par Titus Acilius le 08 Octobre 2012, 19:10
Le Centurion ne demandait rien de plus que la simple présence de son ami de toujours. Un militaire se contentait de peu. Lui, tout ce qu'il avait besoin, c'était son épée et quelqu'un sur qui compter. L'épée à sa taille, ce quelqu'un étant Julius, c'était donc suffisant pour Titus. Il s'était donc assis sur la buche et patientait que le Minervien ne coupe un morceau de saucisson volé. Cela ne tarda pas, il reçut même un verre de vin. Aaah, ça c'était du bon dessert. Même s'il n'appréciait pas le moins du monde le vin, il n'en buvait que lorsque l'occasion le lui permettait. Généralement, cela immortalisait les rencontres avec cet ami au caractère proche du sien. Le Garde de Pluton posa le verre entre ses pieds et se mit à grignoter le morceau de saucisson. Il fallait savoir apprécier les petites choses de la vie et le saucisson, c'était plus qu'une petite chose, c'était toute une institution. Le militaire, sans le saucisson, c'était comme... une couturière sans son fil ou son aiguille, il y avait quelque chose qui manquait.
Cela fait longtemps… Un peu, mon n'veu... Plusieurs mois, si ses souvenirs étaient bons. Mais il y avait eut toutes les préparations pour le Grand Évènement au Colisée, et puis aussi les attaques des vers des sables incessantes sur la muraille est qui avait rendu les champs presque inaccessibles et sous constantes surveillances. Si tu vois Neressa, si elle rigole comme une cruche, c’est qu’elle a toujours le béguin de toi. Titus s'arrêta dans ses agissements. Pardon? Il avait redressé le regard et fixait les deux recrues en face de lui. Mais rapidement, il tourna les yeux sur Julius. Neressa? Le béguin pour lui? Ah bon? Comme tout bon militaire, il ne l'avait jamais remarqué. C'était malin maintenant, il avait l'air de quoi. Non, pire, il AURAIT l'air de quoi quand il croiserait Neressa? Il se mit à fixer le bout de saucisson survivant. Neressa était bien jolie, elle était du culte de Minerve en plus. Il sentit la chaleur s'enflammer sur ses joues. Non, non, non. Il n'allait vraiment pas bien, là. Et puis quoi encore. Ils étaient en pleine campagne, ils risquaient leurs vies en plus, alors penser à ça, n'importe quoi. Il se reprit en bougeant les épaules, les déliant un tantinet, pour reprendre contenance et pour qu'on évite de fixer son visage.
- Faudrait voir à augmenter la paye de vos soldats. Tana s'est mariée l'année dernière et son mari n'arrive toujours pas à acheter une maison, je suis obligé de les héberger.
Tana était sa dernière petite soeur. La toute dernière à s'être mariée à un Soldat de Minerve. Les trois autres soeurs avaient pris leur quartiers chez leurs époux respectifs, des propriétaires terriens. La famille Acilius n'appréciait que les adeptes de Pluton, pour leurs champs et leurs militaires et que la voie de Minerve, ce qui de temps à autres créait des frictions. C'était totalement débile, mais Titus n'échappait pas. Surtout que Victorius, le patriarche s'était mis en tête de trouver la bonne épouse pour Titus. Même Tana n'avait pas réussi à le faire changer d'avis. Mais heureusement, avec l'arrivée de Tiziana, l'idée de mariage s'était légèrement atténuée, enfin, pour le moment, il repoussait encore l'échéance. Tant mieux. Titus repensa alors aux paroles de Julius sur ses soeurs. Sylvia... Une gorgone de toute beauté. Evidemment qu'elle était encore chez Vénus. Il ne pouvait que lui souhaiter du bonheur parmi les prêtresses. Et puis les deux autres garçons manqués, Neressa et... Ah non, il fallait qu'il arrête de penser à Neressa. Il se remit alors prestement à mâcher le saucisson et s'enquilla une bonne rasade de vin, ce qui le fit froncer les sourcils et présenter une moue désapprobatrice. Ne cherchez pas à comprendre pourquoi il boit quand même du vin, malgré le fait qu'il n'aimait pas ça du tout, c'était comme ça et puis c'était tout.
- T’en penses quoi de tout cela. De la présence des Minervins ? Je suis venus, parce que mes sœurs venaient, je ne compte pas les protéger, Minerve le fera pour moi. Je suis là pour ma déesse, mais je ne m’épanche pas comme ils le font tous. J’ai pensé que ma présence serait nécessaire plus qu’à mes recrues.
Le Centurion de Pluton garda le silence un long moment. Entre eux, le temps n'avait pas son importance. Titus n'aimait pas parler. Ses soldats le savaient parfaitement. Un simple geste suffisait tellement. Mais là, la situation était compliquée. Très, voire même trop. Mais il y avait autre chose également et il voulait en parler avec Julius, mais il ne savait pas, il ne savait jamais, comment démarrer une conversation. Alors pour le moment, il se contenta de répondre à la question de son frère d'arme.
- Minerve est celle qui peut nous sortir de Rome.
Vénus s'en fichait bien, Jupiter les tenait enfermé dans la ville et Pluton ne se préoccupait que de la bonne vie des citoyens. Il n'y avait que Minerve qui avait le courage d'aller plus loin, de découvrir des nouveaux mondes. Il n'alla pas plus loin, signe que malgré le fait qu'il respectait les autres dieux et déesses, il vénérait Pluton qui le commandait de construire des murs plus importants, plus résistants, autours des champs, des pâtures et des vergers. Il n'avait donc pas à juger de la présence du Corps hors des murs de la cité. En plus de cela, chacun était libre de choisir, s'engager ou rester en ville. Même si selon lui, les femmes n'avaient rien à faire dans l'armée, mais ça, c'était une autre question. Il soupira, niant lentement du chef, ce qui fit s'entrechoquer les longues tresses dans son dos.
- J'ai quelque chose à te demander. Tu vas peut-être trouver ça... bête et idiot, mais...