[E4] La chute d'un ange. [Event]

[Katla Buskvej]

Je ne comprenais pas tout. J'étais... Où ? Visiblement dans un transport léger. Alors que j'ouvrais les yeux, et que les capteurs optiques sortaient de veille, je voyais des lumières clignotantes, floues, troubles. J'entendais aussi des bruits, comme des alarmes aiguës et désagréables, mais lointaines, comme si elles résonnaient à des centaines de mètres d'ici. Si, ça y est, je sais... La Citadelle a explosé. J'ai pu fuir avant qu'Andrew ne comprime le réacteur à l'extrême... Oui, il voulait créer un pulsar, ce gros débile. C'est pas possible, comment est-ce-qu'un type qui a plus de 500 ans et une éducation aussi avancée avait-il pu avoir une idée aussi imbécile ?

Je savais bien comment. La peur. La peur l'avait envahi, il avait craqué nerveusement, cédé à la panique... La pire des conseillères, lorsqu'il s'agit de prendre une décision cohérente et stratégique.
Ma vision devenait moins trouble. Le fait qu'elle soit trouble ne venait pas de dégâts sur les capteurs optiques : mes "yeux" fonctionnaient très bien. Non, c'était le choc de l'explosion qui m'avait assommée, et rendue confuse. Maintenant que les choses s'éclaircissaient, je comprenais mieux les lettres clignotantes et les alarmes en tous genres : le transport était endommagé. Rien d'étonnant. La réserve d'hydrogène du réservoir droit était perforée, et du plasma brûlant à des dizaines de millions de degrés s'en échappait dans une fumerolle aux hypnotisantes couleurs pourpres.

Bon. Rester calme, et voir ce que donne la situation : où est-ce-que je suis, qu'est-ce-que j'ai, et où dois-je aller. Il fallait que je réponde à ces questions en priorité.

Je suis, selon les cartes, déjà à plus de 400 kilomètres au sud de la Citadelle. La propulsion plasma permet d'atteindre des vitesses extrêmes et de couvrir d'immenses distances en une courte durée. Selon le timer de vol, j'avais décollé il y a moins d'une heure. J'entrais dans les zones inexplorées du continent : tout ce que j'avais, c'était des images du satellite Genova, que l'on avait mis en orbite il y a pas loin de 90 ans pour voir si d'autres civilisations avancées avaient survécu... Mais pas de résultat. Genova n'avait pas détecté de fortes lumières, d'ondes radio, ou autres. La seule chose de récupérée fut un plan précis du continent, mais aucun membre de la Citadelle n'étais jamais venu par ici.

Ensuite, qu'est-ce-que j'ai... Je me retournai pour vérifier les réserves, et les nouvelles n'étaient pas brillantes. Un Survipak (sur lequel il était inscrit "Cюpвыпак"), une lance plasma de défense, et un pack d'hydrogène vide. Saisissant le Survipak, j'en observai alors le contenu : deux piles à hydrogène compatibles avec mon corps. Bien. Une tablette de contrôle. Bien. De la nourriture. Ca, j'allais m'en servir dès maintenant. Extrayant une ration d'urgence du pack, je me mis à grommeller... Ces rations n'avaient pas le meilleur goût, en fait il était recommandé de ne pas en consommer pendant plus d'une semaine aux risque de déprimer sérieusement.

Tout en ingurgiteant la partie liquide de la ration, une sorte de gel nutritif contenant tout ce dont le cerveau a besoin, je me penchai sur la dernière question : où vais-je aller ? Au sud, évidemment... Mais à quel endroit, je l'ignorais encore. Peut-être...


Je me réveillai alors. Que s'était-il passé ? J'avais une ration vide entre les mains... J'étais retombée dans les vappes encore une fois, visiblement j'étais moins en forme que je ne l'imaginais au départ. Où étais-je ? J'avais parcouru plus de 1400 kilomètres. J'étais restée endormie pendant 1000 bornes entières ?
Les systèmes étaient en alerte générale : l'hydrogène était quasiment vide et j'étais déjà en train de perdre de l'altitude... De ce que je voyais j'étais en plein milieu d'un foutu désert de merde et il n'y avait aucune trace de civilisation. J'allais vraiment m'écraser là, à cet endroit-ci, perdue en pleine pampa au sud du continent ?

La fumerolle qui m'avait presque hypnotisée avait disparu. Les deux réservoirs étaient véritablement vides, et je dus me rendre à l'évidence : il fallait abandonner le navire.
Sauf que. Bien entendu, comme toujours, rien ne marchait comme prévu... Le système d'éjection était bloqué : la jolie fumée de plasma ardent que je trouvais si poétique avait touché le cockpit, et avait soudé une partie de celui-ci... Impossible de l'ouvrir.

- АХ, МИН ФЮК ДЫГ !!! criai-je à l'attention de l'écran. Je savais bien que la grossièreté n'aiderait pas, mais ça ne faisait de mal à personne au fond.

