[E4] Le ludus

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[E4] Le ludus

Messagepar Decima le 06 Janvier 2013, 11:46

Je n’aimais guère ce lieu. L’odeur des créatures du désert se mêlait à celles du sang et de la transpiration. Sous l’arène, des couloirs mal éclairés serpentaient. Il n'y avait aucune torche pour éviter, lors des spectacles que le public ne découvre les ingénieux mécanismes. Ils permettaient aux hommes de l’ombre de faire surgir sur l’arène, gladiateurs et créatures. Mon regard méditerranéen suivait une chaîne passant au travers d’une poulie. En tirant dessus, la cage des drakes s’ouvrit sur moi. Evidemment, elle était vide. L’androïde à mes côtés prit les mesures que je lui indiquai. La canalisation devrait venir jusqu’ici pour répondre à la commande du prélat.

Huit jours plus tôt, le prélat Mettius Aurelius a décidé d’occuper le peuple avec la reconstitution d’une grande bataille. Je n’avais jamais entendu parler des deux peuplades qui s’affrontaient et que les mers balayèrent durant leur bataille. Peut-être même n’existait-elle pas. Je reconnaissais bien là les méthodes du prélat. J'admirais sa façon de tenir le peuple à sa botte. L’inquiétude des romains se ressentait dans toute la cité. Une simple bataille entre gladiateur ne suffirait pas pour calmer leurs tensions. Durant une séance à huis clos, il avait alors prié le Sénat de préparer le Colisée pour que les eaux purificatrices puissent jaillir sur l’arène.

Et quand le prélat prononçait une demande si cordialement, le sénat s’exécutait. Malheureusement, mon rôle se voulait encore minime. J’avais terminé avec succès les travaux commencés par Camila Veturia. Et pour mes connaissances mathématiques, j'avais été choisie. On m’avait prié de la même façon de dévier un aqueduc jusqu’ici. Et de la même façon que le sénat s’exécuta pour obéir à Mettius, j’acceptai sans poser la moindre question. Je n’avais guère d'autre choix que l'acceptation pleine et entière. Mais qu’importe ! Je saisirais cette opportunité de mener à bien ce projet pour me faire un peu plus reconnaître au sein de mes pairs. Je ferais converger deux canalisations ici pour que l’eau puisse jaillir dans l’arène avec suffisamment de débit pour faire tomber quelques gladiateurs à terre. Ainsi je répondrais à la volonté du prélat.

Les mesures prises, deux gardes prétoriens m’ouvrirent différentes portes pour sortir de ce complexe dédale. En sortant, je passais devant le ludus où s’entraînaient des gladiateurs. Ma main se leva pour protéger mes yeux de la lumière du soleil. Je m’avançai, mon ombre était minuscule, le soleil si proche du zénith. Proche des grilles, j’observai les jouteurs battre la potence avec des épées en bois. Je reconnus l’un d’eux. Il se nommait Angus. Je me souvenais de lui. J’avais entendu le lanista parler de cet homme. Il avait vendu tous ses biens pour soigner sa fille. J’avais été surprise, car, à ma connaissance, il était bien rare que la moindre maladie ne résiste plus d’une semaine aux prêtres de Jupiter.

Je demandai au magistri confirmation de son identité.

-- Ce gladiateur... C’est bien lui dont la fille est malade ?
-- Oui sénatrice Fanius.
-- Appelez-le, je vous prie !


Je n’avais pas oublié ma conversation avec Melusine. Et ce héros pourrait bien aider notre cause et y gagner beaucoup par la même occasion.

-- Gladiateur Angus Demetter ? Auriez-vous une minute à m'accorder ?
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Re: [E4] Le ludus

Messagepar Angus Demetter le 13 Janvier 2013, 15:04

Mon entrainement allait commencer. Après plusieurs jours de tests, Decimus m'accepta parmi les gladiateurs qu'il formait. Les tests avaient été très variés allant du simple examen physique où mes muscles avaient été passé au crible, mesuré, tâté aussi bien ceux de mes bras que ceux de mes cuisses ou du torse. Tout mon corps fut étudié. Après ce fut des combats contre différents adversaires, des plus faibles jusqu'au plus forts pour estimer mon niveau. Je pouvais remercier mon entrainement au temple de Pluton. Sans lui, je n'aurai probablement pu intégrer le groupe des gladiateurs. Mais je savais que ce n'était qu'un début. Mon véritable test se passerait dans l'arène lors du premier combat pour distraire mes concitoyens romains. Si je plaisais à la foule, je serais gardé sinon je me retrouverai à la porte et bon pour essayer de trouver autre chose dans la mesure où j'aurai survécu. Et là, mes possibilités étaient plus que limitées. Peu d'emplois me permettraient de subvenir au besoin de ma petite fille. Le prix des soins ne cessaient d'augmenter. Encore quelques semaines et le contrat que j'avais passé avec le prélat prendrait fin. Je serais de nouveau seul pour payer les soins dont mon Andromaque avait tant besoin.

