[E7] Il faut un Pégase pour un Ange [Octavius]

Le Domaine Aquilius est célèbre dans tout Rome pour la qualité de ses bêtes. Il est partagé en deux parties. La maison d'Octavius ainsi que les écuries sont placées à l'intérieur des remparts, juste à côté des portes enjambant le Tibre. Les étables et les pâturages, sont placés à l'extérieur, sur plusieurs hectares.

[E7] Il faut un Pégase pour un Ange [Octavius]

Messagepar Evander le 03 Décembre 2013, 23:06

Appuyé sur la balustrade d'un pont, je regarde l'eau du Tibre couler lentement. C'est un de ces jours où je ne suis pas de garde, un jour où l'on a pas besoin de moi aux Portes de la Ville. Mais il s'agit d'un de ces jours où je ne sais pas quoi faire de mes mains. De temps à autres, j'offre mes services au Temple de Pluton, directement, car je n'aime pas rester sans rien faire. Mais aujourd'hui, Aurélia a besoin de moi. Aurélia, c'est l'autre androïde qui travaille au service des Lurio. Elle joue les gardes malades, Madame est très souffrante ces jours-ci, et Aurélia ne peut pas aller au marché, alors je m'en suis occupé. Et puis, il y a la jeune Lucia qu'il faut surveiller aussi. Cela me peine de la voir jour après jour dans le petit jardin de la maison. Je me redresse, ce monde tourne à l'envers. Après avoir servi les humains en esclave enchaîné, voilà que je suis libre, mais que je veux aider ces humains. Où se trouve l'ironie de la chose, hmm? Enfin, qu'importe. Lucia Lurio ne m'a jamais rien fait et j'ai beaucoup de peine pour l'enfant. Personne ne sait ce qu'elle a, et pourquoi elle reste dans son coin. Je me dois de l'aider. Elle ne mérite pas cette vie recluse.

Mes pas me guident alors au travers de la ville, errant sans but véritable. Où pourrais-je aller? Qui pourrais-je rencontrer qui m'aiderait à trouver la solution? Mais je ne peux pas faire sortir Lucia. Elle déteste le bruit de la ville, avec tous ces chariots qui brinquebalent, avec tous ces gens qui crient à qui mieux mieux. Il me faudrait un endroit calme. Le soir peut-être quand tout le monde s'endort? Les Jardins Suspendus? Ça serait l'idée la plus facile, oui, mais ils se trouvent bien loin de la maison et je ne veux pas marcher des heures. Alors où p...

Je m'arrête brusquement, je sens l'odeur du cuir, de la graisse, de la paille, du métal. J'entends le hennissement des chevaux. Ce n'est pas une simple écurie, l'odeur serait moins forte et plus confiné. Non, ces chevaux-là devaient vivre à l'extérieur, probablement. Mes pas se dirigent vers la source du bruit, avant même que je ne sache où je vais. Et en quelques minutes, je me trouve devant une grande barrière et des chevaux magnifiques. Des chevaux taillés pour la guerre, puissants, infatigables, fantastiques. Certains ont entendu mon arrivée et ont tourné leur tête vers moi. Je m'appuie sur la barrière. Cela fait longtemps que je n'ai vu des chevaux. Ils sont la propriété de Neptune et Neptune a ce que l'on dit, a disparu de la circulation. Mais ces bêtes restent magnifiques. Aux Portes de la Ville, il n'y a pas de division équestres. La Cavalerie ne sort que pour les grandes occasions. Je ne pourrais pas dire si j'aime les chevaux ou non, mais je pense qu'ils sont comme nous, obligé de servir les humains. Je tends ma main gauche et un des animaux s'approche pour la renifler. Et devant l'aspect de cette main noire, il renâcle, mais ne prend pas peur et vient poser son nez au creux de ma paume.

Ça, c'est sur, tu n'en verras pas souvent des mains comme ça.

