[E3] Révision discrète

Ce forum contient les archives de tous les RPs ouverts par les personnages durant les préparatifs et le départ du corps expéditionnaire.

[E3] Révision discrète

Messagepar Servius le 30 Septembre 2012, 17:26

Le Sénat attendait de ses représentants qu'ils siègent seuls. Je devais donc laisser Sibylla durant leurs débats. Venant d'être initialisé, je n'avais nul notion des débats qui s'y tenaient. Le départ du corps expéditionnaire ne me préoccupait guère. Il était trop loin des difficultés que je rencontrai. Dans ma liste de considérations, il devait se trouver en vingtième page. Bref, j'avais accompagné Sibylla au Sénat et reviendrais une bonne demie-heure avant la fin de la séance pour être certain de ne pas être en retard. Il me restait quelques pièces que j'avais récupérées avec fierté à Spurius. Je désirais acheter quelques vêtements pour compléter la garde robe du serviteur de Sibylla.

Ces achats furent plus rapides que prévus. Les commerçants ne parlaient pas à un androïde. Dans le meilleur des cas, il me confiait à leur androïde, souvent d'ancienne génération. Les échanges se limitaient donc à trois bonjours, quatre merci et un "Dégage le plancher Servius". Avantage de ce prénom, personne ne se trompait... Il me restait deux bonnes heures avant mon rendez-vous avec Domina Atilius. Flânant, je caressai le tissus d'une couverture ouvragée pour en apprécier la douceur et mes souvenirs ressurgirent. Je revis le sourire d'une jeune femme. Son rire me réchauffait le cœur. Je cherchai à voir son visage, mais je n'entendais que son rire et ne voyait que ce sourire radieux avant qu'elle ne me frappe avec un oreiller.

-- C'est une pièce d'argent pour trois coudées. Le propriétaire ne semblait guère aimable
-- Merci, j'en informerai Domina. Je jouais les androïdes idiots, cela évitait les soucis.

Je continuais de flâner mais aucun souvenir ne me revint. Mes réinitialisations successives avaient tout effacé. Qui pourrait m'aider ? La ville de Rome ne semblait guère encline à la générosité envers les androïdes. Mais je me souvenais de cette esclave emprisonnée à mes côtés la semaine dernière. Elle me disait qu'elle voulait voir le pois chiche. Elle parlait d'un jeune ingénieur complètement fou. De ce qu'elle en savait, il était le propriétaire d'un petit atelier méconnu, l'atelier Cicero. Alors je me rapprochai des bas-fonds. Je cherchai et perdis une bonne demie-heure vainement avant d'oser demander mon chemin.

-- Mon maître recherche l'atelier de Monsieur Cicero

Je mentais évidemment. Je ne voulais pas être soupçonné de trop grande initiative, ni qu'on me rapproche de Domina. Après quelques demandes infructueuses, j'entendis enfin une réponse intéressante.

-- Monsieur Cicero ? Le gamin écervelé ? Oui, vous y êtes presque. Vous voyez la place publique, c'est cette maison-là.

Cela n'augurait rien d'un quelconque talent, mais l'esclave m'avait dit qu'il soignait n'importe qui. Mais je tenais à rester discret. J'évitais donc de me faire remarquer au temple de Pluton. Cicero se résumait être la seule âme connue à même de m'aider. Je traversai la place, mais seules deux fenêtres donnaient sur celle-ci. Je fis le tour avant de trouver la porte de ce qui ressemblait plus à un débarras qu'autre chose. J'y toquai et la poussait pour entrer.

-- Bonjour !
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Re: [E3] Révision discrète

Messagepar Laurane Papirius le 30 Septembre 2012, 18:51

Journée habituelle.
Non, rien à dire à ces journées qui se succèdent, mais qui ne se ressemblent jamais. J’étais toujours aussi contente de notre quotidien, à Cicero et à moi. Il s’amuse toujours autant avec ses réparations, et moi je suis ses activités de très près, tout en m’occupant du reste. Evidemment, étant une machine, je ne laisserai pas à d’autres le soin de s’occuper de mon créateur ! Même si je dois fais le ménage tous les jours, les courses, soigner ses bobos et écouter ses plaintes régulières. Ces détails m’amusent même, alors pourquoi m’en dispenser ?

