[E4] L'Ombre qui veille [Angus+libre]

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[E4] L'Ombre qui veille [Angus+libre]

Messagepar Neera Aella le 05 Janvier 2013, 03:51

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Neera Aella
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Re: [E4] L'Ombre qui veille [Angus+libre]

Messagepar Angus Demetter le 12 Janvier 2013, 23:47

"Papa, tu ne vas pas mourir n'est-ce pas ?"

Je ne pouvais que sourire au visage enfantin qui me regardait avec inquiétude. Je ne voulais pas qu'elle s'inquiète pour moi. Elle savait que j'allais devenir gladiateur et malgré son jeune âge, elle savait que c'était dangereux. Mais je ne voulais pas qu'elle se fasse du soucis. Elle n'avait pas besoin de ça. Je lui souriais. J'essayais d'être le plus rassurant possible. Je m’asseyais sur son lit et caressais ses cheveux. Elle avait la même chevelure que sa mère. Des cheveux châtains qui bouclaient autour de son visage de petite fille innocente. Elle avait déjà tant souffert. Les dieux devaient me tenir rigueur pour une faute qui m'était inconnue. Il faudrait un jour que j'aille au temple pour leur demander. Mais quand j'y allais c'était pour les prier. Je ne voulais pas qu'ils s'en prennent davantage à elle.

"Ne t'inquiètes pas ma chérie. Ce n'est que pour le spectacle. C'est un combat pour de faux. Je ne risque rien."

Je ne voulais vraiment pas qu'elle s'inquiète. Elle n'avait déjà pas une vie d'enfant normale. Inutile qu'elle s'angoisse à tort.

"Tante Phaedra viendra s'occuper de toi quand je serais absent. Tu l'aimes bien n'est-ce pas ?"

Le visage de ma fille s'éclaira. Andromaque hocha vigoureusement sa petite tête aux grands yeux. La maladie se lisait sur ses traits. Des yeux qui paraissaient immenses dans son visage émacié. Elle était chétive pour ses cinq ans. Elle en paraissait seulement trois. C'était si injuste.

"Oui ! J'aime beaucoup tata Phaedra. Elle est toujours gentille avec moi. Elle me ramène des bonbons. Mais j'aimais bien aussi quand tata Lia était là. Pourquoi elle n'est plus là ? Elle m'aime plus ?"

La question que je détestais. Bien sûr que Lia l'aimait et si je ne l'avais pas vendu, elle s'occuperait toujours de sa nièce. Je savais qu'elle y tenait profondément, presque comme si c'était sa fille. Je n'avais rien dit à ma fille concernant sa vente. Je ne pouvais lui avouer ma trahison envers sa tante bien aimée.

"Ta tante t'aime. Elle avait juste envie de vivre un peu sa vie. Ne t'inquiètes pas, elle viendra te voir bientôt."

Andromaque croisa les bras sur son torse avec une mine boudeuse.

"Tu dis toujours ça. Mais elle ait pas revenue depuis longtemps longtemps. Je veux la voir. Elle me manque. S'il te plait, dis-lui de venir me voir."

La voilà suppliante, les larmes au bord de ses si grands yeux. Je faisais un signe positif de la tête. Je ne pouvais guère faire plus.

"D'accord. J'irais la voir et lui demanderais de venir, ça te va ?"

Le sourire revint s'afficher sur ses traits d'enfant. Elle tappa plusieurs fois dans ses menottes.

"Ouiiiiiiiiiiiiiiiiii. Tu promets hein ? Sur la tête à maman ?"

"Oui, je promets."


Et me voilà coincé. Je n'avais plus le choix. J'allais devoir affronter ma sœur. Je l'avais éviter depuis presque un an. Mais je ne pouvais pas continuer. Ma fille voulait voir sa tante. Je n'avais pas le droit de l'en priver. J'assumerai la colère et la rancœur que devait éprouver Lia vis à vis de moi. Pour ma fille j'étais prêt à tout même à jouer les serpillères s'il fallait. Mon honneur je m'en foutais totalement. Ma fille c'était ma vie. Elle méritait tous les sacrifices de ma part même les plus extrêmes si cela la soignait ou même lui rendait son sourire.

"Maintenant, il est grand temps de dormir ma puce."