Je suis habillé tel un humain. Je ne porte pas les loques des esclaves, mais une toge noire, propre et lavée avec soin par Aurélia. Ni elle, ni moi, ne voulons faire savoir à Rome que la lignée des Lurio s'est éteinte à tout jamais. Alors nous continuons à jouer les esclaves modèles. Avec les affres du temps, je passe pour un humain et je préfère cela. De toutes manières, le code barre est calciné sur cet avant-bras à l'aspect bien plus qu'étrange. Mais je ne m'en fais pas. Beaucoup d'humains ont sur le corps la marque de leur dieu, alors peut-être que je passe pour l'un d'entre eux. Je caresse le nez du cheval et sa tête, sans penser que quelqu'un pourrait m'observer.
There will be a time...
Avatar du romain
Evander
Androïdes
 
Messages: 40
Inscription: 30 Novembre 2013, 10:36
Prénom: Evander
Nom de famille: Lurio
Compte principal: Oui

Re: [E7] Il faut un Pégase pour un Ange [Octavius]

Messagepar Octavius le 04 Décembre 2013, 03:59

Je n'avais pas démérité aujourd'hui. A grand renfort de volonté, je m'étais adonné à une tâche ingrate et que peu de Romains auraient accepté de faire : le nettoyage des écuries. Beaucoup de mes semblables considéraient qu'il s'agissait typiquement du genre de tâche que l'on donnait obligatoirement à un androïde. J'aurais pu céder à cette tentation, à ce raccourci si facile. Mais je m'y refusais. Je n'aimais pas l'idée de confier les basses besognes à d'autres. Et ce n'était pas parce qu'un androïde m'appartenait que j'allais en profiter. Ce domaine, je l'entrenais parfois avec l'aide d'autres personnes mais souvent seul. C'était mon travail. Je me levais le matin aux aurores pour prendre soin des chevaux et je me couchais peu après la tombée de la nuit, au terme d'une journée fatigante mais riche en émotions. Ici, il s'agissait de mon royaume, de mon havre de paix, ma forteresse. Pas besoin de grands murs et de gardes, ma réputation suffisait. Je n'étais pas un mauvais bougre, bien au contraire mais on me fuyait comme la peste. La cause de ce rejet ? Mon pouvoir, qui annulait celui des autres dès qu'ils s'approchaient de moi. Une malédiction selon certains. Longtemps j'avais été de leur avis... C'est toujours très difficile pour un enfant d'être mis à l'écart, ignoré et vu comme un danger potentiel par les autres. Les gosses étaient beaucoup plus cruels que les adultes, ils n'avaient pas ou très peu de morale.

Je ne craignais jamais de me salir les mains, d'affronter les problèmes à bras le corps. Mes rares amis me reprochaient souvent cette abnégation de moi-même. Mais ils comprenaient tous que cette passion consume mon énergie de façon quotidien. Ces chevaux, ces bovins, je les élevais avec tout l'amour dont j'étais capable, avec bienveillance et attention. Il ne s'agissait pas que de brosser et dresser une monture, ou de leur donner à manger. Comme tout métier, il y avait des côtés parfois négatifs. Je n'irais pas dire qu'il est plaisant de nettoyer du crottin. Mais on s'y fait. Et puis avec de la détermination et de l'expérience, le nettoyage est fait en un rien de temps. Après changé la paille, j'ai récuré les mangeoires et les bacs d'eau. Et c'est sans doute ça le plus pénible en réalité. Il faut que je fasse attention que tout soit bien fixé, que rien d'indigeste ne s'y soit glissé pour éviter que les chevaux ne tombent malade. Quand ce fut propre, je me mis à stocker le fumier dans un hangar. Je le revendais à quelques agriculteurs du coin à bas prix, comme ça, ça me permettait d'acheter de la nourriture. Contrairement à ce que l'on peut penser en me voyant faire, je suis quelqu'un de propre. Pas question de nourrir les bêtes sans m'être lavé au préalable. Après un bain rapide, j'enfilais une tenue de cuir, rapiécée en plusieurs endroits et je remplis les mangeoires. Ce serait tout pour aujourd'hui. Les écuries respiraient la propreté, le reste, à savoir le dressage je le ferais demain. Surtout que les chevaux n'aimaient pas que je touche leur nid douillet. Je les sentais nerveux.

Déterminé à me reposer un peu en compagnie des bêtes, je ne voulais pas leur imposer ma présence, ça risquait de les perturber. Je m'approchai donc du grand chêne près de la clôture et je me calai sur une branche bien solide, la jambe droite balante. J'aimais cet arbre, il m'avait écouté tellement de fois... Alors que je me perdis dans mes pensées un mouvement inhabituel capta mon attention. Près de la barrière, un homme avait approché. Je le vis tendre la main et j'allais le chasser lorsque le cheval que j'avais nommé Ecrin, s'avança vers l'individu. Il était le plus craintif de tous et pourtant, là, de lui-même, il venait respirer la main de cet inconnu. Elle paraissait étrange d'ailleurs, noire... alors que le visage de cet homme semblait plutôt normal lui, je veux dire de bonne couleur. Je sens que la bête a confiance, elle est paisible. Tandis qu'il se met à lui parler avec douceur, je descends de l'arbre pour l'observer. Oui, j'étais méfiant, parce que ça n'aurait pas été le premier à essayer de les nourrir ou encore à leur faire peur. Des petits malins leur jetaient parfois des pierres pour qu'ils bougent. Mon devoir premier m'incombait de les protéger autant que possible. Mais ce bonhomme là, il avait l'air inoffensif et amoureux des animaux. Je dois l'avouer, ma curiosité fut piquée au vif et quand je pris la parole, le cheval ne broncha pas, contrairement à l'homme qui parut quelque peu surpris :

