[E3][Flashback]Une voix qu'on oublie pas [Livia]

[Mettius Aurelius]

Souvenirs, souvenirs…

Oui, il s’agissait d’un souvenir, un souvenir dérangeant, un souvenir désagréable, un souvenir qui commençait par une chanson. Et cette chanson lui était resté dans la tête, ou plutôt, non, pas le chant en lui-même, mais plutôt cette voix, une voix absolument divine ! Sourire amer. Cette voix était à la fois une ode à la beauté – beauté qui méritait si bien d’être détruite et rabaissée - et un rappel de l’une des pires défaites politiques de Mettius….quoiqu’en fait, non, non, ce n’était pas une défaite politique au fond, le résultat était prévisible, il avait juste du prendre un autre chemin, à quoi ça sert de lutter contre le courant d’un torrent à part s’épuiser dans le vide ?

Tout était une question d’adaptation ! Le succès n'est pas définitif, l’échec n'est pas fatal; la seule chose qui compte c'est le courage de continuer...oui, il s’agissait de quelque chose d’autre, il avait murement réfléchit son plan et les assassinats rattraperaient sans doute quelque chose…comment ça quels assassinats ? Tssss vous verrez bien !

Il était en palanquin, escorté par un turmae de prétoriens en armes montés, il ne passait pas spécialement inaperçu, d’un autre côté, il ne cherchait pas à se cacher. Direction la demeure de la chanteuse dont la voix l’avait obsédé, il amenait présents en plus de sa personne en se dirigeant vers la demeure de Sirenia, à la voix envoutante d’ne sirène.

Une fois devant les portes de la demeure, les prétoriens firent une haie alors que l’un d’eux toquait à la porte. Une androïde sortit et le prétorien lui annonça la visite pour sa maitresse. Celle-ci partit faire son annonce. Mettius en profite pour descendre de son palanquin. Il bloque la rue, mais qu’importe, pour le prélat, les gens feront un détour ou patienteront, ils ne sont pas aux pièces après tout !

L’androïde revint et dit au soldat d’élite que sa maitresse allait le recevoir. Tant mieux. En même temps, c’est normal. Il sourit et précédé de son garde personnel, il entra dans la demeure. On l’emmena dans une grande salle – triclinium sans doute et on lui demanda de patienter, ce qu’il fit….les minutes passaient, toujours personne, quand enfin, la porte s’ouvrit….

[Livia Caelius]

Aux premières lueurs du jour, je m'étais accordée une petite promenade dans le jardin de Vénus. Le chant me parvenait comme une douce mélodie à peine murmuré. Le vent venait chatouiller mes cheveux alors, que doucement mon regard se promena sur les courbes de la mer qui n'a cessé de danser depuis que mes yeux s'étaient fermés. Une poésie de si bon matin, rien de tel afin d'accueillir la journée qui s'annonçait et d'abandonner les bras de Morphée qui dans sa grande générosité m'avait offert un sommeil sans ombres noires. Ces temps-ci, je trouvais un repos incroyablement réparateur, tandis que mon regard, lorsqu'il quittait l'enceinte sécurisante de ma demeure se plongeait dans l'atmosphère électrisante de notre fière cité.

Admirant le paysage et respirant la pureté de l'air. Le doux arôme des fleurs venaient chatouiller mes narines dans un mélange harmonieux. Rien ne pouvait briser cet instant, peut-être à part le temps qui à mon goût défilait trop rapidement m'empêchant de poursuivre ma contemplation qui devenait à mesure que les minutes passaient moins touchantes que lorsque je suis arrivée.

Tout le monde s'affairait à leur tâche tandis que je remontais dans ma chambre pour un long bain. Une détente de plus ne me ferait pas de mal. Une longue journée m'attendait et je devais m'entraîner avec mes musiciens pour parfaire quelque mélodie que nous avions conçue ensemble pour un prochain récital. Et il me fallait rendre visite à mon père qui comptait faire partie de l'expédition et il me demandait durant son absence de prendre soin de ses serviteurs et de la maison.

