par Sylvia Lullus le 10 Octobre 2012, 10:24
Sylvia discutait avec une élève, jeune fille d’à peine quinze ans. Derrière le charme adolescent, se devinait la splendide femme, qu’elle était promise à devenir… dans peu de temps. Septième génération à entrer au service de Vénus sous les yeux de la prêtresse. C’était majoritairement des filles, qui plus est des filles qui avaient connue une vie modeste, mais loin de la pauvreté. La Déesse ne se contentait pas de la beauté de la chair. Là résidait toute leurs forces. C’était avec la même finesse d’esprit qu’un soldat, que ces filles pouvaient amener les romains à oublier de se battre.
Le regard auréolé de gris se détournait à l’instant exact où Noxia passait le seuil de la grande salle. Le crépuscule enrobait la silhouette d’une auréole sanguine. L’image était à la fois magnifique et terrifiante. Les femmes, destinées à servir les dieux, ne croyaient pas aux coïncidences. Elles apprenaient à interpréter les signes.
Cette enfant parée de noir et sertie de rubis avait une ombre dans les yeux.
Sylvia mettait fin à la conversation d’une courte phrase. Le timbre chantant de sa voix participait à la mélodie du lieu. L’approche de la nuit était le moment où la Terre était suspendue entre deux mondes. Beaucoup d’hommes venaient, sous couvert de la Lune, réclamer la chaleur d’un corps. Depuis que l’Expédition avait été décidée certains se faisaient plus rares.
Quelques femmes venaient également … pour venir trouver le réconfort.
- « Approches. (La main tendue, paume vers le ciel, Sylvia invitait son enfant à la rejoindre.) Dis-moi ce qui te trouble Nox. »
Sylvia les entrainait toutes deux à l’abri des regards. Dans une alcôve, éclairée de bougies, ses deux bras s’ouvraient en grand pour accueillir l’orpheline. Ils n’avaient jamais bercé d’enfant de la chair des Lullus. Mais chaque enfant de Rome pouvait venir y chercher chaleur et tendresse tant qu’ils étaient respectueux.
Il y a quelques années, le nom de Livius faisait encore frissonner les romains de plaisir. A chaque fois que la fille venait, sa mère, hantait la mémoire de la prêtresse. Quelle tristesse d’avoir vue une adapte si douée sombrer. Mais dans toutes choses les dieux avaient un plan. Ils avaient placé Noxia sur le chemin de Vénus. Un jour peut-être cela s’avérerait utile.
- « Cela faisait quelques temps que tu n’étais pas venue. (Du coin de l’œil elle apercevait Noxilius. Sylvia se retenait de parler des droits des Androïdes, consciente que le sujet était bien trop sensible, avec sa fille de cœur. ) Tu m’as manqué. »
Les doigts fins éloignaient quelques mèches blondes du visage de la visiteuse. A son âge elles étaient un peu pareilles. Sylvia portait une robe longue, ouverte dans le dos, retenue par un mince cordon, autour du cou, et de la taille. Elle ne portait pas de bijoux, de signes distinctifs, aussi humble qu’une novice. Les années l’avait rendue sage et modeste, bien plus que tous les guerriers qui se préparaient à conquérir.
Le regard tendre fouillait les tréfonds de ces deux iris. Le don était là, palpitant dans l’air, poussant l’enfant à s’ouvrir sans retenue. Ici, les secrets étaient toujours bien gardés.