La seule solution était d'éjecter les réservoirs d'hydrogène pour les laisser continuer, et laisser la cabine s'écraser en l'orientant vers le bas.
En moins d'une minute, les sécurités furent retirées, et les deux "ailes" furent éjectées des deux côtés dans un bruit métallique alors que le reste du transport se dirigeait vers le bas... Le sol s'approchait, j'utilisais les rétrofusées pour manoeuvrer et rendre la chute moins dure, à priori ça allait bien se pass...

Ma concentration fut interrompue par une scène pour le moins surprenante... Mais c'est quoi, ça ? Des péquenauds à cheval ?

La cabine heurta alors le sol, me renvoyant une nouvelle fois dans les limbes de l'inconscience, alors que mon crâne métallique heurtait avec brutalité le côté du cockpit.

[Caius Aquilius]

Le désert s'est réveillé. Depuis que nous nous sommes dirigés vers ce qui est tombé depuis le ciel dans le désert, les créatures monstrueuses vivant en ce lieu se sont réveillés. Il s'en ai fallu de peu chaque jour passant que l'expédition finisse en un échec retentissant. Le moral des troupes chute et je commence à croire que seule la mort nous attend au bout de ce périple.

D'autant que mes pensées vont à Rome. Les révélations de Maximus m'ont touché au plus profond de mon cœur, le perçant comme un poignard. Pourtant une partie de moi espère que ce que j'avais mis en place avant mon départ, ce subterfuge pour cacher ma femme si les choses se passaient mal. Mettius a fait une erreur en s'attaquant ainsi à moi et je compte bien lui faire payer à mon retour.... Si toutefois je reviens....

Nous ne sommes pas loin du mystérieux objet à présent. Au matin, des scorpions géants ont attaqués une nouvelle fois l'expédition, faisant une nouvelle poignée de morts parmi les moins expérimentées des soldats. Les tactiques mises en place, la compétence des officiers présents ont toutefois eu le mérite de limiter les pertes dans les rangs.... Mais un mort reste un mort et je ne peux que compter chaque jour les pertes dans la jeunesse romaine à cause de la seule folie d'un homme.

Le hasard a voulu que l'objet soit tombé sur le chemin de la carrière figurant sur les cartes.... Le hasard ou la volonté des dieux en fait. J'ignore ce que ces derniers veulent nous dire ainsi mais la chose doit être d'importance au vu de l'importance de ce signe divin...

J'ai fait établir le camp à quelques centaines de mètres de l'engin, après que les membres les plus éminents du contingent de Jupiter m'est certifié qu'il n'y avait pas de risque de contamination par un mal quelconque... Je me souviens de récits du passé parlant de mystérieuses maladies dues à la présence de certaines radiations.... Mon percepteur, Sapiens y faisait parfois allusion.

Debout sur ma monture, en haut d'une dune, portant fièrement mon armure, j'attends que les éclaireurs que j'ai envoyé reviennent me faire leurs rapports. Ces derniers d'ailleurs ne tarderont pas à faire leur apparition, leur officier s’arrêtant devant moi pour faire son rapport :

L'objet semble ne présenter aucun danger Préfet. Il est fait de ce même métal étrange que celui que le consul Maximus a récupérer dans le désert. Nous n'avons rien vu de particulier mais...

L'homme s'interrompt alors me fixant comme si il hésitait à me dire la suite. Puis montrant du doigt une jeune recrue présente rajoute :

Lucius ici présent prétend qu'il a vu une femme dans l'engin.... Conformément aux ordres donnés, nous ne sommes pas aller plus loin que les abords de la structure.

Une femme ? Mes sourcils se haussent alors que j'entends déjà mes officiers commenter la chose.... Qui est donc cette inconnue tombée du ciel ? D'où vient-elle ? Je ne tarde pas trop toutefois à donner mes consignes pour la suite des opérations....

Qu'une expédition composée de savants, de médecins et d’androïdes aillent à l'objet pour récupérer ce qu'il y a à recuperer. Un contingent de soldat de pluton les accompagneront pour les protéger. Si la femme vu par Lucius s'avère être plus qu'une illusion qu'elle soit soignée et amenée dans ma tente. Veillez à ce qu'elle n'ai que le minimum de contacts avec les hommes jusqu'à ce qu'on en sache plus. Si le consul Maximus souhaite accompagner l'expédition, il y est autorisé bien sur.... J'ai cru comprendre que le métal l'intéressait.

L'échantillon tombé non loin de son combat contre les tigres est une preuve plus que suffisante de l’intérêt du colosse pour ce minerais venu d'ailleurs. Un métal bien plus solide que celui que nous possédons à Rome pour construire armes et outils.