Andromaque s'allongea sagement, rassurée par mes paroles. Il en fallait peu aux enfants, en tout cas à la mienne, pour retrouver leur sérénité. Je la bordais et lui donnais un baiser sur le front.

"Dors bien ma belle. Demain, on doit aller au temple pour tes soins. La journée sera dure. Bonne nuit. Je t'aime."

"Nuinuit papa. Je t'aime aussi très très fort."


Ses paupières se fermèrent. Un dernier baiser et elle était déjà partie au pays des rêves. Là où elle n'était pas malade et où elle était libre d'être une enfant comme les autres. Je passais ma main sur sa tête en une douce caresse. Je me levais et sortais de ma maison. Le soleil se couchait. J'allais m'asseoir sur la chaise que je laissais dans la cour. Tous les soirs ou presque je prenais quelques minutes pour me poser et réfléchir. Cela me faisait plus de mal que de bien d'ailleurs et je savais pas pourquoi je continuais. Les habitudes avaient la vie dure. Je pensais à tous les problèmes que j'avais et que je n'arrivais pas à résoudre. Décimus m'avait fait passer des tests et m'avait engagé comme gladiateur. Si je survivais et si le peuple appréciait mes prestations, je pourrais gagner de grosses sommes et poursuivre les soins dont ma fille avait tant besoin. Je ne pouvais la perdre. J'avais déjà perdu mon père et sa mère. Elle ne pouvait pas les rejoindre par delà le Styx. Je ne voulais pas. Je n'y survivrais pas. Si elle n'avait pas été là, je n'aurai pas survécu à sa mère. Je serais mort de chagrin. Si Andromaque disparaissait, je ne pourrais vivre sans elle. A mon tour, j'irais rejoindre ma famille par delà la mort. Parfois je me disais que c'était là la meilleure solution avant de me reprendre et de continuer à avancer. Mais soudain une femme apparut devant moi, sortant de l'ombre. Je me redressais brusquement sur ma chaise, près à réagir.

"Fille de l'ombre ? Je ne te connais pas. Qui es-tu et que me veux-tu ? Si tu es une voleuse, je n'ai rien pour toi. Je ne possède que peu de biens. Si c'est pour te battre, rejoins moi aux arènes pas dans la cour de ma maison alors que ma fille dort de l'autre côté du mur. Alors que veux-tu femme ?"

Ma voix n'avait rien de gentil. Mon ton était froid, glacial même mais je me contrôlais pour ne pas parler trop fort. Andromaque dormait. Hors de question de la réveiller. Je restais sur mes gardes en attendant que mon interlocutrice m'indique le motif de sa venue.
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Re: [E4] L'Ombre qui veille [Angus+libre]

Messagepar Neera Aella le 16 Janvier 2013, 15:24

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Re: [E4] L'Ombre qui veille [Angus+libre]

Messagepar Angus Demetter le 27 Janvier 2013, 12:54

La femme se redressait. Elle arborait une tenue bizarre. Aucune idée de qui elle était, ni de ce qu'elle voulait mais je restais sur la défensive. Pourtant je ne serrais pas les poings malgré mon envie. Mon visage n'avait rien d'amical. Vu tout ce qui me tombait dessus, je préférais rester sur mes gardes. J'avais plutôt l'habitude des coups durs plutôt que des coups de chance. La femme se montrait aimable mais c'était pas ça qui allait me détendre. Vouloir me parler ? Elle était bonne celle-là. Et elle avait besoin de jouer les je sais pas quoi pour ça. J'étais pas un grand parleur en plus. Elle tombait mal cette fille qui ne m'inspirait toujours aucune confiance. Ses questions m'interpellaient mais c'était pas la première fois qu'on me la posait. Moi, je me les posais déjà tous les jours qui passaient et ma réponse restait la même.

"J'aurai plus de chance de sauver ma fille si je les priais pas ? Non. Ils ne répondent pas à mes prières mais je crains plus leurs foudres si je les priais pas. Ma famille a connu assez de malheurs pour que je prenne le risque de les mettre en colère. Je préfère les prier sans retour que de ne pas le faire et de risquer qu'ils m'envoient plus de tourments à moi et à mon enfant."

