[E3] De longues journées (Sylvana)

Ce forum contient les archives de tous les RPs ouverts par les personnages durant les préparatifs et le départ du corps expéditionnaire.

[E3] De longues journées (Sylvana)

Messagepar Tiberius le 15 Octobre 2012, 10:52

Avant l'aube, je quittais le temple où j'avais secrètement rejoins Thalie pour lui révéler la vérité. J'étais passé discrètement par mon nouveau domus, la maison de Sertorius. Je m'étais grimé, j'avais changé mon visage et l'avait vieilli avec quelques artefacts de beauté. Les prêtresses m'avaient enseigné quelques petites techniques et la crasse faisait le reste. J'avais flâné pour réfléchir aux informations parvenues hors des remparts de Rome. Il y avait ça et là quelques bicoques seulement abritée par l'ombre des remparts, une protection bien légère face aux dangers du temple.

J'avais observé hier une jeune femme et mes dons m'avaient révélé sa grossesse. Blanche comme le lait, je la trouvai anémique. J'avais entendu parlé de cette famille d'étrangers. Mais je ne m'étais guère intéressé à elles. Sa mère était venue une fois au temple pour demander une faveur à un prêtre, elle voulait un enfant et repartir. Quelle étrange idée ! Elle m'avait surprise et j'étais intervenu dans la discussion. Mais depuis ce jour étrange, comme tout romain, je n'avais guère regarder les Étrangères. Elle avait trouvé un géniteur car je la croisa un jour avec sa fille. Je lui avais offert du pain, mais elle s'était sentie offensée.

J'observai la jeune femme. Tout le monde la disait moche. Je n'étais pas d'accord avec eux. Elle avait une belle âme mais également un beau visage. Et sa tenue de cuir était finement ouvragée. Je m'étais dirigé vers le marché, j'avais acheté des victuailles pour un jour ou deux, rien d'ostentatoire. J'ignorai néanmoins que mes victuailles la nourrissait habituellement une semaine. Au loin, je la vis rentrer chez elle et j'emboîtais le pas rapidement. Je quittai les pavés, marchait sur le sable et arrivait à sa porte. J'aurai aimé toqué à la porte, mais il s'agissait d'une peau de fourrure. J’entrouvris la fourrure et la salua.

-- Bonjour, Venus m'a appris votre grossesse et j'ai pensé qu'aujourd'hui plus qu'un autre jour vous auriez besoin de force. Acceptez-vous un étranger chez vous ?

Mince, je devrais être un peu plus discret et moins provocateur quand je me présentai comme un envoyé de Venus. Sinon ma couverture ne me dissimulerait guère longtemps et on pointerait rapidement du doigt le Grand Prêtre de Venus.
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Re: [E3] De longues journées (Sylvana)

Messagepar Sylvana le 18 Octobre 2012, 00:45

Je l'avais entendu arriver, et cela faisait un moment. Je sentais les vibrations de son pas sur le sol. La Nature me parle, et chaque pas à sa résonance propre. Il me suivait, et j'ignorais pourquoi. Il était arrivé jusque chez moi. Ils étaient rares, les habitants de Rome qui passaient les remparts pour s'intéresser aux bicoques qui se dressaient dans leur ombre. Je l'avais entendu arriver, et cela faisait un moment. Je sentais les vibrations de son pas sur le sol. La Nature me parle, et chaque pas à sa résonance propre. Il me suivait, et j'ignorais pourquoi. Il était arrivé jusque chez moi. Ils étaient rares, les habitants de Rome qui passaient les remparts pour s'intéresser aux bicoques qui se dressaient dans leur ombre. Ce n’était pas plus mal, je n’aimais pas les visites intempestives. La solitude m’allait bien, très bien, même. Je me retournais à la fin de sa phrase. Il avait réussi à m’interpeller. J’avais appris ma grossesse hier. Et lui était déjà au courant ? Vénus, disait-il. Je lui répondis d’une voix légèrement ironique :

- J’ignorais que Vénus s’intéressait aux païennes vagabondes dans mon genre.

