[E7] La mémoire du passé [Octavius]

Le Domaine Aquilius est célèbre dans tout Rome pour la qualité de ses bêtes. Il est partagé en deux parties. La maison d'Octavius ainsi que les écuries sont placées à l'intérieur des remparts, juste à côté des portes enjambant le Tibre. Les étables et les pâturages, sont placés à l'extérieur, sur plusieurs hectares.

[E7] La mémoire du passé [Octavius]

Messagepar Camila le 30 Octobre 2013, 14:26

Rome change. Les derniers évènements bousculent nos propres pensées et nos croyances. Les jeux du cirque ont démontré que le danger qui menace notre cité ne vient pas seulement de l’extérieur comme l’a indiqué Katla depuis qu’on l’a ramenée avec nous de l’expédition dans le désert. Caius est introuvable, et pourtant ce qu’il désirait est à présent là : de nouvelles élections pour détrôner Mettius et ses agissements. C’est aujourd’hui que j’aurai le plus besoin de lui. Peu m’importe qu’il soit le fils d’un Dieu, il était avant tout mon ami. Je ne fus pas toujours d’accord avec ses méthodes beaucoup trop militaires, il le savait ce qui ne nous empêchait pas d’être sincère l’un envers l’autre. Les nouvelles élections ne vont pas tarder et nous saurons qui les Dieux ont choisis. Lors d’une récente discussion avec la sénatrice Fanius, je me suis engagée à la soutenir contre Mettius, si elle remportait cette élection, et je tiendrai ma parole. Quoi qu’il en soit, il faut que notre monde évolue, que le peuple ouvre les yeux. Le côté traditionnel de notre mode de vie va à sa perte. Il faut que l’on fasse un bond en avant, bien que cela ne sera pas aussi simple.

J’ai besoin de laisser pour quelques heures mes obligations de sénatrice pour rendre visite à un ami. J’aurai dû le faire plus tôt et j’espère qu’il ne m’en tiendra pas rigueur. J’ai toujours eu plus d’affinité avec son frère, peut-être parce que nous nous croisions quasiment tous les jours, alors que mes rencontres avec Octavius étaient plus éparses. Mais cela ne m’a jamais empêchée d’aimer discuter avec lui. Les jumeaux ont toujours été différents par leur caractère et leurs idées. Et je les apprécie pour cela. Mon cheval parcourt sans aucune difficulté le chemin pour me rendre jusqu’à la demeure de mon ami que je monte à cru, sans selle pour retrouver cette sensation de liberté et ne faire plu qu’un avec lui. La route m’éloigne du cœur de la ville pour aborder le Tibre majestueux. Je n’ai aucun garde avec moi ni aucun androïde. Personne pour assurer ma protection. Je sais que j’ai des ennemis et qu’elle facilité ça serait de me tendre un piège. Mais j’ai des ressources. De très nombreuses ressources grace à mon mentor Sapiens.

Je tire sur les rênes de ma monture pour la faire s’arrêter nette devant l’entrée du domaine privé. Je saute sur la terre ferme. J’ai revêtu, non pas la toge d’une femme politique, mais bien les habits de la guerrière de Minerve : un corset en cuir, noué sur le devant, une jupette qui retombe sur le haut des cuisses, de hautes bottines, une longue cape. Mes cheveux sont libres, virevoltant sur mes épaules et dans mon dos, au gré de la brise marine. Je demeure un instant devant la porte. Je suis venue à l’improviste. Peut-être n’était-il pas là. Je prie pour que cela ne soit pas le cas. Enfin, je toque deux fois contre le bois. Le silence demeure jusqu’à ce que j’entende des bruits de pas et le grincement de la porte qui s’ouvre. La silhouette qui se dresse devant moi m’est familière et c’est un grand sourire qui se dessine sur mes lèvres rosées.

- Je suis heureuse de te voir Octavius. Accepterais-tu la présence d’une amie en ta demeure qui n’a pas été très présente auprès de toi ces derniers temps ?

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Re: [E7] La mémoire du passé [Octavius]

Messagepar Octavius le 30 Octobre 2013, 16:19

Ces derniers temps, je n'étais guère heureux. L'absence de mon frère, Caïus, la douleur qu'il avait subi, la mort de Valentina, tout cela me rappelait combien le monde extérieur était violent, barbare et anarchique. Notre vie ne tenait qu'à un fil, misérable, de maigre constitution. Il suffisait d'une petite lame pour la couper. Je me rendais compte qu'il en était de même pour le bonheur. Les Dieux possédaient nos destinées dans leurs mains. J'avais l'espoir que Neptune, notre père, veille sur nous et je priais plusieurs fois par jour pour que Caïus se remette de la perte de sa femme. Parfois, je voyais le visage de Valentina avec sa formidable chevelure bouclée, qui souriait dans l'atrium de cette demeure. Elle avait toujours su me mettre à l'aise et pourtant elle savait que j'avais beaucoup de mal à me sociabiliser. Les récents événements me montraient que j'avais raison. Aucun de mes chevaux n'aurait tué un de ses semblables ou un être humain. J'ai toujours eu davantage confiance en eux qu'en l'Homme. Et c'est sans doute pour cette raison que je continue de vivre loin des conflits politiques, loin des guerres, loin de la haine et de la jalousie. Oh, je ne dis pas que ma notoriété n'est pas enviée et critiquée mais j'ai fait le choix de m'en moquer. Tout le monde est au courant de mon pouvoir qui annule celui des gens qui m'entourent. Personne n'ose s'en prendre à moi. Et je dois dire que je ne leur donne pas non plus de raison valable. Je vis ma vie, avec mes étalons et mes juments, mes bovins. Je suis heureux ainsi.

