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E 7 - Celle qui parlait à l'oreille des chevaux - Octavius

MessagePosté: 19 Janvier 2014, 21:39
par Elena
Aujourd'hui, Elena n'était pas allée faire son travail habituel. Des soldats étaient passés dans les basses rues de la ville pour chercher des personnes pour travailler sur les murailles de la ville. Les dirigeants souhaitaient renforcer les défenses et employaient tous le monde mais surtout les plus pauvres. Ceux qu'on ne viendrait pas pleurer si jamais il y avait une attaque et qu'ils mourraient. La jeune femme aux cheveux blancs fut désignée comme assez souvent pour aller travailler à l'extérieur de la cité. Avec d'autres, elle devait aider à colmater les brèches et déblayer les gravats. Une tâche harassante et qui la privait de son revenu journalier. Malheureusement, soit on obéissait, soit on finissait avec une amende ou en prison. Or elle ne tenait à finir ni avec l'un, ni avec l'autre. Elle se mit donc à l'ouvrage avec les autres romains.

La journée en plein soleil était épuisante et la jeune femme était trempée de sueur et de poussière. Ses habits étaient sales. Chose exceptionnelle, elle portait des sandales de cuir qui la préservait un peu de cailloux. Alors qu'elle faisait une pause et se désaltérait en buvant quelques gorgées d'eau, elle vit déboulé un cheval au galop, complètement paniqué et faisant paniquer tout le monde. Un cheval qui avait perdu ses repères pouvait être très dangereux. La plupart des gens essayaient de se cacher pour se protéger des ruades et des coups de sabots potentiellement mortels. Au départ, Elena ne fit pas exception et alla se cacher derrière un amas de pierre alors que plusieurs soldats tentaient de reprendre le contrôle de la bête mais en vain. Ils semblaient accentuer encore plus sa panique et sa peur. Il avait peur. Cette idée traversa soudain l'esprit de la jeune femme. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, ni pourquoi on le fuyait ou essayait de lui faire du mal. Elena se releva alors et avança vers le cheval, les mains à plat, bras tendus, faisant des gestes lents pour tenter de le calmer.


- Tout doux... Tout doux... Personne ne veut te faire de mal... Chut... Calme-toi

Quelques hommes essayèrent de l'arrêter. Elle ne faisait pas le poids face à un animal de cette puissance et de cette masse. Mais la jeune femme n'en fit pas cas. Elle ne les entendait même pas. Elle ne voyait que le cheval. L'animal piaffa à plusieurs reprises avant de se calmer. Il bougeait toujours mais restait plus tranquille. Ses oreilles s'agitaient encore mais après quelques instants, il les redressa. Hésitant, il fit un pas vers l'étrange jeune femme. Puis un deuxième avant de finir par aller au-devant d'elle. Elena lui sourit.


- Voilà, tout doux. C'est bien.

Elle posa sa main sur son chanfrein. L'animal se calma pour de bon.


- Qu'est-ce que tu fais là ? Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

Elle avait posé ces questions sans attendre de réponse. C'était un animal, un animal ça ne parlait pas. Mais, contre toute attente, elle entendit une réponse. Elle écarquilla les yeux et regarda autour d'elle pour voir si d'autres avaient entendu mais non. Tout le monde la dévisageait mais personne ne semblait vraiment s'intéresser à l'animal.

- Quoi ?

Le cheval hennit à plusieurs reprises. Simple cri pour les autres mais bien des mots pour la jeune femme. Un soldat s'approcha alors.


- Merci pour ton aide. On va le ramener en ville.

Le cheval s'énerva de nouveau, ne voulant pas u'un licol lui soit posé. Elena leva la main pour empêcher le soldat de continuer à effrayer l'animal.


- Ce n'est pas la peine. Je sais à qui il appartient. Il vient de chez le seigneur Aquilius. Je vais aller le lui ramener.
- J'espère que tu dis vrai. Le vol de chevaux est puni par la loi.
- Je sais.

Sans rien dire de plus, elle fit signe au cheval de la suivre, ce qu'il fit, faisant juste un écart pour éviter le garde. Elle avança silencieusement durant un moment avant de reprendre la parole. Elle ne voulait pas qu'on l'entende parler à un cheval et qu'on la prenne pour une folle.