Les ordres sont donnés et les officiers responsables des troupes désignées commencent à organiser le départ. Je sais que nombre d'hommes auraient voulu y aller mais je ne peux permettre que l'armée se déplace comme une horde barbare sans discipline.

Quand aux hommes de Minerve, la sécurité du camp et des civils restants leur aient confié. Je passerai inspecter chaque poste de garde dans la soirée.

Tenir les hommes aptes et prêts à toutes éventualités, ne pas les laisser baisser leur vigilance..... Je ne sais ce que nous réserve le futur mais je tiens à revenir avec le maximum d'hommes... Des hommes qui auront fait un voyage dont on fera une légende.

Quand à moi, je reste sur cette dune à observer l'engin au loin.

[Titus Acilius]

Les gardes de Pluton étaient sur leur qui-vive, le désert avait changé. Ils ne savaient pas comment, ils ne savaient pas pourquoi, mais ils le savaient. Il y avait quelque chose dans l'atmosphère qui prédisait quelque chose de vraiment très dangereux. Ils avaient côtoyé la Mort et les Enfers depuis leur plus jeune âge et même les vieux de la vieille ressentaient dans leurs articulations un vent méchant qui se levait. Titus n'avait pas tardé à faire doubler la garde, à épier le moindre petit grain de sable qui s'envolait au vent. Une bestiole pouvait toujours surgir de dessous la mer dorée, de derrière un arbre mort, de derrière un tas de cailloux. Ils étaient vraiment loin de Rome, le retour ne serait que plus éprouvant. Souvent, le Centurion des Portes de Pluton fixait l'horizon, loin derrière eux. Les bestioles étaient loin d'être idiotes, si loin des renforts, elles ne feraient qu'une bouchée des quelques milliers d'hommes et de machines. Il était si facile de briser l'espoir et le courage des humains, il ne fallait que quelques morts, un manque de vivre et le sentiment d'abandon. Titus ne désespérait pas, loin de là, mais il était objectif. Sans aide, défiant les dieux, se méjugeant de Pluton, les romains ne courraient qu'à leur propre perte. Il fallait rentrer.

* * *

Et puis, une nuit, la première attaque avait surpris les gardes de Pluton et pratiquement terrifié les Soldats de Minerve. Ah, ils étaient loin de l'arène, des exercices, des entrainements, des faux-semblants. Oui, les Plutoniens s'étaient rassemblés rapidement, les morts avaient été du côté des hommes de la déesse guerrière. Le lendemain, il y eut une nouvelle attaque, des scorpions aussi vicieux que les scarabées, mais la hargne et la rage en plus. Il y eut encore des morts. Il y eut des actes de bravoure, dans les deux camps. Il y eut du sang.

* * *

Finalement, le Corps s'était arrêté, le Préfet en avait donné l'ordre. A l'arrière garde, Titus ne savait pas pourquoi, on n'avait pas daigné informé les Gardes de Pluton de ce qu'il se passait devant, alors il attendait, maudissant les Minerviens de leur incapacité à calmer leurs ardeurs et leur honneur. Finalement, un ordre fut lancé. Quelques hommes devaient accompagner un détachement alors que les autres devaient installer leur camps. Dans les rangs des Plutoniens, rien ne fut dit, mais déjà une dizaine d'hommes se regroupèrent autour de Titus et ce dernier se dirigea vers le front, vers le carnage de taule et de métal qui s'était abattu dans une lumière aveuglante quelques temps plus tôt. Les autres Gardes des Portes, loin de chez eux, se mirent à construire quelques tentes et à ménager leurs forces. Ils n'allumèrent aucun feu, firent le moins de bruit possible, limitèrent l'éparpillement. Ils connaissaient suffisamment le désert pour savoir que les bestioles ne resteraient pas sans rien faire, pas quand ils étaient immobilisés et à bout de force. Remontant les hommes, Titus s'aperçut que le moral était loin d'être au beau fixe et il fronça les sourcils. Ce n'était pas bon pour l'expédition, pas bon du tout.

* * *

Pendant plusieurs heures, les savants avaient fouillés les décombres, les médecins étudièrent le corps du survivant, les androïdes rapportèrent certaines pièces métalliques dans le campement tandis que les gardes de Pluton veillaient sur eux. Mais aucune attaque ne se fit. Quand les gardes furent renvoyés à leurs pénates, Titus apprit que le Préfet passerait inspecter le poste. Il devait lui parler, même si cela ne lui plaisait pas. Il n'aimait pas se montrer, il était un fils de Pluton, pas un enfant de Minerve, il devait rester discret, mais il n'avait pas le choix.

* * *

Il se redressa, quittant le rondin sur lequel il était assis quand Caïus s'approcha. Le Centurion le salua et dans un geste purement protocolaire présenta son avant-bras, paume vers le ciel. Geste ancestral prouvant qu'il ne portait pas d'arme et qu'il allait parler ouvertement. Quand l'homme en face de lui fit de même, Titus serra entre ses doigts l'avant-bras de Caïus et attendit que le geste venant de son supérieur hiérarchique soit identique. Ainsi rapproché, le Centurion indiquait que les paroles qu'il tiendrait seraient sans mensonge, mais surtout qu'elles n'étaient pas destinées à tout ceux autour d'eux.