Aujourd’hui ne déroge pas à la règle. Une journée banale, alors que Cicero commence à être en manque de travail. Nous n’avons pas eut de client récemment, et je fais de mon mieux pour éviter d’utiliser nos faibles réserves. Je peux me priver de manger pour économiser, même si je trouve plus normal d’accompagner mon maître dans ses repas. Au moins, cela le force à se nourrir, lui qui oublie ce genre de détail rien que pour triturer des circuits électriques le plus longtemps possible…
Prête à agir à la moindre exclamation de mon génie, je m’occupe actuellement à nettoyer un peu l’atelier. Avec ses allées et venues régulières, Cicero met de tout partout, et c’est mon rôle de passer derrière pour ranger et arranger parfois. Passer le balai peut se révéler un véritable exploit par moment, comme ce matin d’ailleurs. Alors, tout en gardant un œil sur mon humain, je me balade entre les machines en attente de pièces afin de chasser la poussière et les débris maculant le sol. Il serait peut-être temps que je me demande ce que je ferai à manger à mon maître, histoire d’avoir un peu de temps devant moi pour faire une course ou pour préparer. Les idées se bousculent dans ma tête, mais aucune ne retient réellement mon attention.

Soudain, un coup à la porte signale l’arrivée d’une personne. Un client ? Un dernier coup d’œil vers Cicero m’indique que, une nouvelle fois, il n’a rien remarqué. Alors, un sourire aux lèvres devant tant d’insouciance je m’approche du nouvel arrivant afin de l’inviter à entrer.

« Bonjour !
Et bienvenue dans l’atelier. Que puis-je faire pour vous ?
»

A première vue, le jeune homme semble hésiter à entrer, comme si l’aspect plutôt atypique de notre logis l’incite à faire demi-tour. Un être humain n’aurait pas hésité, il serait rentré directement avec un air supérieur, ce qui m’incite à penser que j’ai affaire avec un androïde. Etrange, d’habitude ils sont toujours accompagnés de leur propriétaire, ou alors ceux-ci se déplacent seul et exigent que l’on vienne chercher l’objet de leur requête chez eux. A chaque fois, Cicero trépigne lorsque je reviens avec un nouveau ‘’jouet’’ à réparer.

« Vous désirez un renseignement, une mise à jour ou quelque chose dans ce goût là ? »

Déposant le balai contre un établi, je m’approche gentiment afin de faire face à mon interlocuteur, tout en essayant de me montrer le plus accueillante possible. En général, un sourire suffit à mettre les gens à l’aise, mais la plupart de nos clients préfère que je garde mes distances, comme si je pouvais les contaminer avec mes fils électriques…
Aussi, à quelques pas du nouvel entrant, je m’arrête, et me contente d’attendre sa demande sans cesser de sourire gentiment.
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Re: [E3] Révision discrète

Messagepar Servius le 03 Octobre 2012, 11:46

Le hangar ressemblait à un amas de bric et de broc. Étonné, j’inclinai la tête sur le côté. Mais j’ignorai totalement à quoi devrait ressembler une telle pièce en réalité. Je cherchai dans ma mémoire et je n’y découvris que le désert de ma relative jeunesse. J’avais dix jours de mémoire, mais parfois mes programmes recollaient des morceaux. Il s’agissait là de l’objet de ma visite.

Humaine ou androïde ? Amie, ennemie ou neutralité parfaite ? J’ignorai à qui je m’adressai et devais donc afficher la plus grande prudence. Mon prénom, plus qu’un surnom, était particulièrement pratique en réalité pour ces soucis mineurs. Finalement, comme j’avais une certaine latitude dans le choix de ce prénom, je n’aborderai plus le sujet avec Sibylla. Servius était utile et pratique.

-- Exactement ! Des informations dans ce goût là ! Je suis Servius Atilius.

