Le romain accepte finalement sa proposition. Un grand sourire illumine le visage d'Isaa qui est à mille lieux de penser qu'il a pris sérieusement sa boutade sur le fait de vendre son corps. Dans sa tête donc, il accepte qu'elle le rachète et lui laisse tous les bénéfices du combat de l'androïde. Cela représente déjà un arrangement avantageux pour le politicien, du moins à son humble avis. La demoiselle cligne plusieurs fois des yeux en le regardant prendre sa main pour y déposer un baiser. Elle n'aime pas particulièrement qu'on la touche sans son accord et a tendance souvent à réagir un peu trop promptement au moindre geste déplacé. Enfin puisque l'homme se tient bien, elle se contente de le regarder faire sans broncher. Les courbettes et politesses, cela n'a jamais été son truc. Non, elle préfère et de loin aller droit au but.
- Je vous laisse faire alors, dites-moi juste où je dois passer pour signer votre paperasse. Et sachez que je lirai jusqu'aux plus minuscules lignes avant de parapher. J'ai probablement l'air jeune, mais je ne suis pas stupide.
Elle dit cela avec un grand sourire, tout comme si elle le complimentait sur son costume. Il n'y a nulle malice derrière son propos juste de la franchise. Arrivés devant la modeste cabane qui lui sert d'atelier, l'inventeur sourit amusée à la remarque polie de son visiteur. La juger ? Le pauvre s'il savait combien Isaa se fiche éperdument de ce que les autres pensent d'elle ! Elle ne vit certainement pas pour le paraître ni pour être encensée par l'opinion publique. Ses desseins n'ont rien d'aussi futiles.
- Jugez ou ne jugez pas, je vous préparais juste à ce que vous alliez voir. Je ne vis pas pour plaire aux autres, je vis pour servir mon Dieu et ma patrie à ma manière. Qu'importe si on me trouve sauvage ou illuminée.
Au lieu de se diriger vers la porte, la demoiselle fait finalement le tour de la cabane. Elle se faufile naturellement parmi les hautes herbes. Une sorte de chemin aplati parmi la végétation prouve qu'elle doit régulièrement venir par ici. Là encore, des créations de toutes sortes sont disséminées ça et là, certaines rouillées, d'autres étincelantes. Elle s'arrête devant une sorte d'éolienne fixée sur un tonneau rempli d'eau. Un bocal fixé sur une sorte de roue plonge dans l'eau régulièrement.
- Voilà ce que je tentais d'illustrer. Je ne sais pas si vous verrez grands choses puisque le mécanisme est intégré à l'intérieur. Le vent souffle et fait tourner l'hélice qui à son tour actionne le mécanisme et fait tourner la roue. C'est un exemple parmi tant d'autres évidemment de comment nous pouvons exploiter la force du vent.
Tout en parlant, elle montre tour à tour l'hélice, la tige de fer qui descend jusque dans l'eau puis la rouge qui entraîne le bocal. C'est de la physique élémentaire, sauf que l'on se pose rarement la question du « pourquoi ? ». Elle espère que voir la représentation de ses travaux en mouvement aidera Tempus à comprendre un peu mieux.
- Comme vous le voyez, moi aussi j'aime ce que je fais. Il y a chaque jour des choses à découvrir ou à retravailler pour les améliorer. C'est passionnant. Enfin je me doute que vous êtes un homme fort occupé et je ne voudrais pas trop accaparé de votre temps. C'est aimable à vous de m'avoir raccompagné. Je vais me replonger dans mes travaux de mon côté. Vous n'avez qu'à me dire où et quand passer régler notre affaire.