- En effet, il n'en voit pas beaucoup. En générale, Ecrin ne s'approche pas des étrangers. Il est craintif depuis que poulain, une bande d'imbéciles heureux a entrepris de le rosser à grands coups de fouets. S'il est venu vers vous c'est qu'il a senti que vous n'étiez pas de ceux-là. Il ne se trompe jamais.

Peut-être aurais-je pu faire un effort sur le ton de ma voix et le rendre plus chaleureux. La solitude me joue souvent des tours avec les bonnes manières. Je suis arrivé face à lui, la barrière nous sépare. Je lui dis :

- Je suis Octavius Aquilius, propriétaire de ce domaine. Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous peut-être ? Ou bien vous passiez là par hasard ?

Il va probablement me trouver abrupt... foutue cordialité... Comment ça marche déjà ? Ah oui... je lui fais un sourire, sans m'apercevoir qu'en réalité ça montre que je ne suis pas très à l'aise, ni habitué à faire la conversation.
Avatar du romain
Octavius
Humains
 
Messages: 133
Inscription: 16 Février 2013, 14:29
Prénom: Octavius
Nom de famille: Aquilius
Surnom: Geminus
Compte principal: Oui

Re: [E7] Il faut un Pégase pour un Ange [Octavius]

Messagepar Evander le 04 Décembre 2013, 05:12

- En effet, il n'en voit pas beaucoup. En général, Ecrin ne s'approche pas des étrangers. Il est craintif depuis que poulain, une bande d'imbéciles heureux a entrepris de le rosser à grands coups de fouets. S'il est venu vers vous c'est qu'il a senti que vous n'étiez pas de ceux-là. Il ne se trompe jamais.

Je sursaute, ne m'attendant pas le moins du monde à ce qu'un humain ne s'approche. Un humain ou un androïde? Il n'a pas l'apparence d'un esclave. Mais je m'aperçois surtout que... quelque chose ne va pas. On dirait que... Ma vue se brouille, elle se fait moins nette. Les bruits de la ville s'estompent. Pourtant, tous mes capteurs sont actifs... Je regarde tout autour de moi, tentant de comprendre et surtout d'analyser ce qu'il se passe.

- Je suis Octavius Aquilius, propriétaire de ce domaine. Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous peut-être ? Ou bien vous passiez là par hasard ?

Je replace mon regard à la vue appauvrie sur l'homme qui venait de parler. Il se dit propriétaire de l'endroit, alors oui, il est un humain. Je ne devrais pas me trouver là. Mais je ne fais aucun mal et je décide donc de chercher un peu de compagnie, juste pour quelques instants. Car n'a-t-il pas lancé la conversation en me demandant ce que je voulais?

J'ai entendu les chevaux de la rue. J'ai été poussé par la curiosité. Ils sont magnifiques.

Ma voix est restée plate, je ne suis qu'un soldat, je n'ai pas l'habitude des effusions d'émotions. Mais je le pense vraiment. Le Dieu des Mers avait gâté ces chevaux de toutes les Grâces du monde. Je me tourne à nouveau vers l'animal qui est si près de nous. Ecrin, l'avait-il appelé? A nouveau je tends la main et il pose son nez dans ma paume. Je caresse doucement ses naseaux. Qu'est-ce que l'humain avait dit? Le pauvre animal avait été rossé? Quelle honte. On devrait interdire de telles pratiques sur des êtres sans défense. A nouveau je pense à ma jeune maitresse.

Ceux qui ont peur ont l'habitude de me côtoyer.

Avec Aurélia, nous nous en étions rapidement rendu compte. Autant Lucia craignait son père, ce dernier n'avait jamais pu approcher la fillette, autant qu'elle se calmait dans mes bras. C'est toujours le cas. Peut-être est-ce ma nature synthétique? Je ne sais pas. Je vois que je parle en mystère pour l'humain. Comment lui expliquer sans que je ne m'expose ou sans que je n'expose la famille que je sers?