J'étais arrivé tôt ce matin. Bien avant qu'il fasse jour. Phaedra était venue s'occuper de ma puce alors que je gagnais le Colisée pour mon entrainement. Après un premier entrainement de quelques heures, nous prîmes ensemble un repas avant de repartir à nous affronter. Aujourd'hui ce n'était qu'un entrainement. Dans quelques jours, plusieurs d'entre nous perdraient la vie sous les coups d'autres gladiateurs ou de créatures du désert. Les heures passaient sous le soleil ardent et les corps brillaient sous la sueur. Je m’entraînais sur un rondin fiché dans le sol. Mes coups étaient brutaux et je fendais profondément le bois de la tranche aiguisée de mon épée. J'alternais coups puissants et coups rapides. Il fallait les deux pour être un bon combattant. Mais mon entraînement se trouva brusquement arrêté quand un homme vint me chercher. Une sénatrice souhaitait me voir. Voilà une chose inhabituelle pour moi qui me tenais loin de la politique et des méandres qui agitaient la cité. Je laissais là mes camarades et suivais l'homme. Devant la femme, je posais un genou au sol, tête baissée, et laissais mon épée par terre.

"Oui noble dame je suis bien Angus Demeter Minor. Je suis à votre service sénatrice."

Qu'est-ce que cette femme pouvait bien me vouloir ? Je ne la connaissais pas et je ne me rappelais pas l'avoir vu quelque part. Pourtant, elle connaissait mon nom. Mais peu importait. J'avais entendu dire que des travaux devaient être faits au sein du Colisée. Elle devait superviser l'ensemble et avait peut-être de mon aide pour déplacer quelque chose. Quoiqu'elle avait des gardes avec elle. Mais peu importait, si elle voulait me voir, j'étais là.
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Re: [E4] Le ludus

Messagepar Decima le 03 Février 2013, 12:42

Je le regardais s'agenouiller devant moi. Que j'aimais cette attitude ! Sénatrice, des hommes s'agenouillaient devant moi. Quand je serais prélat, même les sénateurs s'agenouilleront devant moi. Je chassais ce petit sourire de mon visage quand il me regarda et l'invita à se relever.

« Je vous en prie, relevez-vous ! J'ai ouïe dire que vous aviez gagné l'arène de votre propre chef.»

Je signifiai par ces mots qu’il n’était ni un esclave, ni un romain condamné à la joute pour ses crimes. Par conséquent, je pouvais discuter avec lui d’égal à égal. Mais cela n’allait guère plus loin que la politesse. De sang noble, j’avais autorité sur lui. Sans hypocrisie, je le préférai à genoux.

« J’ai appris que votre fille souffrait terriblement. Si vous en êtes venus à vous enrôler chez les gladiateurs, j’imagine que c’est pour gagner de l’argent et payer ses soins. C’est bien cela ? »

Je me doutais que cet homme n’avait pas choisi une telle carrière par plaisir. Mais je ne comprenais pas pourquoi les prêtres ne parvenaient pas à soigner sa fille. De sombres rumeurs courraient sur les prêtres. Nombre d’entre eux étaient à la solde de politiciens, notamment de Mettius Aurelius. Et je souhaitais avoir la version de cet homme avant d’aller plus loin dans la conversion. C’est pourquoi je rajoutais une question pour qu’il me donne sa version complète.

« J’aimerai connaître votre histoire et plus que tout, j’aimerai connaître votre version des faits. Lors d’une réception au Palais, j’ai entendu des sénateurs parler de vous au Prélat et j’avoue avoir été surprise. »

Je mentais en partie, la vérité différait quelque peu. En réalité, le prélat se vantait de son acquisition, une récente esclave à la peau noire ébène. Et Cornelia, sa femme, l’avait lapidé de quelques mots en lui demandant si elle avait coûté moins chère qu’une certaine Lia Demeter.