Ce matin-là, je m'étais levé aux aurores pour nourrir les chevaux. L'un d'eux me causait du tracas. Il souffrait d'une blessure sur le flanc, qui avait un aspect étrange et inquiétant. J'avais tout tenté pour la soigner mais en vain. On me conseillait d'abréger ses souffrances et de l'abattre, chose qui se faisait couramment quand la bête ne se levait plus. Or, ce fier canasson qui n'était pas au bout de sa vie, restait debout, il luttait contre ce mal. Il avait un caractère de battant, et je me refusais à le tuer. Tant qu'il marchait, il y avait de l'espoir pour lui. Il souffrait cependant et je ne pouvais le tolérer. Je n'aime pas la douleur... elle me touche plus qu'elle ne devrait. Afin d'éviter que la plaie ne le torture, je lui passais un onguent spécial, le matin et le soir, selon de vieux enseignements de Jupiter. Je n'étais pas adepte de son culte mais je respectais les différents Dieux. Qui étais-je pour m'opposer à leur volonté ? Un simple mortel. Ce n'était pas raisonnable et ça ne me traversait même pas l'esprit. Après avoir nettoyé les écuries et pris un bain bien mérité, je retournai au manoir pour manger. Il était facilement deux heures de l'après-midi mais je n'avais jamais d'heure fixe pour prendre des forces. Le travail passait tout le temps avant tout. J'eus un petit sourire à cette condition. J'avais récemment appris que j'étais le fils de Neptune. La vérité m'avait été révélée par la bouche de Caïus auquel le Dieu avait prouvé sa paternité par le don d'un trident. Etrangement, il ne m'avait rien dit personnellement, pas même par les rêves.

Au fond de moi, je me sens mis à l'écart. Je ne veux nourrir contre mon frère aucune jalousie quelconque mais je me demande pourquoi Neptune m'ignore. Lui ai-je fait offense ? Mes prières semblent rester lettre morte... Ce qui est sûr c'est que pour le fils d'un Dieu, je mène une vie presque hérétique. Je vis dans la simplicité, en travaillant tous les jours, en gérant le domaine avec la plus grande dévotion. Je n'ai pas l'envergure héroïque, c'est Caïus qui en a hérité et c'est tant mieux. Mon frère a toujours été plus habitué à la gloire que moi. Je me contente d'une vie modeste et isolé. J'aime la solitude, elle m'apaise et elle me permet de réfléchir au sens que possède ma vie. Alors que je réchauffais le petit ragoût dans l'âtre de la cheminée, j'entendis frapper à ma porte. J'eus un froncement de sourcils en me demandant qui cela pouvait être. En général, les commandes se faisaient le matin. Intrigué et sans doute guidé par l'espoir que ça soit Caïus, je me dirigeai vers l'épaisse panneau de bois pour l'ouvrir. Le soleil m'aveugla légèrement mais je reconnus la voix qui s'exprima en me voyant. Il s'agissait de Camila. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vue. Ses visites avaient été très rares et je pouvais aisément en comprendre la raison. Elle était vêtu de son armure légère. Je me sentis un peu gêné. Moi, je ne portais que des vêtements en cuir rapiécé et une chemise en lin trouée en plusieurs endroits. Ce n'était pas le costume idéal pour recevoir une invitée. Je lui fis un geste de la main pour qu'elle entre en fermant la porte derrière elle. Et aimablement, bien qu'un peu bousculé par cette visite, je lui dis :

- Je suis également heureux de te voir, Camila. Entre donc dans ma demeure et cesse de te demander si tu es la bienvenue en ces murs ou pas ! Mon toit est le tien, n'en doute jamais. Viens, mets-toi au frais, je trouve que le temps est particulièrement chaud en ce moment. Les chevaux boivent plus qu'à l'accoutumée.

Je n'osais pas lui faire une accolade, ce qui était plutôt risible. Je perdais facilement les gestes comme celui-ci quand je m'isolais trop longtemps. Mes amis ne m'en tenaient pas rigueur. Ils savaient que c'était ni méprisant, ni insultant. Alors que le ragoût diffusait un délicieux fumet, j'ajoutai :

- J'allais manger. Il va de soi que tu te joins à moi, n'est-ce pas ?
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Re: [E7] La mémoire du passé [Octavius]

Messagepar Camila le 03 Novembre 2013, 18:27

Mon soulagement à ses mots est palpable lorsqu’il m’ouvre sa porte et me reçoit. Doux et merveilleux paume au cœur d’un ami qui est toujours présent malgré mes absences. Je pourrai le prendre dans mes bras, le serrer tout contre moi. Pourtant, je ne le fais pas. Par politesse, peut-être par pudeur aussi. J’entre à l’intérieur, m’engouffrant dans sa demeure, son domaine loin de la turbulence de Rome. La première chose qui me frappe, c’est l’excellente bonne odeur qui se dégage du ragout qui mijote paisiblement devant la cheminée. Je me retourne pour lui faire face, acquiesçant à son invitation, tout sourire aux lèvres.

- Tu m’en vois ravie, Octavius. Je n’osais espérer cela. Je ne savais pas vraiment comment tu allais me recevoir. Tous ces derniers évènements n’ont pas était des plus cléments avec toi. Et ma place dans les nouvelles élections pour la place de prélat ne m’ont pas donnée toute la liberté de mes mouvements.

Dans ma main, je tiens un très long objet enveloppé avec précaution d’un tissu blanc et noué avec une cordelette dorée. Je ne suis pas ici pour discuter des soucis politiques ou de tout ce qui constitue cette bataille dans laquelle je me suis plongée en acceptant ce rôle. Caius aurait dû être là. C’était à lui de représenter ces élections. Mais mon ami a disparu ne laissant aucune trace de sa survie ou pas. J’ai combattu si souvent à ses côtés que je ne pouvais pas laisser une telle Cause tomber dans l’oubli. Alors, oui, j’ai repris le flambeau du frère jumeau car je crois en ce changement, en cette évolution que nous avons tous besoin pour faire avancer Rome et sa population. Mais parfois la femme forte que je suis, celle qui s’oppose aux Sénateurs, aux inégalités, aux conditions affreuses des androïdes. Celle-là même a besoin de souffler et de s’apaiser auprès des personnes qui lui sont chères.

Je suis là avant tout pour avoir des nouvelles d’un ami que j’ai trop souvent mis de côté. Sa belle-sœur, Valentina a trouvé la mort lors des derniers jeux du cirque. Cette femme était aussi enceinte. La cruauté n’a plus aucune limite dans ce monde où nous vivons.