- Praefectus, le camps des Gardes de Pluton est établi selon vos ordres, les sentinelles n'indiquent aucune menace pour le moment.

A la fin de ses mots, il aurait dû lâcher le bras du fils de Neptune, mais ses doigts restèrent en place et il ne tarda pas à reprendre, de sa voix impassible, de son regard des plus sérieux.

- Sauf votre respect, Praefectus, nous sommes à des jours de marche de Rome. Les hommes craignent la colère des dieux, leurs forces diminuent et plus nous avancerons plus leur moral chutera. C'est un cercle sans fin qui n'arrêtera pas de nous consumer.

Il ne parla pas des on-dits qui grossissaient, mais qui concernaient tous ce drôle de métal, les bruits étranges et la supposée présence d'une femme dans les décombres de l'appareil écrasé. On avait pas tenu de le prévenir ou de le mettre au courant, ce n'était pas ses affaires, il n'en parlerait donc pas. Mais il devait faire entendre raison à Caïus, quitte à devoir s'expliquer sur la prémonition de Pluton.

[Katla Buskvej]

Me voilà de retour parmi les vivants... J'étais encore confuse. Autant dire que m'évanouir en permanence commençait à sérieusement me lasser, mais pour l'instant j'avais d'autres priorités. Des bips partout, d'alerte manifestement, un manque total de lumière naturelle, voilà ce qui constituait mon environnement immédiat. Bon... Où suis-je, qu'ai-je, et où dois-je aller.

Je suis encore dans le cockpit du transport. Manifestement, il n'a pas été détruit par l'impact, même si j'ai pris un sérieux coup. Selon l'horloge de l'ordinateur, j'étais restée inconsciente plusieurs jours, une nouvelle fois. Je me sentais particulièrement faible, et avais du mal à bouger... Malnutrition. Rester dans les vappes pendant deux jours sans manger a tendance à provoquer ce genre de chose. Mais avant tout, je devais continuer mon état des lieux. La vitre du cockpit avait tenu, même si quelque part ce n'était pas une immense surprise : c'était un alliage de verre métallique conçu justement pour résister à tout et n'importe quoi, ou presque. D'ailleurs, je ne serais pas en mesure de casser le verre pour pouvoir sortir de là.

La vitre avait en tout cas souffert : il y avait des traces de carbone partout dessus, en plus d'une épaisse couche de poussière ayant recouvert le tout. Je ne voyais pas grand chose à l'extérieur, que des formes et des ombres, mais vu la couleur de cette poussière, j'étais dans le désert que j'avais repéré lors de mon vol. Il semblait y avoir... quelque chose dehors, mais j'aurais eu bien du mal à dire quoi. Pour conclure, l'ordinateur de bord indiquait un manque de puissance : sans les réserves d'hydrogène principales, que j'avais éjectées, il ne restait qu'une batterie de secours à la durée de vie très limitée.

Bon. Mon était des lieux était fait. Maintenant, qu'est-ce-que j'ai. Hé bien, toujours la même chose. D'abord le Survipak, parfait. Saisissant une autre de ces infâmes rations, je m'empressai de me goinfrer avec et autant dire qu'après autant de temps sans rien avaler, même cette gelée nutritive insipide avait l'air d'un festin. Le concentré de nutriments fut digéré à très grande vitesse par le système artificiel, conçu de divers filtres chimiques complexes, avant d'arriver au cerveau... J'avais déjà l'esprit plus clair.
J'avais aussi la lance à plasma. Parfait. Voilà qui répondrait à la question "où vais-je aller".

Je ne pouvais pas éjecter le verre, vu qu'une partie de celui-ci était soudé au reste de la carlingue, mais en utilisant la lance, je pourrais me débarrasser de ce problème assez facilement. La Lance à Plasma, formée d'un très long manche au bout duquel se trouvaient trois pointes, était conçue pour normalement projeter des petites billes de plasma d'un centimètre de diamètre environ. Les trois pointes au bout étaient des rails magnétiques, pouvant aussi servir d'arme de mêlée en cas d'urgence. Mais il était possible de régler les rails pour que le plasma soit concentré au bout de la pointe principale, et l'arme devenait subitement une Torche à plasma extrêmement efficace pour découper des métaux.

Me saisissant de l'instrument en grommelant, parce qu'autant le dire, je n'étais pas dans une humeur radieuse, je commençai alors le découpage. Des étincelles se retrouvèrent projetées, alors qu'un son aigu se faisait entendre simultanément. Il fallait juste que je découpe la partie soudée, et le reste serait extrêmement facile.