Je me tus et le regardai ans les yeux, les bras croisés sur ma poitrine. C’était qui, ce drôle d’oiseau ? Et qu’est-ce qu’il cachait ? Il venait les bras chargés de nourriture, assez pour me nourrir, pendant quoi, au moins six jours, vu ce dont j’avais besoin… Offrande ? Ou troc ? Mon expérience m’avait démontré que les êtres humains n’offrent jamais rien sans rien. A part peut-être les prêtres, et encore, ça dépends de l’individu. Celui-là, il avait pas l’air d’un prêtre. Mais il avait pas l’air net non plus. Il disait que j’avais besoin de me nourrir et de prendre des forces. Oui, évidemment… mais je pouvais le faire toute seule. Je me suffisais à moi-même, j’étais une grande fille. Et je ne faisais plus la mendicité depuis un moment, maintenant. Je n’avais besoin que du Hibou pour avoir de quoi manger.

Je me fichais de savoir comment il avait su. Les Romains ont quantités de dons, et leurs affinités avec les dieux protecteurs leurs donnaient encore des pouvoirs farfelues supplémentaires… alors ça ne me surprenait pas outre mesure. Il pouvait avoir le don de sentir la vie en devenir, ça ne m’aurait pas étonné de Vénus. Moi ce que je voulais surtout savoir, c’était pourquoi il venait me voir. Personne ne m’avait jamais rendu visite hors les murs. On venait vers moi dans la rue, quand, assise contre un mur, je vendais ce que j’avais à vendre.


-J’ai appris très vite que jamais les Hommes n’offrent quelque chose sans attendre un paiement. La question qui se pose maintenant, Romain, c'est ce que tu veux de moi.

Un cri strident se fit entendre à l’extérieur. Tyl était revenu. Je contournais l’inconnu et sortit en écartant d’un geste vif la fourrure qui masquait l’extérieur. Le Hibou était là, posé sur un poteau qu’il utilisait comme perchoir, le cadavre d’un fennec à ses pieds. Il vint se percher sur mon épaule tandis que je tirais de ma ceinture un grand couteau à large lame. Je m’accroupis devant la bête et, la main sur son cœur déjà immobile :

- Tu es mort pour que je vive. Pour cela, je te remercie. Puisse ton esprit rejoindre ses ancêtres.

Je crois que l’homme est sorti à ma suite. J’espère que le sang de ne le dégoûte pas. Les gestes autrefois exécutés avec maladresse ne me gênent plus. L’animal est étendu sur une planche.

- Si tu n’as l’habitude, tu ferais mieux de te boucher le nez, l’inconnu.

Avec les mouvements de l’habituée, je tranche les pattes avant et la tête, avant de commencer à le dépecer. Si l’individu ne me dérange pas réellement, je ne vais pas interrompre mon travail pour autant. Une peau comme celle-là doit être tannée rapidement, surtout par ce soleil.

- Alors, que cherches-tu ici, là où personne ne vient jamais ?
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Re: [E3] De longues journées (Sylvana)

Messagepar Tiberius le 18 Octobre 2012, 10:59

-- Je ne sais pas si Venus s’intéresse à vous ou non. Mais elle m’a donné le don de ressentir votre grossesse.

Je n’ai jamais vraiment connu tous les desseins de Venus, affirmer le contraire serait présomptueux et je ne tenais pas à parler en son nom, malgré mon rang. Et je tenais à la rassurer. Les Oracles avaient bien dit que tous les cultes devaient être admis et j’aimais profondément cette loi divine. Personne n’osait la contester à Rome, d’ailleurs. Mais les regards curieux, inquiets voire dédaigneux s’abbattaient néanmoins sur les adeptes de culte méconnus. La peur de l’inconnu les rendait souvent réfractaires à tout contact.