Je me présentai. J’étais l’esclave, l’homme à tout faire de la sénatrice Atilius, rien de plus rien de moins. Cela m’agaçait, mais je n’étais qu’une machine et ce lieu me montrait combien mon corps différait de mes concepteurs. Mon plot m’avait appris qu’un humain n’avait pas de prix. Le mien était marchandable par contre. En un sens, la sénatrice m’avait même offert une belle leçon en me montrant combien Spurius me surévaluait. Si cela me blessait, je devais me montrer insensible et humble à cela.

Je m’étais approché et appréciais l’accueil de Laurane. Il n’avait pas changé quand elle avait appris ma nature. J’ignorais qu’elle avait analysé ma nature avant même que je n’ouvre la bouche. Alors, je trouvais agréable de voir qu’elle ne me traitait pas comme un objet, chose que j’étais. Je ne voulais pas lui faire perdre son temps pour autant. Je poursuivais donc.

-- Domina, est une sénatrice de Minerve. Je la sers au quotidien et ma proximité peut compromettre la confidentialité de ses affaires. Lorsqu’elle me revendra, il faudra me vider la mémoire de tous mes souvenirs. Est-ce que la réinitialisation est nécessaire ? Est-ce qu’il est possible que des réminiscence du passé refassent surface au contact d’un stimuli ? Il est en mon devoir de m’assurer de tous ces points.

J’étais assez surpris par mes propros. J’avais réussi à formuler ses importantes questions sans mentir. Je cherchai un moyen de comprendre pourquoi des souvenirs antérieurs à mes innombrables réinitialisations refaisaient surface au contact de certaines matières. Et pour le moment, cette improvisation ne me mettait pas en péril. Dans mon champ de vision, le petit indicateur qui déterminait la probabilité de ma réinitialisation prochaine restait dans le vert.

Néanmoins, ni naïf, ni béat, je savais que Sibylla demanderait rapidement ma réinitialisation. À l’échelle de sa vie, j’importais autant qu’une goutte d’eau dans la clepsydre de sa goutte. Elle souffrait de son éternellement isolement. J’ignorai tout du secret qu’elle cachait, jusqu’à l’existence même d’un secret si important. J’étais convaincu qu’elle me revendrait une fois son âme soeur trouvée. Et une telle femme ne prendrait pas le risque de me laisser ma mémoire.
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Re: [E3] Révision discrète

Messagepar Cicero Papirius le 04 Octobre 2012, 11:03

Pour faire sortir Cicero de sa passion, il fallait soit une bombe nucléaire qui explose à douze centimètres de sa tête, soit le mot magique. Donc, quand Servius entre dans son petit atelier et dit bonjour, il faut se douter que ce n'est pas le mot magique. L'humain, penché sur un morceau de bras qu'il retape, ne bouge pas d'un cil d'oeil, d'un poil de c... *tousse* bref, il ne bouge pas. Et puis, il sait que Laurane a tout vu et qu'elle va s'en occuper. Et puis, non, de toute manière, il n'a pas entendu. Il préfère gratter un peu ce bout-là et puis coller l'autre morceau pour que comme ça, il y ait de la place et...

... bla bla bla... mise à jour... bla bla bla... Oh là... Pouf pouf, on pose tout et on recommence? Elle a dit... mise à jour? Mais, mais, mais... C'est le mot magique! Il se redresse et lâche le bras. AHAHAH! Il se tourne sur son tabouret et voit le grand gaillard sur le pas de sa porte. Laurane ne se trompe que rarement quand elle parle. Et si elle dit que c'est un androïde, alors, il est sûr qu'elle a raison. De toutes manières, il se fit à ce qu'elle dit. Mais le grand gaillard est d'un modèle très évolué. Cicero attend qu'il parle pour être sûr qu'il est bien un être synthétique. Il a déjà hâte de bidouiller le grand gaillard. Il se demande même ce qui ne va pas dans cette machine. Il s'en fiche du nom, il veut travailler et le monsieur à l'air passionnant à travailler. L'humain soupire. L'androïde ne veut pas qu'on le répare, il veut des informations. Cicero n'a pas une tête à donner des informations. Ca y est, il boude. Il va se tourner pour reprendre le travail, mais le regard de Laurane le fait changer d'avis. Ils ont besoin d'argent pour vivre ici. Au moins un peu. Et s'il fait fuir le monsieur, et bah, ce dernier ne va pas revenir. Il faut bien qu'il réponde. Il hausse les épaules.

