par Caecilius le 24 Février 2013, 02:38
Je n’étais pas prêt d’oublier cette soirée, ça c’est sûr ! Elle avait commencé avec la visite de Clio, une visite inattendue, après tout je ne pouvais pas franchement être grand chose pour elle, moi qui avait simplement fait acte de présence à un moment douloureux de sa vie. Je m’étais sentis bien, à l’aise avec elle dès la première seconde mais je devais forcément savoir que ça n’était peut-être pas réciproque, comme je savais que quand quelqu’un entre dans notre vie à un moment douloureux, ce n’est jamais une personne qu’on peut associer à un possible bonheur. Alors j’avais dû entrer dans sa vie au pire moment possible, un moment où de toute façon je n’avais aucune chance de pouvoir construire quoi que ce soit avec elle, oui mais voilà, ça c’était finalement fait. Pas forcément de façon volontaire, je crois que nous étions tous les deux aussi perdus l’un que l’autre face à ce qui arrivait, à ce qui nous dépassait. Jamais je n’avais demandé à qui que ce soit le droit de voir cette personne et encore moins j’avais été du genre à venir embrasser une jeune femme que je connaissais juste à peine mais avec Clio, ça semblait tellement facile, tellement naturel. Je ne savais plus trop quoi croire, ni à quel Dieu je pourrai demander conseil, je suis plutôt maladroit en général avec les jeunes femmes mais j’avais l’impression de toujours trouver le bon mot, avoir le bon geste quand c’était avec Clio. Je m’étonnais moi-même et surtout je restais étonné de tout ce que j’osais faire, dire et ce à quoi je me risquais.
Comment tout cela allait encore pouvoir évoluer, comment allions-nous vivre ? Je me posais tellement de questions d’avenir que j’étais complètement en train d’oublier ce qui importait le plus, le moment présent. Cela semblait si simple, ça semblerait sans doute si simple à n’importe qui d’autre mais à moi, ça me semblait compliqué, j’avais l’impression d’être en plein dans un parcours du combattant, j’avais peur de gaffer, d’avoir un mauvais mot, pire un mauvais geste. Comme ce baiser plus osé, n’aurais-je pas dû l’éviter ? J’avais eu envie d’y goûter, un « french kiss » comme on le faisait en France autrefois. Je « lisais » trop. Oui un aveugle qui lit, mais j’aime rester assis à écouter tandis qu’on me lit un livre, un roman ou une oeuvre plus intellectuelle d’ailleurs. Non je ne proposerai certainement pas ça à Clio ce soir, j’avoue que l’idée de me retrouver dans ce canapé où nous étions il y a quelques semaines, elle contre mon corps, m’emballait plus. Juste à la sentir contre moi et pourquoi pas à commencer à rêver ensemble des jardins et ce que nous allions en faire. J’étais donc en train de devenir un doux rêveur amoureux et cela me plaisait, pourvu que ça soit aux côtés de ma belle Clio.
Lorsque j’avais ouvert mon coeur et mes pensées, j’avais été parfaitement sincère, je pensais à elle, j’avais pensé à elle, sans doute méritait-elle de le savoir mais je taisais la raison un peu honteuse de notre rencontre. C’était quelque part un intérêt égoïste qui m’avait mené à elle, les fleurs qu’elle faisait pousser en un chemin derrière elle, le fruit apparemment de ses larmes. Je préférais qu’elle l’ignore, je n’en étais pas fier, je préférais qu’elle imagine la belle petite histoire de celui qui volait à son secours comme ça, sans raison. Bien sûr que c’était finalement ce que j’avais fais mais sans les fleurs pour me guider à elle … peut-être que je serai passé à côté d’elle. Peut-être oui. Alors ses mots enflamment mon coeur d’une chaleur si douce et agréable que j’ai peine à la croire vraie, je ne la mérite peut-être pas mais c’est tellement, tellement agréable.
- Je suis désolé pour ton père, Clio. Tu sais, si tu voulais que je sois là avec toi pour l’enterrement, tu n’aurais eu qu’à demander.
Oui, comme ce soir-là, sans hésiter un instant je serai venu avec elle, sans même que ça ne soit de ce que je ressentais mais pour être là, à ses côtés, qu’elle sache que quelqu’un est là pour elle, un ami puisqu’elle semblait si inquiète de ne pas en avoir. Elle en avait désormais un. Même un peu plus qu’un ami. Ses doigts sont doux et chauds, je les caresse doucement avec les miens tout en entendant cette déclaration qui me laisse sans voix. Je souris, un petit sourire bienheureux, le genre super niais qu’on ne se rend pas compte qu’on affiche, le genre qui prouve que les mots qu’on vient d’entendre nous touche. Je n’eus pas d’hésitation à lui répondre doucement, comme si le dire fort aurait pu être dangereux :
- Moi aussi je t’aime, Clio.
Je l’avais dis et je n’en revenais pas de l’avoir fais. Je n’avais jamais cru à tout ça, le coup de foudre et tous ces trucs, Venus qui vient insuffler l’amour entre deux inconnus, j’avais toujours pensé que c’étaient des romances exagérées mais là j’en étais témoin et j’en avais la preuve. Je n’oublierai pas de remercier la Déesse de l’amour pour ça. Je m’inquiétais un peu de la suite des évènements, Clio avait besoin de signe d’affection, de preuves, non que je ne veuille lui en donner loin de là, mais comment savoir lesquelles seraient les bonnes et lesquelles ne le seraient pas ? Ca m’inquiétait, être maladroit, mal faire, la blesser. Me levant sans lâcher sa main pour autant, je contourne habilement la table pour venir quêter un léger baiser sur ses lèvres avant de me rassoir face à elle. Le repas se termina sans que nous lâchions nos mains, après tout une omelette ce n’est pas vraiment difficile à manger à une main. Et puis j’eus un peu peur qu’elle ne s’enfuit, je ne pensais pas qu’elle le ferait mais une petite partie de moi avait encore peur de se réveiller soudainement de ce merveilleux rêve. Aussi c’est avec le sourire que je proposais :
- Aimes-tu lire ? Je pense que tu te doutes que les écrits me donnent quelques légères difficultés mais j’ai toujours aimé lire. Enfin façon de parler. Plutôt quelqu’un qui me fait la lecture. J’ai beaucoup de vieux livres, des romans, des contes, des nouvelles. Je suis sûr qu’avec ta voix pour les raconter ils seront encore bien plus merveilleux qu’avec la voix d’un autre. Si tu as envie bien sûr, sinon on peut faire … ce que tu as envie. Ou si tu préfères rentrer je … il se fait tard et … c’est comme tu veux.