- Comment vas-tu ? Parle-moi un peu de toi mon ami. La solitude peut être une très bonne amie mais elle est aussi égoïste et jalouse car elle nous garde uniquement pour elle.

Je n’ai pas envie de le brusquer avec une tonne de question. Il sait très bien ce que cache ces quelques mots que je viens de prononcer et je n’ai pas non plus envie de le forcer à me parler du décès de sa belle- sœur, comme celle de la disparition de son frère. Je l’observe mettre la table tandis que je pose mon objet en appui près du mur de la porte d’entrée. Je ne compte pas rester inactive devant lui, récupérant avec un torchant le plat où mijotait le ragout que je déposais au milieu des assiettes.

- Octavius… lorsque ton frère a passé les portes du Sénat au moment où nous sommes tous revenus de l’expédition dans le désert, il possédait le trident que le Dieu Neptune lui avait remis, un symbole pour afficher son affiliation et donc sa vraie nature. Ce trident n’est pas en possession de Valentina. Du moins, il n’est pas dans le domaine familial de ton frère. Juste un peu avant les jeux du Cirque, il me l’a remis. Et c’est ce que tu vois là…

Dis-je en lui montrant d’un signe de tête le trident qui est dissimulé dans linceul virginal. Je ne peux garder ce don des dieux plus longtemps.

- Il te revient. Quoi que tu en penses, il est désormais à toi.


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J'ai parlé du trident de Caïus. Je pense que cela pourrait être intéressant pour la suite.
Si cela ne te convient pas, je modifierai ma réponse :cote:

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Re: [E7] La mémoire du passé [Octavius]

Messagepar Octavius le 04 Novembre 2013, 01:51

Spoiler: Afficher
EL/ Ca me convient. ;)


Je n'étais pas réputé pour ma sociabilité. On disait souvent de moi que je restais sauvage, reclus. En vérité, je n'appréciais pas côtoyer mes contemporains, je préférais nettement ma demeure, calme, spacieuse et silencieuse. J'avais quelques androïdes qui faisaient les tâches ménagères pour moi et qui en général s'occupaient des sorties en ville. Quand il fallait récupérer des vivres, des outils, je les envoyais. Cela m'évitait le contact et la foule. Caïus était le parfait opposé de moi. Il aimait parler, rencontrer les autres. Depuis notre naissance, il y avait un fait immuable, il demeurait sociable, réputé, alors que je me cloîtrais dans la solitude. Mon frère restait un homme charismatique, ambitieux et très prompt à combattre les injustices. Je l'aimais beaucoup, malgré nos différences. Nous étions jumeaux, il ne pouvait en aller autrement. La complicité qui nous unissait renforçait notre relation fraternelle. Je me serais volontiers sacrifié pour lui si nécessaire et je savais qu'il en ferait de même. Il possédait, comme moi, un sens de l'honneur très affirmé.

Je n'en voulais pas à Camila d'avoir vaqué à d'autres occupations. Je n'étais pas de bonne compagnie, malheureusement. La disparition de Caïus m'inquiétait et me faisait plus mal que je ne l'aurais cru. Je ne savais pas où il se trouvait ni ce qu'il était devenu. Cela comportait un aspect tragique car je ne pouvais pas l'aider. Je restais impuissant, bras ballants sans pouvoir agir. Je lui répondis avec amabilité :

- Je ne peux t'en vouloir d'avoir fait passer en priorité tes obligations. Moi-même j'agis ainsi. Mais il est vrai que les derniers événements ont été difficiles...

Je n'étais pas du genre à épancher mes sentiments. Je restais secret et mystérieux, sauf avec mon frère, parce que nous nous disions tout et sans craindre de jugement. Camila jugea visiblement bon d'enchaîner sur mon état de santé. La question était prévisible et tout à fait banale. En général tout le monde la glissait dans une conversation. Mais mon amie jugea bon de me faire remarquer que la solitude n'était pas altruiste. Elle avait raison. Quand j'étais seul, je ne partageais mes doutes avec personnes, hormis moi-même et Neptune. Jusqu'à présent, ça n'avait jamais permis d'avancer prestement sur tel ou tel sujet. Je ne possédais aucun confident. Et je n'avais pas l'habitude de me livrer à n'importe qui. J'appréciais Camila mais je ne souhaitais pas la déranger avec mes doutes. Et de toute façon, elle ne pourrait pas m'aider davantage puisqu'elle ne savait pas non plus où était Caïus. Je l'écoutais reprendre la parole, sans la regarder dans les yeux. Il s'agissait de pudeur et non de froideur. Elle aborda notre filiation avec Neptune. Contrairement à mon frère, moi je n'avais rien reçu de la part du Dieu. Je n'en attendais pas non plus quelque chose mais j'espérais que ma dévotion me permettrait au moins d'avoir contact avec lui. J'avais vécu cette mise à l'écart de façon très difficile. L'inquiétude me gagnait lorsque je me demandais quelle faute j'avais pu commettre.

Lorsque Camila me montra d'un signe de tête le trident enrubanné dans le linceul, j'eus un mouvement de recul. A moi ? Non ! Il était à Caïus ! Moi je ne l'avais pas mérité ! Je fus troublé, particulièrement surpris et décontenancé. Sans doute était-ce la première fois de ma vie que je donnais l'impression d'être perdu, gêné. Ma main passa derrière mon cou et je lui répondis, d'une voix sincère :

- Ce trident est à Caïus... et uniquement à Caïus... pas à moi... Neptune le lui a donné à lui. Je ne peux l'accepter, je ne peux faire offense à mon Dieu... reprends-le et donne le lui quand il reviendra. C'est mieux ainsi.