Néanmoins, sa phrase me rappela qu’elle non plus ne se voulait pas avenante envers les Hommes. Elle avait pris l’habitude du mercantilisme. Un bien contre un autre, un service pour un bien, une pièce pour un baiser, un sourire pour un coup de poignard...

J’allais répondre quand elle sortit, je la suivis pour découvrir Tyl. Le hibou revenait avec une proie qu’elle dépeça rapidement. Privilège de ne jamais préparer mes repas, je n’étais pas habitué à ses pratiques. Je n’en demeurai pas moins curieux de découvrir ses pratiques, son culte et sa phrase pour le fennec me toucha. J’entendis son conseil, mais ne l’écoutai pas plus que cela. Je ne dédaignai pas son conseil. Je souhaitais la découvrir, découvrir sa vie, ses rites. En un sens, elle avait raison, je ne lui offrais pas cette nourriture sans ne rien demander en retour. Cela me vexa quelque peu. Je passai outre néanmoins, je n’allais pas en mourir.

-- Je ne connais ni vos croyances, ni votre culte, ni vos coutumes. Et j’aimerai les découvrir, en parler, apprendre à vous connaître.

Néanmoins, j’avais remarqué combien elle se tenait sur la défensive. Je ne savais pas si elle aimait le contact ou non. J’ignorai en réalité combien elle aimait la solitude. Alors je pris quelque gant et rajoutai :

-- Mais je n’ai pas apporter cette nourriture en échange de cette discussion. Je l’ai apporté pour vous l’offrir, pour que ma venue soit plus facilement acceptée. Et si vous ne souhaitez pas parler, je repars de ce pas d’où je viens en vous laissant le panier sans rien demander au retour. J’ai simplement envie de parler avec vous.

Je ne mentais, je pouvais être un peu plus franc, car un détail motivait encore un peu plus ma venue. Mais ça je le gardais pour moi. Ce n’était pas méchant. Mais ce n’était pas anodin non plus.

-- Vous voulez bien ?
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Re: [E3] De longues journées (Sylvana)

Messagepar Sylvana le 20 Octobre 2012, 17:05

- Je ne mange pas de Romains.

Une façon comme une autre de lui montrer qu'il pouvait rester. Que sa présence ne m'horripilait pas. Mais que je parlerais le moment venu. Il était venu, un panier plein de vivres dans les bras, pour se faire accepter? Il aurait pu venir sans rien, j'aurais trouvé ça moins curieux. Je n'avais jamais, ou presque, reçu de cadeaux. Une fleurs, une pierre à la forme curieuse pour mon anniversaire. Dans nos traditions, un anniversaire n'est rien que le symbole que la Nature ne vous veux aucun mal. Ce n'est pas une fête, ce n'est pas une célébration. Ou si, la célébration de la vie. Non pas de la naissance, x années plus tôt. Mais celle de la vie qui coulait toujours en nous. Un anniversaire, c'était la preuve qu'on était toujours vivants. Ce que prouvait chaque jour qui passait.

Sous l'auvent qui jouxtait la cabane, un puits, creusé il y a bien longtemps par mes ancêtres et jalousement protégé depuis. Je tirai seau d'eau pour y faire tremper la peau fraîchement dépecée. Le silence était habituellement mon mode de vie. Cet inconnu venait le bouleverser, je ne savais exactement pour quelle raison. Apprendre mes coutumes, disait-il. C'était bien la première fois que quelqu'un venait avec la curiosité pour mon culte. D'habitude, les rares qui s’intéressaient à moi était intrigué par Tyl, sur mon épaule, par ma tenue, par mon physique. Jamais personne n'avait compris que mon style de vie participe à un cycle immuable, et que, plus que tout, je vivais par et pour la Nature, en profond accord avec elle. Cet homme serait-il le premier à se poser la question? Le premier a avoir compris l'art de vivre qui était le mien?