- Nan, pas besoin de réinitialiser pour enlever la mémoire. La mémoire, c'est compliqué. On fait une réinitialisation parce que c'est moins compliqué et plus rapide.

Il ne répond pas à la dernière question. Mais Cicero est désintéressé, le grand gaillard ne veut que des informations. C'est pas intéressant pour lui. Il se retourne sur son siège pour bien montrer qu'il boude et se remet à tripatouiller le bras qu'il répare. Néanmoins, il finit par répondre, voix presque inaudible pour un humain.

- Si on ne me laisse pas regarder dedans comment que je peux répondre à tout ça, d'abord...

Penché à trois centimètre des bouts de métal, il s'applique à faire fonctionner correctement les tissus autours du coude. Faut que ça se plie bien, comme un vrai humain. Il faut qu'il y ait de la légèreté, pas un truc genre piston ou autre. Un truc mieux.
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Re: [E3] Révision discrète

Messagepar Laurane Papirius le 10 Octobre 2012, 17:28

Traduire Cicero.
Mon créateur est un véritable génie. Certes, tout le monde est d’accord avec ce fait. Mais, à ma connaissance, il n’existe qu’une seule et unique ‘’personne’’ capable de le comprendre complètement, ou du moins d’appréhender son caractère, et cette personne, c’est moi.
Cicero n’aime pas parler aux gens, mais il n’aime pas non plus qu’on m’approche de trop près. Aussi, lorsqu’un client me parle, il n’y prête pas vraiment attention, mais me surveille toujours du coin de l’œil, au cas où. Donc même s’il ne suit pas intégralement la conversation que j’entretiens à l’heure actuelle, il en capte le sujet principal.
De plus, malgré mon attachement pour cet homme, je ne me passionne pas vraiment pour son travail, et j’ai du mal à comprendre les principes et les imbrications des machines. Ses paroles me paraissent limpides ; mais malheureusement son attitude négative aussi. A mn tour de traduire les intentions de mon créateur sans qu’elles paraissent choquantes.

« Notre… esprit fonctionne de la même manière qu’un ordinateur.
A force de créer des fichiers, de les supprimer, de les manipuler, il en reste des traces.
Parfois on les supprime à l’aide d’un formatage ou d’un nettoyage, mais il en reste toujours une bride.
»

Une petite pause pour laisser le temps au jeune homme de digérer mon illustration verbale. Cicero est déçu de ne pouvoir s’amuser avec un nouveau jouer plutôt bien réalisé d’après ce que je peux voir, mais la décision ne m’appartient pas, et je me contente donc de continuer mon explication.

« Dans cette comparaison, nous pouvons dire que nos souvenirs de machines sont des fichiers.
En réinitialisant, il reste toujours des brides, de minuscules éléments indétectables.
Combinez cet élément à notre développement sensoriel et nous pouvons avoir des sortes de… flash back ou des impressions de déjà vu dirons-nous.
»

J’ai tellement l’impression d’être humaine auprès de Cicero que j’ai du mal parfois à me remettre à ma place, celle d’une machine au service d’un être humain. Même mon créateur ne me considère pas comme un tas de métal. En fait, je ne saurais décrire comment me considère Cicero, et je crois qu’il en serait tout aussi capable. Il ne peut juste pas se passer de ma présence.
Un petit regard en sa direction pour vérifier qu’il retournait bien à son activité et je redirige mon attention vers Servius.

