[E3] Pause Muguet et Gâteaux de Rose [Caecilius]

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[E3] Pause Muguet et Gâteaux de Rose [Caecilius]

Messagepar Sibylla Atilius le 22 Octobre 2012, 18:15

- Sénatrice Atilius?

Je détournais le regard vers la voix qui hélait mon nom. Sénateur Gracchus. L'homme dont je n'avais aucune envie de parler avec. Qu'importe, un sourire s'étala sur mes lèvres et je me levais de mon siège. Nous nous trouvions dans un long couloir cloitré. D'un côté le monde politique avec l'hémicycle du Sénat et à l'autre bout, se trouvait la civilisation de Rome. Je quittais alors le sénateur avec qui je me trouvais et me dirigeais vers Gracchus.

- Sénatrice. Nous avons besoin de vos charmes... Voyez-vous, les Jardins Suspendus sont le joyau de Rome. Il paraitrait que votre jardin soit une perle, aussi, avons-nous besoin de vos connaissances.

Que me préparait-il? J'observais les deux acolytes qui trainaient toujours avec lui, mais ils affichaient tous deux un sourire poli et imperceptible. Je reportais donc mon attention sur Gracchus qui reprit.

- Nous avons besoin d'un jardinier, d'un maître d'oeuvre, d'un maestro de la plante verte pour que Rome resplendisse par ses jardins.

J'avais eu, pendant une seconde, une peur terrible. Je croyais qu'ils allaient me retirer mon jardinier, sous prétexte que les Jardins Suspendus étaient moins beaux que mon viridarium. Fort heureusement, ils ne connaissaient pas mon secret et me demandaient tout bonnement de trouver un souffifre qui pourrait redonner aux Jardins leur splendeur d'autrefois. Ils n'avaient pas envie de perdre du temps, aussi déléguaient-ils le sale boulot. Et c'était moi qui récoltait la tache. Mais je ne montrais nullement mon état d'esprit. Trouver un jardinier dans une ville ne serait pas de tout repos. Et franchement, je ne savais nullement où chercher. J'inclinais la tête, acceptant sans pouvoir refuser, la proposition. Nous nous quittâmes sur ce geste et je retournais chez moi.

* * *

Une petite dizaine de jours s'étaient passé depuis que le sénateur Gracchus m'ai proposé cette tache. Personnellement, je ne connaissais personne, hormis mon jardinier capable d'exécuter cette tache et je n'avais aucune envie de me séparer de cet androïde. Fort heureusement, les sénateurs avaient la langue bien pendue, mais plus encore, les ragots sur la place du marché allaient également bon train. Aussi, avais-je appris qu'un certain Aurèle passait son temps dans les jardins à parler aux fleurs. Et bien, plus vite je trouverais cet Aurèle, plus vite je me débarrasserais de cette tâche. Aussi avais-je décidé de rencontrer cet Aurèle, directement dans les Jardins Suspendus pour m’acquitter de la mission. J'enfilais une robe d'un jaune vif et passais à mes bras des dizaines de bracelets d'argent, laissant mon cou dénudé et mes cheveux pratiquement détachés. Je représentais toujours le Sénat par l'anneau à mon doigt, mais je pouvais traverser la ville sans attirer les regards des partisans anarchiques. L'armée était partie quelques jours auparavant et il planait des rumeurs encore non vérifiées. Il ne faisait pas bon d'appartenir au Sénat en ce moment, aussi préférais-je rester discrète, même si la couleur de ma robe détournait plus d'un regard. Je continuais donc jusqu'aux Jardins, appréciant marcher par une radieuse journée. A l'entrée, j'interpelais un couple, demandant s'ils connaissaient cet Aurèle. Ils eurent un instant de réflexion avant que la femme ne lance.

- Caecilius Aurèle? L'aveugle? Il devrait être en ce moment du côté des rosiers blancs.

Je remerciais et maudissais le sénateur Gracchus. Voilà que j'allais parler architecture floral et couleurs printanière avec un aveugle. J'allais m'en retourner chez moi et puis rejetais la pensée. J'étais ici, tant qu'à faire, autant terminer. Je pris donc la direction du bosquet des rosiers. Au moins, un aveugle, je devrais le retrouver assez rapidement parmi tout le monde. Je contemplais un moment la vue sur Rome avant de trouver, très probablement l'homme en question.

- Veuillez excuser mon intervention, mais seriez-vous Caecilius Aurèle?

Je lui donnais un instant pour qu'il s'arrête dans ses pensées et que je puisse avoir toute son attention.