Le soleil tapait fort, et je lui fit signe de s'abriter sous l'auvent. Je ressortis mes outils. Je devais fabriquer un carquois. Les pointes de flèches avaient abîmés le mien. Poussant un seau d'eau plein ou trônait une louche de bois vers l'homme pour qu'il puisse se désaltérer s'il en avait l'envie ou le besoin, je m'assis en tailleurs au sol et commençait mon travail. Si mes mains étaient concentrées sur mes gestes, devenus automatiques, mon esprit pouvait vagabonder. Je pris donc la parole :


- Personne n'a pris la peine d'entendre notre histoire. Pourtant, il y aurait des choses à dires. Personne n'a même pris la peine de savoir qui nous étions. On nous a appelé Gallus, les Gauloises, sans chercher plus loin. Ce sont les hommes qui nous ont donné notre identité. Et notre identité nous pose comme Etrangères, à jamais. Si toi, tu veux en apprendre plus, pose tes questions, je répondrais. Si je ne les juges pas indiscrètes.

Ma plus grande prise de parole depuis bien longtemps. Même avec ma mère, nous ne parlions pas beaucoup. Nous n'avions pas besoin. Ce moment, notre famille l'attendait depuis si longtemps. Le moment ou quelqu'un viendrait non plus pour nous regarder de travers, mais pour savoir qui nous étions. C'était moi qui avait la chance de parler de nos traditions.
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Re: [E3] De longues journées (Sylvana)

Messagepar Tiberius le 24 Octobre 2012, 12:20

Je souris avec plaisir à sa juste remarque. Elle ne mangeait pas de romain.

-- Pour autant, cela ne semble pas les rassurer.

D’un petit mouvement de tête, je désignai les remparts qui la séparait de Rome. Sa répartie m’amusait. J’en éprouvais une forme de fierté. J’observais autour de nous sentant un regard sur moi. La jeune femme qui me regardait détourna aussitôt les yeux et commencerait sous peu à commérer auprès de son mari, puis de la voisine. L’étrangère avait reçu la visite d’un homme. Cela me ramena à la réalité. J’observai à présent son doigté pour l’archerie, du moins pour la réparation de son carquois. Je pris la louche et but une gorgée. Je n’avais pas soif, mais en ambassadeur, je respectai les traditions de mon hôtesse. J’avais d’ailleurs sincèrement envie de découvrir leurs rites, leurs cultures et leur esprit.

J’éprouvais du plaisir se mêlant à mon sentiment de curiosité. Attentif au moindre mot, les deux « si » ne m’échappèrent nullement.

-- Oui je souhaite en apprendre plus.

Je la rassurai immédiatement sur mes intentions et ce premier «si». Je pris également très bonne note quant aux questions que je devais ou non poser. L'idée de poser une question indiscrète me traversa l'esprit. Malgré mon espièglerie, je n’étais pas guère enclin à la provocation en ces lieux.

-- Les gauloises ? J’ai lu quelques archives. L’ancienne Rome avait conquis un royaume qu’on nommait la Gaule. Ceux qui vous ont donné ce surnom avait de la culture. Il voulait peut-être vous rappeler que Rome avait dominé ce peuple et se rassurer. Ils ont dû oublier que c'est la Gaule qui survécut au temps qui court. Mais les romains ne m’intéressent pas pour l’heure. Oublions donc les surnoms qu’ils vous donnent ! Comment vous appelez-vous ? Au singulier comme au pluriel...

Au singulier pour connaître son véritable prénom, au pluriel pour connaître le nom qu’elles se donnaient. Si elle demandait le mien, je lui répondrais simplement Tiberius, malgré les risques.

.. et puis s’il y a des choses à dire, je suis justement là pour les écouter. J’en ai envie.