Je profitais alors de la question que j'avais laissé en suspens pour changer de sujet. Alors que je lui servais du ragoût dans une assiette, je lui dis, sans aucune transition :

- Caïus me manque et je suis inquiet. Je ne sais où il se trouve ni ce qu'il fait... Je n'arrive pas à me faire à la disparition de Valentina... Tu veux savoir comment je vais... je suis maussade. Mon frère est seul, meurtri, je ne peux pas l'aider et l'épauler. Je suis presque aussi meurtri que lui, car il est la seule famille qu'il me reste... Je prie pour qu'il me revienne, tous les jours...
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Re: [E7] La mémoire du passé [Octavius]

Messagepar Camila le 08 Novembre 2013, 17:15

Oui, les derniers évènements ne nous avaient pas laissés de répit, lui comme moi, nous avions été touchés. Différemment certes mais le résultat se trouvait exactement le même : son frère jumeau avait disparu sans laisser de traces et la femme de ce dernier avait été la victime d’une vengeance abominable la laissant pour morte, elle et son enfant. Depuis Caïus était introuvable, comme rayé de la carte de Rome. Je pouvais aisément comprendre qu’il n’avait plus la tête à s’occuper des affaires politiques mais le connaissant, je le savais aussi doter d’une personnalité qui ne se laissait pas abattre et qui ferait de ces épreuves, un moteur supplémentaire à ses idéaux. Si ma présence m’avait été dictée par la seule envie de prendre des nouvelles d’un ami tout aussi cher à mon cœur, j’avais apporté avec moi quelque chose qui appartenait à Caïus. Et alors qu’on se mettait à table, déposant le ragout au centre, je levais le voile sur ce mystérieux objet qui était enveloppé de son linceul. La réponse d’Octavius ne me surprit pas.

- Non … Ce trident doit rester dans ta famille. Je n’ai aucun droit dessus, Octavius. Ton frère me l’a remis la veille au soir des jeux du cirque. Son explication était assez floue. Il ne s’est pas étalé dans les détails. J’ai accepté de le garder tout en croyant qu’il le récupérerait peu de temps après. Cela fait des semaines qu’il a disparu. Ce trident doit rester aux Aquilius. Je ne peux pas garder un tel symbole avec moi. En ne te le remettant pas, c’est moi qui fais offense à ton Dieu. Je ne suis aucunement gardienne de ce trésor.

Neptune était apparu dans le désert durant l’expédition militaire et comme beaucoup, j’avais pu assister à la remise du trident à Caïus. Aujourd’hui, ce trident devait retrouver sa place. J’étais une adepte de Minerve et une Veturia, en aucun cas, j’étais la mieux placée pour le garder avec moi. Mais je n’étais pas aveugle sur ce qui pouvait ronger mon ami, cette mise à l’écart qu’il devait vivre encore difficilement.

- Je sais ce que tu ressens. Caïus s’était confié à moi quelques temps après notre retour. Il avait cru que Neptune se montrerait à toi. Mais cela n’a pas été le cas. Octavius, je n’ai aucune réponse à ce mystère.

Le reste de son aveu me toucha. Je savais ce que c’était que de perdre une personne que l’on aimait. J’avais cru Tibérius mort jusqu’à mon retour à Rome. Je l’avais pleuré, je l’avais haï parce que je croyais qu’il n’avait pas tenu sa promesse de m’attendre. Alors, oui, je pouvais très bien imaginer tout ce qu’il ressentait en cet instant-là. Je glissais mon bras sur la table, prenant tout doucement sa main dans la mienne pour lui assurer toute ma tendresse et mon soutien.

- Je prie très souvent ma déesse pour le retour de Caius. Ton frère était à la fois aimé et détesté surtout depuis qu’il s’en était pris à Mettius au Sénat. Octavius, les prochains jours vont bouleverser encore plus Rome avec les élections. Je sais aussi que tu n’apprécies pas le monde politique mais fais attention à toi. Si Caïus ne nous revient pas, si ses ennemis l’on réduit au silence, tu peux être le prochain. Valentina allait donner naissance à la descendance de votre famille. Tu es aujourd’hui le dernier. Tu vis éloigné du cœur de la cité mais tu risques des dangers. Je t’en prie, surveille bien les alentours, les personnes qui approchent ton domaine. As-tu besoin de gardes ? De quelque chose qui te fasse défaut ici et que je pourrai t’aider à obtenir ?

Moi-même, j’avais dû composer ma propre garde personnelle. Je n’avais jamais eu besoin de me soucier de ma sécurité. Caeso, ma première androïde et mon amie de toujours, assurait parfaitement ce rôle. Mais mon implication dans les élections du prochain Prélat me rapprochait inexorablement du danger. Caeso m’avait alors suggérée de prendre un second androïde à mon service qui serait qualifié uniquement pour cela, une sorte de garde du corps.

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Re: [E7] La mémoire du passé [Octavius]

Messagepar Octavius le 11 Novembre 2013, 16:07

Par nature, je n'étais pas quelqu'un de jaloux ni d'envieux. Je me contentais de ce que la vie m'avait donné en essayant d'honorer au mieux mon nom. Quand j'avais appris que nous étions les enfants de Neptune, j'en avais été très honoré. Être le fils d'un Dieu impliquait beaucoup de choses. Caïus avait eu la chance d'être choisi et de recevoir une preuve de sa filiation. Moi, je n'avais rien du tout. Pas une seule fois mon père ne m'était apparu pour me dire quelle était ma nature. J'avais été oublié... sans doute parce que je ne faisais rien de particulier pour me faire remarquer à Rome. La réputation de mes élevages parlait pour moi. Je ne mêlais pas aux grandes fêtes et à la foule. Mon frère, lui était un héros illustre. Il avait accompli des haut-faits dignes de grandes personnes. Mais Neptune pouvait avoir une préférence sans pour autant ignorer mes prières. Son silence à mon égard me blessait profondément. Je me remettais en cause, en cherchant ce que j'avais pu commettre pour lui déplaire, sans le trouver. Les jours passant, je m'étais dit que de toute évidence, je ne le méritais pas. Il était hors de question que je touche ce trident, ma décision était prise. Je ne prendrais jamais le risque de faire offense à mon Dieu, en tout cas pas davantage. La main de Camila se glissa dans la mienne et j'eus un léger sursaut. Le contact humain me paraissait parfois si étranger que je ne parvenais pas à m'y habituer. J'écoutais Camila me mettre en garde pour ma sécurité et quand elle eut terminé, je lui répondis, paisible :

- Dire que je n'apprécie pas le monde politique est un euphémisme. Les politiciens passent plus de temps à se regarder le nombril qu'à agir pour l'intérêt de la Cité. Heureusement qu'il y a des exceptions comme toi ou Caïus pour s'élever et fustiger ce qui ne va pas. Mais au moins, le temps qu'ils se regardent le nombril, ils évitent de trop me regarder moi. Et je ne te cache rien en te disant que je m'en contente largement. Tu t'inquiètes de trop, Camila. J'ai en ces murs, en ces terres reculées de l'arène politique, de magnifiques gardiens.