- Je suis la sénatrice Atilius.
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Re: [E3] Pause Muguet et Gâteaux de Rose [Caecilius]

Messagepar Caecilius le 29 Octobre 2012, 14:41

Ce n’était pas un secret que j’aimais me perdre dans les magnifiques jardins suspendus de la ville de Rome, cela n’avait en réalité rien d’étonnant à vraiment parler puisque j’aimais les fleurs et les plantes parfois plus que les humains encore. Les fleurs ne parlaient pas, elles ne faisaient pas de mal sauf quand l’homme décidait de leurs donner une fonction mauvaise, alors j’aimais les fleurs parce qu’elles ne faisaient que se défendre, parce qu’elles étaient là et vivaient mille vies, elles poussaient, mourraient puis revenaient. C’est un cycle si magnifique que la vie des fleurs, elles étaient là bien avant l’humain, elles sont là avec lui, elles seront là bien après lui encore et moi ça me plaisait cette idée que quelque chose nous survive. Je ne dis pas qu’il faut éradiquer les humains pour laisser place aux plantes, je dis juste que si les hommes se comportaient plus comme des plantes, à vivre en accord avec le reste de l’univers plutôt que de vouloir le dompter et en devenir Maître, ce monde irait peut-être mieux. Je crains pourtant de faire l’hypocrite car moi-même je me fais appeler Maître par quelqu’un, par une androïde que j’avais soigné, une androïde du nom de Donata que j’avais rebaptisé Flora après l’avoir remise en état. La déesse des fleurs, de loin une de mes préférés même pour moi qui priait Pluton. Pluton parce qu’il défendait cette ville et ses valeurs, parce que mon frère le priait et croyait en lui comme je le pris et je crois en lui. Chacun est libre de sa croyance, j’ai choisis Pluton, Camila a choisis Minerve, Thalie et Laelia prient Venus, ma famille qui ne veut plus me voir prie Jupiter depuis la nuit des temps et c’est une hérésie qu’un membre familial ait pu s’en détourner. Mon frère et moi, les deux enfants impurs et hérétiques qui s’étaient détournés de la sagesse de Jupiter. Mais la sagesse n’est-elle pas de reconnaitre quand un culte ne nous convient pas et qu’il faut prier un autre Dieu ?

Que de considérations alors que je suis dans les Jardins Suspendus au milieu des roses blanches, on m’a dit du moins qu’elles sont blanches, comme la neige et le lait, comme la porcelaine et le carrelage de la salle de bains. Le blanc c’est surtout froid pour moi, froid comme les petits flocons de neige et le carrelage sous les pieds. C’est l’odeur du lait qui se fait sentir dans la cuisine, c’est l’odeur de ces belles et magnifiques roses. Certains disent qu’une fleur n’est qu’une fleur, sans doute est-ce vrai, mais chacune est unique et même si les voyants ne semblent pas s’en rendre compte, les roses n’ont pas des couleurs différentes simplement pour s’accorder sous leurs regards mais chaque couleur a sa propre odeur. Pourtant les roses ne sont pas mes fleurs préférées, elles sont agréables à toucher, dangereuses par leurs épines, loin de sentir mauvais mais je les aime moins que d’autres, un avis bien personnel cela va de soi. Aujourd’hui était une belle journée ordinaire, beau soleil agréable sur la peau, il perdurera sans doute toute la journée, je ne crois pas que nous subirons de pluie, l’air n’est pas assez humide à moins que ce petit vent chaud nous apporte une certaine humidité dans les heures à venir mais même là, je doutais qu’il finisse par pleuvoir. Je me laisse toutefois surprendre par une voix, cela m’arrive rarement d’être surpris, j’entends toujours les gens venir, sauf quand mon esprit est ailleurs et il l’est. Je pense à Camila et espère son retour, je pense à Thalie et espère qu’elle se porte bien, je pense à Nox et espère qu’elle oublie ce prêtre qui a trop longtemps contrôlé sa vie. Me tournant vers la femme qui venait de parler, je m’incline respectueusement dans sa direction, je suis assez doué au jeu de l’espace pour me positionner quand quelqu’un vient de parler et seuls les androïdes sont assez discrets en général pour que je ne les entende pas se déplacer pendant une discussion :


- Lui-même. Votre présence m’honore, Sénatrice.