En à peu près trois minutes, je parvins à dégager la partie bloquée du cockpit. L'ordinateur de bord m'indiqua gracieusement -trop aimable !- qu'il était maintenant possible d'éjecter la vitre. Visiblement, elle serait éjectée sur le côté par contre, vu que quatre des explosifs visant normalement à projeter l'alliage transparent vers le haut avaient été endommagés par mon petit atelier de soudure... Rien de très grave.
Je pris soin de désactiver mes oreilles histoire de ne pas devenir sourdingue à cause des explosions, et tapotai la commande d'urgence sur l'écran tactile. Ni une, ni deux, huit détonations sèches et extrêmement sonores se firent entendre, résonnant dans le désert, alors que la cage dans laquelle j'étais se retrouva envoyée à une dizaine de mètres sur ma gauche.

Ravie de pouvoir enfin me tirer, j'aggripai le Survipak et la lance avant de commencer à sortir, quand soudainement, avant même que je ne puisse observer ce qui m'entourait, j'entendis divers "bips" désagréables. Il s'agissait manifestement du radar, qui s'affolait et indiquait l'arrivée rapide de multiples formes de vie... Probablement des bestioles attirées par les explosions. Génial. Il ne manquait plus que ça.

- Наш, дёт eр икке са алфорликт !

[Maximus]

Maximus n'a pas connu le premier épisode de cette traversée du désert. Il fut surpris d'apprendre que les créatures n'avaient pas attaqué une seule fois le corps. Il cherchait vainement les raisons du calme du désert. S'il ne trouvait de réponses à cette question, il remarquait l'effet néfaste sur le moral des troupes. Les premières créatures furent rapidement mises en déroute, mais les attaques suivantes se firent plus meurtrières. En retrait, Maximus observait le comportement des soldats, des gardes et des divers corps en charge de l'intendance. Il prit la tête de certaines ripostes pour motiver les troupes et aider Caius en prenant le contrôle de certaines colonnes. Avec sa force brute, il choisissait toujours les troupes qui faisaient front et se plaçaient toujours en avant poste pour qu’on le suive. Le résultat fonctionnait bien mais suffiraient peut-être pas. Quoi qu’il en soit, les adeptes de Minerve se montraient désormais plus prompts au combat.

Pour cette mission, ne pouvant se forger d'armure à sa mesure, il décida de privilégier la rapidité et la légèreté. En dehors des combats, il portait une toge couvrant ses bras avec une capuche pour le protéger du soleil. Mais pour cette virée, il ne voulait gêner ses mouvements et sortit donc torse nu de sa tente. Deux bandoulières entouraient ses épaules et se croisaient dans son dos et sur son torse. il portait deux glaives dans le dos et une épée à la taille. Mais dans sa main droite, il tenait ce fameux marteau à deux mains qu’il brandissait au combat. Ses bras puissants lui permettaient de s'en servir d'une seule main. Ainsi, son autre avant-bras portait un bouclier aux armoiries de Caius. Sur les jambes, un simple pantalon de cuir, celui qu'il portait en arrivant.

Dominant le camp de sa stature, il perçut rapidement Titus approchant du préfet. Il se dirigea vers eux et entendit les craintes rapportées le centurion. Il tourna la tête vers les gardes de Pluton. Tous avaient les yeux rivés sur eux trois, comme si Titus était chargé de la plus importante missive de leur vie. Une profonde déception naissait dans le coeur de Maximus. Il pensait que les gardes de Pluton se seraient montrés des plus combatifs. Apparemment, connaissant bien le désert. Conscients de ses dangers, ils le craignaient plus que les soldats de Minerve. Titus avait raison. Le moral des troupes baissaient inexorablement. Et les gardes de Pluton furent les premiers à se plaindre. Il redressa son marteau et fit basculer le manche sur son épaule.

-- Je ne pense pas que rentrer les mains vides va aider notre retour. Je préfère poursuivre jusque la carrière. Les romains, à Rome comme ici, on besoin d’un espoir, d’une perspective d’avenir autre que de vivre derrière les remparts de Rome. Pour cette expédition, que seuls des volontaires m'accompagnent !

Derrière Maximus, trois décurions et deux soldats sans grade avancèrent d'un pas pour montrer leur soutien indéfectible dans la difficulté. Avec un peu de chance, les soldats et les gardes entreraient dans une compétition, s’opposant pour savoir lequel baisserait les bras en dernier. Maximus présenta ensuite deux androïdes spécialisés dans les langues étrangères à Caius. Autrefois inutiles, ils devenaient précieux aujourd'hui. Il présenta enfin un dernier androïde qui apparemment savait identifier le mal qualifié de radioactivité. Maximus n'était pas assez érudit pour connaître ce soucis, mais il faisait confiance au préfet qui lui avait dit craindre les radiations.

