Les bains… J’aime m’y détendre. Il y a toujours une heure en fin de journée où il y a peu de monde. Tout le monde s’emploie à repartir chez lui pour le début de soirée, et moi j’en profite pour me prélasser sans toute cette foule autour de moi.
Les bans ne sont pas mixtes. Ils n’ont jamais été fort heureusement que cette loi a été bien établie pour ne pas avoir à faire à un second Lupanar… aquatique. Il m’arrivait parfois de m’y rendre avec une disciple, et ce fut le cas aujourd’hui. J’avais amené Tanya, une jeune femme encore toute nouvelle dans le temple de Pluton, perdue dans cette grande ville de Rome. Elle me faisait penser parfois à un petit animal apeuré par le monde dans lequel nous vivions. Nous avions passé une heure à nous prélasser dans cette eau chaude, à discuter sur des sujets qui lui tenaient à cœur, répondant avec autant de précisions que je le pouvais à ses questions. Peu à peu, les femmes sortaient des bains pour retourner à leur domaine, auprès de leurs époux, leurs amants, leurs maitres. Peu à peu, nous n’étions qu’une dizaine à profiter de ces derniers moments avant la fermeture de l’établissement.
Il était temps à notre tour, d’y sortir. Ma disciple m’accompagna jusqu’au vestiaire, revêtant nos vêtements. Comme toujours, j’étais habillée d’une longue toge noire où seul le cordon doré noué autour de ma taille donné un éclat à ma tenue. Je disposais ma capuche sur mes longs cheveux sombres, et une fois prête, j’attendis Tanya devant l’entrée des bains. Les derniers clients, hommes et femmes regagnaient leurs maisons, s’échangeant un dernier mot, un dernier sourire. Je m’étais adossée à une colonne observant les gens. De par ma tenue et ma posture, je donnais une image de femme distante et froide, et c’était bien là, le masque que j’aimais refléter. Ainsi personne ne pouvait venir vers moi pour m’importuner.
Mon regard, subitement, s’attarda sur une silhouette qui m’était familière. Un homme venait de sortir de ces mêmes bains, et il s’approchait dans ma direction. Il ne m’avait peut-être pas vue ni reconnue mais moi, je savais exactement qui il était. J’attendis qu’il arrive à mon niveau, qu’il passe devant moi…
- Cicero …
Je me redressais sur mes jambes, renversant ma capuche en arrière pour qu’il puisse voir mon visage. Mes yeux bleus le détaillèrent dans une affection sincère, et un sourire discret orna mes lèvres. Je me souvenais de son arrivée au sein de notre Temple jusqu’à ce que sa famille le retrouve et ne l’arrache à son destin. C’est son androïde qui revint quelques temps, après, au temple pour demander de l’aide et nous expliquer ce que Cicéro endurait. Je ne pouvais fermer les yeux sur une telle situation, et je donnais à l’androïde le moyen de fuir avec le jeune homme. Sans qu’ils ne le sachent, ni l’un ni l’autre, j’avais employé les moyens nécessaires pour que la famille de Cicéro ne le retrouve jamais. Ils vivaient tous les deux, éloignés du cœur de Rome. Cicéro homme-enfant avait retrouvé le sourire et ses dons pour engendrer des androïdes qui ne faisaient que s’accroitre.
- Je suis heureuse de te voir.
Je n’avais plus revu Cicero depuis plusieurs semaines. Mes obligations et ses occupations ne nous permettaient pas toujours de pouvoir nous retrouver pour partager un moment à deux.
- Je pensais à toi depuis quelques jours. Comment vas-tu ?
Etait-il venu avec Laurane ? Je cherchais par-dessus son épaule, la présence de son amie, de celle qui veillait sur lui depuis cette fuite loin de sa famille.