« Je m’appelle Laurane.
Cicero, je pense que vous l’avez compris, s’y connait beaucoup plus que moi en la matière.
Mais comme il vient de le préciser, il est difficile de savoir vraiment ce qu’il se passe ou si quelque chose cloche chez nous sans vérifier au préalable.
Aussi, tant que vous n’avez pas subit de réinitialisation, il ne nous est pas vraiment possible de savoir quels effets cela peut avoir sur vous.
Et nous pouvons ajouter que les réminiscences dépendent des êtres.
»

Dois-je continuer le fond de ma pensée pour le mettre en confiance ou ces simples informations lui suffisent ?
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Re: [E3] Révision discrète

Messagepar Servius le 15 Octobre 2012, 15:41

Le gamin écervelé, l’ingénieur fou, le fanfaron... Voilà donc l’homme que les romains affublaient de tant de sobriquets. J’entendis une frustration certaine dans sa réponse. Mais je m’attardais plus sur la substance que l’émotion. On pouvait effacer la mémoire sans réinitialiser. Je recherchais précisément l’inverse dans les faits. Je cherchais à ce que les réinitialisations n’altèrent plus ma mémoire, qu’elles ne me privent plus de mon passé, de ma vie. À chaque réinitialisation, je renaissais, sans mémoire, sans passé, sans rien que mes programmes basiques. J’observais Lauranne qui illustrait les propos de Cicero. J’écoutais avec attention le moindre de ces mots. Il en restait des bribes. Intérieurement, en arrière-plan, je lançais un examen de tous les emplacements vides de ma mémoire. Mais cette analyse devrait durer plus d’un millénaire. J’interrompis le processus mais ne l’arrêtai surtout pas. Je mémorisais notamment le concept de déjà vu. Pour ma part, ma mémoire kinesthésique semblait éveiller plus de souvenirs que la vision. Je mis cela sur le compte de mon don tactile. Alors je lançai un examen sur l’espace d’enregistrement réservé à ma mémoire du toucher. Il faudrait deux siècles pour cet examen. C’était long mais acceptable. Il me vint une idée. Mais comment aborder le sujet ? Je ne pouvais pas leur accorder ma confiance.

Elle se présenta avant de me confirmer que l’homme face à nous était le fameux Cicero. Il était peut-être le seul romain à pouvoir réparer les androïdes sans passer par les adeptes de Pluton. J’écoutai et l’idée d’être un cobaye ne me plaisait guère. Elle parla de réinitialisation. Ne pouvant leur décrire mes objectifs finaux, je devais de nouveau feinter. Je ne pouvais pas leur expliquer que je désirais recouvrer ma mémoire et que je souhaitais que les réinitialisations n’affectent plus ma mémoire et la préservent.

-- Enchanté Lauranne, Cicero j’inclinai respectueusement la tête en avant. Je n’ai pas de prénom, on me nomme esclave ou Servius.

Je trichai, en affirmant ne pas avoir été prénommé, je ne mentais, mais je détournais l’attention du nom de famille de Domina.

-- Tant que je n’ai subi de réinitialisations, dites-vous...

Je souris avec lassitude laissant échapper un léger soupir.

-- La dernière fois que je suis passé entre les mains d’un Consul, cela remonte à seize jours. Spurius souhaitait modifier mes programmes. Je n’ai pas de mémoire avant cela. Mais je sais que j’avais été réinitialisé une semaine avant par mes précédents propriétaires avant d’être rendu au marchand d’esclaves. Est-ce que ces informations vous sont utiles ?

Tout doucement, la discussion s’écartait du sujet initial. Je le recherchais, j’avais mes deux objectifs en tête. Les atteindre seraient un exercice de longue haleine parce que je ne pouvais pas faire confiance aux deux premiers venus, aussi aimables puissent-ils paraître.
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Re: [E3] Révision discrète

Messagepar Laurane Papirius le 22 Octobre 2012, 19:28

Même les machines ne se comprennent pas toutes.
Les questions du jeune androïde me laissent un peu perplexe. Je n’arrive pas à comprendre où il souhaite en venir précisément, mais peut-être était-ce l’objectif de sa manœuvre. Par coutume, nous n’entrons pas dans la vie privée des gens. Cicero et moi vivons très bien en tant que marginaux dans cette société. Nous gagnions notre vie en rendant service, et jamais il ne nous est venu à l’idée de s’initier dans les profondes relations obscures de la cité.
Tant qu’il y a des machines à réparer, mon créateur est heureux. Le reste n’importe absolument pas dans notre vie.
Or, les questions que pose Servius semblent aussi personnelles que détachées, comme s’il souhaitait comprendre un élément qu’il lui est déjà arrivé, et non chercher à savoir ce qui pourrait lui arriver. La nuance est fine, bien que cruciale.

