par Laelia le 16 Octobre 2012, 12:34
Sa réponse me fait sourire.
- Si ce n'est pas contagieux, uniquement!
J'en rajoute dans la bêtise. Je raconte n'importe quoi, en fait, comme souvent d'ailleurs. Mais lui se lève, et, prenant doucement ma main, la pose sur son ventre. Intriguée, ma deuxième main vient rejoindre la première, et doucement, j'effleure, je suis le contour des abdominaux, je remonte au pectoraux, je passe sur les biceps... Je n'ai même pas honte de le toucher ainsi. L'idée que ça puisse être gênant pour Julius ne me viens même pas à l'esprit. Je suis curieuse, c'est tout, et je nourris ma curiosité. Tout simplement. Allié au fait que je n'ai aucune pudeur, même devant quelqu'un qui m'est étranger, je ne me rends pas compte. La musique que je joue offre une partie de mon âme, comment pourrais-je m'offrir le luxe d'être pudique, quand tous ceux qui m'écoutent peuvent lire en moi comme dans un livre ouvert? Je ne sais si c'est par gêne ou autre chose que le centurion s'est reculé, mais je n'ajoutait rien. J'ai tendance à m'enfoncer moi même lorsque j'essaie de me justifier. Alors je pars du principe que je fais ce que je veux, et que j'arrête quand on me le demande clairement.
Je ris lorsqu'il me parle de Sylvia, lorsqu'il dit qu'elle le présente toujours de la même façon.
- Oui...Elle m'a dit ça. Mais chaque être à son point faible. Et ce point faible, c'est ma musique.
Je n'ai aucun orgueil à dire cela. Je pense que ça se ressentira dans ma phrase. Je ne me crois pas plus forte ou meilleure qu'une autre. Je sais simplement que ma musique fait ressentir des choses, des choses enfouies et oubliées. Elle donne vie à l'inanimé, comment pourrait-elle laisser de marbre une personne de chair et de sang?
Il me propose une promenade. Ce n'est sans doute pas moi qui la refuserait, je préfère marcher, ou courir, plutôt.
Je ris une fois de plus, aux éclats cette fois, lorsqu'il parle de ses recrues voyeuses, et de la punition qu'ils méritent.
- Laissez-les donc, ils sont jeunes, ils sont curieux et leur instructeur si inflexible, si inexpressif, occupé à sourire à une jeune femme. Comprenez que ça à de quoi intriguer.
Je me moque, un peu, de lui. Pas méchamment, évidemment. Mais je me place en vieille femme pleine de sagesse, alors qu'un fond, je ne suis qu'une enfant qui enchaîne les bêtises. Je suis aussi jeune que ses recrues, et je comprends bien l'envie qu'ils ont d'observer la personne qui leur sert de maître à penser. La curiosité, voilà le maître mot qui régit tout ce univers. Je me lève, adressant à son insu un clin d'oeil à un visage pris au hasard, avant de ramasser mon violon et de me diriger vers la sortie :
- Dites moi, ça pèse combien, toutes ces armures que vous devez porter?
C'est quelque chose qui m'a toujours stupéfié. Mon père forge armes et armures pour les soldats de Rome, et souvent je l'ai regardé faire, ses muscles impressionnant luisant de sueur et rougeoyant dans la lumière des flammes de son feu. Petite, j'ai essayé de soulever une épée forgée pour un centurion. Mes bras soutenaient à peine la poignée! Me voyant faire, mon père a rit, et m'a mis un bâton dans les mains, me disant que si je savais utiliser ça, je serais déjà une grande combattante. Maintenant, je sais que si les grands combattants doivent porter toutes ces pièces d'armures, je préfère être une violoniste.