Alors, attentive à ses propos, je l’écoutai. Une certitude naissait en mon for intérieur. Cet homme et sa fille méritait un meilleur destin. Je souhaitais leur offrir. Je ne suis ni douce, ni protectrice. En leur offrant, j’étais convaincue que Jupiter et moi saurions en tirer profit.
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Re: [E4] Le ludus

Messagepar Angus Demetter le 20 Février 2013, 13:35

Je n'aimais pas les politiciens. En fait, je crois que je n'aimais plus grand monde. Mais je pense que même du temps de mon épouse, je n'avais pas un grand intérêt pour la politique. Mais je me pliais devant cette femme dont j'ignorais tout. Je n'écoutais pas les bruits qui courraient dans la cité. J'avais d'autres soucis à gérer. Je me relevais à son invitation mais je gardais néanmoins les yeux au sol. Je n'avais pas besoin d'exposer mon malheur à ses yeux. Je perdais de plus en plus l'habitude de regarder les gens dans les yeux. J'avais perdu ma fierté depuis longtemps maintenant et je ne trouvais pas utile d'insulter les gens en relevant la tête pour les regarder dans les yeux. Elle trouva bon de me poser tout un tas de question comme si mon cas n'était pas déjà assez connu. Que voulait-elle donc savoir de plus ? M'humilier un peu plus ? Mais peu importait. Elle demandait. Je répondais.

« Oui ma dame. Je me suis engagé comme gladiateur car j'ai besoin d'argent pour soigner ma fille. Elle est très gravement malade et personne ne semble posséder de remède. Les prêtres arrivent juste à stabiliser son état et à la maintenir en vie. Mais cela coûte énormément d'argent. J'ai vendu tout ce que je possédais ou presque pour la sauver mais tout ce que j'ai fait ne suffit toujours pas. J'espère gagner un peu plus d'argent en devenant gladiateur. On dit que les meilleurs gagnent bien leur vie, dame. »

Que pouvais-je dire de plus ? Les intrigues de palais étaient bien loin de moi. Le prélat. Il fallait qu'elle mette ça sur le tapis. J'étais pas encore assez au fond du trou. Il fallait qu'elle en rajoute encore une couche. Elle ne disait pas clairement qu'elle voulait que je lui raconte mon lien avec le prélat mais c'était tout comme. J'en étais plus à ça prêt de toute façon.

« Ma femme est morte et mon père aussi. Ma fille est tombée gravement malade. J'ai eu besoin d'argent. J'ai vendu tout que j'avais. J'ai même vendu au prélat l'androïde de notre famille, Lia. Je la considérais comme ma sœur. Je l'ai vendu au prélat en échange d'un an de soin pour ma fille. L'année est désormais écoulée et j'ai de nouveau besoin d'argent. Voilà mon histoire dame. »

Simple, direct, je ne tournais pas autour du pot, j'en avais ni l'envie, ni le temps. Mon ton était un peu sec mais ce n'était pas mon problème. J'avais d'autres choses à faire et surtout essayer de gagner l'argent qui me manquait cruellement.

« Est-ce tout dame ? »

J'étais un peu brutal. Je n'avais jamais été réputé pour faire des ronds de jambe. Moins encore maintenant qu'avant. Si la sénatrice voulait me dire quelque chose, qu'elle le fasse. Sinon, je m'en vais.
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Re: [E4] Le ludus

Messagepar Decima le 04 Mars 2013, 16:02

La famille Demeter... Je savais que le Sénat n’appréciait pas les positions du patriarche Demeter concernant les androïdes. Dominus Demeter meurt, la femme d’Angus également, sa fille tombe malade, le ruinant à en vendre ses androïdes. Et maintenant les prêtres maintienne tout juste en vie la jeune fille. Voilà à quelques mots près, les indices m’interpellant sur les tenants et aboutissants de cette sordide affaire ! Je le regardais et je ne lui fis aucune promesse. Combien de politiciens, combien de prêtres avaient multiplié les mensonges promettant des résultats qu’ils savaient pourtant hypothétiques ? L’homme en face de moi n’avait plus d’orgueil mais il ne supporterait sûrement pas une énième promesse. La résignation et surtout l’impuissance pesaient sur les épaules de cet homme. Je m’étonnais à le voir s’agenouiller sans y être véritablement obligé. Se considérait-il si loin du statut de romain ? Je n’aimais pas ce comportement. Pour autant, je n’éprouvais aucune pitié pour cet homme. S’il venait à mourir cela contrarierait mes nouveaux plans, mais je ne le pleurerai sûrement pas. Je n’avais pas non plus l’intention de démanteler le complot qui se profilait au fil de cet interrogatoire. Carriériste, je devinais surtout une somptueuse opportunité de faire apparaître Jupiter comme un sauveur et d’en tirer profit pour gagner le coeur des romains.