Me préparant pour la journée qui m'attendait, je ne soupçonnais pas qu'un quelconque Dieu allait me jouer un petit tour. Je n'avais rien remarqué au préalable qui me donnerait un petit soupçon sur la visite que j'aurais aujourd'hui. Être prise au dépourvue ne me gêne aucunement, au contraire cela met toujours un peu de piment sur une journée parfaitement ordonnée.

Un serviteur vint dans ma chambre pour m'annoncer une visite surprenante. Le Prélat en personne se trouvait ici à m'attendre pour une raison inconnue. Le personnage ne me plaisait aucunement, je pourrais le renvoyer sans regret, mais la curiosité me poussait à savoir la raison de sa visite.

- Dites-lui que je veux bien le recevoir et emmenez-le dans le triclinium. Offrez-lui des fruits et boissons pour le faire patienter.

Par la suite, je me fis aider par l'une de mes androïdes prit le soin à me vêtir. J'avais décidé de porter une robe d'un blanc parfait et ma coiffure se résumait à une chevelure tombant en cascade le long de mon dos légèrement bouclée vers les pointes. Un maquillage très simple, le nécessaire pour faire ressortir mon regard et un rouge à lèvre pour que la couleur naturelle de mes lèvres soient mises en valeur. Je n'aimais pas l'exagération ou les trop grands artifices, cela détruisait la beauté naturelle de la femme.

Je pris mon temps pour descendre le grand escalier et rejoindre le triclinium pour rejoindre mon invité qui avait dû déjà prendre ces aises. Ouvrant doucement la porte, j'entrais dans la pièce et avança vers lui prenant un sourire de circonstance. Même si je ne l'appréciais que très peu, il n'y avait pas de raison pour que je montre désobligeante à son égard.

- Cher Prélat, soyez le bienvenu en ma modeste demeure.

Avançant vers lui d'un pas gracieux, mon regard transperçait le sien tandis qu'Augustus le plus vieux et le plus fidèle des serviteurs de ma famille déposait une corbeille de fruits frais et de la boisson préparée ce matin même. Au vu de l'heure actuelle, mieux valait un jus de fruit bien frais pour démarrer la journée.

- Que me vaut l'honneur d'une telle visite ?

[Mettius Aurelius]

Le prélat n’avait en rien pris ses aises, par politesse, il ne s’était même pas assis, il était resté debout à faire les cent pas, déclinant les offres de collation comme d’installation. Il n’était pas à l’aise de patienter, pas du tout, qu’on le fasse attendre était quelque chose qu’il estimait être impensable ! Il était le prélat après tout ! Il y avait un minimum à avoir concernant le respect dû aux autorités supérieures de la ville ! Il en était l’homme le plus puissant après tout ! Oui, quoi qu’on en dise, il était un homme incommensurable puissant. Vous voulez une preuve ? Une parole de lui valait tous les témoins du monde. Il était sûr de pouvoir faire emprisonner n’importe qui sur demande ! En abuser aurait été plus qu’exagéré ! C’était la raison pour laquelle il n’en abusait que discrètement ! Sinon, Festus, Noctua, Eques, tous ceux-là seraient au secret, enfermés au fond d’un sombre cachot avec la langue tranchée pour plus de prudence….quoique non, Noctua à part, avec encore sa langue, elle pourrait encore servir…

Enfin, elle se montra, Sirena, LA voix envoûtante. Elle était ravissante dans cette robe, avec ce maquillage très léger, ces cheveux laissés libres sur ses épaules. Oui, elle était particulièrement jolie, reconnaissons-le ! Elle le salua alors qu’on apportait une légère collation. Il lui en était gré, il n’avait pu encore se sustenter de la journée. Il trouvait le ton de la jeune femme, tout comme sa voix même si elle ne chantait pas, était fort agréable ! Il sourit alors qu’il voyait ce qu’il y avait de déposé sur la table, fruit et uniquement fruit ! Même pas un léger spiritueux ! Enfin bon, faute de grive, on mange des merles. Il sourit à la question de la jeune femme et regarda le garde prétorien qui était resté en faction dans la pièce, près de la porte.

« Allez rejoindre les autres….oui, laissez-nous. »

Le garde fit une courbette et sortit. Il connaissait la sortie.