Il y a dans ma famille une jeune personne qui a très peur.

Voilà, cela devrait convenir. Je retire ma main, les humains n'aiment pas souvent qu'on touche à leur propriété. J'avoue qu'en cet instant, je suis face à un mur. Je n'ai jamais eu la conversation facile. Toujours discret et silencieux, c'est ainsi que j'ai survécu toutes ces longues années. Je ne peux lui parler de son culte, vu qu'on ne sait pas vraiment ce qu'il est advenu de Neptune, je suis très loin de m'y connaître en chevaux et je ne sais toujours pas pourquoi mes programmes sensoriels ne fonctionnent pas normalement. En clair, j'aimerais fuir d'ici le plus rapidement possible. Mais mes pieds restent fermement ancrés non loin de la barrière.

Comment pourrait-il savoir que je ne lui ferais pas de mal?

Non pas que je ne veuille lui en faire, bien au contraire. Comment un animal pourrait le sentir? Je n'ai pas forcément l'aspect d'une gentille personne, je suis fourbu par la guerre et je dois être froid d'abords... Là, oui, je suis vraiment curieux. Curieux d'en apprendre plus sur les chevaux et d'une certaine manière curieux de savoir pourquoi mes fonctions ne fonctionnent pas correctement...
There will be a time...
Avatar du romain
Evander
Androïdes
 
Messages: 40
Inscription: 30 Novembre 2013, 10:36
Prénom: Evander
Nom de famille: Lurio
Compte principal: Oui

Re: [E7] Il faut un Pégase pour un Ange [Octavius]

Messagepar Octavius le 18 Décembre 2013, 02:39

J'essaie de ne pas lui être désobligeant par mon attitude. Il s'agit peut-être d'un client potentiel et c'est guère commerçant que d'envoyer promener un inconnu. Je savais aussi que ça n'était pas poli. Feindre un côté social pour engager une conversation n'était pas du tout mon genre et d'ailleurs ça se voyait. Mais par chance, j'avais en face de moi un homme dans la même situation, plutôt austère, distant. Intérieurement je me sentis soulagé. Un poids en moins ! Il pouvait comprendre mon comportement et ne pas s'en offusquer. Un détail attira mon attention, un silence en vérité. Il ne se présenta pas. Pour moi il demeurait un parfait inconnu. Je ne voyais que deux raisons possibles à son silence : soit il s'agissait d'un androïde en fuite, ou ici en cachette, soit il était étourdi. De toute façon, l'un ou l'autre n'allait pas changer grand chose. Je pris soin de l'écouter. Dans sa famille, je compris qu'il y avait un enfant apeuré. Je me demandai aussitôt pour quelle raison. Une maltraitance ? Des angoisses ? Sans le vouloir, il avait attiré mon attention et ma vigilance. Si Ecrin lui accordait sa confiance je pouvais en faire de même les yeux fermés. L'enfant n'était pas maltraité par lui. Quand il enleva la main d'Ecrin, ce dernier resta tout proche. Je ne pus m'empêcher un sourire lorsqu'il me demanda comment l'animal pouvait savoir qu'il était inoffensif. Il avait l'air curieux et je lui répondis paisiblement :

- Il le sait parce qu'il le voit en vous. Il voit votre âme. Il connait vos intentions. Elles sont bonnes sinon il ne vous aurait jamais approché. Tous les chevaux ici le sentent. C'est leur instinct.

Et sans doute aussi mes techniques de dressage qui avaient aiguisé leur prescience. Je n'en dis pas un mot, non pas par désir de garder le secret mais plutôt par humilité. Je n'avais fait que les aider à développer toutes les aptitudes dont Neptune leur fit part, jadis, quand il les créa dans son esprit divin et prestigieux. J'étais un des instrument du Dieu et je faisais de mon mieux pour l'honorer. Au son de ma voix, Ecrin s'approcha de moi doucement dévoilant son flanc gauche à la lumière. Trois cicatrices, plus affreuses que des marques au fer rouge, témoignaient de la violence et de la haine qu'il avait vécu. Et pourtant, cette bête était la plus brave de toutes. Ici, elle se savait en sécurité, à l'abri, choyée. Je tendis ma main pour caresser son encôlure. Immédiatement, il traduisit son bien-être par un hénissement sonore et enjoué. Comme s'il s'agissait d'un appel, les autres chevaux s'approchèrent à leur tour. Cette vision aurait pu effrayer beaucoup de gens, car elle donnait l'impression qu'ils m'obéissaient. En fait, je ne faisais que les caresser, ils restaient libres de rester à distance ou de venir. Je n'avais pas assez de deux mains pour cajoler tout le monde... alors je me mis à alterner, de façon à ce que chacun ait le même traitement.

