J’arquais un sourcil et la regardais en biais lorsqu’elle me dit ne pouvoir être réinitialisée. J’avais raison concernant l’humanité de cette femme. Cela me rassurait sur mes capacités à détecter un humain d’un androïde, un comble quand on connait la véritable nature de Sibylla. Je ne prêtai guère d’attention à la suite de ses propos. J’entendais qu’elle avait une maîtresse, mais elle mentait constamment. Je ne savais plus discerner l’ivraie du bon grain et pris le parti de me taire et d’observer la sortie des premiers sénateurs.
Les androïdes se pressèrent autour d’eux avec un mécanisme habituel. Tout était prévisible, la réaction de la plupart d’entre eux ne m’étonnait plus du tout. Leurs programmes les commandaient, ils étaient incapables de faire preuve d’autonomie, encore moins d’initiative. Elle me demandait si c’était long d’attendre. En voilà une question maligne pour détecter la fonctionnalité de mon plot ! Je répondis comme toujours, en jouant sur les mots.
-- Une heure d’attente ce n’est rien quand on est immortel !
J’observais les sénateurs et n’y vis pas Sibylla. Je savais donc qu’elle sortirait parmi les derniers. Soit première, soit dans les dernières, jamais dans le commun.
-- Quel est le nom de votre maîtresse, Cyriaca ?
Son nom m’importait moins que de découvrir si elle existait ou non. Je la trouvais menteuse et si elle me demandait pourquoi une telle curiosité, je répondrais que je devais le rapporter à Dominus. Je me tus ensuite et constatais combien mes programmes étaient différents des leurs. La foule se mélangea, elle s’éparpilla ensuite rapidement et le parvis du Sénat retrouva son calme. Quatre gardes à l’entrée, deux gardes à chaque rue assuraient la protection du Sénat. Il s’agissait de la garde prétorienne et ces soldats pouvaient être dangereux pour moi, malgré mes dons androïdes.
Un homme arborant une somptueuse toge et coiffé de lauriers sortit. Je ne le connaissais que de visage et ignorait son nom. Mon regard se porta à nouveau sur Cyriaca. Le sénateur était sa cible. Mais derrière, j’observais Sibylla. Elle discutait avec deux femmes. Je m’avançais alors d’un pas me trouvant sur le chemin qu’elle emprunterait. Je ne me précipiterai pas. Je ne sais pas auprès de qui Cyriaca devait prendre sa missive mais j’espérais qu’elle s’en aille rapidement. Je voulais préserver Sibylla de cette femme que je ne parvenais pas à cerner.