Réponse que les gens comprenaient plus ou moins. La colère contre les dieux était ancrée en moi. Bien sûr que je leur en voulais de ne rien faire pour moi, pour Andromaque mais ça ne nous aiderait ni l'un, ni l'autre, que je laisse éclater ma colère à la face des dieux. Ils n'attendaient peut-être que ça d'ailleurs, que je fasse un faux pas, pour me tomber dessus. Je les craignais trop pour me mettre en colère. L'espoir de les voir me répondre favorablement un jour s'amenuisait un peu plus à chaque instant.

"Je n'ai que ça pour espérer un jour la sauver. Si tu as une autre solution donne-la moi. Sinon je continuerai comme j'ai toujours fait."

Je tournais mon regard remplit de douleur et de souffrance vers la maison où ma fille bien-aimée dormait. A part prier, qu'est-ce que je pouvais bien faire d'autre ? Pas grand chose hélas. Mon regard retourna se poser vers la femme. Visiblement, elle ne voulait pas me faire de mal. Je me rasseyais comme si toute la misère du monde pesait sur mes épaules. Je pense qu'à cet instant je devais paraître bien plus vieux que mon âge. Je vieillissais plus vite que d'autres. Je regardais le sol en soupirant.

"C'est tout ce que tu voulais savoir ?"
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Re: [E4] L'Ombre qui veille [Angus+libre]

Messagepar Neera Aella le 11 Février 2013, 13:22

Dernière édition par Neera Aella le 22 Février 2013, 18:56, édité 1 fois.
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Re: [E4] L'Ombre qui veille [Angus+libre]

Messagepar Angus Demetter le 20 Février 2013, 13:34

J'écoutais cette femme étrange me tenir un discours que j'avais déjà entendu. Il y en a toujours un qui se croit plus malin que tous les autres. Un pour venir me faire la moral. Un pour me dire ce que je devais faire, comment le faire, pour qui le faire. Ne pouvait-on me laisser en paix ! Je souffrais bien assez comme ça déjà. Ce soir le petit malin était une femme. Une femme hors-norme, je devais bien le reconnaître, mais son discours ne m'atteignait pas plus que celui des autres.

« Admettons que je suive ton exemple. Je ne pris plus les dieux. Je leur tourne le dos et ma fille meurt. Je fais quoi ? Je te tue pour m'avoir donné un tel conseil ? Je me tue pour l'avoir suivi ? Je me bats déjà pour elle. Je le fais tous les jours, toutes les nuits. Je ne vis que pour elle. Sans elle, je n'ai plus de raison d'exister. Je prie par crainte, c'est un fait. Mais je continuerai, à tort ou à raison. Provoque les dieux si tu veux. Moi je ne risquerais pas la vie de mon enfant pour une hypothèse. Les dieux font ce qu'ils veulent mais je crains qu'ils ne soient plus colériques que compatissants. Et je ne veux pas subir leurs foudres. »

Je regardais sa main tendue avec une certaine tristesse comme toujours et je secouais négativement la tête avec un rictus désabusé.

« Si tu cherches un héros, tu t'es trompé de maison, femme. Je suis tout sauf un héros. Je suis juste un père qui cherche à sauver son enfant. Rien de plus. Et pour ça j'ai perdu mon honneur depuis longtemps. Mais je m'en fiche. Peu importe mon honneur tant que ma fille survie »

Je regardais la main avec insistance. Avant tous les malheurs qui étaient tombés sur les miens, j'aurai peut-être saisi sa main. Mais plus maintenant. Plus depuis longtemps.

« Je ne te fais pas confiance. Mais je ne fais plus confiance à personne de toute façon alors ne le prend pas spécialement pour toi. On m'a dit déjà dit pareil discours. Tu n'es pas la première à me le faire et probablement pas la dernière. Mais ma réponse restera la même. Je continuerais de prier et je ne défierais pas les dieux. Je ne risquerais pas la vie de ma fille. Tu vois, je te l'avais dit, si tu cherchais un héros, tu t'es trompé d'endroit. »

Les gens croyaient toujours mieux savoir que tout le monde. Je commettais peut-être une erreur en continuant de prier mais je préférais cela à devoir pleurer sur une autre tombe. Assis, je croisais les bras sur mon torse et je fermais les yeux, priant pour qu'un jour les dieux fassent quelque chose pour elle, pour cette enfant que j'aimais plus que tout.
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Re: [E4] L'Ombre qui veille [Angus+libre]