Je me demandais quand même ce qu’une Sénatrice pouvait me vouloir, il est vrai que j’avais récemment laissé une lettre fort peu dithyrambique sur un jardinier de ces jardins que j’avais croisé. Il s’y connaissait autant en fleurs que je m’y connaissais en stratégie martiale, je n’avais pas été insultant ou mauvais juste amer :

- Si vous venez au sujet de ma lettre, sachez que mes mots ont dépassé ma pensée. Ce jardinier faisait son travail mais sa froideur était pour le moins glacial. Quand on travaille dans des jardins aussi magnifiques il faut un peu de chaleur humaine pour pouvoir faire bien son travail. Mais j’imagine que vous n’êtes pas là pour parler de ça. Alors que me faut les attentions d’une Sénatrice qui doit avoir sans doute mieux à faire ?
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Re: [E3] Pause Muguet et Gâteaux de Rose [Caecilius]

Messagepar Sibylla Atilius le 21 Novembre 2012, 13:13

Très bien, au moins j'avais trouvé le bon bonhomme. Désormais, il me fallait lui expliquer le pourquoi de ma venue et surtout sans rire ou sans l'insulter. Je me demandais si Gracchus en avait fait exprès. Nous ne nous aimions pas, cela était évident, bien que je ne lui avais jamais fait remarquer, ou plutôt, je m'étais toujours tu à son sujet. Mais le Sénateur Gracchus était un vieux singe et on ne pouvait plus rien lui apprendre dans le milieu de la grimace. Qu'importe, me revenait la tache de trouver un nouveau architecte pour les Jardins Suspendus qui faisaient la grandeur de la Toute Puissante Rome. Je me demandais comment on allait prendre la chose, si jamais cet Aurèle acceptait, comment la populace et le reste du Sénat prendrait la nouvelle? Un aveugle pour arranger les fleurs et les plantes d'un bijou végétal, cela ne c'était encore pas vu. Remarquez, cela me ferait une publicité exemplaire. Avais-je besoin et surtout avais-je envie d'être reconnue? Il était peut-être temps de m'imposer sur la scène politique...

J'allais expliquer rapidement ma présence en ces lieux, mais il prit la parole, aussi demeurais-je muette pendant un moment, apprenant qu'il avait envoyé une lettre au Sénat. C'était probablement le déclencheur. Voilà ce qui avait poussé Gracchus et ses compères à sortir de leur torpeur. Je ne connaissais pas l'existence de cette lettre, aussi ne pouvais-je en deviner les mots apposés. Je niais du chef, mais me souvins qu'il était aveugle et arrêtais mon geste. Je préférais largement employer les gestes pour communiquer, les silences en disaient bien plus long que les mots. Mais avec cette personne, mon interlocuteur, il allait falloir que je change de stratégie. Moi-même très férue de jardinage, ou plutôt de la beauté florale parfaitement architecturée, il allait devoir me prouver qu'il était tout à fait capable d'entretenir ce jardin. Je le considérerais comme une personne ayant tous ses moyens, pas de pitié. Oui, c'était le mieux à faire.

- Détrompez-vous, j'aime les beaux jardins et je possède un viridarium que je garde jalousement, c'est une île de verdure et de paix dans cet océan... citadin. Alors quoi de mieux à faire que de parler jardin dans la Perle Florale de Rome?

Bien, j'énonçais que je venais bien pour causer parterres de pétunias et tailles d'arbustes. Ah oui, l'épisode de la lettre.

- Je n'ai pas eu vent, malheureusement, de cette lettre. Peut-être pourriez-vous m'expliquer en quoi ce jardinier n'était pas apte à son travail?

Mon regard dévia sur les bosquets de roses blanches à portée de main, l'ensemble était un véritable nuage cotonneux dans une mer multicolore, les fleurs étaient séparées en sortes, en races, en familles, uniformément. Cela pouvait être joli, quand on appréciait les taches de couleurs, je préférais largement les mélanges, les pointillés de couleurs, mais les Jardins Suspendus n'étaient pas miens, je devais accepté la composition florale, cela devait sans doute plaire à l'ensemble de la population. Mes doigts partirent à la rencontre des pétales laiteux, frôlèrent la douceur de pèche avant de revenir m'intéresser à la personne que j'avais cherché. Je n'avais pas encore mentionné le véritable pourquoi de ma présence, mais je ne voulais pas le voir se gonfler d'orgueil ou de fierté et venir épancher tous son savoir, non, cela devrait être plus subtil. S'il connaissait son travail, son loisir, sa passion, alors cela viendrait naturellement.
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Re: [E3] Pause Muguet et Gâteaux de Rose [Caecilius]

