Aujourd'hui, Elena n'était pas allée faire son travail habituel. Des soldats étaient passés dans les basses rues de la ville pour chercher des personnes pour travailler sur les murailles de la ville. Les dirigeants souhaitaient renforcer les défenses et employaient tous le monde mais surtout les plus pauvres. Ceux qu'on ne viendrait pas pleurer si jamais il y avait une attaque et qu'ils mourraient. La jeune femme aux cheveux blancs fut désignée comme assez souvent pour aller travailler à l'extérieur de la cité. Avec d'autres, elle devait aider à colmater les brèches et déblayer les gravats. Une tâche harassante et qui la privait de son revenu journalier. Malheureusement, soit on obéissait, soit on finissait avec une amende ou en prison. Or elle ne tenait à finir ni avec l'un, ni avec l'autre. Elle se mit donc à l'ouvrage avec les autres romains.
La journée en plein soleil était épuisante et la jeune femme était trempée de sueur et de poussière. Ses habits étaient sales. Chose exceptionnelle, elle portait des sandales de cuir qui la préservait un peu de cailloux. Alors qu'elle faisait une pause et se désaltérait en buvant quelques gorgées d'eau, elle vit déboulé un cheval au galop, complètement paniqué et faisant paniquer tout le monde. Un cheval qui avait perdu ses repères pouvait être très dangereux. La plupart des gens essayaient de se cacher pour se protéger des ruades et des coups de sabots potentiellement mortels. Au départ, Elena ne fit pas exception et alla se cacher derrière un amas de pierre alors que plusieurs soldats tentaient de reprendre le contrôle de la bête mais en vain. Ils semblaient accentuer encore plus sa panique et sa peur. Il avait peur. Cette idée traversa soudain l'esprit de la jeune femme. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, ni pourquoi on le fuyait ou essayait de lui faire du mal. Elena se releva alors et avança vers le cheval, les mains à plat, bras tendus, faisant des gestes lents pour tenter de le calmer.
- Tout doux... Tout doux... Personne ne veut te faire de mal... Chut... Calme-toi
Quelques hommes essayèrent de l'arrêter. Elle ne faisait pas le poids face à un animal de cette puissance et de cette masse. Mais la jeune femme n'en fit pas cas. Elle ne les entendait même pas. Elle ne voyait que le cheval. L'animal piaffa à plusieurs reprises avant de se calmer. Il bougeait toujours mais restait plus tranquille. Ses oreilles s'agitaient encore mais après quelques instants, il les redressa. Hésitant, il fit un pas vers l'étrange jeune femme. Puis un deuxième avant de finir par aller au-devant d'elle. Elena lui sourit.
- Voilà, tout doux. C'est bien.
Elle posa sa main sur son chanfrein. L'animal se calma pour de bon.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Qu'est-ce qui t'es arrivé ?
Elle avait posé ces questions sans attendre de réponse. C'était un animal, un animal ça ne parlait pas. Mais, contre toute attente, elle entendit une réponse. Elle écarquilla les yeux et regarda autour d'elle pour voir si d'autres avaient entendu mais non. Tout le monde la dévisageait mais personne ne semblait vraiment s'intéresser à l'animal.
- Quoi ?
Le cheval hennit à plusieurs reprises. Simple cri pour les autres mais bien des mots pour la jeune femme. Un soldat s'approcha alors.
- Merci pour ton aide. On va le ramener en ville.
Le cheval s'énerva de nouveau, ne voulant pas u'un licol lui soit posé. Elena leva la main pour empêcher le soldat de continuer à effrayer l'animal.
- Ce n'est pas la peine. Je sais à qui il appartient. Il vient de chez le seigneur Aquilius. Je vais aller le lui ramener.
- J'espère que tu dis vrai. Le vol de chevaux est puni par la loi.
- Je sais.
Sans rien dire de plus, elle fit signe au cheval de la suivre, ce qu'il fit, faisant juste un écart pour éviter le garde. Elle avança silencieusement durant un moment avant de reprendre la parole. Elle ne voulait pas qu'on l'entende parler à un cheval et qu'on la prenne pour une folle.
- Tu viens de chez les Aquilius ?
L'animal sembla confirmer.
- Indique-moi la route, je ne sais pas où ça se trouve.
Pour une fois ce fut le cheval qui mena l'humain. Il fallut une bonne heure à l'étrange duo pour arriver à la propriété des Aqulius. De nombreux chevaux s'ébattaient dans les prés. Elena n'avait jamais vu autant de chevaux dans sa vie. C'était juste magnifique et elle en restait ébahie. Après quelques instants, elle se reprit et avança vers un homme.
- Excusez moi monsieur. Je cherche le seigneur Aquilius. Ce cheval lui appartient apparemment.
L'animal était resté tranquillement auprès d'elle comme s'ils se connaissaient depuis toujours.