par Caecilius le 21 Novembre 2012, 21:39
Pourquoi cet homme était-il venu me voir ? Je ne comprenais pas son intérêt, je ne le voyais pas, c'était tout simplement étrange. Camila l'aimait, une partie de moi ne l'appréciait que peu pour cela, mais j'avais du respect pour ce qu'il avait accomplis, sa carrière, ses ambitions, être un Grand-Prêtre n'était pas le privilège du premier venu. Et il avait conquis le coeur de la guerrière, pour cela il méritait amplement mon respect, il méritait au minimum mon respect, faute d'avoir envie de lui accorder plus. Je ne comprenais pas ce que Camila pouvait bien lui trouver, imbu de lui-même, fier de son succès comme un coq, sans doute même aimait-il s'entendre parler, sans oublier que "Grand-Prêtre du Temple de Venus" moi ça me laisse songeur. Thalie, Laelia, toutes les belles femmes qui partagent ce culte et les plaisirs, n'allez pas me faire croire que Tiberius n'a jamais profité de sa position pour prier Venus avec les plus belles prêtresses ! Non définitivement le choix de Camila demeurait un mystère, je ne me croyais pas meilleur parti, tout notamment parce que je ne l'étais pas, sans doute d'ailleurs aurait-il même été une hérésie qu'un aveugle trouve grâce aux yeux de Camila. Je n'aurais jamais sans doute la possibilité de contempler la beauté d'une femme comme un voyant le fait, je le fais à ma manière, mais je ne suis que trop conscient de ce que je rate, des sourires et des regards échangés, ces choses qu'on lit dans les livre et qu'on entend dans les discussions. Laelia elle-même m'avait fait des signes plusieurs jeudi de suite avant de venir me parler et de comprendre ma cécité. Je ratais des choses en ne voyant pas, que la beauté d'une femme comme Camila se perde au près d'un amant aveugle n'était-il pas un mal ? Dans l'intimité je la verrai comme personne sans doute, avec une précision qui ferait pâlir le Grand-Prêtre mais en dehors, face au monde, je n'en profiterai jamais. De toute façon la question ne semblait plus appelée à se poser puisque visiblement certains ne croyaient déjà plus au retour du corps expéditionnaire. Comment pouvait-il l'aimer s'il ne pouvait plus même envisager, espérer à son retour ? Cet homme demeurera toujours un mystère pour moi.
- Ne mélangez pas tout, ce n'est pas envers Caeso que je n'ai que peu d'appréciation, c'est envers les androïdes en général. Suis-je sensible au fait de l'humanité que certains d'eux clament ? Oui parce que j'aime la vie, mais j'ai des griefs contre les androïdes, non contre l'un en particulier, mais bien contre tous sans distinction aucune. Il est évident que vous avez déjà décidé en votre âme et conscience que je n'approcherai pas l'androïde de Camila et que vous ferez apparemment tout pour que ça ne soit le cas. Soyez tranquille, je ne m'y opposerai pas et lorsque Camila reviendra, car elle reviendra, j'aurais tout oublié de cet échange et de votre ... manque de foi.
De toute évidence il était blessé, blessé dans son égo, qu'y pouvais-je si Camila était venue me voir avant son départ et que nous avions été deux amis se disant "au revoir" ? J'avais refusé de dire "adieu" et ne le dirais que lorsque j'aurais pu toucher son corps sans vie, pas une seconde avant. Il voulait que Caeso soit loin de moi, sans doute proche de lui, soit je ne m'y opposerai pas, je n'étais pas homme contrariant. Je ne peux voir son énervement mais je peux le sentir, comme une ondée chaleureuse et horriblement désagréable qui se répandrait autour de lui, une aura peu agréable si l'on veut dire. C'était lui, oui c'était lui, bien sûr que c'est lui que Camila veut et qu'elle voudra à son retour, c'est pour ça que j'aurai oublié cette discussion, son manque de foi et d'espérance et tout ce qui va autour et avec. Le bonheur de Camila comptait pour moi plus qu'une "victoire" sur cet homme, si elle pense son bonheur avec lui, alors ainsi soit-il, pourvu qu'il la rende heureuse et tout serait au mieux pour moi. Je retomberai sur mes pieds sans aucun doute, peut-être serait-il bon de rencontrer d'autres femmes ? Il y avait justement une douce et innocente humaine que j'avais réconforté qui mériterait plus d'attention encore.
Je l'entends se lever et s'éloigner vers la fontaine. Je ne dis rien, le laissant s'éloigner, sa colère se sent dans son attitude, dans ses mots, elle se devine dans l'air qui nous entoure. Je finis par me lever et le rejoindre au moment où il dit ne plus vouloir me parler et s'en aller. D'un geste vif et précis, plus qu'on n'en attendrait d'un aveugle, ma canne barre sa route, heurtant avec douceur son torse :
- Alors quoi ? Votre colère est si évidente que je peux la sentir, vous n'allez même pas me cogner dessus ? Me jeter dans la fontaine ? Un coup de gueule ? Un coup de boule ? Une pichnette ? Non rien ? Allez, ça va vous faire du bien. Vous allez voir, ça soulage vraiment, après vous vous sentirez vraiment plus léger.
Masochiste ? Non sans doute plus réaliste qu'autre chose.
- Je n'ai pas pour habitude de partir fâché avec les gens quand la raison en est une femme. Je n'ai pas l'habitude d'être fâché avec les gens concernant une femme. J'ignore ce que j'ai fais pour m'attirer tant d'animosité de votre part mais je doute la mériter vraiment. Si ça peut vous soulager de me cogner, allez-y, je ne clignerai même pas des yeux.