- Tu viens de chez les Aquilius ?

L'animal sembla confirmer.


- Indique-moi la route, je ne sais pas où ça se trouve.

Pour une fois ce fut le cheval qui mena l'humain. Il fallut une bonne heure à l'étrange duo pour arriver à la propriété des Aqulius. De nombreux chevaux s'ébattaient dans les prés. Elena n'avait jamais vu autant de chevaux dans sa vie. C'était juste magnifique et elle en restait ébahie. Après quelques instants, elle se reprit et avança vers un homme.

- Excusez moi monsieur. Je cherche le seigneur Aquilius. Ce cheval lui appartient apparemment.

L'animal était resté tranquillement auprès d'elle comme s'ils se connaissaient depuis toujours.

Re: E 7 - Celle qui parlait à l'oreille des chevaux - Octavi

MessagePosté: 07 Février 2014, 13:25
par Octavius
J'étais accablé, rongé par l'inquiétude et la tristesse. Cette nuit, pendant mon sommeil, on m'avait volé. Dans le domaine, il y avait des tas d'objets que l'on pouvait me subtiliser et dont je n'avais que faire ! De la vaisselle, des armes ayant appartenues à mon père, le fameux trident de Poséidon que je gardais dans ma chambre... bref, je ne manquais pas de biens, et même si cela m'aurait rendu ronchon, le matériel ne symbolisait rien pour moi. Je n'allais pas l'emporter avec moi lorsque la mort viendrait me conduire dans le royaume de Pluton. Tous ses objets étaient bel et bien dérisoires ! Non, si j'étais touché en plein coeur, ça ne venait pas de ça. Le voleur m'avait subtilisé un cheval, un magnifique étalon au caractère encore sauvage et abrupt. J'éprouvais des difficultés à le dresser pour en faire un bon destrier de guerrier. Il était craintif, indépendant et intrépide. Il tenait à sa liberté. Au début j'ai cru qu'il s'était échappé, mais un cheval aussi intelligent soit-il ne sait pas ouvrir une porte. Dès l'aube, alors que le soleil venait à peine de se lever, je me mis à sa recherche dans tout le domaine. Mais je ne pus le trouver... ni lui, ni celui ou celle qui me l'avait subtilisé. En questionnant l'un des soldats qui finissait sa garde de nuit, j'appris qu'un cavalier était parti en trombe dans la nuit vers l'extérieur. Il n'avait pas de selle, mais il s'agissait bien d'un homme au visage masqué. Malgré les invectives des soldats ensommeillés, il s'était engouffré dans la brèche. A la description des gardes, je compris que l'animal était paniqué, mais pas au stade de se retourner contre son cavalier, même si ça ne saurait tarder.

Je me lançai à sa suite, mais ça revenait à chercher une aiguille dans une botte de foin. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas plu. Les traces sur le sol étaient pratiquement invisibles. Sur le dos de Circée, ma jument, je pouvais voir aux alentours et observer le moindre détail susceptible de me mettre sur la voie. Les heures défilèrent. La chaleur se fit persistante et étouffante à mesure que le soleil montait dans le ciel. Je commençais à transpirer énormément et à avoir soif. J'étais parti sans prendre de gourde, ce qui n'était pas bon, ni pour moi, ni pour ma monture. Je pris alors la décision de l'emmener à la rivière, pour qu'elle puisse se reposer un peu. Quand nous nous approchâmes de l'eau, Circée fut nerveuse, elle s'agita légèrement et en regardant pourquoi, je compris. A quelques mètres devant nous, un corps gisait. Je descendis de selle pour m'approcher. Il s'agissait d'un homme encapuchonné : mon voleur sans aucun doute... Dans ses mains, il y avait du crin de cheval. Il était mort... sur le dos, le crâne fracassé et la nuque brisée. Visiblement, le cheval avait rué très violemment, projetant ce type en arrière, sur les rochers. Ceux-ci avait rendu justice même si la sentence était terrible. Je n'avais rien sur moi pour donner au passeur. Après avoir repéré les lieux, je me décidai à rebrousser chemin. Je ne savais pas ce qu'était devenu le cheval mais débarassé de son cavalier, il avait recouvré sa liberté... C'était probablement mieux ainsi... L'angoisse ne me quittait pas... mon bébé se trouvait à la merci des bêtes sauvages et Poséidon savait à quel point elles étaient nombreuses et monstrueuses !