Maximus Les gardes de Pluton avaient regardé certains minerviens avec mépris quand ils avaient pris peur leur de leur première rencontre. Ces mêmes gardes semblaient oublier bien rapidement leurs premières sorties hors des remparts. Pourtant ils pouvaient battre en retraite à l'époque. Maximus se souvenait de cette époque où il souhaitait porter les couleurs de Pluton. Les gardes l'avaient cantonné à la tâche subalterne de porteur de roche.

-- Malgré leurs précieux conseils, que les gardes restent sagement sous votre protection Praefectus si tel est leur souhait. A mon avis, les créatures attendent qu'on s'approche pour attaquer.

Sur les pans des dunes au loin, le sable semblait se mouvoir par endroit. Les vers des sables qui avaient attaqué quarante huit heures plus tôt semblaient attendre ou craindre cet objet.

-- En route !

Une douzaine d’hommes et d’androïdes ainsi que trois chevaux de trait chargés de sangles partirent en direction de l’objet tombé du ciel.

[Titus Acilius]

- Pluton est le Dieu tout puissant dans le désert. Pas Minerve, pas Jupiter et encore moins Venus.

Aux paroles de Maximus, pas un garde de Pluton ne bougea, tous attendirent les ordres de leur supérieur et Titus ne bougea pas non plus. Le Centurion regarda le colosse sans once de sentiment dans le regard, il n'était ni vindicatif, ni haineux, ni en colère, simplement impassible. Ses paroles n'avaient été destinée que pour son supérieur hiérarchique, pas pour un civil trop curieux.

- Et Pluton est venu me parler en rêve avant que nous partions de Rome. Il m'a montré que Rome serait détruite si ses Gardes restaient dans les remparts et il m'a également donné pour mission de venir apprendre aux Minerviens que le retrait était le mieux à faire. Les scarabées géants vont se montrer plus violents, plus nombreux. Le courage qui ceint les Soldats de Minerve est indéniable, mais il faut apprendre l'humilité de Pluton, en son Royaume.

Le regard de Titus s'était replacé sur Caïus alors qu'il s'expliquait à voix neutre. Il n'était pas pleutre, loin de là, il était de la même veine que tous les soldats ici présent. Le courage n'était pas quelque chose d'inné, il fallait l'acquérir, quelque fois chèrement. Et voir un civil inconscient des dangers du Désert horripilait le centurion, mais il n'ajouta rien. L'espoir portait les soldats, bien sûr. Et bien sûr personne ne voulait rentrer à Rome les mains vides. Cet objet représenterait peut-être de l'espoir, mais personne n'avait daigné en parler aux Plutoniens, chargés de la sécurité des romains, alors à ce sujet-là, Titus n'en prononcerait pas un mot.

- Si Minerve dans son aveuglement pour un courage qui est déjà le sien continue son avancée, alors le Corps sera perdu, tout comme les Gardes de Pluton. Je ne suis pas de ceux qui rentrent à la maison la queue entre les jambes. J'ai eu le choix. Un choix difficile. Rester et défendre Rome et périr dans les honneurs ou bien me joindre à vous et tenter de vous faire entendre raison... quitte à m'humilier devant un civil.

Titus n'avait pas quitté le regard de Caïus. Il attendait les ordres et ferait ce que son supérieur lui ordonnait. Là était le véritable devoir d'un soldat.

[Julius Lullus]

[Maximus]

Maximus regarda avec étonnement Titus, mais n'essaya pas de la convaincre. Ce regard adressé, vide de toute émotion, suffit à faire comprendre que rien ne ferait changer d'avis le centurion sauf un ordre de Caius. Soldat de Minerve, Maximus avait gravi les échelons pour aboutir au titre de Consul, un titre dont il se débarrasserait bien d'ailleurs. Son idéologie était plus proche de celle de Pluton, mais il n'avait jamais été accepté au sein des gardes. Limité au rang de porteurs de pierre, il avait quitté la Garde pour intégrer le rang des soldats de Minerve qui l'acceptait comme combattant et forgeron.

Courage ou témérité ? Maximus accordait à Titus que les risques rendaient cette expédition téméraire. Mais il n'irait ni contester les ordres du préfet, ni faire demi-tour si prêt du but. Le groupe marchait depuis cinq bonnes minutes quand le soldat à droite de Maximus l'interrogea :

-- Permission de parler librement Consul Proteus ?
-- Permission accordée, soldat !
-- Il insulte notre déesse de soldat aveugle et nous ne disons rien. Vous êtes certains que cela ne va pas attirer la colère des Dieux ?
-- Qui c’est ce « il » ?
-- Bah le centurion !
-- Il s’agit du Centurion Titus Acilius Nero. Je vous prie de ne pas oublier son rang et ses titres. Maintenant avançons, nous allons nous faire attaquer. Déployez les boucliers !
-- Bien mon Consul.