- Je pense qu'ils veulent vous remercier pour le compliment que vous leur avez glissé tout à l'heure.

Ils se comportaient ainsi très rarement et avec peu de monde. Sans vouloir m'immiscer dans sa vie privée, je me poussais ma réflexion sur cette jeune personne qui avait très peur. Pour quelle raison ? Etait-elle maltraitée ? Cette histoire m'intriguait, bien que je ne sois pas du genre curieux. Il ne faudrait pas qu'un petit être soit en danger quelque part et que personne n'agisse. Je n'aimais pas les injustices et je sentis déjà mon sang qui bouillait à l'intérieur de crainte que l'on s'en prenne à une personne en état de faiblesse. Je détestais la lacheté.

- Quelle est cette personne qui a très peur ? Et pourquoi est-elle terrifié ? Quelqu'un lui veut-il du mal ? On la menace ? Cela n'a pas l'air de vous alarmer...

J'y mis ma pointe de reproche, pensant que cet homme couvrait quelque chose de terrible. Il n'allait sans doute pas apprécier mon changement d'attitude... c'était un risque à prendre.
Avatar du romain
Octavius
Humains
 
Messages: 133
Inscription: 16 Février 2013, 14:29
Prénom: Octavius
Nom de famille: Aquilius
Surnom: Geminus
Compte principal: Oui

Re: [E7] Il faut un Pégase pour un Ange [Octavius]

Messagepar Evander le 19 Décembre 2013, 08:04

Il voit mon âme? Mon regard fait l'aller-retour entre l'homme et le cheval. D'après les humains, je n'ai pas d'âme, je ne suis qu'être artificiel. Mais pour le cheval, je possédais une âme? Moi-même j'ai encore quelques doutes. Certes, je me sens bien plus vivant que n'importe qui, mais je n'oublie pas que je ne suis qu'un âtre fait de métal et de circuits électroniques. J'avais quelque chose en plus, c'est certain, mais je n'étais pas sûr que je possédais une âme, comme celle des humains. Et puis, j'ai beau retourner toutes les probabilités dans tous les sens, le résultat était le même, pour mon cerveau synthétique, je n'ai pas d'âme. Alors pourquoi l'animal ressentait-il quelque chose? Je ne peux expliquer cela, ça dépasse ma compréhension et tout le fondement de mes programmes. Mais en tout cas, il a raison sur un point. Mes intentions sont bonnes, jamais je ne ferais du mal à une créature qui ne le mérite pas. Je hoche la tête pour remercier l'homme de m'avoir dit tout ça et bêtement, je fais de même pour le cheval, comme pour le remercier aussi.

C'est alors que l'animal se tourne vers son propriétaire et je vois pour la première fois de bien vilaines marques sur sa robe brillante. Oui, cet animal avait souffert, mais il s'en était remis. Pendant un court instant, je pose mon regard sur mon bras gauche. On peut souffrir grandement pour une bonne cause, mais quelques fois, cela vaut la peine. Les autres équidés ne tardent pas à s'approcher eux aussi, cherchant leur maître pour quelques caresses. Il doit vraiment aimer ses animaux et cet amour est réciproque. C'est beau et c'est rare dans ce monde qu'est Rome. Je suis toujours en appui sur la barrière, mes mains posées sur le bois. Je me rends compte que j'ai tellement l'habitude de sentir toutes les aspérités du bois que ne plus rien ressentir en cet instant m'inquiète grandement. Je regarde un instant mes doigts, mes données m'informent que mes sens sont à 100% opérationnels. Mais mon don ne semble pas fonctionner. C'est assez inquiétant et dérangeant d'ailleurs. Depuis tout à l'heure, cela me le fait. Je n'ai pourtant rien fait, rien pris, rien dit. Peut-être qu'ici, c'est un endroit spécial. Je ne sais pas. Je ne fais pas du tout la relation avec l'homme. Encore une fois, je hoche la tête quand l'homme parle. Pour le remercier de ses paroles.