Messagepar Caecilius le 21 Novembre 2012, 21:39

Voilà bien une chose inhabituelle qu'une Sénatrice vienne me parler. Evidemment ma lettre n'avait pas été douce avec le jardinier mais quand même, de là à ce qu'une Sénatrice se déplace, il fallait croire que la politique était en train de prendre un penchant véritablement démocratique. Ou qu'elle voulait autre chose mais là je ne pouvais pas franchement comprendre de quoi il retournait car en tout honnêteté, je n'en avais pas la moindre idée. Je suis un aveugle, trop souvent vu comme infirme à mon goût, mes connaissances et mon amour des plantes sont deux choses que je chéris, passer du temps dans ces jardins en devient une habitude douce et agréable pour tout dire. S'il m'arrivait d'être interpelé par des passants dans les jardins, il était rare qu'une Sénatrice m'honore de son temps, loin de rentrer dans les jeux politiques de la ville,je laissais ça à ceux qui savent les jouer et prennent du plaisir à les jouer, préférant de loin ma petite tranquillité agréable loin de ces vies tumultueuses. Et les jardins suspendus, bien qu'ils ne soient pas miens, étaient mon refuge, l'endroit où je me rendais le plus fréquemment pour profiter bien tranquillement d'un moment de paisible tranquillité. J'espérais au moins que mes mots n'importunent pas trop la Sénatrice, loin d'être à l'aise dans ce genre d'exercice, j'ignorais si elle était du genre bavarde ou non, j'ignorais si elle était là pour ma lettre ou autre chose, une seule chose de certaine, elle me cherchait. Et elle m'avait trouvée ! C'était un jeu généralement plus facile pour les voyants que celui de trouver quelqu'un, sauf dans une pièce complètement obscure ou si nous étions en plein bal masqué, ce qui dans les deux cas n'étaient pas ici le cas présent. Le soleil était chaud et agréable sur ma peau, donc elle devait parfaitement y voir et puis je n'étais pas si dur à reconnaitre avec ma canne qui n'était jamais bien loin de moi.

Je dois l'avouer, cet endroit me plait énormément, il me faudra y emmener un jour la douce Clio, la pauvre jeune femme avait eu le don de toucher mon coeur avec sa détresse, je pensais parfois à elle, comment allait-elle ? Elle qui avait ce magnifique pouvoir de donner vie aux fleurs par ses larmes, non je ne voulais provoquer sa détresse pour donner vie à des fleurs, mais ce pouvoir était si magnifique et son amour des plantes avait été comme un écho au mien. Oui elle me plaisait beaucoup, même si je n'avais jamais fais que partager sa douleur, mais j'avais hâte de la revoir, peut-être d'ailleurs devrai-je provoquer cela un de ces jours. Revenons un peu à la Sénatrice, quand même ce n'est pas tous les jours qu'une Sénatrice vient me voir parce qu'elle me cherche ! Ni même d'ailleurs simplement par hasard sans qu'elle me cherche soi dit en passant ! Je l'écoute en souriant, c'est vrai que ici est sans doute le meilleur endroit pour parler de fleurs, d'arbustes et de plantes, après tout ces jardins, si je ne les ai jamais vus, ont toujours fais mon bonheur et ceux des autres !


- Vous avez raison, cet endroit est sans nul doute le plus propice à ce genre de discussion et il est toujours agréable pour un botaniste de rencontrer quelqu'un qui sache profiter et apprécier de la nature et de ses vertus apaisantes et plaisantes.

Elle en revenait finalement à ma lettre, concédant ne pas en avoir eu connaissance, ainsi donc j'avais vu juste, elle voulait me voir pour une autre raison que de parler de ma lettre et son contenu :

- Je n'ai pas dis qu'il n'était pas apte à son travail, ses compétences en jardinage sont parfaitement adaptées à cet endroit. Ce sont ses aptitudes sociales qui m'ont laissées ... de glace. Travailler au milieu de toute cette vie et ces fleurs et pourtant se montrer froid et agressif avec les gens qui le complimentent, je trouve cela inadéquat.

Je souris, me rendant compte du côté un peu stupide de cette lettre finalement, peut-être avait-il simplement eu une mauvaise journée. Les dix jours où j'avais voulu discuter avec lui. Non il était peut-être simplement dans sa nature de demeurer de marbre et froid avec les gens, allez savoir :

- Pardonnez-moi mais si vous n'êtes pas là pour cette lettre, alors quelle raison peut-il y avoir à ce que vous veniez me voir ? Auriez-vous besoin d'aider pour entretenir votre viridarium ? Ca serait un honneur de vous conseiller si c'est là ce que vous désirez. N'allez pas croire que je doute de votre capacité à l'entretenir mais les fleurs sont ma vie, elles n'ont jamais été un travail, plus un passe-temps, une passion dont j'ai la chance de vivre, je les aime parce que beaucoup d'entre elles valent mieux que les humains. Mais ... revenons en au fait, vous ne m'avez toujours pas dis pourquoi vous me cherchiez ?
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Re: [E3] Pause Muguet et Gâteaux de Rose [Caecilius]

Messagepar Sibylla Atilius le 23 Décembre 2012, 18:59

- Oui, il y a dans les fleurs quelque chose qui... Il n'y a aucune malignité dans leur langage. Elles offrent une vision féerique, douce et presque irréelle. Leurs parfums nous emportent loin des tracas, le bruissement du vent dans leurs pétales, dans les branches des arbres est telle une mélodie qui touche le coeur si on sait l'écouter. Qu'elles aient des épines ou non, elles ne possèdent pas la méchanceté des hommes.

