ton de l'intéressement, mais je ne suis pas sotte. Il parle à une ancienne assassin de la rébellion. Cette femme sans foi ni loi que je fus, froide et observatrice se terre dans mes chairs et pousse parfois la sonnette d'alarme quand quelque chose l'intrigue. De plus, je sais que quelqu'un veille sur moi dans l'ombre. S'il pensait ne pas se faire remarquer, il se trompe.

- Vraiment ? Et bien...vous savez où me trouver désormais...

Le ton de la naïveté et du bonheur enfantin s'entendait dans ma voix détournant ainsi l'esprit peut-être aiguisé de l'être qui marche à mes côtés.

- J'ai un style assez particulier... Comme ma tenue vestimentaire d'ailleurs signe d'un temps révolu. J'aime la mode atypique de l'ancien monde tout autant que sa musique. Peu de musicien la joue où la renouvelle pour la faire accepter aux yeux des romains.

Je m'arrête sous sa provocation soutenant son regard. Le mien était mutin tandis qu'un petit sourire amusé étira mes lèvres. Il jouait avec le feu cet homme, savait-il vraiment à qui il s'adressait ? Pensait-il que j'étais une saltimbanque de bas étage ? Pensait-il vraiment qu'un artiste de rue ne se conformait qu'à une chose ? Nous sommes des touches à tout.

- Est-ce un défi ? Alors, dans ce cas....

Je rigole sous sa demande de danser pour ces invités dans sa demeure.

- Hahaha ! Danser entre quatre murs ? On n'enferme pas un aigle pour lui demander ensuite de voler... enfin...je sais plus si cette image est assez descriptive...

Posant mon index sur mes lèvres, l'air pensif. Je tentais de trouver une autre explication un peu imagée, mais rien...

- Enfin tant pis...

Je tends l'oreille et perçois une musique. Pile poil ce qu'il me fallait, sans attendre, je pris la main de l'étranger et courut jusqu'au petit groupe de musiciens qui jouaient une musique à la fois entraînante et sensuel. Des gens écoutaient jetant quelque pièce sans plus.

- Défi relevé si ma danse vous plaît vous devrez m'acheter tout un sachet de gourmandise. Si je perds et bien, je danserais pour vos invités à la soirée. Vous verrez que je suis aussi bonne danseuse qu'acrobate...

Me voilà déjà que je disparaissais pour rejoindre le groupe ancré dans leur prestation. L'un d'eux en retrait me voyait arriver vers lui. Une barbichette blanche montrait que l'homme n'était autre que leur professeur observant les élèves qui se trouvait dans ce qu'on appelait l'examen final pour faire d'eux des artistes accomplis. Quelque mot murmurait à son oreille et le sourire du vieux professeur se fit plus large prenant cette demande comme une autre occasion pour ces élèves que d'improviser une musique qu'ils n'avaient pas appris au préalable, mais une mélodie qu'il crée entre eux à mesure que la danseuse effectuera ses pas. Autrement dit moi.

Je le laissais aller parler à ces derniers à qui je fis un petit signe de la main avec un grand sourire aux lèvres. J'avais beau avoir le caractère d'une enfant, mais je restais une jeune femme qui savait avoir ce qu'elle souhaitait parfois. Il suffisait d'un sourire parfois... Rien qu'un sourire.

Quelque seconde plus tard, me voilà au milieu des musiciens qui attendaient mon aval pour commencer la mélodie. Profonde respiration, paupières fermées pour me concentrer et entrer dans la peau de la danseuse sensuelle. Mes yeux s'ouvrent finalement, regard candide, sûr et charmeur que je posais sur l'inconnu qui m'avait provoqué. Il allait voir ce qu'il allait voir.

Tenue arrangé pour qu'il soit plus conforme au style. Haut que j'avais noué au-dessus du nombril pour laisser voir mon ventre. Première note jouée et déjà mon corps se lassa transporter par la mélodie. Mouvement rappelant les vagues des océans durant une journée calme. Ma chevelure de feu virevoltait autour de moi. Comme porté par le vent mes acrobaties ajouté à la danse sensuel d'un corps qui imite le serpent sous un soleil d’Été.