Et puis soudain, voilà qu'il se met à parler de Lucia, sans savoir son nom. Mais son ton ne me plait guère. Je ferais n'importe quoi pour Lucia, je la protègerais au delà des portes des Enfers s'il le fallait. Je fronce les sourcils. En quoi ça le regarde? Pire que tout, il suppose que je n'ai que faire de son mal. Je me redresse, outré et surtout blessé par de telles paroles. J'étais venu ici sans penser à mal et voilà qu'il me chasse avec des mots? Je commence à pivoter sur mes talons et retire mon bras droit de la barrière. Je vais quitter cet endroit. Mais ma main gauche reste accrochée au bois et l'espace d'un instant je me dis que je suis vraiment bête. Cet homme cherche simplement à savoir pourquoi je lui dis que chez moi il y a une enfant qui a peur et surtout pourquoi je lui dis ça sur un ton badin. Il n'a pas tord. Je m'inquièterais aussi, si j'étais à sa place. Je laisse tomber les épaules.

Elle s'appelle Lucia... Elle...

Comment expliquer ce que je ne peux expliquer moi-même. J'essaie de trier le peu de données que je possède, que j'ai pu analyser avant de continuer.

Elle a peur de notre monde. Je crois qu'elle vit dans son propre monde et personne n'arrive à la comprendre. Ni les prêtres de Pluton, ni ceux de Jupiter ne peuvent expliquer son mal-être.

Mon regard tombe sur les flancs du cheval nommé Ecrin.

Personne ne cherche à lui faire du mal, mais elle a peur, tout simplement... Je donnerais ma vie pour la protéger.
There will be a time...
Avatar du romain
Evander
Androïdes
 
Messages: 40
Inscription: 30 Novembre 2013, 10:36
Prénom: Evander
Nom de famille: Lurio
Compte principal: Oui

Re: [E7] Il faut un Pégase pour un Ange [Octavius]

Messagepar Octavius le 06 Février 2014, 15:32

Je le scrute, je l'observe... Sait-il qu'à cet instant précis je me pose mille et une questions à son sujet ? Pourquoi est-il ici si cette jeune personne, comme il l'a préalablement nommée, a peur ? Sa place devrait être à ses côtés pour la rassurer et la protéger. Je le sens soudain fuyant, outré. J'ai tapé dans le mille, visiblement. Il est partagé entre la colère et la froideur. Deux émotions farouchement opposées. Les chevaux ressentent cette tension soudaine, ils ont cessé de bouger et de renacler. Ils nous regardent avec une infinie attention. A la minute même où l'un de nous aura la sensation d'être nerveux, ils partiront. Ils détestent ça, surtout lorsque cette émotion vient de moi. Je ne quitte pas cet inconnu des yeux, je le juge de mon regard, bleu, implacable. Non, je ne suis pas quelqu'un de sociable, je n'ai pas peur de dire ce que je pense au risque de transgresser les règles de la politesse et de la bienséance. Si cet individu terrorise un enfant, que ça soit un garçon ou une fille, je ne le laisserais pas faire. La terreur me répugne, surtout quand elle est dirigée contre quelqu'un de plus faible, de plus fragile. Je me rappelle alors pour quelle raison je préfère la compagnie des animaux à celle des hommes. J'exècre leur société, leur façon de se comporter dès qu'il y a de l'argent ou du pouvoir en jeu. L'être humain est avide de contrôle, de possessions. Il se complait à compter, à contempler ses propriétés. Quand il ignore pas les moins bien lottis, il les écrase, ne supportant pas leur présence. La haine des autres est ancrée profondément dans ceux de mon espèce. Cela me fait mal au coeur et ça a toujours eu le don de me mettre en colère. Je ne suis pas encore dans un état de fureur avancé, mais ça ne saurait tarder. Il a intérêt à me fournir des explications... Il semble partir, je lève une main, prêt à l'interpeller lorsqu'il se ravise et prend la parole. Je bois ses paroles, je l'écoute attentivement...