Je choisis de m’asseoir face à elle, mimant sa posture, les jambes en tailleur. Mon officiel décès m’avait accordé le privilège de prendre mon temps aujourd’hui. Je profitai de ce temps libre improvisé pour l’écouter. J’avais toute la matinée. Et ma curiosité n’était pas feinte. J’aimais mes croyances. Et je savais que ma déesse n’était pas seule, qu’elle avait des frères, des soeurs, des amis, des ennemis. J’écoutai donc cette jeune femme avec un réel plaisir sans hésiter à poser des questions, à nourrir cette discussion. Mais pour le moment, j’éviterai deux sujets : les «mâles» et sa «mère».
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Re: [E3] De longues journées (Sylvana)

Messagepar Sylvana le 01 Novembre 2012, 00:12

L'explication qu'il donna à notre nom me plut. Je préférais ça à porter un nom pour une raison que j'ignorais. Enfin, c'était dans les traditions. Nous étions Gallus depuis quatre siècles, ou plus, nul ne s'en souvenait. Je pensais à ma mère. A la joie qu'elle aurait eu, si elle avait été encore en vie. Suagria la Blonde n'est plus, c'est ainsi, et il n'est nul besoin de continuer à en parler. Ce n'est pas ce qu'elle aurait voulu, je crois. Elle aurait été du genre à me gronder de penser encore si fort à elle.

Le Romain me plaît bien, je dois dire. Il à l'air un peu différent. Il ne ressemble pas à ceux qui critiquaient ma mère, à ceux qui nous regardaient avec condescendance. Il s'intéresse à qui nous sommes, et si je me répète, ça me touche. Même si je n'en parlerais sans doute pas devant lui.


- Je suis Sylvana Vidlua. Sylvana, mon prénom, Vidlua, mon nom de... baptème, si l'on peut dire. Quand au nom de notre tribu, car s'en est une... Nous sommes les Cridas, Celles qui Sentent.

Mes mains occupées à mon ouvrage s'affairaient, tandis que je parlais. J'évoquais Nantosuelta, notre déesse, je parlais des ambactos, et du rôle qu'ils tenaient dans nos vies. Je parlais de la dualité que nous expérimentions, de notre pouvoir, le même à toutes. Deux heures étaient passées lorsque je me tus enfin. Mon carquois était fini, et je m'étais occupée de la peau fraîchement dépecée. Il avait fallu la décharner, puis la laver, et tout cela s'était fait avec la force de l'habitude, sans que je n'interrompe mon histoire. Que dis-je... notre histoire. L'histoire de toute une famille. Raconter tout ça m'avais réconciliée avec des souvenirs que je pensais oubliés. Notamment le visage de cette homme, qui fugacement apparaissait, dans une rue de Rome. J'étais avec ma mère...

- T'aurais-je déjà vu, Romain? Ton visage réapparaît, dans ma mémoire.

Une affirmation. Peut-être me trompais-je. Ou peut-être l'avais-je simplement croisé au détour d'une rue.

- As-tu connu ma mère?

Son nom à lui, je l'ignorais toujours. Je n'étais pas curieuse de ces choses-là. Libre à lui de m'informer de son identité. Pour moi, il était le Messager, sans le savoir. Il était celui qui perpétuerait notre souvenir, un jour, quelque part. Sans s'en douter, peut-être. Il était celui qui nous connaissais, désormais. L'histoire des Cridas ne sera pas perdue. Un jour, fut-ce sur son lit de mort, il mettrait nos coutumes à l'écrit. Parce que désormais, jusqu'à trouver un successeur, Il serait le Messager.
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Re: [E3] De longues journées (Sylvana)

Messagepar Tiberius le 09 Novembre 2012, 19:20

Dans les livres de Sertorius, j’avais vu un titre : la relativité du temps. Je ne l’avais jamais lu, mais je pensai à ce titre. La course du soleil me semblait s’accélérer en présence de Sylvana. Je ne compris pas tout de leurs rites ou de leurs coutumes, mais je commençai à mieux les connaître. Ce discours passionnant avait commencé deux heures plus tôt et pourtant je pensai ne m’être assis que dix minutes plus tôt. Je réalisai le temps passé en constatant le travail achevé, le carquois réparé, la peau lavée et tannée.