Mon corps évolue au fil de notes jouées, l'atmosphère devient électrisante. Le charme fonctionne. Des hommes s'arrêtent pour me regarder, des femmes m'observent en se demandant comme je suis capable d'une telle prestation alliant acrobatie et danse tout en restant aussi gracieuse, mais quelque peu outré par l'audace de cette danse un peu trop provocante. Subjugué l'assistance se tait. La musique plaît autant que la danse.

La petite fille s'était transformée en femme. Cela perturbait parfois de me voir ainsi changer. Me transformant, de l'innocence à la femme sensuelle et sûre d'elle.

[Tempus]

Je l'écoute me parler d'elle et se faire désirer comme une petite diva. Elle me parle de son style et je ne peux m'empêcher d'avoir une observation à ce sujet.

Ancien monde n'ayant certainement jamais existé. Vous êtes de celles qui pensent que tout ce qui est écrit dans les livres s'est passé ? J'en doute. Nous n'avons aucune preuve de cela. En fait, si cela se trouve, vous n'avez en réalité aucun style antique, mais un style propre à vous et imaginaire.

Je continue dans ma lancé, prenant le risque qu'elle s'offusque et ne veuille plus entendre parler de moi.

Pourquoi vouloir être si différente des autres et vouloir vous faire remarquer ainsi ?

J'aurai pu rajouter, peur de reconnaissance et d'être oubliée (?), mais je n'insiste pas dans mon discours. Je suis toujours souriant. Une façon de lui montrer qu'il n'y a rien d'hostile dans cette conversation et que nous sommes juste en train de parler entre adultes.

Je lui propose un défi, que j'espère qu'elle relèvera. Danser lors d'une de mes réceptions. Je suis sûr que mes amis apprécieraient le spectacle et que le plus grand d'entre eux, Mettius, trouverait lui aussi un intérêt à la jeune fille.

Aussi vite que la question est posée, elle refuse catégoriquement, prétextant la peur de l'enfermement. Elle doit me prendre pour un de ces petits fermiers à la bicoque étriquée. Personne ne s'est jamais plain de la taille de ma demeure. Elle est tout, sauf, d'une dimension étouffante. Je ne m'en vexe pas et lui pardonne de ne pas savoir à qui elle parle, mais je saurais lui montrer qu'elle se trompe sur moi.

Soudain, une musique se fait entendre et elle file en sa direction en refaisant les termes du défi. Si la danse plaît aux bouzeux des alentours, alors elle ne dansera pas à ma soirée. Qu'elle est amusante. Elle n'a aucune idée de qui elle a à faire . Cependant, je la laisse tout de même se donner en spectacle, rien que pour me faire une meilleure idée de ses compétences.

La voilà qui se dénude plus encore et se met à se trémousser tel les plus sensuelles de mes androides sexuelles. Souple et féline, elle exécute une prouesse artistique qui a dû mettre en chaleur toute l'assemblée. Pour moi, il n'en est rien. Des femmes qui se trémoussent devant moi, j'en ai à la pelle. J'en suis devenu limite blasé et j'ai du mal à voir une femme autrement que l'objet d'une marchandise. Le fait qu'elle soit humaine et non androide, ne change rien à ce fait. Je n'aime qu'une seule femme d'une passion à m'en brûler l'esprit et le coeur et je n'arrive plus depuis ce jour, à ressentir du désir pour une autre qu'elle. Elles lui sont toutes si inférieures...

La musique s'arrête et la femme laisse de nouveau place à l'enfant. Un détail que je trouve dommage. La voilà qui revient à mes côtés, fière d'elle. Elle attend mon verdict...

Mouai...

Elle fut surprise.

Vous dansez bien, j'en conçois. Seulement, l'assemblée n'était pas des plus exigeante.

Je ne voulais pas être méchant en disant vraiment ce que je pensais de ces gens.

Devant le prélat et mes amis, je ne sais pas s'il en serait autant.

Limite en sifflotant, je reprends ma route. Je me doute qu'elle finira par me suivre pour ne pas en rester là.