[b][color=#3399CC]« Je vous prie d’excuser ma précaution de faire entrer ici un garde, mais disons qu’avec les évènements récents et les troubles de la rébellion, je ne puis me permettre de relâcher la sécurité… je vous prie d’excuser mon impolitesse…j’en suis vraiment confus… »

Il lui sourit avant de saisir un grain de raison qu’il fit rouler dans sa paume avant de l’avaler.

« A vrai dire je suis venu quand un créneau me l’a permis, et je suis vous prie, Sirenia, de m’excuser de venir à l’improviste et si tôt, mais votre prestation au colisée m’a tellement touché ! J’étais si estomaqué ! C’était époustouflant ! Je ne pouvais pas ne pas vous remercier pour cette prestation ! J’ai d’ailleurs un cadeau pour vous remercier ! »

Il sourait toujours, plus béat, comme exalté, pure comédie bien évidemment,=. Le cadeau était dans le palanquin sous la garde des soldats, il s'agissait de quelques bijoux absolument magnifiques ! C’est alors qu’il rajouta :

« En tout cas, vous êtes absolument ravissante ! Comme à vitre habitude ! »

[Livia Caelius]

La présence du Prélat dans ma demeure soulevait nombre de question. Quelle était la raison exact de sa visite ? Personnage emblématique de notre cité, Mettius ne se rendait pas chez une personne par pur hasard. Non, il y avait bien une raison qui l'avait poussé à venir ici. Je gardais une attitude de circonstance, respectueuse sans trop pousser sur la bienséance pour ne pas paraître fausse. Comportement que j'exècre par-dessus tout. Si le moment venait à arriver, je me montrerais franche et honnête envers le Prélat. Je connais les risques encouru, mais j'estime que lécher les bottes à une personne que l'on apprécie très peu est une insulte pour cette dernière. Mettitus pourrait m'écraser facilement, mais au moins j'aurais été moi jusqu'au bout.

M'approchant de ce dernier, je croisais le regard impassible de ce garde qui l'accompagnait. Apparemment, les troubles de la cité se faisait sentir que plus encore d'où la raison sur sa sécurité rapprochée.

« Je vous prie d’excuser ma précaution de faire entrer ici un garde, mais disons qu’avec les évènements récents et les troubles de la rébellion, je ne puis me permettre de relâcher la sécurité… je vous prie d’excuser mon impolitesse…j’en suis vraiment confus… »

- Prudence est mère de sureté...

Sous les ordres du Prélat, le garde s'en alla accompagné de l'un de mes serviteurs. Même si ce dernier semblait connaître le chemin de la sortie, c'est par pur principe que mon domestique le raccompagna et peut-être offrir quelque rafraîchissement aux soldats qui se trouvaient à l'extérieur. La chaleur de ce début de matinée, trop lourde devait assoiffer les hommes qui sous un soleil de plomb n'avaient pas le droit de bouger.

« A vrai dire je suis venu quand un créneau me l’a permis, et je suis vous prie, Sirenia, de m’excuser de venir à l’improviste et si tôt, mais votre prestation au colisée m’a tellement touché ! J’étais si estomaqué ! C’était époustouflant ! Je ne pouvais pas ne pas vous remercier pour cette prestation ! J’ai d’ailleurs un cadeau pour vous remercier ! »

Un sourire passa sur mon visage, non pour le compliment, mais pour le jeu qu'adopta ce cher Prélat. Observatrice depuis toujours, je remarque quand les gens sur-jouent un peu trop. On ne peut tromper un artiste qui décide de voir et de comprendre chaque chose, chaque attitude paraissant trop enjoué dirons-nous. Donc le Prélat prenait ce genre de comportement, mais quel était le but qui l'animait. Ce personnage était de ceux que chaque chose n'était pas due au hasard. Les visites, les mots, les méthodes employées ont un but précis et la curiosité me hurlait d'en connaître la raison.

- Un cadeau ? Voilà qui est fort aimable de votre part cher Prélat. Mais avec tout le respect que je vous dois, le meilleur cadeau que vous pouvez me faire est de vous conduire naturellement. Vous connaissez ma réputation sans nul doute et peut-être avez-vous décidez d'avérer ce point en vous montrant trop enjoué. Suis-je à la hauteur de ma réputation ou bien le contraire ?

