Ma haine pour les deux organiques est temporairement brouillée par les difficultés techniques auxquelles je fais face. La remise à niveau de mes senseurs est anormalement lente. Pour faire court, ma vision est réduite à des niveaux de gris. Rien de plus. Aucun détecteur de chaleur, ni aucun de mes indicateurs de niveau de batterie, ou d’état de mes systèmes. Je me sens presque aveugle. En un sens, je dois voir comme un humain. Presque. L’avarie nécessitera de longues minutes de calibrage. Peut-être une heure.
L’androïde entre dans mon espace personnel. Je la dissuade d’un violent revers, qu’elle accuse sans la moindre émotion. Rosa, puisque c’est son nom, vient se lover contre moi, et avec beaucoup d’innocence, maintient mes mains dans mon dos. L’androïde est d’une force au moins équivalente à la mienne. Elle plante ses grands yeux liquides dans les miens, et murmure, à un niveau que seuls des synthétiques comme nous peuvent percevoir :
« Calme-toi. C’est une bonne maison. »
Elle verrouille ses lèvres sur les miennes en un baiser forcé. Sans doute pour m’empêcher d’aggraver mon cas. Je lâche un grognement sourd en sentant son corps synthétique se mouler au mien, et ses mains presser mes fesses. Je ne retourne pas l’effort. Pas question d’alimenter les espoirs que le Consul porte sur ma personne, et ma future « carrière » dans sa maison.
Je jette un dernier regard aux deux humains. Ignis. Ignis et Spurius. Je voudrais les voir morts. L’un comme l’autre. Mais pour le moment, je n’ai pas le choix. Je n’ai jamais eu le choix. Me laisser emmener, androïde diminué, incapable de fuir, et voir ce qu’il adviendra de moi.
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