Pourtant grimé, mon visage revenait à sa mémoire. Elle me demanda si je connaissais sa mère. Répondre à cette question demeurait difficile. Je n’avais pas vraiment la réponse. A partir de quand connaissait-on réellement une femme.

-- J’ai déjà discuté avec votre mère, en effet. Cela remonte à quelques années déjà. Elle et moi avons dû échanger moins de mots que nous deux. Elle ne semblait guère appréciée que je pose des questions. Je n’ai pas insisté.

Je me souvenais très bien de sa mère. Sa famille était difficile à oublier. Différente, elle marquait plus facilement l’esprit des romains croisés.

-- Je suis surpris que vous vous souveniez de moi. Nous nous sommes croisés sur la place du marché deux fois, peut-être trois. J’avais voulu vous offrir quelque chose, mais j’avais blessé votre mère par mon geste. Elle n’avait plus vraiment envie de me parler. Alors ensuite, c’est tout juste si je nous avons échangé des salutations d’un simple signe de tête.

Je n’insistais pas beaucoup plus sur ce sujet, je n’avais pas l’intention d’aborder ce passé, du moins pas dans l’immédiat.

-- Je me promène souvent sur les remparts. Et je ne la vois plus à vos côtés depuis quelques temps déjà...
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Re: [E3] De longues journées (Sylvana)

Messagepar Sylvana le 02 Décembre 2012, 21:39

J'écoute cet homme parler de sa rencontre avec ma mère. Mes souvenirs, ceux du Hibou plutôt, étaient donc fidèles, c'est une bonne chose. Je n'apprécierais pas de perdre la mémoire. J'hoche la tête doucement, l'air grave. Suagria avait perdu la foi. Pas en Nantosuelta, notre déesse bien aimée, mais en l'homme. Ma mère ne supportait plus la vie qu'elle menait, elle ne supportait pas les regards que l'on posait sur nous. Je ne me rappelais pas qu'elle ait un jour rabroué quelqu'un qui voulait nous offrir quelque chose, c'était une femme douce, bien plus que moi...

- Suagria la blonde ne croyait plus en l'arrivée du Messager. Elle avait perdu l'espoir. Si vous le pouvez, pardonnez-la, ce geste n'était pas contre vous particulièrement, je ne pense pas.

A sa remarque concernant mes souvenirs, je plante mes yeux dans les siens, et laisse passer un moment de silence avant de lui répondre, d'une voix basse emplie de respect :

- Je ne me souviens pas. Tyl se souvient.

Je me tais, une fois de plus, tentant de trouver dans cet homme quelque chose de moi. Malgré ce que m'a dit ma mère il y a bien longtemps, je ne peux m'empêcher de chercher mon père. Dans une ville close comme l'est Rome, il est soit mort, soit parmi nous. Partir, c'est impossible. Et si ce romain a connu Suagria... Mais non. Ce n'est sans doute pas lui et je cherche en vain, comme d'habitude.

- Vous n'étiez pas proches...

C'est plus une affirmation qu'une question. Je dois cesser de me leurrer. Sans le quitter des yeux, j'hoche la tête de droite à gauche, puis regarde le désert. Cela fait presque deux semaines désormais que je vis seule. J'espère qu'elle a trouvé la paix, que Nantosuelta l'a recueillie dans son royaume. C'est dommage. J'aurais aimé que l'enfant que je porte connaisse sa grand-mère, c'était une femme bien.

- Elle a rejoint la terre. C'était son choix.
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Re: [E3] De longues journées (Sylvana)

Messagepar Tiberius le 16 Décembre 2012, 16:42

La discussion se poursuivait avec un calme très solennel. Elle me demandait de pardonner sa mère. J’acquiesçai, quand bien même elle ne m’avait nullement offensé. Je préférai d’ailleurs le préciser.

-- Oh ! Il n’y a là aucune offense. Les romains ne vous ont guère bien accueillies et puis je doute qu’elle m’en ait voulu. Sauf votre respect, votre culture ne semble pas laisser une place prépondérante aux hommes.