[Nelayandra]

- Je n'aime pas votre ton, vous croyez que des personnes de moyenne condition ne savent pas apprécier la danse ? Les plus grands artistes ne sont pas forcément aussi riches que vous ne l'êtes...

Il est loin, mais vraiment très loin de m'inspirer confiance celui-là. Sa bonne gentillesse de tantôt ne suffira sûrement pas à ce que je tombe de plein fouet dans le panneau. J'ai beau prendre l'attitude d'une gamine naïve, mais intérieurement je suis tout sauf cela. Je trompe les gens, car je veux vivre la vie qui me plaît, mais je me dois aussi d'être prudente et de ne pas dire oui à tous ceux et celles que je croise. Les beaux visages cachent bien souvent les plus mauvaises âmes. Et mon instinct me crie que l'homme qui me fait face est vraiment loin d'être une personne de confiance. Il cache quelque chose de désagréable en lui, lui aussi semble jouer un rôle cachant son véritable lui.

Quand on joue un rôle, on sait comment discerner ceux qui en font de même. Je ne vais pas dire que je saurais à chaque fois trouver les personnes jouant de fausses bontés, mais il m'arrive parfois d'avoir des sortes de révélations. Il ne m'a pas fallu longtemps en ce qui le concerne. Être ami avec le Prélat. Déjà, ce n'est pas un homme que je respecte, mais être dans les bonnes grâces de ce dernier, il fallait vraiment être une personne détestable. Cependant, je dois me taire et ne pas dire quelque chose de travers. J'ai déjà assez d'ennuie comme ça et je ne peux pas en rajouter. Les rebelles me surveillent déjà de loin, en particulier Nero qui doit encore enrager de ma traîtrise. Ce n'est pas le genre de personne à oublier aussi facilement, de plus Quintus doit me porter ombrage d'avoir quitté les rangs. Après tout, je fus une assassin redoutée et redoutable, un élément entraîné pour servir la cause androïde.

- Hey attend !

Je le suis et me plante devant lui accentuant ma moue sévère de petite fille blessée. Plantant mon regard dans le sien, je reste un instant silencieuse jusqu'à ce que je vois un spectacle dégradant au-dessus de son épaule qui se suivi d'un cri d'un enfant désespéré qui courrait après un voleur à la tire. Quel lâche ! Voler un enfant ! C'est une honte ! Et c'est d'autant plus honteux lorsque l'on voit que personne ne réagit et ne prête main forte à ce petit garçon vêtu de haillon.

Serrant les poings, je vois le voleur arriver vers nous. Une erreur qui va lui coûter extrêmement cher. S'il y a une chose qui m'insupporte, c'est que l'on s'en prenne à plus faible que soi. Attendant le bon moment, je fais un mouvement circulaire avec ma jambe comme si je voulais faire une acrobatie et toucha de plein fouet le visage du voleur qui tomba à terre. La surprise fut ce qui le déséquilibre, je n'avais mis aucune force ou plutôt je l'avais mesuré pour ne pas paraître trop suspecte aux yeux des autres.

Faussement confuse, je lui dis.

- Pardon, je suis tellement maladroite dis-je en ramassant la bourse.

Le regardant de haut, je l'entendais grogner entre ces dents me traitant ainsi de garce. Quel vocabulaire désagréable. Je n'aime pas les personnes qui ne savent pas s'exprimer, je l'ignore donc redonnant la bourse au petit essoufflé qui venait d'arriver et me remercia de mon aide.

- Aucun problème... Quant à vous dis-je en me tournant vers l'étranger au chou à la crème, danser pour vos amis ne m'intéressent pas...surtout pour un homme qui se moque de moi !

Mon regard était clair sur mes propos, je ne parlais pas de ce qu'il m'a dit plus tôt, mais plutôt sur le fait qu'il se moquait littéralement de ma personne. Cette fois, mes paroles ont dépassé mes pensées. Certes, je peux me tromper, mais dans un cas comme celui-là où le mal être me gagne et me crie de faire attention, je ne pouvais me fourvoyer.