Effectivement, l'on me disait capable de définir l'attitude d'une personne. Certains se prêtent à croire que c'est un don que Vénus m'a offert dans sa grande bonté, mais je persiste à dire que ce n'est là que le fruit d'une longue observation qui amène à certaine conclusion. Un apprentissage de mon cher père pour ne pas me faire avoir. Effectivement, cette capacité peut en surprendre plus d'un, car l'on attend de moi une certaine naïveté qu'il m'arrive effectivement de jouer, mais en la présence du Prélat dans ma demeure, je me dois de montrer qui je suis.

« En tout cas, vous êtes absolument ravissante ! Comme à vitre habitude ! »

- Ce compliment me va droit au coeur cher Prélat. Mais je vous en prie prenez place... Vous prendrez bien un spiritueux, je sais que vous êtes friand de cette boisson.

Prenant mes aises après mon invité, je pris un raisin que je portais à ma bouche. Il n'y a pas à dire, il était vraiment délicieux. Pour ma part, je me contentais d'un jus de fruit. Je ne suis pas très alcool. Je n'en bois qu'à de rare occasion comme les fêtes et encore ce n'est qu'un verre, pas plus.

- Votre visite m'intrigue Prélat. Vous auriez bien pu m'envoyer un messager pour me donner le présent ainsi qu'un mot l'accompagnant. Et pourtant vous vous êtes déplacé vous-même. Un personnage tel que vous, est plutôt du genre à croire que rien n'est fait par hasard. Tout à un but et je vous ai toujours placé dans cette catégorie.

Je ne perdais pas mon sourire, une attitude aimable le complimentant discrètement. Une posture gracieuse tandis que mon regard le transperçait. Certains s'évertuaient à l'éviter, car ils pensaient que je lisais leurs âmes, les mauvaises intentions qu'ils pouvaient avoir, mais c'est totalement faux. C'est simplement pour mettre mal à l'aise et faire craquer ces personnes, ce qui ne risque pas d'arriver avec le Prélat. Ce dernier est effrayé par peu de chose ayant tout vu et tout vécu.

- Veuillez excuser ma franchise, mais je ne suis pas du genre à faire autrement.

[Mettius Aurelius]

Elle était compréhensive, c’était déjà ça… la sécurité de prélat ne devait être menacée, il était l’un des piliers du fonctionnement de la ville après tout… sa sécurité primait sur celle de bon nombre d’autres ! C’était triste çà dire, pour les autres, mais cela ne devait pas choquer qui ce soit, c’était normal, d’une affreuse et banale normalité, certes, mais normal. Ses responsabilités le rendait essentiel et le temps de battement entre la mort d’un prélat et la nomination d’un nouveau était un peu trop long et donc laissait la place à l’anarchie et au risque de la prise de pouvoir militaire ! Même le Sénat avait intérêt à le garder en vie en somme…

Se rendre indispensable, voilà la recette du succès, une fois indispensable, tout allait tout seul ! Car avec cette dépendance des autres, on s’assurait un avenir ! Et si quelqu’un devenait trop indépendant, on le remplaçait… Il concentrait énormément le pouvoir qu’il avait, tout passait par lui, ou presque. Il avait su se rendre indispensable pour survivre, tout simplement.

Elle lui parla de se montrer naturel comme cadeau…heu, non, ce cadeau n’était pas mérité, voir vraiment Mettius était quelque chose qu’il fallait hautement mériter ! Et il n’en était pas encore là ! A vrai dire, oui, il aurait pu faire venir un coursier ^pour ça, mais il s’était déplacé en personne ! Mais pour qu’elle ait compris qu’il était faux, elle devait être sacrément observatrice. Mais bon, il n’avait pas l’intention de changer de fusil d’épaule.

Elle lui proposa un rafraichissement… du vin aux épices ? Il espéra avant de finalement goûter à un vin banal, de bonne qualité, certes mais pas non plus transcendante ! En même temps il doutait qu’elle ait les moyens de s’offrir le meilleur vin de Rome, et qu’elle le sorte hors d’une réception en bonne et due forme ! En tout cas, ce picrate n’était pas trop mauvais !