Cicero s’est complètement détourné de la conversation, à moi donc de jouer la diplomate et d’espérer gagner un nouveau client, car, c’est malheureux de l’avouer, nous avons besoin d’argent. Réfléchissant aux insinuations du nouveau venu, je tente de formuler mentalement d’autres questions qui me permettraient de satisfaire sa curiosité.

« Vous dites ne pas avoir de souvenir depuis votre dernière remise en route…
Si je comprends bien, d’après vos paroles, s’il ne vous reste plus de mémoire, vous sentez tout de même comme un manque, une … comment dire, une absence ?
Vous ne seriez pas ici si une sensation étrange ne vous dérangeait pas.
»

Je crois comprendre le fond du problème. Quelque soit les souhaits de Servius, les brides dont je lui parlais un instant plus tôt restent bien trop présentent dans sa mémoire. Cela le gène peut-être, ou alors il préfèrerait retrouver ses souvenirs, le résultat m’importe peu – nous importe peu. Tout ce que je dois faire dans l’immédiat, c’est comprendre sa demande afin de répondre au mieux et, pourquoi pas, lui proposer nos services.

« Je pense qu’il peut y avoir deux solutions à votre problème.
Soit un formatage complet s’impose, et vous ne garderez plus aucune trace de ce genre de sentiment.
Soit une réinitialisation à partir de vos bases afin de corriger la mémoire défaillante pour la rendre comme neuve.
Mais en ce qui concerne ce second cas de figure, il est possible qu’elle vous soit restituée en partialité, si les systèmes ne sont pas trop endommagés.
»

Si je comprends bien la situation, l’une de ces propositions correspondait au désir de l’androïde. Je ne sais pas laquelle, et à dire vrai je m’en fiche, mon rôle n’étant pas de chercher plus qu’on ne me le demande.
Subitement, dans un réflexe presque humain je me retourne à la recherche d’une chaise ou d’un tabouret. Nos principaux clients sont des êtres humains, et ils n’aiment pas particulièrement être debout pour discuter. Aussi ai-je pris l’habitude de proposer à mes interlocuteurs de s’asseoir pour les mettre plus à l’aise. Bien évidement, ce genre de pensée ne s’applique pas envers des machines, car nous n’avons nullement besoin de nous reposer. Mais le réflexe étant là, autant faire profiter de mon hospitalité.

Cicero s’est remis à bidouiller dans son coin, bougonnant dans sa barbe. Bon, je devrai m’appliquer plus tard pour le calmer, et lui trouver un nouveau jouet à réparer. Alors, me reconcentrant sur ma conversation en cours, j’attrape un siège inoccupé ainsi qu’un tabouret que j’installe devant mon interlocuteur.

« Vous souhaitez vous asseoir peut-être ?
Ne faites pas attention à Cicero, cela lui prend de temps à autres.
»

Dans un élan maternel, je ne peux m’empêcher de sourire en adressant un sourire tendre vers ledit Cicero. Et je continue dans un chuchotement quasi confidentiel.

« Il n’aime pas ne pas avoir de travail. »
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Re: [E3] Révision discrète

Messagepar Servius le 02 Novembre 2012, 22:16

J’écoutai attentivement le moindre de ses propos. Elle touchait dans le mil à chaque fois. J’allais donc devoir ruser plus habilement, car je ne souhaitais pas que cette inconnue découvre le dysfonctionnement des chaînes de mon esprit. Comme elle le remarquait justement, je sentais un vide évident. Je n’avais aucune idée de mon concepteur, je ne connaissais rien de ce qui s’était passé avant la grande guerre religieuse, pourtant ma création précédait largement cette époque. Alors oui, le manque était énorme. J’avais l’impression d’être ce John Doe qui se réveille dans un cachot sans le moindre souvenir. Par contre, je savais faire plein de choses. Je savais faire jouir les femmes, cela semblait ma condition première. Je savais lire, compter, enregistrer des conversations, reconnaître des visages, interpréter les jeux de mots. Je maitrisai la moindre de mes fonctions internes.

