par Caecilius le 21 Mars 2013, 22:46
Je ne pensais pas que la jeune femme prendrait peur alors que je saisissais sa main, ce n'est pas le genre de réactions que je suscite d'habitude. Je suis le grand gentil normalement, vous savez l'aveugle qui ne fait peur à personne parce qu'il est aveugle justement. Alors susciter une telle réaction chez la jeune femme me surprend, je ne tarde pas à relâcher sa main, je n'aime pas provoquer la peur et la surprise, je sais combien la surprise est désagréable. Ces idiots qui se croient spirituels à venir essayer de me faire sursauter en venant dans mon dos, pensant me surprendre alors que je les ai sentis à cent mètres. Je m'excuse rapidement au près de la demoiselle, je ne voulais pas lui faire peur, il faut dire que d'habitude les gens sont plutôt "mazette comment tu as fais ça ?" que de sembler paniquer et vouloir retirer leur main comme si j'allais la trancher. Elle semble si différente, cela me surprend, quoi qu'il en soit ce n'est pas désagréable, j'apprécie cette rencontre, enfin je l'apprécierai d'avantage encore avec un peu de son parce que pour deviner ce qu'elle pense je ne peux me fier qu'à son intonation et ses mots hors là ... Ni l'un, ni l'autre, c'est déstabilisant, comment suis-je sensé m'en sortir dans ces conditions ? Bonne question, à étudier. J'espère au moins l'avoir rassurée sur ma main qui avait arrêté la sienne et mes intentions sinon je ne saurai vraiment pas comment le lui dire encore.
Le silence restait toutefois, malgré mes mots, même si j'essayais de la mettre à l'aise et de l'inciter à parler, elle maintenant le silence et pour moi ça devenait pesant, vraiment pesant. Je ne sais pas si elle trouvait ça drôle, spirituel ou que sais-je mais pour moi c'était délicat. Je partais du principe que quelque chose empêchait cette jeune femme de parler plutôt que de croire que ça l'amusait de se moquer de moi. Je partais en penchant pour le bon dans les gens, c'était naïf parfois, de toute façon je finirai forcément par être fixé un jour ou un autre non ? Elle ne disait toujours rien, même à ma remarque sur l'ouïe, allez quoi ! Un petit rire, juste un petit son, éternuer, tousser, non vraiment rien de rien ? Si je n'étais pas marié et amoureux je l'embrasserai, rien que pour tester sa réaction, est-ce que je parviendrai à lui arracher un son de cette façon ? Non ce n'est pas mon genre quoi qu'il en soit, mais j'aimerai décoincer d'une façon ou d'une autre la situation, j'essaye mais mes tentatives semblent vaines, comment je fais moi ? Je ne vais quand même pas la forcer à parler, avec un peu de chance elle ne sait pas et ne l'a jamais fait ou ne peut pas pour une raison physique évidente aux autres mais qui pour le coup demeurait invisible en ce qui me concerne.
Une idée finit par me venir, faute de parler, elle sait sans doute écrire, elle est médecin après tout. En fait mon idée n'est peut-être pas si brillante, demander à une médecin d'écrire, que quelqu'un m'amène Champollion et la pierre de Rosette ! Non allez, elle doit bien écrire car tous les Hommes ont besoin de parler, les femmes aussi peut-être même beaucoup plus d'ailleurs, donc faute de s'exprimer à l'oral, elle le fera surement par écrit ? Le temps de chercher papier et de quoi écrire, je tente encore une fois de la faire parler, je l'appelle "Doc", oui simplement "Doc", c'est sa profession non ? En plus de ça, elle ne semble pas râler, du moins je ne l'entends pas. Facile je vous l'accorde, mais ce n'était pas insultant, elle pouvait l'entendre dans ma voix, je voulais juste la mettre à l'aise, m'assurer que son silence ne soit pas de mon fait par quelque chose que j'aurais dis ou fais. Encore le silence pour toute réponse, au secours je vais devoir fou, je sèche complètement là et son silence n'aide pas puisqu'il est cause de cette situation ... handicapante.
Je l'invite finalement à écrire, simple, sobre et efficace mais je ne l'entends pas prendre le crayon, ni même la mine frotter sur le papier, allons bon, timbale de chez timbale, elle ne sait pas écrire ? Et puis là, surprise, quelque chose de complètement inhabituel. Mes sourcils se haussent, c'est une belle voix que celle que j'entends mais ce ne sont pas mes oreilles qui en profitent, c'est plus intérieur et c'est ... étrange. Pas désagréable, enfin pas dans les premières secondes. D'abord la surprise et l'incompréhension, puis doucement je commence à comprendre, stupéfait de cette découverte, ensuite ce sont la curiosité et l'inquiétude qui viennent. La curiosité de savoir comment elle fait, de comprendre ce don et l'inquiétude de ce que ça implique, de ce qu'elle peut faire, de ce qu'elle peut voir.
- Le silence a ça d'agréable qu'il ne vous ennuie pas de bêtises et apparemment votre silence est tout aussi relatif que l'est ma nuit quand je peux deviner beaucoup de choses d'une personne sans un regard non ?
Je souris, l'inquiétude s'envole un peu et la curiosité je la tais dans un coin de ma tête car sans doute son don lui a-t-il porté trop de curiosité déjà. Ou très peu car elle a compris le danger qu'elle peut représenter, tout notamment si elle ne fait pas que venir parler dans la tête des gens ... comment savoir ?
- C'est un don fascinant que le vôtre mais il me fait me demander ...
*Pouvez-vous seulement déposer une pensée ou lire également ?*
C'est là que s'arrêtera ma curiosité si elle ne voulait plus en dire, d'ailleurs pour le cas où elle ne voudrait répondre je relance sur une autre question :
- Je me nomme Caecilius et puisque vous êtes dans ma boutique vous devez vouloir quelque chose, alors que puis-je pour vous ?