Elle se mit à le décortiquer du regard alors qu’elle lui expliquait ce qu’elle pensait plus ou moins de son genre de personne…moui en gros, il ne faisait jamais rien sans rien, donc en gros un calculateur à la moralité douteuse, sympa…enfin bon, elle avait droit d’avoir son opinion… même erronée. Et après, elle venait s’excuser pour sa franchise.

« Ne vous excusez pas si vous n’être pas réellement désolée, ce serait exactement le contraire de votre franchise…empreint d’un jugement complètement inique. Niveau préjugés vous y allez fort, reconnaissez-le ! Je suis accusé, coupable et condamné à l’avance ! C’est absolument charmant. Je dois avouer que je m’attendais à tout sauf à cela. M’accuser de tous les vices autrait je pense était bien plus correct… enfin bon, ce n’est pas cela qui va m’empêcher de vous offrir ceci ! »

L’un des soldats arriva alors avec un coffret lon come l’avant-bras et large comme la main, il était orné d’une serrure en argent dans laquelle était placée une clé d’argent, il repartit en les laissant sur la table. Ce coffret contenait de magnifiques bracelets d’argent pur, presque des serre poignets où étaient gravées des silhouettes représentant les muses.

« J’espère que cela vous plaira, j’en ai eu l’impression en les voyant, directement ! »

Il n’épilogua pas et passa à autre chose, revenant même en arrière.

« La franchise ne me gêne absolument pas, loin de là, mais il y a après l’art et la manière de présenter les choses je pense ! Ne le croyez-vous pas ? J’avais décidé de venir en personne pour pleinement presndre conscience de qui vous étiez et ne pas simplement demander à un coursier qui n’aurait vu que votre androïde… je me plais à prétendre que je suis un bon juge de la nature humaine, ça me permet donc aussi d’avoir un aperçu de la personne à qui j’offre un cadeau… »

[Livia Caelius]

Ce personnage est haut en couleur. A la fois exaspérant et intéressant, mais je m'en méfie comme la peste. Je reste aimable envers lui, car il n'y a aucune raison que cela en soit autrement, mais j'enrage de ne pas savoir pourquoi un homme de son importance me fasse une visite. M'offrir un présent est-elle une raison suffisante pour lui ? C'est ce qu'il veut faire paraître, mais j'ai un doute sur ces véritables intentions. Mettius reste un homme qui ne fait pas les choses au hasard et sans doute désire-t-il connaître la personne qui se cache derrière un nom de scène. Veut-il affirmer certaines rumeurs qui auraient pu lui parvenir et qui ont pu titiller sa curiosité ? Je ne suis qu'une humaine parmi tant d'autre qui désire vivre dans un monde qui n'a pas forcément de logique. Ce monde n'est que décadence de par les hommes et les femmes qui y demeurent dont la mentalité me donne des envies de fuir vers d'autre horizon et pourtant j'aime à croire qu'un jour les choses changeront peu à peu. De préférence en faveur des androïdes qui vivent une humiliation après l'autre, d'abord crée pour épauler l'être humain, ils sont devenus des êtres qu'on se plait à martyriser sans raison évidente à part le désir de domination que chaque humain possède en lui et qui ne peut pas toujours s'exprimer.

J'observe le Prélat faire bonne figure, goûter à ce que je lui offre tandis qu'un garde vient me porter le présent de Mettius. J'ouvre le coffret délicatement travaillé par un artisan minutieux et y découvre des bijoux de grandes valeurs, simple en soi, mais dont le prix ferait tourner la tête de plus d'une personne. Le Prélat ignorait sans doute que j'avais bâti une certaine fortune grâce à mes prestations, mais je ne vantais pas de ce genre de chose. Cela ne servait strictement à rien. Ma demeure était le seul témoin de l'importance de ma fortune. Un artiste avait souvent des envies de grandeur et se laissait porter facilement lorsqu'un endroit l'inspirait et ce fut mon cas, lorsque j'ai fait construire cette maison. Je voulais que la sérénité en soit la maîtresse.

- Où est donc le préjugé je vous le demande. J'ai simplement dit qu'un personnage de votre importance a bien des choses à faire et qu'à l'accoutumé un simple messager aurait transmis vos amitiés et le présent qui me plaît vraiment beaucoup. Quelle femme ne serait pas touchée par une telle attention.