Je faisais référence à mes chevaux et aux bovins de mes différentes exploitations. Il y avait aussi les autres animaux, des furets, des souris, des aigles ou encore des chouettes. Tous trouvaient dans mon domaine un lieu idéal pour vivre en paix. Ce n'était pas moi qui allait les gêner. Ils m'observaient d'ailleurs avec une grande sérénité, ils ne me craignaient pas. Je ressentais leur trouble si quelque chose n'allait pas. La peur animale est très contagieuse. S'il y a danger, ils ont un instinct infaillible pour le savoir et j'en ai connaissance avant même que cela n'arrive. Sans compter que mon don me permet d'annuler tout pouvoir autour de moi, réduisant ainsi les moyens de m'éliminer de façon drastique. Je n'étais pas quelqu'un de prétentieux. Je savais qu'il valait mieux être vigilant qu'insouciant. Mais dans le cas présent, je ne voyais pas en quoi ma vie était en danger. Après une courte réflexion je lui fis remarquer :

- Si Caïus a été réduit au silence, ce que je me refuse à croire, cela veut dire que ses ennemis ont atteint leur but. Je ne me suis engagé contre personne dans cette affaire. On chercherait à me faire du mal pour le faire faire souffrir. Or, s'il n'y a plus personne à faire souffrir, cela devient sans intérêt. Ne t'en fais pas pour moi. Les gens n'aiment pas m'avoir près d'eux. Ils ne viennent ici que par nécessité, pour acheter, vendre ou bien pour négocier.

Je ne recevais que rarement de la visite pour d'autres motifs. Camila était une amie et sa présence me faisait chaud au coeur, son inquiétude également. Je serrais légèrement sa main à mon tour et je lui fis un petit sourire, fait rare chez moi. L'avoir à ma table m'enchantait. Son arrivée surprise me sortait un peu de ma solitude quotidienne. Alors que j'avalais doucement ma part de ragoût, je lui dis :

- Camila, c'est adorable de t'inquiéter pour moi, vraiment... Mais tu n'as pas à t'en faire. Dans notre famille, nous sommes plein de ressources. Caïus reviendra au moment opportun et je resterais en vie. Je vais mettre ce trident à l'abri, mais il n'est pas à moi, il appartient à Caïus. Comment se passent les élections ? Crois-tu pouvoir l'emporter ?
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Re: [E7] La mémoire du passé [Octavius]

Messagepar Camila le 27 Novembre 2013, 14:35

Je ne doutais pas sur Octavius ni encore moins sur le fait qu’il savait se défendre et qu’il avait de « bons gardiens » comme il me l’avait soulignée mais ce n’était pas ses paroles qui allaient dissiper mon inquiétude. Peut-être que l’engrenage dans lequel j’étais tombée avec les élections avait éveillé un côté paranoïaque que je ne me connaissais pas. Mais, je ne désirai pas voir les gens proches de moi, ceux à qui je tenais disparaitre comme Caïus. Mes adversaires pourraient tout aussi bien se servir de mon lien avec Octavius pour me faire fléchir et je n’imaginais même pas si on s’attaquait à Tibérius … Je sentis alors une chaleur particulière émanant du talisman tatoué à même ma peau, sur mon poignet comme s’il réagissait et se calquait sur mes émotions …

- Les temps deviennent obscures mon ami … On ne peut être certain de rien aujourd’hui. Autant, les ennemis de ton frère pourront penser que tu n’es pas un obstacle pour eux, autant le lien d’amitié qui nous unit l’un à l’autre pourrait être fatal. Je suis dans la ligne de mire de nombreux politiciens et de leurs sbires. A cet instant, je me rends compte combien je peux te mettre en danger si on suit mes faits et mes gestes. Prend garde à toi. Ce trident pourrait te sauver et te protéger dans des situations dangereuses.

Je ne rajouterai rien de plus à cela. Octavius était adulte, il connaissait ses chevaux, il savait de quoi les animaux pouvaient être capable en cas de dangers. Et j’espérai du plus profond de mon cœur que rien ne lui arriverait. Mon ami semblait se rabaisser. Comme il le soulignait, c’était son frère de par ses intérêts pour la politique qui était au centre des enjeux politiques, pas lui. Il ne paraissait pas saisir que certains ne reculeraient devant rien pour parvenir leur fin. Il serra doucement ma main dans la sienne ce qui me fit sortir soudainement de mes réflexions bien trop sombres.

- Que les Dieux t’entendent mon ami, qu’ils te protègent de cette tempête qui approche et qui risque de tout dévaster sur son passage.

Le visage de Rome changerait de toute évidence même si Mettius remportait une nouvelle fois les élections. Le climat ne serait plus reflété par cette sérénité passive car beaucoup avaient ouverts les yeux. Le futur était incertain et encore bien plus depuis que l’expédition militaire avait découvert cette femme inconnue en plein désert. D’ailleurs où était-elle ? Je dégustais avec appétit le ragout revenant à notre discussion.

- Les élections seront sans aucun doute très éprouvantes. Elles le sont à l’heure actuelle. Cette ambiance électrique et épuisante. J’ai une endurance en tant que guerrière qui m’aide beaucoup mais je me languis, très sincèrement les résultats.

Je déposais ma cuillère prenant une gorgée de vin avant de poursuivre.

- Je ne sais pas Octavius. Et je ne tiens pas à m’avancer ou à deviner ce qui se passera. Je ne possède pas le pouvoir de divination. Mes adversaires sont très puissants et on eux aussi de nombreux partisans. L’évolution est en marche et quoi qu’il se passera dans ces élections, il faudra avancer, faire bouger les choses.