Alors que les mots s'enchaînent, je me rends subitement compte combien j'ai été aveuglé par mes émotions. Elle se font plus fortes depuis la disparition de Caïus... Je me sens seul, le nerfs à vif parce que je m'inquiètes. Est-ce un tort de languir son frère et d'espérer que rien de mortel ne lui soit arrivé ? Je ne le pense pas... mais ça ne doit pas me miner de l'intérieur. Je commence à comprendre que Lucia est une petite fille à part. Elle ne vit pas les mêmes choses que nous, elle ne se comporte pas comme il le faudrait. Et à la lumière de ces explications, je suis foudroyé par les ressemblances entre elle et moi. Elle aussi, elle vit seule, elle s'est renfermée. Je n'en connais pas la raison, pourtant je sais que ce qui m'a sauvé de l'enfermement définitif est juste sous mon nez. Je dois beaucoup à mes chevaux. Bien plus que je ne pourrais jamais leur rendre en une seule vie. Alors que l'homme regarde toujours Ecrin, une silence pesant s'installe. Je l'ai contraint à se justifier... à avouer quelque chose de tout à fait personnel. Je m'en veux d'avoir été aussi sec, aussi agressif... Ne trouvant rien de mieux à faire, je me gratte la nuque, gêné. Tant pis, je me suis laissé déborder par mes émotions, je dois assumer. Si je ne le fais pas, il va croire que je ne lui fais pas confiance, alors qu'Ecrin lui serait prêt à le prendre pour cavalier, j'en mettrais ma main à couper. Je réfléchis à ce que je pourrais dire qui m'éviterait de me dévoiler moi. Contrairement à Caïus, je suis pudique, j'en dis très peu sur moi, c'est une façon de me protéger des autres, pour éviter qu'ils ne me fassent du mal. Du moins, que ce mal ne soit trop douloureux. Je prends la parole, sur un ton neutre et sincère :

- Je suis désolé... L'espace d'un instant, j'ai pensé que vous étiez complice de la terreur que subit Lucia. Je comprends pourquoi vous en parliez avec détachement, puisqu'elle vit dans son propre monde...

Je me contente peut-être du strict minimum. Il risque de prendre cette pudeur pour de l'arrogance ou de la distance. Je le crois dans ce qu'il me dit, il ne ressemble pas à un homme qui ment, d'ailleurs, je trouve qu'il ne ressemble pas à un homme "normal". Il a un étrange rayonnement, il est beau bien qu'il ne m'attire nullement. Trop beau pour être vrai... trop humble pour être véritablement humain. Il est dévoué, il sait se contenir. Il ne m'a pas sauté à la gorge quand je l'ai accusé à demi-mots, alors que n'importe quel romain l'aurait fait pour laver cet affront. Il parle comme un serviteur. J'ai suffisamment observé les gens pour faire la différence dans leur comportement. Je continue de le regarder mais avec bienveillance désormais.

- Vous êtes son androïde, n'est-ce pas ? Quand vous parlez d'elle, c'est très touchant, je vous sens incapable d'accomplir votre mission, vous qui avez juré de la protéger. J'imagine que personne n'a connaissance de votre présence ici. Quel est votre nom ? Ne craignez rien, je ne vais pas vous dénoncer.

Il ne sera pas le premier androïde que je couvre. Je suis toujours venu en aide à ceux qui en avaient besoin. Mais je ne m'en vante jamais. Je n'ai pas fait ça pour la gloire ou la reconnaissance. Je n'ai que faire d'être apprécié et de recevoir les honneurs. J'agis par conviction, parce que ça me tient à coeur. Je reprends la parole, pour lui dire quelque chose que je n'ai dit qu'à une poignée de proches. Je veux qu'il me fasse confiance, il n'a rien à craindre de moi :

- Quand j'étais enfant, j'avais moi aussi créé un monde... les chevaux m'ont aidé à en sortir. Peut-être qu'ils pourraient aider Lucia, apaiser ses craintes... Je peux dire une chose, c'est que les prêtes peuvent faire beaucoup, mais qu'ils sont impuissants lorsqu'il s'agit de rassurer...
Avatar du romain
Octavius
Humains
 
Messages: 133
Inscription: 16 Février 2013, 14:29
Prénom: Octavius
Nom de famille: Aquilius
Surnom: Geminus
Compte principal: Oui

Re: [E7] Il faut un Pégase pour un Ange [Octavius]