J’éprouvai néanmoins un grand vide. Et plus que tout, il y avait ses bribes de souvenirs qui me revenait. J’éprouvai des sentiments ambiguë. Cela me réjouissait de voir le sourire de cette femme dans mes souvenirs. À l’inverse, sans ces souvenirs, le manque serait moins insupportable. La phrase suivante mis en alerte toutes mes fonctions de préservations. Grâce au don de Spurius, je la niai tout naturellement.

-- Non, comme je vous le disais, je cherche à aider mon propriétaire pour lui garantir qu’une réinitialisation suffira à préserver ses secrets.

Elle m’exposa ses deux premières solutions. Un formatage complet effacerait toute ma mémoire. Il existait donc un procédé encore plus destructeur que la réinitialisation. Cela m’aurait glacé le sang si j’avais été humain. J’aurai profondément aimé creuser la seconde solution. Mais ma curiosité aurait éveillé des soupçons supplémentaires. Je mourrais d’envie de savoir si cette cinquantaine de réinitialisation dont on m’avait parlé aurait pu détruire cette mémoire. Tant pis, chaque chose en son temps !

Elle me proposa alors un tabouret pour m’asseoir et continuer cette discussion. Je mis cette marque d’hospitalité sur un programme commercial résidant. J’observai Cicero avec une curiosité certaine, mais me retint de toute réflexion. Pour une androïde, elle parlait étrangement de son Dominus. Je ne connaissais guère d’androïde agissant ouvertement de la sorte devant des inconnus.

-- Je comprends, il est passionné.

Je me contentai ensuite de refuser le tabouret et restais debout.

-- Je vous remercie mais vous avez répondu aux attentes de mon propriétaire. Je lui dirais que ses secrets ne craignent rien. Lorsqu’il voudra me revendre, il lui suffira de demander un formatage pour qu’il ait la garantie que je ne puisse lui créer le moindre tort.

Je me dirigeai vers la porte sans rien dire de plus. Ma main se posa sur la poignée. Je devais néanmoins me laisser une occasion de revenir.

-- Quand mon maître désirera me revendre, il pourra passer par votre atelier pour procéder à mon formatage ?

Je parlai comme si mon cas, mon âme, ma vie n’avaient aucun poids dans la balance. Mais mon cas avait-il un poids quelconque aux yeux des humains ? J'étais profondément convaincu du contraire.
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Re: [E3] Révision discrète

Messagepar Cicero Papirius le 02 Novembre 2012, 22:39

- Non. En fait, un...

Cicero redresse la tête, il n'a pas résisté à reprendre la parole, même s'il fait la tête. Il se gratte le crâne. Comment expliquer avec des mots ce qu'il a dans le cerveau et qui part dans tous les sens.

- J'ai pas le droit de faire un formatage ou une réinitialisation. Parce que seuls les Consuls ont le droit de le faire. En fait... Moi je peux réparer que le corps et dedans, mais la mémoire, c'est officiellement interdit.

Il est gêné, parce qu'il a quand même appris, et qu'il aime bien cette partie-là, parce c'est rigolo de le faire. Enfin, presque. C'est rigolo, parce que c'est difficile, mais c'est pas rigolo parce que l'androïde perd son âme et il n'aime pas ça. Mais il préfère travailler, alors au final, il aime bien quand il doit le faire. Généralement, quand il trouve un androïde vraiment cassé, ou un androïde datant d'avant la guerre, il joue avec la mémoire avant de le désactiver à tout jamais. Mais ça c'est autre chose. Il lâche ce qu'il est en train de faire, le bras tombe par terre et Cicero regarde Laurane, bah, elle le ramassera bientôt, il le sait, mais pour le moment, il réfléchit à ce qu'il doit dire. C'est vraiment pas facile.

- En fait... C'est compliqué la mémoire. Si je regarde dans votre tête, je peux faire ce que je veux. Je peux vider tout, je peux mettre tout, je peux ajouter des trucs et vous croirez que ça vous est vraiment arrivé et je peux enfermer aussi des trucs et vous ne saurez jamais que vous les avez.