Mes propos non plus ne se voulaient offensant. L’homme n’avait guère de place dans leurs traditions et le constater ne devrait pas créer de problèmes. Si j’avais tenu ses propos à une tribune publique, en les décriant, cela aurait été bien différent. Je ne venais pas ici pour déblatérer plus tard et casser du sucre sur le dos de leurs traditions. Je venais par curiosité, de la même façon que je lisais de nombreux livres recueillis par Sertorius.

-- Alors, pour tout dire, j’avais plutôt le sentiment qu’elle évitait les hommes. Je n’ai pas pris son comportement comme une attaque personnelle.

J’observai son visage avec attention. Aucun de mes traits ne se retrouvaient dans les siens. Étais-je le père ? Je n’imaginais pas sa mère coucher avec plusieurs hommes. C’était donc fort probable. Et l’âge de Sylvania correspondait à l’union entre sa mère et moi.

-- Vous vous ressemblez étonnement l’une, l’autre. Je ne vois guère de traits de votre père en vous.

Je prononçais cette phrase sobrement et lui laissai tout le loisir de réagir. Je ne savais comment m’y prendre et je voulais savoir si elle le recherchait ou non avant d’aller plus loin. Après tout, l’homme ayant une si petite place, peut-être n’a-t-elle jamais voulu rien savoir sur ce sujet. Je me tus donc, attentif à sa réaction.
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Re: [E3] De longues journées (Sylvana)

Messagepar Sylvana le 17 Janvier 2013, 21:45

- Tu as eu raison. Une Crida, après avoir enfanté une fille, ne s'occupera plus des hommes.

Je le regarde de côtés, mes coudes posés sur mes genoux. Moi-même, je n'irais plus revoir le père de l'enfant que je porte. Qu'importe si je l'ai apprécié ou non, désormais, nous n'avons plus rien à faire ensemble... sauf si l'enfant est un mâle. Prometheus était au courant, et il l'a accepté.

J'hochais la tête à ses mots. Il est vrai que j'étais le portrait de ma mère. Les mêmes yeux pâles, la même peau blafarde, les mêmes cheveux délavés. La seule différence résidait dans les habits et la coiffure. J'étais chasseuse aux cheveux court et vêtements de cuir. Elle était plus féminine, avec ses longues nattes et ses robes, même en lambeaux.


- Tu sais, Romain, le père d'une Crida n'existe plus dès que l'enfant est conçu. Moi-même, mon ventre va commencer à s'arrondir, mais je n'ai plus le droit d'entrer en contact avec le père de mon enfant. Je serais seule pour vivre cette grossesse.

Je fais une pause et porte distraitement ma main à mon ventre.

- Peu importe que je l'ai aimé, ou non. Peut importe que je lui brise le coeur. Ce sont des coutumes cruelles, je le reconnais. Je l'ai souvent regretté, enfant. J'ai longtemps demandé à savoir qui était mon père. Suagria a toujours refusé de me répondre. Quelque part, j'aimerais changer ça. Mais qui suis-je, pour bouleverser un demi millénaire de traditions?

Je regarde vers le lointain. Je ne suis pas amoureuse de Prometheus, je ne l'ai jamais été. Cet homme est plaisant, mais ce n'est pas un homme pour moi... lui ni aucun autre, d'ailleurs. Mais il aurait fait un bon père, j'en suis convaincue. Cependant, les femmes de notre famille doivent rester seules, avec pour seule compagnie leur ambactos, leur génitrice et leur descendante. Triste situation, en fait. Une Crida ne peut, n'a pas le droit d'aimer. Sans le regarder, je parle de nouveau à ce romain étrange qui est venu vers moi de son propre gré.

-Je peux te dire un secret, Romain ? Dès que je vais dans la ville, je scrute chaque visage dans l’espoir de reconnaître mon père. Ce que je ferais si ça arrivait, si je le retrouvais… je n’en sais rien. C’est sans doute plus simple comme ça, en fait.
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