Je me calais contre le dossier de ma chaise, observant la maisonnée, un sourire aux lèvres.

- Ta demeure est vraiment magnifique. Elle donne ce sentiment de quiétude et de tranquillité, loin du cœur de Rome. Si tu as un peu de temps, j’aimerai bien voir tes chevaux, si tu me le permets. J’ai suivi tes leçons, je suis montée à cru sur mon cheval. Je fais cela dès que je le peux, ça donne une sensation tellement plus nature avec la monture.

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Re: [E7] La mémoire du passé [Octavius]

Messagepar Octavius le 18 Décembre 2013, 02:16

Peut-être qu'à cet instant, j'étais en train de pécher par excès de confiance... par négationnisme. Mais je ne me mêlais pas des luttes de pouvoir. J'avais toujours détesté m'impliquer dans des affaires qui me dépassaient et qui impliquaient forcément un contact humain à un moment ou à un autre. Le monde, mes contemporains me fuyaient depuis ma naissance et je n'allais certainement pas leur courir après pour essayer d'occuper un siège au Sénat. A quoi cela aurait-il servi ? Je me serais retrouvé dans une pièce, à essayer de me battre pour imposer mes idées, à passer ma vie à faire des tractations, des alliances avec des personnalités corrompues soit par leurs croyances soit par leur argent ? Non, je l'avais toujours refusé... je faisais ma vie avec ma famille, dans mon petit cercle, privé, protégé des attaques extérieures. J'avais parfaitement conscience que l'on médisait sur mon dos, que l'on me prenait pour un ermite. Certains disaient même de moi que j'étais un peu fou, que je préférais les chevaux aux hommes. Ils avaient raison. Un cheval, il ne passe pas sa journée à tuer son prochain. Il ne piétine pas un de ses semblables lorsque celui-ci est à terre, il ne commet ni acte de cruauté, ni acte de barbarie. Il est doux, généreux, tout l'amour qu'on lui donne il le rend au centuple. Je ne veux pas froisser mon amie, je ne veux pas qu'elle se sente visée si je lui dis le fond de ma pensée. Ma Camila... tu sais que je t'aime, que notre amitié compte énormément à mes yeux. Pardonne-moi mon silence et ne t'en offusque pas... Chaque jour passé ici est paradisiaque. A supposer que quelqu'un me tue entre ses murs, je serais heureux au moment du trépas, entouré d'amis. Puis-je espérer mieux ?

Ma douce Camila... Si mon "Père" souhaite me protéger parce qu'il me juge digne de vivre et de l'honorer, il le fera. Sinon, cela voudra dire qu'à un moment donné, j'ai fauté. Plus je la regardais, plus je me disais qu'elle était une femme exceptionnelle. Peut-être allait-elle pouvoir changer les choses au Sénat ? Elle avait la conviction, le charisme, la force de caractère et elle était méfiante, elle savait que sa vie pouvait facilement être brisée. On me disait cynique et il est vrai que j'ai toujours porté un regard désabusé sur notre société mais là, aujourd'hui, je sens qu'il se passe quelque chose. Comme une bouffée d'air frais qui se prépare à entrer à Rome. J'écoutais attentivement ses paroles, ses doutes. Les instants difficiles qu'elle devait traverser, cela me peinait et me rendait en même temps très fier d'elle. Comme Caïus, elle se battait, elle ne lâchait rien. Et en même temps, son humilité la poussait à être prudente. Depuis combien de temps je n'avais pas vu une personne aussi simple, aussi naturelle et réfléchie ? Quand elle termina sa phrase en évoquant le futur, je posais mes yeux sur elle et je lui dis :

- Tes adversaires sont puissants, c'est vrai, mais ils ne te résisteront pas. Je crois en ta victoire, en celle de tes alliés. Je crois au changement que tu portes et qui est si nécessaire. Garde espoir et prépare-toi. Je ne ferais pas oracle à la place des Dieux, mais je sens que quelque chose se passe... dans le bon sens du terme. Tout comme je sens que Caïus est vivant et qu'il réapparaîtra au moment opportun. Ne baisse pas les bras, Camila.

Je lui fis un bref sourire. C'était rare sur mon visage et éphémère. Quand elle complimenta mon toit, je fus partagé. Cette maison n'était pas à moi, j'en avais hérité. Elle remplissait son rôle, elle m'offrait chaleur, abri et quiétude. Mais ça n'était pas mon lieu préféré. Je rêvais de paturages, de nature, je préférais les écuries malgré l'odeur de crotin qui envahissait parfois les lieux. J'avais besoin de la présence des chevaux pour me sentir à mon aise. Camila le savait, c'est pour ça qu'elle aborda le sujet. Ainsi, elle avait suivi mon conseil. En montant un cheval sans selle, on ne faisait plus qu'un avec lui. L'animal était lbre de ses mouvements mais bien conscient que son cavalier pouvait glisser. Il se déplaçait avec habileté, avec douceur pour éviter de le désarçonner. Je coupais rapidement deux morceaux de pain et je me mis à saucer mon assiette. On disait que c'était impoli, que ça donnait un très mauvaise image. Je m'en moquais. J'étais chez moi... le jus du ragoût était délicieux et je n'allais pas le faire périr pour satisfaire les us et coutumes de la société. Si Camila voulait en faire de même elle le pouvait sans que j'en prenne ombrage, elle le savait. Après avoir avalé, car oui, je savais quand même me tenir, je lui répondis, enchanté, ce qui constrastait tellement avec les instants auparavant :

- J'ai toujours du temps pour toi et pour mes chevaux ! Tu peux aller les voir quand cela te chante, tu sais que cette demeure est aussi la tienne. Tu viens quand tu le veux et tu entres sans prévenir... enfin... dans les pièces communes...

