Les jours suivant, j'avais du régler bon nombre de choses. Faire le tri dans les affaires de ma famille, voir ce qui je pouvais garder ou pas, et voir ce qui devais être revendu. Mon père avait peu d'argent. Il s'était endetté sans que je le sache pour m'acheter ma petite boutique. Je n'eus d'autre choix que de vendre la petite maison que nous possédions ainsi qu'à peu près tout ce qui s'y trouvait. Ainsi j'arrivais péniblement à régler tous les frais qui restaient en suspend. Il ne me restait plus que quelques affaires et mon magasin. J'avais choisis de conserver ma boutique plutôt que la petite maison où j'avais grandit car c'était là le dernier vœux de mon père. De toute façon je n'avais pas besoin de deux maisons, une seule me suffisait.
C'est aussi dans cette période que je rencontrais Tétris, une androïde que je ramenais chez moi et que je gardais à mon service. J'avais encore du mal avec son attitude si différente de celle de Senecca mais je faisais de mon mieux et elle aussi pour que nous parvenions à nous comprendre et à vivre ensemble. Elle m'aidait et faisait les livraisons et tous les travaux pénibles pour moi. Je m'en sentais coupable mais elle, elle en semblait heureuse au contraire. Je la laissais donc faire.
Je dus aussi répondre à la demande du consul Ignis qui voulait refaire tout son jardin. Je fis la connaissance de son frère, Proteus. Un jeune homme difforme et malheureusement attardé mais pour lequel je me prenais d'affection et lui aussi m'aimait bien. Nous avions travaillés ensemble pour refaire le jardin comme il en avait envie. Des fois cela n'avait pas été des plus simples mais au final, on avait fait une très bonne équipe et le jardin était magnifique.
Tous ces évènements me permirent d'oublier un peu ma douleur et ma souffrance. Celle-ci ne revenait que le soir quand je me couchais, quand je n'avais plus rien à faire si ce n'est attendre le sommeil plus ou moins réparateur selon les cauchemars que je ferais. Souvent je pleurais la perte des êtres qui m'étaient si chers. Alors je me rappelais la douceur d'un jeune homme aveugle qui avait eu la bonté de me recueillir et de m'aider autant par des paroles que par des gestes simples mais réconfortants. Je pensais tous les jours à lui et à sa gentillesse à mon égard. Cela me faisait toujours bien.
Je me rappelais aussi combien il aimait les fleurs. Il les aimait comme moi je les aimais. C'était bien loin d'être anodin. Nous avions une manière bien spéciale d'aimer nos plantes. Nous les aimions comme s'il s'agissait de vrais êtres humains. On les aimait d'ailleurs bien plus que si c'était nos semblables. J'avais l'impression de ne pas être comprise par les êtres humains jusqu'à ce que je le rencontre. Je ne savais si c'était pareil pour lui mais pourtant j'en avais l'impression. J'aurai voulu aller le voir, le revoir mais je ne voulais pas y aller les mains vides. Je voulais le remercier pour la nuit où il m'avait recueilli. Vu qu'il aimait les fleurs, le cadeau était tout trouvé mais je voulais quelque chose de spéciale pour lui, quelque chose d'unique.
Ces trois semaines me furent nécessaire pour arriver au résultat voulu ou espérer. J'avais fait pousser une fleur qui restait très rare à Rome, une orchidée. Et j'avais réussi à mélanger plusieurs couleurs pour parvenir à un très beau résultat. Je savais qu'il ne pouvait voir mais cela n'empêchait pas. Je savais qu'il verrait la beauté de ces fleurs à sa manière.
Satisfaite du résultat, j'attendais avec impatiente la fin de la journée. Une fois la boutique fermée et les consignes données à Tétris, je prenais le pot où ma plante vivait et me dirigeais vers la demeure de Caecilius. J'espérais qu'il serait chez lui et que je ne me dérangerais pas. J'aurai peut-être du lui envoyer un message ou le prévenir mais c'était un peu tard pour y penser. J'arrivais devant sa maison et toquait à sa porte, un peu nerveuse. Il avait dit qu'il serait mon ami mais peut-être que depuis cette nuit où nous nous étions rencontrés, trouvés, il m'avait oublié. Anxieuse, j'attendais que la porte s'ouvre.