par Thalie Helvius le 15 Novembre 2012, 14:36
Si j’avais trouvé l’idée géniale, excellente, surtout en ce temps d’incertitude, de crise, la soirée semblait échapper progressivement à tout contrôle. Je ne suis véritablement pas une proche de Sylvia, je la connais à peine, mais j’imagine sans grand mal que son souhait en imaginant cette fête, ne correspondait pas à ce qui se déroule ici, en cet instant, en ce lieu sacré qu’est le Temple de Vénus. Notre déesse doit pester de colère en nous observant en cet instant, depuis l’Olympe. Si je respecte la dévotion de tous, ici en ce monde, je ne peux permettre pareil affront, manque de respect au sein même du lieu qui symbolise si noblement ma vie, mes croyances, mes convictions. Entre le Consul qui anime la soirée avec ce spectacle tout à fait impressionnant et Tiberius qui fait une entrée fracassante, je crois que chacun oublie l’origine, la fonction du lieu qui les accueil en cette nuit. J’aurais cru Tiberius plus malin que cela, mais je comprends son intervention. J’ai salué beaucoup de monde, offert des sourires à des romains que j’étais contente de voir ici ce soir. Beaucoup ne sont pas des habitués, des familiers du Temple, de ses adeptes. Chacun est libre de ses croyances. Nous serons seule le jour de notre mort, face à nos juges de toute façon. Il nous faut agir en cette vie, en notre humble conscience. Mais là, tout ceci va beaucoup trop loin. Je m’approche des musiciennes d’un pas rapide, furieuse de la tournure des évènements. Je ne suis pas Grand Prêtresse, j’ai écouté, respecté le choix de Festus quant à son souhait de voir Lucretia prendre cette fonction. J’ai participé à un mensonge, pour le bien des adeptes de Vénus alors que Tiberius était mort. J’ai bu du poison en découvrant son corps et plus encore quand celui-ci est venu me rassurer, après avoir cru qu’il valait mieux m’écarter de son plan. J’ai beau être une prêtresse proche des novices, des autres prêtresses et prêtres de Vénus, de ses adeptes et de la déesse elle-même, je crois n’être en rien une simple potiche ou gourdasse…
"ARRETEZ LA MUSIQUE !!!! ARRETEZ TOUT !"
Des regards surpris, intrigués se tournent vers moi. Je suis trop en colère pour respecter l’étiquette, le protocole pompeux et totalement absurde, inutile en cet instant. Tout le monde semble ignorer les règles de bienséances, de politesses, le respect du à la déesse que je sers, que je représente. Je lance un regard furieux à la musicienne qui anime le groupe d’artistes venus animer la soirée pour réclamer séance tenante le silence de sa part. De plus en plus de personnes se tournent vers moi. Ce soir, je me suis faite discrète. Je n’étais pas à l’origine de cette initiative, de cette fête, j’ai laissé faire. J’ai trouvé l’idée amusante, sympathique. Une fois encore, j’ai voulu penser au bien être des romains avant tout. Je suis trop naïve, imbécile heureuse qui pense que les romains ont besoin de notre aide, notre soutien en ces temps difficiles. Ils ne sont pas différents des bêtes sauvages qui menacent les remparts de notre Cité. Malgré les gardes, les morts dans leurs rangs, elles continuent inlassablement à attaquer, toujours et encore, avec la même hargne, la même fureur. Les romains me donnent cette impression. Ils sont inconscients de ce qui se trame au sein même de la Cité, préférant toujours et encore s’amuser, créer le trouble. C’est un peu un sentiment contradictoire que j’éprouve là. J’ai toujours été la première à vouloir faire la fête, fuir le quotidien en ne pensant qu’à l’amour, au bonheur, m’oubliant dans quelques ébats charnels passionnés. La politique n’a jamais été mon fort, je dois bien l’avouer. Tiberius a toujours été là pour assurer la pérennité de notre Temple…
"Pour qui vous prenez vous tous ici ? Vous êtes gracieusement invités à cette soirée, au sein même du Temple de Vénus, déesse de l’amour. En ces temps de crises, Sylvia vous a offert le temps d’une soirée, la possibilité d’oublier un peu les dangers qui nous entourent, ceux qui se profilent à l’horizon, les malheurs qui peuvent frapper nos proches, à chaque instant. Et vous, vous venez ici pour vous repaître comme des animaux, sans aucune once de respect pour notre déesse ?! De quel droit vous vous permettre pareil outrage !? Parce que votre dévotion, vos prières sont destinées à un autre dieu de l’Olympe, cela vous donne le droit à tout ici ? NON !"