Messagepar Evander le 17 Février 2014, 07:28

Et comme je n'ai pas pu bougé de la barrière, je reste à attendre sa réaction. La réaction tarde. C'est typique des humains, leur cerveau ne réagit pas comme le notre. Nous avons un processeur, des programmes qui nous permettent de réfléchir plus vite, de calculer les meilleures probabilités, alors que celui des humains est bien trop compliqué pour que nous puissions l'analyser. Alors j'attends. J'attends jusqu'à ce que je le vois se gratter le cuir chevelu. Est-ce que je vois de la gêne? Je ne suis pas sûr. D'ordinaire, je peux percevoir les micro-réactions des humains, mais ici, dans cet endroit, je n'arrive pas à lire plus loin que les traits de son visage. Pourquoi mon pouvoir ne peut pas fonctionner ici. J'ose regarder un peu partout pour découvrir si c'est un enchantement, un talisman ou autre chose, mais il n'y a rien, rien de plus que les chevaux, cet homme et quelques pierres. Il s'excuse. Je ne peux pas vraiment lui en vouloir, après tout, il ne savait pas et s'inquiétait pour ma jeune maitresse. Vous êtes son androïde, n'est-ce pas ? [...] Quel est votre nom ? Ne craignez rien, je ne vais pas vous dénoncer. A l'instant même où il prononce le mot "androïde", je baisse le regard, voute les épaules, élimine toute émotion sur mon visage. C'est instinctif. Je veux passer le plus inaperçu possible auprès des humains. Ne jamais contrarier les maîtres humains, voilà la leçon que j'ai appris il y a bien longtemps. Même si je ne me considère pas comme appartenant à l'un d'entre eux, je sais que je ne pourrais rien contre un humain en colère. Je ne peux pas être réinitialiser, je ne le dois pas. La famille Lurio perdrait toute son histoire et j'ai promis à mon dernier maître de veiller sur Lucia. Je ne veux pas le décevoir. Ce n'est pas un ordre que j'ai reçu, c'est une demande, c'était son dernier souffle et je veux honnorer sa mémoire et celle de tous les Lurio. Je me place en position d'infériorité, ainsi, l'homme ne pourra pas dire que je lui manque de respect. Il me demande mon nom. Mes statistiques s'affolent. Pourquoi il veut connaître mon nom? Me punir? Qu'ai-je fait? Je n'ai fait qu'approcher un de ses chevaux. Peut-être est-ce interdit? Peut-être que je n'ai pas le droit d'être ici? Il ne veut pas me dénoncer? Beaucoup ont dit ça avant. Je connais les humains pour être des traitres, des fourbes et pour ne jamais respecter leurs paroles. Pour nous androïdes, les paroles ne sont pas uniquement des sons, elles sont des codes qui s'incrustent dans nos mémoires artificielles. Que dois-je faire? Je suis partagé. Si je ne réponds pas, il pourrait se mettre en colère, si je réponds, il pourrait menacer ma famille.

Evander.

Il n'y a pas qu'un seul Evander en ville. Personne ne connait Lucia, il ne pourra pas me retrouver. Il faut que je parte maintenant. Il faut que je trouve une excuse pour m'en aller et ne jamais revenir. Quand j'étais enfant, j'avais moi aussi créé un monde... les chevaux m'ont aidé à en sortir. Peut-être qu'ils pourraient aider Lucia, apaiser ses craintes... Je peux dire une chose, c'est que les prêtes peuvent faire beaucoup, mais qu'ils sont impuissants lorsqu'il s'agit de rassurer... Pourquoi est-ce qu'il me raconte ça? Il n'a pas à parler à moi, je ne suis qu'un esclave. En tout cas, c'est ce que je suis pour les humains en général. Quand il prononce le nom de Lucia, je relève instinctivement les yeux. Apaiser ses craintes? Comment? Les chevaux? Oui, je sais les prêtres assez incompétents, ou peut-être qu'ils s'en fichent d'une petite fille qui ne peut rien leur apporter. J'arrête de regarder l'humain, je tourne mon regard sur les chevaux. Je ne sais pas si c'est une bonne idée. Même écrin me parait impressionnant pour un petit gabarit comme Lucia. J'ai peur qu'elle ne s'enferme encore plus dans son monde. Je ne connais rien au monde des chevaux et même si l'idée fleurit en moi, je ne pense pas qu'Aurélia voudra que je sorte Lucia de la maison. Madame est trop mal en point en ce moment pour qu'on la mette au courant. Et en même temps, si cela peut aider Lucia. Peut-être un matin, de bonne heure? Qu'est-ce que je raconte. C'est trop insensé...

Et si ça pouvait lui rendre un sourire? Elle a besoin de voir des choses, loin du petit jardin... Mais j'ai peur... Et en même temps, l'espoir de faire plaisir à Lucia bourgeonne en moi.

Ma maitresse est séquestrée au lit par une maladie dont on ignore le nom, je ne pourrais amener ma plus jeune maitresse qu'au lever du soleil quand Madame n'a pas encore besoin de moi.
There will be a time...
Avatar du romain
Evander
Androïdes
 
Messages: 40
Inscription: 30 Novembre 2013, 10:36
Prénom: Evander
Nom de famille: Lurio
Compte principal: Oui


Retourner vers Le domaine d'Octavius Aquilius



Qui est à Rome ?

Romains parcourant ce forum: Aucun romain en ville et 4 touristes

cron