Je rougis légèrement. Elle connait ma pudeur, le fait que je veuille garder des endroits pour moi, que je cherche à protéger mon intimité. Je ne suis pas Caïus, je n'ai pas sa stature, son assurance. Je suis prudent, méfiant, plus mystérieux. Violer cette intimité m'apparait pire qu'un acte de guerre. Je me sens idiot de le lui avoir précisé mais je lui fais quand même par de l'anecdote qui m'a poussé à le faire, pour qu'elle ne le prenne pas pour elle :

- L'autre soir, la nouvelle employée que j'ai engagé a voulu bien faire en rangeant mes tuniques propres. Elle est entrée sans frapper alors que je sortais de mon bain... c'était extrêmement gênant... enlève-moi ce petit sourire ! Je ne savais plus où me mettre !

Je levais les yeux vers le ciel. J'en avais peut-être trop dit, je lui tendais une belle perche. Camila savait que j'étais célibataire, probablement coincé sur les bords... L'employée m'avait vu nu comme un ver, et alors ? Je n'en étais pas mort... Il me restait juste cette gêne persistante quand je la croisais et je n'osais même plus la regarder dans les yeux. Le jugement des autres... je cherchais à l'éviter, à tout prix. Et ce n'était pas comme cela que j'allais trouver une femme un jour. De nous deux, Caïus avait toujours été le plus doué pour ça. Combien de jeunes filles s'étaient "fracturé" les yeux en l'admirant ? Camila voyait la différence entre mon jumeau et moi, elle s'en amusait en général. Et même si je faisais semblant d'être réprobateur, moi aussi, j'en riais.

- Veux-tu quelque chose d'autre ? J'ai ramassé des fruits rouges hier et du raisin. J'ai même du fromage... il a été écrémé par un bon artisan à qui j'ai vendu quelques unes de mes laitières. Tu devrais le goûter, il est vraiment délicieux.
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Re: [E7] La mémoire du passé [Octavius]

Messagepar Camila le 17 Février 2014, 12:22

Qu’il était très agréable de laisser de côté pour quelques heures mon rang de Sénatrice, de ne plus faire attentions aux divers protocoles et de me retrouver en tête à tête avec un ami. La politique était un monde dangereux, bruyant et puissant. J’avais foi en mes convictions et en mes combats. Le passé nous avait appris de nos erreurs. Il était temps d’avancer, de bousculer certaines choses. Les paroles de la sénatrice Décima me revenait assez souvent en tête et elle avait raison. Il faut unir le passé au futur. Le peuple ne résisterait pas et ne suivrait pas si nous devions tout changer. Je ne désirai pas une tempête mais bien une prise de conscience de chaque citoyen. Avoir une personne telle qu’Octavius auprès de moi était une chance que je ne laisserai à personne. Ses mots étaient apaisant et possédaient une aura puissante qui me donnait cette énergie que j’avais parfois peur de perdre face à toutes ces confrontations.

- Je te remercie pour tout ce que tu viens de me dire, cela me touche énormément. Beaucoup de monde me voit comme une guerrière que rien ne semble pouvoir faire trembler, d’autres me perçoivent comme une femme politique redoutable. Je suis un peu tout cela, c’est vrai mais je suis aussi parfois une simple femme qui a besoin de réconfort et d’amour. Je ne perdrai jamais l’espoir Octavius quel que soit le résultat car comme tu le soulignes si bien, notre monde est entrain de changer et il va falloir s’en montrer digne et lutter pour survivre.

Je serrais sa main tendrement dans la mienne et je répondis à son sourire en lui offrant le mien. Il était temps de passer à une discussion plus légère. Sa demeure avait un petit coin de paradis qui m’enchantait toujours lorsque je venais lui rendre visite. Fière d’avoir écouté ses leçons, je lui expliquais que j’étais venue à cru sur mon cheval jusqu’à chez lui.

- Entrez sans prévenir seulement dans les pièces communes ? Moi qui pensais que je pouvais tout me permettre avec toi ! Un fantasme à rayer …

Je plaisantais bien entendu tout comme j’aimais tout autant le titiller car il y avait des sujets sur lesquels il n’était pas très à l’aise, surtout celui-ci lorsque cela devenait plus intime, plus privé. J’essayais vainement de garder mon sérieux mais mes yeux reflétaient une lueur malicieuse devant sa pudeur et cette tendresse que j’adorai alors qu’il me contait son petit épisode avec sa nouvelle employée.

- Tu devrais laisser aux femmes le droit de te détailler un peu plus longtemps. Ton corps est bâti à la sueur des travaux de la terre et de l’élevage des chevaux. J’aurai bien aimé être là pour voir l’expression de ton visage et celle de ton employée. Quoi que si je te surprends, à mon tour, dans ton bain, je serai vite fixée !

J’inspirai tout doucement à l’annonce de la suite du repas qui était délicieux. Là aussi, je ne me souvenais plus de quand datait un vrai bon repas même si Caeso me préparait des plats tout aussi succulent les uns que les autres. C’était le temps qui me manquait et quand j’avais une pause, surtout le soir, je plongeais directement sous mes draps.

- Ne me dis pas que tu veux me faire prendre quelques kilos supplémentaires parce que j’ai perdu trop de poids durant ces dernières semaines ? Je n’ai pas encore que la peau sur les os … mais bon, le temps me manque pour trouver des pauses. Je suis toujours bousculée par le quotidien des réunions, des rendez-vous. Et le soir, la seule chose dont je rêve c’est un bon bain et mon lit. Mais je ne saurai résister à un tel fromage et des fruits. J’en veux bien un peu pour gouter à tout ça, merci.

