Le temple avait perdu le contrôle de cette soirée. Hospitalité, générosité et ferveur devaient être les maîtres mots de cette cérémonie. Intérieurement, je me réjouissais du fiasco de cette réception. Le temple de Venus venait de perdre des adeptes. Les romains allaient prier d’autres dieux et les prières se répartiraient entre Pluton et Jupiter, Minerve n’étant guère appréciée des vénusiens.
Malheureusement, Pluton serait de la partie. J’aimerais le voir second et Jupiter retrouver sa gloire passée. Même s’il m’arrivait souvent de prier Pluton, je n’éprouvais nulle envie à ce que le changement de rang ne s’éternise. J’appréciais le côté sombre de ce dieu, j’appréciais également les protections que les gardes apportaient à Rome. J’étais convaincu que la vie ne serait pas si florissante sans lui. La dangereuse tentation des enfers et mes remerciements étaient les raisons premières de mes prières. Mais au fond de mon coeur, j’étais jovanienne. Je voulais que les androïdes restent des esclaves et voter une loi pour que ces programmes sans âme soient réinitialisés chaque semaine. La rebellion disparaîtrait définitivement ainsi. Je voulais également que le bas-peuple reste pauvre et que je jouisse de mon pouvoir à ma guise, de tout le pouvoir. Néanmoins, les jovaniens perdaient année après année des sièges au Sénat.
Mettius avait été particulièrement brillant. En sélectionnant des sénateurs de Minerve et de Pluton dans le corps expéditionnaire, il nous avait permis de ne pas perdre notre majorité au Sénat. Même si je n’y croyais guère, le corps pouvaient revenir à Rome. Alors, l’échec de cette réception devait me servir. Je regardais et notais le nom de certains hommes et surtout de certaines Dame de haut rang qui avait été salie dans cette réception. Je ne manquerais pas d’aller les voir et de glisser quelques gouttes de venin dans leur dévotion pour Venus. J’alimenterais discrètement la discorde envers ce culte et rapatrierait ses âmes égarés pour Jupiter.
Nox vint gifler Tiberius, alors je m’écartai discrètement du podium. Je ne voulais qu’aucune violence ne me touche. J’allais quitter les lieux, mais rien n’eut d’égal que le spectacle offert par Prometheus. Il s’agenouilla devant la statue de Venus et se mit à prier Jupiter. Quel délice ! Je m’approchai d’une table au pied de laquelle j’avais entr'aperçu une toge. Elle était souillée et déchirée à l’épaule. La broche la retenant à son ancien propriétaire avait été brisée. Je ne savais pas où étais passé son propriétaire, mais apparemment, il avait décampé. Je retirai une épingle de mes cheveux et la noua sur la toge. La réparation de fortune ne tiendrait pas longtemps, mais je m’approchai du Consul.
Il était penché près d’une femme pour l’aider à se relever. Je m’accroupis à leur côté et tendis la toge à Prometheus.
« Cher consul, si vous souhaitez relever une femme sans la faire rougir, je vous invite à enfiler cette toge.»
Un sourire se dessinait sur mes lèvres alors que je le laissai disposer de la toge à sa guise. Je me redressai en aidant la jeune femme, la fille d’un sénateur jovanien. Je souris simplement et ne demandai pas mon reste.
Il était temps pour moi de quitter les lieux. Je ne voulais pas que mon nom soit souillé par cette catastrophique réception. Profitant de l’incompréhension ambiante, je décidai de me retirer discrètement. Les romains commenaçaient à recouvrer les esprits. J’aimerai savoir ce qui s’était tramé ici. Je ne cherchais pas les coupables pour les faire juger. Je tenais principalement à éviter que cela ne se reproduise lors d’un culte offert à Jupiter. J’enverrai quelques hommes de main enquêter, recueillir des informations. Peut-être même devrais-je rencontrer Tiberius, Thalie ou Sylvia. Après tout, je pourrais prétendre vouloir leur présenter des excuses pour ma remarque sur Pluton et en profiter pour comprendre ce qui avait délicieusement ruiner le travail de notre hôtesse.