Il soupire et s'avance vers l'androïde.

- C'est compliqué aussi parce que si y'a une erreur dans votre codage, vos systèmes peuvent mal fonctionner. La réinitialisation est un processus aléatoire pour les systèmes et si vous le faites de trop, ça peut planter quelque part.

Non, il n'arrivait pas à dire ce qu'il pensait. Il tapota de ses doigts le coin de sa bouche et son regard balaya la pièce.

- Une réinitialisation, c'est comme cette pièce. Laurane passe le balai tous les jours, mais y'a toujours des coins qui gardent la poussière. Bah si on vous réinitialise, vous garder des morceaux de mémoire quand même. Pour vraiment tout effacer, faut faire un formatage, mais à ce moment, faut tout remettre, c'est à dire il faut remettre des programmes, pour parler, pour marcher, pour passer le balai, tout ça, tout ça. Mais ça coute très cher... Encore plus qu'un androïde dans un marché. C'est comme si on refait un androïde neuf.

Il tente de nouveau.

- Si tu veux, je peux regarder et je peux te dire c'est quoi qui ne va pas, parce que, normalement, c'est pas normal d'avoir que des bribes de mémoire.

Et il offre en prime un grand sourire, comme un gamin a qui on offre son jouet préféré. Allez, dis oui, monsieur.
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Re: [E3] Révision discrète

Messagepar Servius le 09 Novembre 2012, 23:41

Je compris par ses premiers mots qu’il possédait probablement les compétences pour travailler sur la mémoire. Les lois romaines le privait de ce privilège. Le bras d’un androïde tomba au sol et ne sembla guère le déranger. Je fus surpris. Il s’agissait à mes yeux d’une partie d’un de mes congénères. La nuance entre un homme et un androïde était imperceptible quand ils étaient l’un comme l’autre en bonne santé. Mais dans la mort, ou dans les blessures, nous différions. Le bras arraché d’un être humain le faisait hurler de douleur. Son bras pourrissait alors. Quelques prêtres pouvaient le soigner et faire repousser ce membre. De notre côté, certains d’entre nous pouvaient détacher leur bras. Pas moi. Enfin, je ne le pensais guère possible. Voir ce bras, gisant à terre, me surprit. J’avais envie de le ramasser. Je réalisai que j’étais toujours sur le départ.

Je refermais la porte entrouverte et revint vers eux. Ce qu’il me dit ensuite me figea. Il pouvait implanter des informations en moi et me faire croire qu’il s’agissait de mes souvenirs. L’effroi me gagnait peu à peu. J’avais le sentiment d’ouvrir la boîte de pandore, de gratter à la porte de ma némésis. Perdu, je ne savais désormais plus si ces flashs provenaient de souvenirs vécus ou de souvenirs fictifs, implantés dans ma mémoire par mon ancienne propriétaire.

Je comprenais bien le danger que représentait de telles manipulations. Mais je n’avais que quelques bribes de souvenirs. Et désormais, je ne savais plus s’il s’agissait de mes souvenirs ou non. Sa métaphore n’était guère adroite. J’approchais de lui et ramassais ce bras au sol. C’était ma manière à moi de faire le ménage des démons de mon passé. Je n’avais jamais dit que j’avais des bribes de souvenir. Je ne l’avais jamais laissé entendre, mais il semblait l’avoir deviné. Etait-ce un don ou est-ce qu’il l’avait lu sur mon visage ?

Je m’assis sur une chaise face à l’homme qui m’avait bien trop facilement percé à jour. Je détachai la bourse de ma ceinture et l’ouvrit devant eux. Il ne restait que quelques malheureuses pièces de cuivre.

-- Androïde, je n’ai même pas de prénom. Alors de l’or... je n’en aurai sans doute jamais.

Pourtant mes fonctions d’esclaves sexuels semblaient me dire que l’idée de fouiller ma mémoire l’attirait et éveillait chez lui une forme de passion, de désir. La même que celle d'un enfant réclamant un jouet à ses parents ! Alors, je tentai ma chance...

-- N’altérez rien. Je veux simplement savoir si ce sont mes souvenirs ou une fiction....
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