Lorsque j'entrai dans Rome, j'en profitai pour signaler l'endroit où l'homme était mort afin que l'on ramène sa dépouille. Personne ne méritait de mourir comme un chien... Le soldat me regarda suspicieux tandis que je lui relatais mon aventure matinale. C'est à ce moment là qu'il me signala qu'une jeune femme était parti avec un cheval fou pour me le ramener. Il m'indiqua que l'animal avait manqué tuer des soldats mais qu'elle l'avait calmé. Ma curiosité fut piquée au vif, je voulais savoir qui c'était et surtout si on parlait bien du même animal. Je le remerciai avant de m'élancer vers le domaine. En franchissant la porte, je vis une femme aux longs cheveux blancs à côté d'un des employés. J'entendis sa question et il me désigna du doigt alors que j'arrivais au trot. Je descendis de Circée à la hâte pour immédiatement caresser et examiner Hyperion, puisque je l'avais baptisé ainsi. Il n'avait rien de cassé, pas de blessure, à part quelques érafflures sur les flancs. Je me rendis compte que j'avais dérogé aux règles de la politesse. Je portais mes yeux sur la jeune femme devant moi. La bonne nouvelle, c'est qu'elle était dans le même état que moi : en nage ! J'avais le visage couvert de sueur et les traits fatigués par mon escapade. Je n'étais pas présentable et je n'avais rien d'un grand seigneur. J'essuyai mon front d'un revers de main et je pris la parole :

- Je suis Octavius Aquilius. Vous ne pouvez pas imaginer combien je vous suis reconnaissant d'avoir ramené Hyperion chez lui... Je l'ai cherché toute la matinée... dans l'espoir de le sauver de bêtes sauvages... Je n'aurais jamais pensé le revoir... c'est...

Je pose ma tête sur l'étalon en le serrant contre moi. Il n'y a pas de mots pour exprimer ce que je ressens... Il est vivant, je peux le voir, je peux le toucher, je peux à nouveau veiller sur lui. L'angoisse s'en va, doucement, tandis que je me détache de lui. Elle va me prendre pour un fou... un homme ne se livre pas à tant de sentiments envers ses bêtes. Mais je m'en moque... je donnerais ma vie pour eux. Et en perdre un me touche bien plus que la mort de ce voleur...

- Qui êtes-vous ? Comment avez-vous réussi à le calmer ? L'un des soldats m'a dit qu'il était totalement paniqué... vous l'avez apaisé rapidement... comment est-ce possible ?

Je l'interroge sans m'en rendre compte... Mais ma curiosité est piquée au vif et elle a besoin d'être rassasiée...

Re: E 7 - Celle qui parlait à l'oreille des chevaux - Octavi

MessagePosté: 16 Février 2014, 01:01
par Elena
La jeune femme se retourna et vit un cavalier arriver au trot. L'homme était dans un bel état, couvert de poussière et de sueur. Ce qui la surprit le plus, ce fut son regard, inquiet et même angoissé. Un regard qui s'apaisa à la vue de l'étalon. Elena avança de quelques pas suivit par le cheval alors qu'Octavius sautait de sa monture pour venir vers eux ou plutôt vers son cheval. Elena s'écarta alors que l'homme inspectait l'animal. Il le passait en revue, les pattes, le corps, la tête. A la façon dont il se comportait, la jeune femme comprenait très bien qu'il avait été profondément affecté par la disparition de son animal. Elle esquissa un sourire, une chose rare. Elle ne souriait quasiment jamais. Une part d'elle enviait l'animal. C'était évident qu'Octavius l'aimait et le cheval aussi. C'était touchant. Pour un peu, elle aurait aimé être à la place de l'animal. Se sentir ainsi, protégée, aimée, être attendue par quelqu'un pour autre chose que des reproches ou pire. Oui, cela devait être vraiment agréable. D'un côté c'était beau mais de l'autre, c'était dommage que les gens préfèrent les animaux aux humains. Mais Elena ne pouvait le blâmer. Les animaux étaient plus attachants, moins fourbes et moins méchants que les humains.