« La franchise ne me gêne absolument pas, loin de là, mais il y a après l'art et la manière de présenter les choses je pense ! Ne le croyez-vous pas ? J'avais décidé de venir en personne pour pleinement presndre conscience de qui vous étiez et ne pas simplement demander à un coursier qui n'aurait vu que votre androïde... je me plais à prétendre que je suis un bon juge de la nature humaine, ça me permet donc aussi d'avoir un aperçu de la personne à qui j'offre un cadeau... »

- Il est vrai que le don de la rhétorique ne sciait pas à tout le monde, je le conçois. L'art de savoir parler est une perle difficile à trouver en soi, il faut avoir un minimum de bienséance pour l'utiliser. Mais cela peut s'apprendre bien heureusement.

D'un simple sourire courtois, je continuais à le regarder. Il avait éclairé quelque peu ma lanterne sur la raison de sa venue, qui est en soit tout à fait compréhensible. Faire bonne figure m'apportait peu, je préférais être moi ainsi il comprendra que je suis une personne entière qui pratique la franchise et non l'hypocrisie. Je dis ce que je pense avec un minimum de diplomatie et avec un savoir faire rare. N'étant pas parfaite et personne ne l'est selon moi, il m'arrive de faire nombre d'erreur que je reconnais parfois ou bien le contraire. J'aimais qu'on me dise mes erreurs afin de ne pas les reproduire, ce n'est pas en les cachant que je risque d'avance comme il se doit dans la vie. Certes, elle est plus longue de nos jours, mais nous ne sommes guère éternels.

[b]- Cependant, ce n'est pas en une seule rencontre que vous vous ferez un avis de ma personne cher Prélat. Il faut du temps avant qu'un bon vin devienne un millésime et c'est la même chose pour une personne que l'on veut connaître. Il faut du temps et de la patience.

Peu était pourvu de temps et de patience. C'était malheureusement des qualités qui se perdaient à mesure que les années passent. Trop de gens se sentait important pour se donner le temps de vouloir connaître quelqu'un. La franchise n'est pas une chose que l'on retrouve chez tout le monde à mon plus grand désarroi. D'où ma question. Que deviendra le monde à mesure que le temps passe ?

[Mettius Aurelius]

Il sourit, la rhétorique était son dada, mais en la matière, elle ne se débrouillait pas mal du tout, bien au contraire, il était presque ravi d’avoir une personne ayant à la fois conversation et esprit ! C’était agréable, il appréciait. Il s’attendait à beaucoup moins, mais en même temps il aurait du ne pas la sous-estimer, qu’une chanteuse ait un don pour le verbe était logique ! Ils’en voulait d’avoir, ne serait-ce qu’un instant espéré entendre autre chose.

D’autant que ses propos étaient passionnants, ou du moins prêtaient aisément à la conversation ! Donc ça ne le dérangeait pas de continuer un peu à parler, elle était intéressante…. Oui, c’était le bon mot, intéressante ! Ses propos étaient peu communs, il était rare de montrer une telle franchise face à lui.

Elle donna un point de vue sur la bienséance qui était des plus réalistes. Oui, rhétorique s’apprenait et était une marque de bienséance, mais elle ne poussait pas sa réflexion assez loin à son goût… non, la rhétorique était davantage : c’était un art de vivre ety mieux encore, une façon d’être, par exemple, un politicien vivait par la rhétorique !

Là par contre il était moins d’accord, elle ne buvait guè-re de vin où elle le saurait sans doute, ce fut d’ailleurs par cela qu’il commença :

« Ah je suis désolé, mais non, là, je me dois de vous montrer une erreur ! Le vin se bonifie avec l’âge, mais millésime est prévisible, tout comme d’un premier échange, on capte la majeure partie des informations ! Mis une nouvelle impression peut confirmer ou infirmer ! »

Il sourit avant de retourner sur le précédent sujet :

« Mais si vous m’y invitez, ce sera avec plaisir que je reviendrai, je doute que l’on puisse se lasser de votre conversation ! »

Il sourit et conclu par :