Je m'étais laissée divaguer, mon regard bercé par les plissements des roses dans le vent qui grimpait jusqu'à ces Jardins Suspendus, les plis de ma robe fouettèrent de concert avec le vent, mais je n'y pris pas garde et revins poser mes yeux sur l'homme aveugle devant moi. Je lui demandais pourquoi l'origine d'une telle lettre et il affirma que malgré les capacités d'entretenir la Perle de Rome, ce n'était pas cela qui avait décidé l'homme à envoyer une missive. Je ne savais ce que contenait cette lettre, très probablement découverte par le Sénateur Gracchus. Pourquoi ne m'avait-il pas informé de cette chose? Pensait-il, ou pire, savait-il que cet Aurèle était l'homme de la situation? Probablement. On n'apprenait pas au singe à faire la grimace et Gracchus savait parfaitement comploter. Si Caecilius avait signé la lettre, la question ne se posait pas, mais si cela avait été anonyme... Non, cela ne pouvait, car ce même personnage n'avait nullement caché l'existence de cette lettre. Je devais avouer que je ne connaissais le nom d'aucun jardinier connu dans Rome. Je n'avais que mon androïde et le gardais jalousement. Mais Gracchus, connaissait-il déjà cet homme? C'était là, très possible. L'homme devant moi, m'avoua finalement, le pourquoi de sa lettre, le jardinier n'était pas aimable. J'eus un fin sourire sans coeur, un sourire automatique, qui illuminait l'atmosphère, mais qui s'étiolait une seconde éphémère après. Ne pas être aimable avec les passants, les promeneurs, les visiteurs. Dans cet endroit clos, cette ville muraillée, il était si aisé de s'enfermer dans un cercueil de glace et de bloquer tous les sentiments présents, toutes les valeurs des hommes. J'étais née androïde, mais j'avais, dans mes circuits artificiels, tous les fichiers, les codes, les programmes pour toutes les émotions humaines. Le reste n'était que mélange de ce que j'avais appris en vivant au milieu des hommes et codage intensif. Caecilius me fit sortir de mes pensées lorsqu'il reprit parole. De nouveau il me demandait la raison de ma présence. De l'aide? Mon sourire s'agrandit, un peu plus sincère. Je ne pouvais refuser son offre et en même temps, je me devais de la décliner, car je ne désirais que mon androïde à ce travail. Avec les paroles qui suivirent, je compris qu'il était honnête et me parlait en toute franchise de sa passion de la flore. De nouveau je caressais les proches pétales d'une rose blanche.

- Le Sénat me charge d'une mission officielle.

Ma voix avait repris sa puissance sérieuse. Je ne venais pas là par plaisir, ou plutôt je mêlais le plaisir avec une action officielle.

- A la suite de votre lettre, je pense que le jardinier a été renvoyé. De ce fait, nous cherchons quelqu'un qui pourra faire de ces Jardins, un endroit encore plus féerique. Rome est une bien petite ville et les divertissements se font rares. Nous voulons que les Jardins Suspendus illuminent la ville entière par leurs beautés. Je me suis donc mise à la recherche de quelqu'un de compétent. Et c'est votre nom qui m'a été soufflé. Souhaiteriez-vous devenir le Gardien de ces lieux?

Le ton avait été franc, direct. Si j'avais posé une question, l'intonation avait presque donné un ordre. Je ne cherchais pas à imposer cette tache à cet homme, mais les brusques changements de tons avaient toujours, du moins jusqu'à lors, déstabiliser mes interlocuteurs. Cela me permettait de briser leurs jeux hypocrites, leurs mimiques, leurs fausses paroles. Je voulais tout bonnement savoir si Caecilius Aurèle était capable d'un tel défi, s'il serait honnête. Je n'avais encore rien promis, rien confirmé.
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Re: [E3] Pause Muguet et Gâteaux de Rose [Caecilius]

Messagepar Caecilius le 03 Janvier 2013, 10:44

- Et bien ... voilà un discours qu'il me fait plaisir t'entendre tant il est rare malheureusement d'avoir le luxe de pouvoir l'entendre, plus encore chez les voyants. D'habitude on me dit qu'elles sont belles à regarder, que les couleurs s'allient bien mais rarement j'entends quelqu'un s'ouvrir comme vous le faites à la beauté des fleurs et de la nature, c'est très agréable à entendre je dois dire, cela montre que vous avez du coeur.