Le seigneur se tourna finalement vers elle, semblant se rendre compte de sa présence. Ses paroles étaient le reflet de son attitude. Cet homme était étrange. Il avait passé des heures à rechercher un animal alors qu'il avait certainement plein de gens, de serviteurs pour le faire. Malgré tout, il s'était déplacé, avait été jusque dans le désert malgré les dangers qui y résidaient pour sauver son animal. C'était une attitude courageuse et louable ou totalement folle. C'était selon le point de vue selon lequel on se plaçait. Il caressa encore l'étalon qui hennit doucement. C'était une scène atypique et attendrissante au possible. Elena était heureuse qu'ils se soient retrouvés. Les questions vinrent alors. Elle n'avait pas raison de ne pas répondre.

- Je me nomme Elena Petronius Alba, seigneur Aquilius. Oui, il était affolé mais c'était normal, il n'avait plus ses repères. J'ai pas fait grand chose, je lui ai juste parlé, rien de plus. Je lui ai dit de se calmer, que ça ne lui ferait que du mal s'il ne le faisait pas. Il m'a écouté. Ensuite, je suis venue ici vu qu'il semblait vous appartenir, ce qui est le cas, à n'en pas douter.

Le cheval vint alors vers elle et posa sa tête contre son épaule en guise de remerciement. Il devait trouver bizarre qu'une humaine le comprenne et inversement. Elena avait évité tout ce qui concernait son étrange compréhension équine.

- Y'a pas de quoi. Tu es chez toi maintenant. Tu as quelqu'un pour veiller sur toi.

Elle caressa la tête de l'animal avant de venir déposer un baiser sur son chanfrein. Elle était contente pour lui. Elle le caressa avant de se tourner vers le seigneur.

- Je vais vous laisser à vos retrouvailles. Je dois rentrer.

Mais le cheval ne semblait pas de cet avis, il se déplaça de manière à lui boucher le passage. La jeune femme ne comprenait pas mais l'animal voulait qu'elle reste. Elle lui sourit avec une certaine tristesse.

- Je ne peux pas rester. C'est chez toi, pas chez moi. J'ai des gens qui m'attendent. Je pourrais peut-être revenir te voir Hypérion. C'est un beau nom tu sais. Est-ce que je pourrais revenir le voir seigneur ?

Elle s'était tournée vers Octavius, espérant une réponse positive de sa part. Elle ne comprenait pas bien ce qui se passait avec les chevaux mais elle voulait savoir et comprendre. Le plus surprenant était que le cheval ne lui avait plus "parlé" depuis que son maître était arrivé. Peut-être avait-elle rêvé ce qui c'était passé. Pourtant, une petite voix au fond d'elle lui disait qu'elle avait raison et elle devrait s'en assurer.

Re: E 7 - Celle qui parlait à l'oreille des chevaux - Octavi

MessagePosté: 16 Mars 2014, 12:27
par Octavius
Je fus sceptique lorsqu'elle m'expliqua qu'elle avait calmé Hypérion simplement en lui parlant. La méthode était trop simple pour s'avérer vraie. Même si j'avais déjà pu constater par le passé que ça fonctionnait assez bien quand je le faisais, mais pas sur un animal en proie à la panique. Elle devait forcément avoir utilisé autre chose. Pourtant à bien observer le cheval, je ne vis aucune marque de blessure due à un fouet. Il n'était traumatisé, bien au contraire. Sa sérénité, contagieuse, envahissait tout mon être. Des nombreuses personnes auraient été mal à l'aise devant l'affection que je lui portais. Je ne m'en cachais pas. Quand je vendais un animal, mon coeur se fissurait. Je m'adonnais à des caresses rassurantes, à des petits discours réconfortants. Chacune des montures présentes ici, possédait une place solide dans mon âme. Je me souvenais de chacun de leur prénom, même de ceux que j'avais confié à d'autres. Parfois, j'apprenais que la guerre, la maladie ou bien les blessures avaient eu raison d'un de mes bébés. Je pleurais... silencieusement pendant des heures. La déchirure était profonde, un comme le père qui ne voyait plus rentrer ses enfants. Personne ne pouvait comprendre ce que je ressentais, mes contemporains me disaient aussi solitaire que désaxé. Seules de rares personnes me comprenaient, m'écoutaient et respectaient ma façon d'être. A mon âge, de toute façon, nul ne pourrait m'amener à changer. J'étais trop têtu, trop ancré dans mes principes et je me méfiais trop du monde humain pour ça. J'écoutais avec attention et intérêt son histoire bien que mon visage marque une sorte de doute que je n'arrivais pas à effacer. Je lui dis alors :