Maximus donnait raison à son Soldat. Mais dans l’armée, on respecte son supérieur. Première règle, votre supérieur a raison. Seconde règle, si votre supérieur a tort, référez-vous à la première règle. Maix Maximus ne put s’empêcher d’ajouter :

-- Quand je fus Garde de Pluton, j’avais juré de protéger les romains au péril de ma vie. Allons chercher cette femme. Et si le désert nous emporte, nous pourrons regarder les dieux sans honte.

Le groupe continua son avancée. Des créatures se manifestèrent. Des scarabées ! Une trentaine de scarabées aussi gros que des chiens. Jusqu’à ce jour, Maximus ignorait que ces créatures pouvaient s’enterrer. Mais peu importait, il vit également la jeune femme.

-- Elle est vivante ! Regroupez-vous ! Nous allons avancer jusqu’à l’épave, nous récupérons cette femme et nous revenons.

Maximus abandonna l’idée de ramener du métal et fit fuir les chevaux de trait en retraite.

-- Préparez-vous à la formation de tortue. J’ai demandé aux archers de nous tirer dessus avec des flèches enflammés. Ces créatures craignent le feu.

Les soldats se préparèrent avec leur habituelle rigueur militaire. Ils avancèrent jusqu’à l’épave. Les scarabées semblaient attendre ce moment pour charger. Dans une minute, ils seraient sur eux. Maximus leva l’étendard et une pluie de flèches s’abattit entre les scarabées et eux.

-- Suivez-nous ! lança le consul à la jeune femme aux atours si exotiques.

Mais Maximus ne s’attarda pas sur la jeune femme. Il s’inquiétait. Les scarabées contournait la zone frappée par les flèches et allaient fondre sur eux.

Pendant ce temps les inquiétudes de Titus se confirmèrent. Quelques centaines de mètres autour du camp, le sable commença à se mouvoir de façon anormale. Au loin un nombre impressionnant de scarabée menaçait de fondre sur le campement. Ils étaient si nombreux qu’il serait difficile de repousser un tel assaut. Le corps menaçait réellement de disparaître à l’issue de cette bataille.

[Katla Buskvej]

Les signaux se rapprochaient, mais ils n'avaient pas vraiment de sens ou de cohérence... Une partie était dans une sorte de formation que n'avaient pas les animaux sauvages des régions désertiques, du moins, que n'avaient pas les animaux que je connaissais... L'autre partie en revanche devrait être visible, mais pourtant, rien.

J'eus rapidement une réponse pour ce qui était des créatures en formation serrée : il s'agissait d'humains, visiblement une sorte de petite armée avec des boucliers et des sortes d'armes de mêlée... Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas trop ce que ça voulait dire... Comment étaient-ils retombés aussi bas sur l'échelle technologique et culturelle ? Ils étaient forcément tombés sur quelque chose, des bâtiments, des outils avancés, l'humanité pré-cataclysme avait forcément laissé de quoi se retourner rapidement ! La Citadelle n'était pas la seule, si ?

Mais en fait, si, probablement... Le Satellite Genova était passé au dessus de cette région sans trouver de trace de civilisation technologiquement avancée. Tout le monde était parti du principe qu'il n'y avait pas de vie humaine, et absolument personne, pas même moi, n'avait imaginé que cette vie était simplement retombée plusieurs milliers d'années en arrière. Par contre, sans technologie avancée, comment avaient-ils pu faire pour survivre à cette stérilité ? N'étaient-ils pas affectés ? Bref, ce groupe de soldats soulevait pas mal de questions qui m'inquiétaient quelque peu...

Je vis alors de la lumière tomber, visiblement une volée de flèches enflammées. Quelle bande de péquenauds... C'est quand même pas compliqué de... bref. Je n'eus pas le temps de continuer à penser à ça : ils étaient en fait poursuivis par des insectes immenses, d'un genre que je n'avais jamais encore croisé... Le type à la tête du cortège se rapprocha et me cria quelque chose, mais je ne comprenais rien à sa langue. Les consonances étaient familières, ceci dit...

Je jetai un oeil autour de moi, voyant alors le sable bouger.

- Дер ер лорт...

Clairement, c'était la merde, vu la quantité de ces machins et leurs sortes de mandibules semblant assez acérées. Rien de dangereux pour moi, mais ces pauvres types en armure de... en armure de quoi ? Ce métal n'avait pas l'air bien solide, autant dire qu'ils étaient protégés par des plaques de boue séchée. Vu leur nombre je serais totalement incapable de les protéger en allant me battre. Mon chargeur était au quart vide après mon numéro de soudage, je n'en avais qu'un seul de rechange, soit environ 100 coups au total. Vu la chitine de ces machins il faudrait au moins 5 coups par bestiole... Peut-être plus...