C'était là ce qui me dérangeait le plus chez les voyants, ils voyaient avec leurs yeux et se contentaient de cela sans tenter de ressentir et vivre les choses, pourtant les fleurs se ressentent, se vivent, elles sont sans doute belles à voir puisque si souvent je l'ai entendu mais je les crois plus belles encore à vivre. Après tout je n'ai jamais eu de problème à cohabiter et coexister avec elles, nulle tulipe, jacinthe ou rose ne m'a encore critiqué sur mes habitudes quotidiennes et aucune n'a encore osé se plaindre que je ronfle. De la même façon je ne me suis jamais emportée que l'une d'elle consomme trop d'eau ou paresse trop longtemps au soleil, les fleurs sont faciles à vivre quand on sait en prendre soin et lorsque rien ne va elles sont toujours là pour apporter le réconfort, le calme et la patience nécessaire à apaiser les gens. Sur moi ça fonctionnait divinement bien mais il faut dire que j'aimais écouter les plantes et que je passais d'avantage de temps à les vanter qu'à vanter les humains donc en somme, tout allait au mieux dans le meilleur des mondes pour les fleurs et moi, quand à cette femme et bien je ne savais toujours pas ce qu'elle me voulait et j'attendais encore de le savoir. Au moins elle avait marqué des points dans sa façon de parler des fleurs et de prendre soin de certaines pour en avoir chez elle un jardin quelque peu "secret". Moi-même j'en avais un, un lieu unique où personne jamais, sauf moi, n'avait mis les pieds, un lieu que j'aimais par dessus tout et que je gardais jalousement, en un sens c'était "mon précieux". J'ignorais encore à cet instant qu'une jeune femme serait bientôt une privilégiée à découvrir mon havre de paix, mon palais de solitude mais n'est-ce pas là le charme du bonheur et de l'inconnu ? En tous les cas je lève un sourcil surpris et curieux lorsqu'elle se dit mandatée en mission officielle pour le Sénat. Ma seule réaction est de demander bêtement :

- Une mission me concernant moi ?

Oui beaucoup de surprise, je ne m'attendais pas franchement à ce que le Sénat puisse s'intéresser à une personne comme moi, à un aveugle dont la seule passion et le principal talent est de s'occuper de fleurs. C'est donc avec grande attention que j'ouvre mes oreilles pour écouter ce que va dire la Sénatrice, après tout si c'était une mission officielle du Sénat à mon égard, cela devait vouloir dire que c'est important et donc ... que j'avais tout intérêt à bien considérer ce qu'elle allait me dire. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, en fait je doute que j'ai pu m'attendre sérieusement à quelque chose mais pourtant sa demande me laisse sans voix. Que je m'occupe des jardins de Rome ? Voilà bien un honneur que je me voyais honnêtement mal refusé, cet endroit absolument magnifique et vu de tant de personnes, comment se refuser à en avoir la charge et s'en occuper pour une personne aussi passionnée que je le suis ?

- Vous voulez me confier la responsabilité de cet endroit ? Je dois dire que j'en ai souvent rêvé mais que cela se réalise c'est ... surprenant. Alors oui bien sûr que j'accepte, avec un grand plaisir même, c'est un immense honneur qui m'ait fait.

Ma voix se teintait entre surprise de cette demande et la joie de me voir proposer un tel honneur, pour être honnête dans ma réponse, je l'étais, trop peut-être même :

- Ma seule condition sera de pouvoir travailler avec qui je l'entends, il est difficile de travailler avec des personnes en qui on a peu ou pas confiance et si la ville possède des fleuristes talentueux, il y a également de trop nombreux romains pensant que faire pousser une fleur veut dire connaitre les fleurs. En tout cas, que vous acceptiez ou non que je devienne gardien de ces lieux, je vous remercie d'avoir pensé à moi pour m'acquitter de cette tâche.
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Re: [E3] Pause Muguet et Gâteaux de Rose [Caecilius]