- Dame Alba, je remercie Neptune pour vous avoir mise sur la route d'Hypérion. Je sais hélas ce qui attend les chevaux livrés à eux-mêmes et paniqués. Les soldats n'auraient pas hésité à le tuer. Vous lui avez sauvé la vie... mais il doit y avoir autre chose... comment avez-v...

Je fus coupé par le destrier qui s'avança vers elle sans sourciller. Il fit preuve d'une gratitude qui m'épata et qui me paralysa sur place. C'était donc vrai ? Elle l'avait calmé juste par la voix ??? Comment était-ce possible ??? Par quel miracle pouvait-elle communiquer avec eux ? Elle se remit à parler. N'importe qui, qui serait passé par ici l'aurait prise pour une folle et en aurait aussi fait la conclusion qu'elle se serait bien entendue avec moi ! Au moment où elle chercha à partir, Hypérion lui barra la route. Cela me décontenança. Je ne comprenais pas ce qui se produisait. Elle parla de nouveau comme si la conversation avec le cheval était engagée. Je déglutis avec difficulté... Elle communiquait directement avec l'animal. Moi je le faisais aussi mais sans comprendre un traître mot de ce qu'ils me disaient ! J'étais incapable d'engager un dialogue. A force d'observation et d'analyse, je finis par comprendre leurs réactions et agir en conséquence. Bref, contrairement à Elena, je restais l'aveugle parmi les aveugles, elle seule pouvait voir. Sidéré, je continuais de l'observer, alors que le cheval ne la quittait pas. Je ressentais la confiance qu'il lui portait. Sa question me tira de mes pensées et de ma stupeur. Elle devait bien sentir que tout cela m'avait profondément troublé. Je pris la parole, sûr de moi :

- Bien sûr !!! Vous pouvez revenir quand vous le voulez ! Après tout ce que vous avez fait, vous êtes ici chez vous !

Ma curiosité commençait à me ronger de l'intérieur. Je ne pus retenir mes questions et j'enchaînais donc, en admiration sincère devant ce qu'elle semblait faire :

- Vous... Vous lui parlez ? Je veux dire, vous communiquez tous les deux ? Comment est-ce possible ? C'est un don n'est-ce pas ? Vous comprenez tout ce qu'il vous dit ? C'est... fabuleux...

Hyperion lâcha un léger hénissement comme s'il approuvait. Piétinant allègrement les conventions et les règles de bienséance, je la retins en lui tenant doucement le bras. Et en voyant ce que je venais de faire je me mis à rougir légèrement. Cette façon de l'attraper pouvait être mal interprétée. Je rompais aussitôt le contact en me grattant l'arrière de la nuque. Et je lui dis, de façon sans doute un peu trop directe pour un premier contact :

- Restez. Laissez-moi au moins vous offrir eau et nourriture pour vous remercier de votre aide... Je me porte garant auprès des gens qui vous attendent et je leur expliquerais moi-même que je vous ai retenue pour l'immense service que vous m'avez rendu. Restez, s'il vous plait.

S'il avait été présent, Caïus aurait littéralement éclaté de rire. Jamais de ma vie je n'avais demandé à une inconnue de rester à mes côtés. Elena était la première. C'était d'autant plus surprenant qu'il s'agissait d'une femme. En général je n'étais pas du tout à l'aise avec elles. Camila le savait bien. Pourtant, même si je ne savais rien de cette dame aux cheveux blancs et au visage bienveillant empli de jeunesse, je ressentais le besoin d'en découvrir davantage à son sujet. C'était viscéral, comme si ma vie en dépendait. En cinq minutes, elle m'avait épaté. Cela voulait dire que je n'étais pas le seul à communiquer avec les chevaux, même si elle parlait alors que moi je ne faisais que deviner.