Le prélat avait le soutien inconditionel du peuple. son culte de la personnalité fonctionnait à merveille et pour déstituer cet homme de son rang, je ne devais pas faire comme les autres candidats. Mettius avait de nombreux ennemis, personne n’était parvenu à le briser. Pourquoi y arriverais-je mieux qu’un autre ? J’avais toute confiance en moi, mais je ne me surestimais pas meilleur que d’autres. Par contre, si quelqu’un parvenait à gagner l’amour du peuple comme Julia, il aurait du fil à retordre. Julia avait un défaut néanmoins. Elle détestait la politique. Tant mieux pour moi dans le fond.

Avant de rencontrer Melusine, j’aurai simplement répondu que c’était tout et je serais partie. Désormais, j’agissais autrement. Je devais donner envie aux romains de prier Jupiter. Je ne fis aucune promesse, je ne lui offris pas non plus la charité, mais je glissai le nom du Dieu que je porterais en éloge si je parvenais à contraindre les prêtres de soigner sa fille.

« Oui, c’est tout. J’aurai une pensée pour votre fille lorsque je prierai Jupiter.»

Même si j’affichais ma ferveur pour Jupiter, jamais je ne demanderai quoi que ce soit à mon Dieu. Jamais ! Je le remercie chaque soir pour la journée passée, mais je ne demanderais rien. La nuance était donc subtile. Je ne demanderai pas à Jupiter de soigner cette enfant. Je chercherai pourquoi le culte de Jupiter prive cette fille de soin. Je tenterai de changer la situation et je présenterai la fille comme la miraculée de Jupiter. Le peuple aime les histoires en Happy End, surtout quand elles concernent des enfants et un père aimant se sacrifiant pour eux. Je le laissais me répondre s'il le désirait et coupait ensuite court à la discussion, mon but étant de me retirer rapidement avant d'éveiller l'attention d'autrui.

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C'est déjà la fin de mon intervention, ce fut très court, mais je vais te recontacter rapidement et te mêler à des RPs avec Melusine. Merci beaucoup !
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Re: [E4] Le ludus

Messagepar Angus Demetter le 19 Mars 2013, 22:06

Je ne sais pas si la sénatrice était au courant de ma vie et dans le fond cela ne m'intéressait pas. J'avais autre chose à faire que de me préoccuper de ce que pouvait vouloir une sénatrice. Je n'attendais plus vraiment d'aide de qui que ce soit sauf des dieux mais ils étaient du genre silencieux, même carrément muets. Parfois je voudrais hurler ma rage et mon désespoir mais à quoi cela m'avancerait-il ? Ma fille ne guérirait pas plus et je risquais de m'attirer les foudres de Jupiter et des autres dieux. Je n'avais pas besoin de ça. Les dieux je les priais par crainte, non plus par envie. Ils étaient le seul espoir de ma fille mais aucun ne semblait s'intéresser à elle, à son sort. Il n'y avait que quelques humains pour ça, Phaedra, Lia et moi. Peut-être un prêtre ou deux mais cela ne pesait pas beaucoup dans la vie de ma fille. Cela ne pesait rien en fait. Je le comprenais un peu plus chaque jour. Chaque jour le désespoir devenait de plus en plus lourd sur mes épaules. La fin de cette histoire semblait approcher mais je craignais qu'elle ne soit pas heureuse. Mais je ne laissais rien voir de mes sentiments profonds. Fataliste, je l'étais. Je ne sais pas si tout cela se voyait ou non mais peu m'importait. Elle disait qu'elle prierait pour ma fille. Je n'allais pas l'en empêcher.

« Merci sénatrice. Que vos prières soient entendues. »

Je me relevais et la quittais après m'être incliné devant elle. L’entraînement et les combats m'attendaient. Je ne pouvais pas me permettre la moindre faute. Ma vie en dépendait et plus encore la vie de ma fille. Sans victoire, pas d'argent, sans argent, pas de soins, sans soins, ma fille était condamnée. Une chose que je ne pouvais accepter. Elle survivrait, elle devait survivre à tout prix !


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Très bien, au plaisir de te retrouver dans un autre RP donc.
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