« Mais concernant la rhétorique, je ne pense pas que vous voyez assez loin, ne devient-elle pas un art de vivre en société ? N’est-ce pas une manière de ne pas être marginalisé ? Après tout, de nos jours, la franchise est chose dangereuse ! Et l’utiliser est possible, mais avec parcimonie et prudence ! »

[Livia Caelius]

Poliment, j'écoutais le Prélat parler. Sa conversation était fort intéressante et je comprends que certaines femmes se laissent séduire par de bien belles paroles. Me serais-je fourvoyé sur cet homme que tous considère comme un monstre ? Je devrais lui laisser une chance et ne pas laisser mon esprit se formalisait trop sur les rumeurs à son encontre et sur ce que j'ai vu de lui la dernière fois. Après tout, peut-être s'agissait-il d'un ébat consentant.

Je l'observais, sourire étirant mes lèvres coloré d'un rosé brillant clair. Ma robe épousant la moindre de mes formes laissaient les hommes imaginaient les courbes de ce corps dont rare sont les hommes qui ont pu le voir. En effet, je n'ai jamais laissé mes relations sentimentales voir le jour, j'aimais être extrêmement discrète au point que certains pensaient que j'étais toujours vierge. Mais après 65 ans de vie, rare sont ceux qui restaient étrangers à l'échange charnel et je n'échappais pas à la règle. J'aimais être sûr de la personne qui me faisait face, malheureusement nombreuses sont les fois où je m'étais fait avoir et c'est pour cela que je restais sélective et difficilement accessible sur ce point me refermant dans ma coquille.

- N'est-ce pas dommage que l'homme doit mesurer ces paroles lorsqu'il doit s'exprimer ? Cela revient à de l'hypocrisie. C'est pour cela qu'on dit que la rhétorique est un art. Si elle est bien utilisée, on peut parfaitement dire ce que l'on pense sans pour autant désappointer la personne. La façon de parler peut parfois plus charmer et la personne porte rarement ombrage sur ce qui est dit.

Je me levais et fit part à Mettius de discuter plus amplement à l'extérieur. Les jardins de Vénus offriraient une atmosphère agréable et un peu plus de fraîcheur qu'à l'intérieur. En parfait gentleman, Mettius proposa son bras que j'acceptais d'un sourire puis je le conduisis vers les jardins qui font tant ma fierté et dont j'avais moi-même fait les plans pour que les différents parfums offrent un mélange harmonieux et non désordonné, chose que je n'aimais guère.

De par l'aspect du lieu, on pouvait aisément apprendre mon côté romantique et rêveur que l'on prête aux jeunes demoiselles rêvant de prince charmant et qui ne m'avait aucunement quitté malgré mon âge. Mais, c'est aussi pour cette raison que mes chansons touchaient en grande partie un public féminin en manque d'amour. La féérie se lisait également de par les couleurs enchanteresses que prenaient les fleurs et dont le jardinier s'occupait avec beaucoup de tendresse. Ce dernier s'affairait avec beaucoup de coeur à l'ouvrage, il se leva pour nous saluer s'inclinant respectueusement devant le Prélat et moi-même. J'accueillis ce geste de bienséance avec un sourire aimable comme à l'accoutumée puis une fois les convenances respectées, il se remit au travail. Son amour pour les fleurs se faisaient voir facilement lorsqu'il maniait avec douceur ces belles demoiselles et de par l'entretien.

De loin, l'on pouvait voir la mer. On n'avait certes du mal à la distinguer avec le ciel, comme un miroir, elle adoptait la même couleur. Mais par habitude, j'avais appris à le discerner et cette vue m'offrait la plupart du temps les plus belles inspirations. C'est ici même que les mélodies naissaient en écoutant l'air que me chantaient les vagues.

- Cette brise venant de la mer fait énormément de bien n'est-ce pas ?

Le vent taquin et joueur vint soulever mes cheveux qui venaient chatouiller le visage du Prélat. Je ne bougeais presque pas, absorbé par ma contemplation. Cette vue sur la cité étant l'une des plus belles selon moi. J'avais opté pour les collines non seulement pour le calme, mais aussi pour la vue. Que de beauté s'étendait sous nos pieds, ce qui rendrait jaloux tous les amateurs de beauté. Le Prélat succombera-t-il également à la vue ?