- Bien sûr ce... dis-je en marchant sur le dos du voleur encore au sol, je vous laisse... je dois aller voir quelqu'un d'important...

Un pas derrière l'autre, je pris donc le chemin pour le temple de Neptune pour rendre une visite surprise à Calypso.

[Tempus]

Oups ! Je pense avoir vexé la jeune équilibriste. Très vite, ma réflexion fait mouche et la jeune femme qui semblait enfantine et innocente à notre rencontre, devient aussi adulte et aigrie que ses paires. Elle m'attaque sur ma fortune personnelle alors que je ne lui ai donné aucune raison de croire que je me pense au-dessus de tous ces gens modestes.

Elle doit savoir qui je suis alors que je ne me suis pas présenté. En étant le conseiller du prélat, cela me paraît normal d'être reconnu. Cependant, ce que cette jeune fille ne sait pas, c'est qu'avant d'être dans la politique, j'étais paysan. Je suis sûr qu'elle a vécue de meilleurs hivers que les miens durant son enfance. Cependant, je n'aime pas me battre contre les préjugés. Elle pense que je doute de ses talents à cause de mon argent ? Quelle idée ! Elle préfère penser que c'est moi le problème au lieu de se remettre en cause ou de prendre mes propos comme un défi. Je ne réponds donc même pas à sa bêtise. J'ai appris à me taire devant les personnes égocentriques ayant compris avec l'expérience que les grands discours n'y changeaient rien.

Soudain, on remarque au loin un enfant en difficulté. Bonne samaritaine qu'elle se veut, je la vois se préparer à arrêter le voleur. Fière d'elle, elle redonne la bourse à l'enfant et le laisse s'en aller. Pas une seule seconde, elle s'est demandé ce que faisait un enfant en haillon avec une bourse. Habituellement, quelques pièces était déjà un trésor pour eux, alors une bourse remplie, cela ne venait pas de sa fortune personnelle. Il avait déjà très certainement volé cette bourse à quelqu'un auparavant. Mais après tout, cela ne me regarde pas et je n'en ai que faire du sort de cet enfant qui finira sans nul doute, retrouvé par sa victime.

Quand soudain, elle se met à m'accuser de me moquer d'elle, je hausse un sourcil. La voix claire et toujours très calme, je m'adresse à elle en articulant bien pour qu'elle puisse comprendre chacune de mes paroles.

Je ne me suis pas moqué de vous, mais mis en doute votre enthousiasme. Si cela fait de moi un homme moqueur, alors il vaut mieux en effet que vous vous éloigniez de ma compagnie pour ne jamais découvrir de quoi je suis capable. Vous ne vous en remettriez pas, je le crains.

J'aurai pu m'arrêter là, mais j'ordonnais à mes gardes qui me suivaient de loin de s'approcher avant d'ajouter.

Par contre, il est beau de voir vos reproches à mon égare et me détester pour mon argent alors qu'il y a quelques instants, j'étais le seul à avoir porté attention à vos suppliques. Lorsque vous avez englouti mon présent, je n'ai pas remarqué toute votre haine pour mon argent. Je suis navré d'avoir dû vous obliger à un tel sacrifice.

Arf, là, il est vrai que je me moque, mais c'est tellement gentillé. Je suis capable de tellement pire. Que Jupiter l'en préserve.

Mes gardes attrapèrent le voleur. J'avais ma petite idée sur ce qui allait advenir de lui. J'avais de nouveaux projets pour réveiller Rome et il allait servir mes intérêts de son plein grès. Du moins, il ne saurait en être autrement.

Certainement encore plus outrée qu'elle ne l'était déjà, elle partit prétextant aller voir quelqu'un d'important sans même dire au revoir. Je recroiserais cette gamine capricieuse, je n'avais aucun doute là-dessus. Il est cependant dommage pour elle, d'être du mauvais côté de mes relations. Je parlerais d'elle à Mettius. Je suis sûr qu'il finira par trouver moyen d'utiliser ses compétentes. Malheureusement pour elle, à la différence de moi, un refus de sa part, signera certainement sa mort.