Messagepar Neera Aella le 23 Février 2013, 18:26

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Re: [E4] L'Ombre qui veille [Angus+libre]

Messagepar Angus Demetter le 20 Mars 2013, 19:45

J'esquissais un sourire devant la remarque de la femme. Un héros ! Tu parles d'un héros. Un héros qui vend sa sœur au pire type de la cité. Ah le beau héros que voilà. Un héros sans honneur, sans argent, sans rien si ce n'est cette petite vie qui tentait de résister à la mort. Mais je ne faisais pas mine de la contredire. Ce n'était pas par orgueil mais je n'avais plus envie de m'étendre sur un sujet qui n'avait aucune raison d'être. J'étais un moins que rien avec un maigre espoir de voir ma fille s'en sortir.

Le geste qu'elle eut me prit au dépourvu. La bourse se retrouva dans ma main sans que je ne puisse rien dire. Mais de toute façon, je n'allais pas la refuser. J'en avais trop besoin pour Andromaque. Avant ma fierté d'homme m'aurait fait refuser mais plus maintenant. Toute aide était bonne à prendre même la pire de toute. Je ne faisais pas la fine bouche. Je serrais la bourse dans ma main. Cela payerait les médecins pour quelques temps. Pas longtemps mais c'était un peu plus de répit pour moi.

« Merci. Tu crois que j'ai pas pensé au fait que je pouvais mourir dans l'arène ? Si bien sûr. Mais dis-moi quel autre métier je pourrais faire qui me rapporterait autant ? Aucun. J'avais pensé un moment me prostitué. On dit que ceux qui font ça bien, gagne leur vie mais je vois pas qui pourrait payer pour moi. L'arène est la seule option qui me reste. Je serais pas doué en voleur non plus. »

Nouveau sourire ironique de ma part. Si j'avais pu voler, je l'aurais fait. Si j'avais pu me vendre, je l'aurais fait. J'aurais tout fait et plus encore tant que cela maintenant ma fille en vie ou même la guérissait. Tout même ce que je ne pouvais pas imaginer. Et c'est un type pareil qu'elle qualifiait de héros, cette fille devait pas avoir les yeux en face des trous.

« Si je disparais, Phaedra prendra soin d'elle. J'ai déjà fait ce qu'il faut pour ça. Ma sœur aussi mais dans une moindre mesure vu où elle se trouve. »

Je ne rajoutais pas par ma faute mais c'était sous entendu. Le pire c'est que je recommencerais si je le devais. Je l'observais s'éloigner et notais sa remarque. Je m'en souviendrais et n'hésiterais pas à l'appeler si besoin. Je ne pouvais prétendre voir l'avenir et un jour je pouvais avoir besoin d'elle pour une chose ou une autre. Je me relevais et rentrais chez moi sans autre forme de procès pour cette femme sortie de nul part. Je déposais la bourse sur la table. Demain, j'irais apporter cela au temple de Jupiter. Les médecins me foutraient la paix pour quelques temps. D'ici là, j'aurais fait mes preuves dans l'arène et j'aurais de l'argent. Je caressais les cheveux de ma fille bien-aimée qui dormait comme n'importe quel enfant du même âge. Un sommeil profond, un sommeil que seuls les enfants connaissent. Elle semblait si paisible. Je touchais son front. Pas de fièvre cette nuit. Peut-être passerait-elle une nuit tranquille.

Je m'asseyais lourdement sur la chaise près de son lit. Un jour elle apprendrait la vérité sur moi et sur tout ce que j'ai fait. Je sais qu'elle me détestera pour ça. Elle ma haïra d'avoir vendu sa tante bien aimée, elle me détestera de m'être rabaissé à tout, d'avoir tout accepté même le pire. Elle me chassera de sa vie, me maudira, me reniera. Et ce jour là, ce jour là, je serais heureux. Je me retirerais de sa vie, veillerais sur elle de loin, sans intervenir. Ce jour là, oui je serais heureux car cela voudra dire qu'elle a survécu et qu'elle pourra mener la vie qu'elle voudra. Elle me haïra mais elle sera en vie et rien n'est plus important que cela pour moi. Rien, ni personne !
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