Ici, c’est ma maison, mon lieu de vie, là où j’ai grandit, où je possède d’excellents souvenirs. Un lieu que je ne voudrais quitter, de moi-même, pour rien au monde. Bien sur, si Vénus venait à exprimer un souhait contraire à ce que je souhaite pour moi, alors il va s’en dire que je serais la première à lui obéir. Ma dévotion est totale pour elle. Mais je ne peux permettre pareille injure. Peut-être que ma réaction est exacerbée oui, peut-être que Tiberius viendra me faire la morale, cela est très même sur à vrai, peut-être que je blesse en cet instant Sylvia et toutes celles qui l’ont aidé à organiser cette soirée. J’espère que je saurais m’excuser auprès d’elle comme il se doit. Lucretia, en tant que Grande Prêtresse, n’appréciera pas mon intervention. Nous devons savoir rester à notre place. C’est un manque de respect évident pour sa fonction, j’en suis consciente. Mais trop c’est trop…
"Vous n’êtes pas dignes en réalité de jouir des bienfaits que l’on souhaitait vous offrir. Tiberius, quelle entrée fracassante. Tu as toujours su improviser des entrées qu’on n’est pas prêt d’oublier. Celle-ci est celle de trop à mon avis. Consul Prometheus, pouvoir fascinant et oh combien impressionnant. Merci pour votre offrande envers notre déesse. Votre tenue est tout à fait appropriée, rassurez-vous. Vous n’êtes vêtu comme tous lors de notre venue au monde. Il n’est de plus sincère et authentique tenue. Combien d’entre vous ont pensé à remercier notre déesse pour cette soirée, cet instant ?"
Je cherche Justina du regard. Je vais avoir besoin d’elle d’ici très peu de temps. Je sens les larmes me monter aux yeux, mon corps est parcourut de frissons, je tremble comme une feuille. Symptômes évidents dus à mon stress, ma colère…
"Que Vénus me pardonne mon intervention, mon manque de respect envers notre Grand Prêtresse, notre Grand Prête revenu d’entre les morts et surtout, envers Sylvia qui s’est donnée tant de mal pour organiser dans le secret cette soirée, mais je préfère encore vous quitter que d’assister à cette farandole grotesque, irrespectueuse. Que chacun prenne ses responsabilités. Amusez-vous bien."
J’ai mise au pied du mur ceux qui recherchent le pouvoir, les responsabilités, les titres mais qui n’assument pas leur rang et surtout, les devoirs qui en découlent. Je n’ai jamais cherché le pouvoir. Je vis et me laisse guider dans ma vie pour satisfaire toujours un peu plus la déesse Vénus. J’adresse une légère inclinaison de buste à Tiberius, puis à Lucretia qui reste ma supérieur pour le moment, puis, je tourne le dos à l’assemblée, sans aucune gêne, ni once de remords, avant de m’engouffrer dans le couloir qui mène à mes quartiers, afin de m’y enfermer. La soirée peut bien se passer comme elle se passera, ils peuvent bien mettre le feu au Temple, je n’en ai cure désormais. Je périrais s’il le faut dans l’incendie, mais je ne sortirais pas de mes appartements avant le lendemain, j’en fais le serment.