Je devais trouver une solution alternative, et assez rapidement je décidai d'utiliser ma favorite : le bluff, l’esbroufe. Au fond, si ça marchait avec les ours, ça pourrait marcher avec ces saletés, non ?
Je sautai donc au sommet du cockpit, armant la lance en mode mêlée. Le concept était simple : compresser une boule de plasma ardent entre les trois dents de la lance, pour brûler mortellement l'adversaire à chaque coup. L'intérêt de ce mode était surtout que la boule d'énergie produisait une très intense lumière qui ne me gênerait pas, mais gênait en général fortement l'ennemi, donnant donc un immense avantage tactique. Maintenant, pour avoir un bon son et lumières impressionnant, il fallait du son.

Les très basses fréquences avec un fort volume avaient tendance à être très effrayantes pour les animaux sauvages : ils pouvaient les sentir dans leurs poumons, le son faisait vibrer leur fourrure, soulevait de la poussière au sol, c'était là-dessus que j'allais donc partir.
Héhé, avec du bol ça ferait héroïque en plus et même les types dans leurs espèces d'armure en conserve seraient impressionnés. Peut-être qu'ils me proposeraient de la bouffe, et un massage des pieds ?

Me dressant donc dans une position exagérément épique, je levai la lance à bout de bras alors que celle-ci se mit à émettre une lumière éblouissante. Quelques secondes après, ayant poussé le volume au maximum, je laissai entendre un son absolument assourdissant, la puissance de celui-ci soulevant le sable, faisant trembler les pantalons, la basse fréquence donnant une impression de choc étouffant comme si l'on venait de prendre un coup dans le plexus solaire.

Maintenant, restait à voir le résultat. Je savais que ça marchait sur les ours... Mais les scarabées géants du désert, ça... je n'en avais absolument pas la moindre idée... Et autant dire que j'aurais l'air bien imbécile, si ça ne marchait pas, car mes "sauveteurs" se feraient tous bouffer et je ne serais pas plus avancée.

[Maximus]

La boule de plasma partit et frappa deux créatures trop proches l'une de l'autre. Le sol fut vitrifié sous l'impact et une demi-douzaines de bestioles s'arrêtèrent nettes. Il en fut de même des hommes autour de Maximus. Il cligna des yeux et si cette femme avait été plus blonde, il se serait demandée s'il ne s'agissait pas de Minerve en personne. Sa lance magique lui fit penser à Julia, la championne de Jupiter. Est-ce que les dieux leur avait envoyé une nouvelle championne ?

Maximus se posait mille et une questions. Mais il devait avant tout ramener tout le monde au campement. Ce n'était pas une brillante idée. Il le savait, mais son héroïsme l'empêchait d'abandonner des hommes et des femmes dans le désert. Le vaisseau fut chahuté et la jeune femme faillit en tomber. Maximus posa la main sur le fer rougeoyant qui venait d'être attaqué par la lance à plasma. Mais il ne se brûla pas il tendit son autre main et prit celle de la jeune femme pour la faire venir avec lui.

Il tira si fort qu'elle vint, malgré son poids. Maximus ramassa une lourde plaque de métal et s'en servit de bouclier. Il avait l'oeil et comprit la dense nature du métal. Le vaisseau fut alors engloutit par le sable.

-- Un ver des sables hurla un décurion.
-- Ouais, les vibrations... marmotta Maximus.

Maximus montra le vers des sables puis posa la main sur la lance pour l'orienter vers le sol. Si Katla continuait a provoquer des vibrations, elle allait rameuter tous les vers des sables du désert. Les scarabées n'attaquèrent pas. Effrayés par la lance, ils s'enterrèrent. Mais malheureusement pour le corps, ils décidèrent de changer de cible et fondèrent vers lui, parallèlement à la petite unité d'éclaireurs.

Les hommes repartirent ensemble et rapidement vers le corps. L'un d'eux montra le sable et orienta son étendard vers la dune qui semblait en mouvement. Les archers envoyèrent une volée de flèches. L'effet ne fut pas si insignifiant. Les scarabés attirés par la chaleur des flèches sortirent du sable. Si cela ne les blessait, le corps pouvaient voir le danger fondre sur eux.

Maximus tira de nouveau la main de Katla pour qu'elle les suive. Il réalisa alors le poids qu'elle faisait. Seuls les très vieux androïdes d'une bien ancienne technologie pouvaient peser si lourd. Elle n'était donc pas une envoyée des dieux ? Maximus parla de nouveau en articulant :

-- Tu es une androïde ?

Il se serait bien présenté. Mais les scarabées leur rappelait vite qu'ils n'avaient pas le temps de jouer à «Moi Tarzan, toi Jane». En tout cas, Il était dégoûté qu'il s'agisse d'une androïde. Non pas qu'il ne les aimait pas, non pas qu'il ne l'aurait pas sauvé. Mais à cause de sa nature, il ne pourrait pas utiliser son don sans la désactiver totalement.