Messagepar Sibylla Atilius le 18 Janvier 2013, 00:02

Ces paroles forcent un sourire sur mes lèvres. Moi, du coeur? Je n'avais pas de coeur, au sens litéral du terme. Je n'avais pas de coeur, car j'étais une machine et je n'avais jamais été programmée pour aimer l'horticulture. Mais alors, pourquoi j'aimais les fleurs? Peut-être parce qu'elles étaient les seules qui ne me trahiront jamais. Parce qu'elles ne pouvaient pas parler, parce qu'elles ne faisaient pas la différence entre un être humain. Peut-être tout cela en même temps. Mais non, je n'avais pas de coeur. Je possédais simplement un programme qui tambourinait dans ma poitrine et faisait penser que j'avais en effet un coeur. Mais il n'y avait rien à cet emplacement. Rien que du vide, rien que des fils et des pièces de métal. Ah, je damnerais pour être humaine et ne plus supportait le froid de mon corps, la peur d'être découverte, la terreur de la réinitialisation, l'angoisse de l'avenir. Je quittais donc le registre des plantes et de leurs générosités pour parler business, j'avais une mission et cette mission j'allais peut-être la lui confier. Il ne restait qu'à savoir s'il en était digne. Je ne tardais pas à voir la surprise sur son visage. Il ne s'attendait vraiment pas à cette annonce. L'épisode de la lettre avait dû être trop récente pour lui pour qu'il ne puisse imaginer que l'on chercherait à le nommer responsable des Jardins même. Comment allait-il me répondre maintenant? Partirait-il dans l'hypocrisie? Affirmant qu'il était le seul et l'unique, qu'il était celui qu'il nous fallait, qu'il était le seul capable de maintenir l'ordre établi entre chrysanthème et géranium? Je me rendis soudainement compte que je devenais... vile et pire encore... j'étais aigrie, oui, c'était bien cela, je devenais aigrie. Mon regard quitta l'aveugle pour se poser sur l'horizon, là où la ville de Rome laissait place au désert. Je faillis fondre en larme, incapable de contrôler ces sautes d'humeur, pourtant, je me trouvais dans un lieu public, il me fallait me reprendre et ce, tout de suite. Je coupais net les lignes de codes, je ne devais ressentir aucune émotion et me contenter d'écouter l'homme. Il acceptait, humblement. Il acceptait et donnait ses conditions. Je me serais laissée aller aux émotions, que j'en aurai souris, mais je me contentais de le fixer impassiblement, le visage neutre.

- Ces personnes devront tout de même être validées par le Sénat. J'attends un cahier des charges le plus rapidement possible, afin de vérifier que vos gouts et vos couts correspondent à ceux des Représentants du Peuple de Rome.

Je n'officialisais pas encore tout de suite. Une sorte de test? Surement. En tout cas, il semblait vouloir véritablement y mettre tout son coeur. L'analyse de son intonation, de sa tournure de phrases confirmait mes doutes. Je regardais de nouveau l'homme. Il était aveugle, certes, mais ce n'était pas une raison pour s'apitoyer, je lui en demanderais tout autant qu'un homme valide.

- En plus des Jardins Suspendus, il faudra vous occuper de toutes les rues bordées d'arbres, des jardins publics disséminés dans Rome et des plantes cultivées dans les serres pour les potions des herbologistes et autres médecins? Serez-vous à la hauteur?
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Re: [E3] Pause Muguet et Gâteaux de Rose [Caecilius]

Messagepar Caecilius le 23 Janvier 2013, 09:17

Ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre une Sénatrice qui en plus vous recherche, pour moi en tout cas c'était une grande première et je dois dire que cette situation restait extrêmement surprenante pour moi. Je n'avais p vraiment l'habitude et c'était un changement étrange mais je savais que ça demeurerait ponctuel et forcément qu'il y avait une bonne raison à cela. Je n'étais pas assez stupide pour penser que la Sénatrice reviendrait me voir régulièrement, ni même qu'elle était totalement désintéressée, ce qui m'intriguait plus c'était pourquoi moi ? Que pouvait offrir un aveugle amoureux des fleurs à une Sénatrice ? Dans l'absolu l'envie de répondre "pas grand chose" est forte mais en fin de compte j'avais bien un talent, et visiblement j'avais gagné un certain crédit pour ce talent. Même en pensant de la sorte, il restait très surprenant de s'entendre confier la responsabilité des jardins de la ville, une grande responsabilité mais que j'étais prêt à prendre, après tout j'en avais rêvé de pouvoir gérer cet endroit, alors puisqu'on m'en offrait la possibilité, ne serais-je pas stupide de refuser ? Cet endroit est magnifique, pour un passionné de fleurs, c'est un véritable paradis, pouvoir y laisser libre court à son imagination et proposer à tout Rome sa vision des fleurs, voilà qui avait quelque chose d'envoutant, en plus d'être totalement captivant. J'étais donc prêt à accepter, toutefois je ne suis pas un fou, je sais ce que c'est de travailler avec des gens incompétents, je sais que les androïdes au service de la ville feront un bon travail mais je m'inquiétais plus des humains. Comment prendraient-ils de voir un aveugle gérer les jardins ? Je crois que si j'étais voyant je douterai d'un aveugle devant aménager des parterres de fleurs surtout pour les plus beaux jardins de Rome. Donc j'expliquais vouloir travailler avec des gens de confiance, des gens avec qui je me sentirai de travailler et non pas des gens qui sont ici parce qu'ils étaient là avant ou qu'ils pensent savoir comment faire. J'aurai ma vision des choses et puisque c'est ma responsabilité de m'occuper de la beauté de cet endroit, il leurs conviendra d'appliquer mes consignes, ne leurs en déplaisent. Visiblement nous nous entendions la Sénatrice et moi, je hochais la tête à sa réflexion, il aurait fallu qu'elle soit folle pour me laisser carte blanche mais je n'étais pas homme de grandes dépenses, je n'avais pas besoin de fortunes pour faire pousser des fleurs et en prendre grand soin :