Merci à Lia pour le Kit ♥
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Re: [E7] La mémoire du passé [Octavius]

Messagepar Octavius le 08 Mars 2014, 02:11

Mon sourcil s'arqua malgré moi et mes joues s'empourprèrent davantage. Je n'aimais pas que l'on me détaille, que l'on me regarde, quelle que soit ma tenue, d'ailleurs. Maintes fois par le passé, je fus confronté au jugement des autres, un jugement blessant. Même si physiquement, j'étais beau, mon pouvoir poussait les autres à me fuir. On me croyait maudit. J'imagine que les blessures de mon enfance avaient conditionné ma vie adulte et ma personnalité. On préférait Caïus à moi et cela me convenait. Je n'accordais que peu de confiance à l'être humain. Les déceptions ne se comptaient plus sur mes dix doigts, les trahisons non plus. Ceux de mon espèce rejetaient la différence, ils excluaient de leur société les gens qui n'entraient pas dans le moule. En réalité, je leur étais redevable. En m'excluant de leur système, il m'avaient rendu libre d'agir comme je l'entendais, de penser comme je le souhaitais. Si quelques rares personnes gagnèrent ma confiance, je n'en demeurais pas moins solitaire, en retrait de la vie publique. Ce qui me préoccupait, aujourd'hui, s'abritait dans les écuries. Les chevaux représentaient toute ma vie. Pas de femme, pas d'enfant, juste des animaux, en qui je plaçais tout mon amour et toute ma confiance. Je leurs confiais volontiers ma vie et sans hésitation. Je pouvais vivre nu à leurx côtés sans me sentir mal à l'aise... mais dès qu'il y avait un homme ou une femme dans les parages, ma pudeur prenait le dessus. J'aurais voulu m'enfuir et me cacher autre part que d'affronter le regard de mon amie. Elle ne disait pas ça en pensant en mal, je la savais sincère. Cela me mettait encore plus mal à l'aise. D'un geste gêné, mes mains tirèrent légèrement sur mes vêtements plutôt amples, pour masquer ma carrure. Oui, je m'étais fait avec le travail de la terre, l'entretien des chevaux. Je n'avais clairement pas à me plaindre de ma musculature, robuste, solide, presque taillée par les Dieux dans le marbres, m'avait-on dit une fois, en me surprenant torse nu sur mon domaine... Je me massais la nuque en baissant les yeux et je lui répondis, étouffé par la propre chaleur qui m'envahissait :

- Je n'ai rien d'exceptionnel, d'autres s'entraînent à l'épée comme Caïus pour un résultat bien meilleur. Les femmes se moquent des menus détails physiques me concernant... Qui pourrais-je intéresser ? Je vais envisager de faire forger des serrures pour m'éviter les intrusions intempestives... Je ne sais pas si tu t'imagines qu'elle m'a vu... tu sais... dans le plus simple appareil... J'en suis encore gêné quand je la croise. Je ne veux pas ressentir ça avec toi, Camila, même pour rire.

Elle comprendrait aisément que je ne sois pas du tout familier de l'exhibitionnisme, même si c'était plutôt rare à Rome. Les hommes s'affichaient souvent avec des parties du corps dénudées, pour pouvoir bomber le torse et tenter de séduire. Deux philosophies de vie qui me dépassaient, je l'avoue. Content de passer à un autre sujet et d'échapper à son regard, je me levai de mon siège pour aller chercher le fromage et les fruits. Avant de m'éclipser dans ma réserve, je lui dis, bien décidé à enterrer le sujet si gênant dont on venait de parler.

- Quelques kilos supplémentaires t'iraient comme un gant. Les épreuves qui t'attendent sont rudes et tu les auras vite perdus. Et puis, je te trouve un peu fatiguée, soucieuse... rien de tel que du fromage et des fruits pour redonner de la vitalité !

Je m'éclipsai dans la pièce voisine. Une fois seul, j'en profitai pour essuyer la sueur de mon front d'un revers de manche... Je sais que le danger n'est pas écarté. Elle va sans doute ressortir le sujet pour m'encourager à trouver une femme, peut-être à fonder une famille. Au fond, je savais qu'elle aurait raison, qu'il était temps que j'y réfléchisse parce que les années passaient et que la vie était courte. Mais je ne voulais pas y penser. Je n'avais pas le courage de séduire, d'approcher une demoiselle pour la conquérir. Je ne me sentais pas capable de plaire, de ne pas provoquer le rejet, surtout avec mon pouvoir. Et puis, je ne voulais pas renoncer à mon travail, à mes chevaux, à mes bovins. Je travaillais la terre, le fumier pour le revendre. Ici, l'odeur de crottin au matin restait quotidienne, les bêtes dégageaient un fumet pas toujours agréable pour les habitués de la ville et des rues propres. Je ne faisais pas un métier attirant, je ne suscitais pas le rêve qu'une femme peut avoir en pensant à son mari. J'ouvris mon garde manger, un endroit frais, qui me provoqua un frisson sur le bras. Je me saisis du fromage et d'une coupe que je remplis de fruits : du raisin, des fruits rouges, des oranges, des pommes et des figues. Je voulais qu'elle ait le choix. Elle était mon invitée et mon amie, pour elle, je ferais beaucoup de choses. Chargé de ces victuailles, je marchai prudemment pour la rejoindre sans rien renverser. J'avais l'habitude, je demeurais habile, en tout cas, vigilant. Je posai les mets sur la table, avec un sourire léger mais sincère :

- J'ai tâché de faire en sorte que tu puisses choisir et te régaler. Les mûres sont exquises, les oranges juteuses. Sers-toi comme tu le souhaites ! Mais avant, je dois absolument te faire goûter ce fromage !

Je pris un couteau propre et lui coupai un bon morceau. Et tandis que je me servis à mon tour et je lui donnai un bon morceau de pain, j'ajoutai, curieux, malgré la façade que j'affichais depuis le début :

- Est-ce que... Caïus allait bien ? Je veux dire... la dernière fois que tu l'as vu ? Je n'ai pas eu de ses nouvelles, je ne l'ai pas revu depuis un bon moment. La dernière fois, c'était avant que... Valentina n'expire...

Mon regard se perdit dans le vide. En repensant à l'horreur de ce meurtre, mon visage se figea et s'emplit de tristesse. J'avais perdu une amie, ma belle-soeur et mon futur neveu... Je pus retenir mes mots, plein de tristesse...

- Je n'arrive pas à croire qu'elle ne soit plus là... elle... elle était l'une des rares personnes à venir me voir, à ne pas être dérangée par ma présence. Je prie tous les jours pour que son âme trouve le repos éternel, pour que Caïus trouve la force de ne pas céder à la folie... mais j'ai l'impression que mes prières restent lettres mortes... Et si j'avais offensé Neptune ? Si tout cela était ma faute ? Il ne m'a pas reconnu, contrairement à Caïus...
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