- Cela va de soi que je présenterai mes partenaires au Sénat, et je vous ferai parvenir un cahier des charges dans les semaines à venir. Le temps pour moi d'organiser mes idées et les mettre par écrit. J'ai rêvé de pouvoir offrir à Rome ma "vision" de ces jardins mais jamais au point d'avoir l'arrogance de déjà mettre mes idées sur papier.

Je souris, écoutant la suite de l'offre, entretenir chaque endroit fleuri de Rome sans oublier les serres évidemment, donc en somme gérer tout le fleurissement de la ville. Ca ne m'impressionne pas le moins du monde.

- Si c'est ma cécité qui vous inquiète, je ne m'en sers jamais comme excuse, je n'entends pas m'en servir désormais. Je prendrai soin du fleurissement de la ville en plus des jardins, vous ne serez pas déçue.
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Re: [E3] Pause Muguet et Gâteaux de Rose [Caecilius]

Messagepar Sibylla Atilius le 26 Janvier 2013, 20:22

- Très bien, alors je vous attendrais au Sénat pour que vous nous exposiez votre conception future. La porte de ma demeure vous sera également ouverte si jamais vous désiriez vérifier les gouts du Sénat. Je vis sur Isola Sacra, Via Pia.

Je le laissais libre de venir me voir en premier ou d'aller franc jeu, devant tout le Sénat. Qu'il fasse comme bon lui semble. Plus il passerait vite au Sénat et plus il pourrait être vu comme compétent, mais également comme bacleur. C'était à lui de trouver le bon moment. Un bon test pour cet homme. Nous verrons bien ce qu'il vaut à ce moment. Je me mettais également à risques, car c'était sur moi que reposait la charge de trouver un bon architecte pour les Jardins de Rome. A lui de prouver que ma confiance n'était pas mal placée. Je jouais gros en cet instant. L'image que Gracchus avait de moi se détériorerait en moins d'une seconde ou brillerait de mille feux. Tout dépendait de cet homme. Je m'en voulais de me reposer autant sur ce parfait inconnu, qui plus était, était aveugle, mais même si je le reconnaissais, je n'avais pas le choix. C'était un coup de poker que les sénateurs prenaient tous les jours. Certains gagnaient, d'autres perdaient.

- Je ne me suis jamais inquiétée de votre cécité. Si cela avait été le cas, je ne vous aurais pas proposé ce poste à hautes responsabilités.

C'était vrai et faux. Bien entendu que je m'inquiétais de sa cécité, mais d'un autre côté, je ne voulais pas être reconnue pour mes handicaps. J'étais androïde, n'était-ce pas déjà un handicap dans ce monde d'humain? Alors un humain aveugle, passionné par les fleurs pouvaient être aussi doué qu'un androïde parfaitement programmé pour cela.

- J'entends bien ne pas être déçue. C'est désormais vous qui portez ce fardeau.

Mon ton était franc, mais nullement froid, au contraire. Je ne lui cachais pas que c'était à lui de jouer et qu'il avait toute les cartes en main. A lui de montrer que d'un, il était apte à ce poste et de deux, que mon choix avait été le bon. Après les formalités ajoutées, je le laissais libre de se mettre immédiatement à la tache ou de profiter de cette belle journée ensoleillée.



HRP : Je pense que nous pouvons nous arrêtez là?
C'est officiel, tu es le nouveau Responsable des Jardins de Rome, comme m'a demandé Jupiter de te nommer!

Merci à tous les autres ne nous avoir lu et merci à Caecilius qui a accepté ce RP!
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