Le lendemain fut... Troublant. Avant même que Tiberius n'arrive, évidemment, il y avait eu le départ du Corps Expéditionnaire. Pour Melina, ce départ comportait divers avantages et inconvénients, les principaux étant pour les avantages un relâchement de la surveillance au sein de la cité, et donc une plus grande marge de manoeuvre pour elle, mais pour les inconvénients, un relâchement de la surveillance au sein de la cité pouvant entraîner des opérations pour le moins douteuses de la part de ceux ayant décidé de rester.
En somme, elle allait devoir être encore plus prudente. Néanmoins, ce départ donnait aussi une ouverture à Melina pour resserrer son influence sur Tiberius : Camila n'étant plus là, l'occasion idéale de le faire se présentait. Hélas, elle n'aurait pas le temps de préparer à l'avance un plan pour la journée, car le prêtre était déjà levé... Il était pourtant tôt, certes la nuit était terminée mais le soleil pointait à peine son nez. C'était troublant, Melina ne savait trop ce que cela pouvait vouloir dire, mais il était évident que quelque chose d'anormal se passait. Le fait que Tiberius se réfugie dans la demeure de Sertorius était déjà étrange, à la base...
Elle s'habilla donc rapidement, du moins aussi rapidement qu'elle puisse le faire vu la complexité de sa tenue, avec une
robe relativement provocatrice, aux couleurs argentées et pourpres. Des perles y étaient attachées, reflétant la lumière avec intensité, et certaines des coutures étaient en réalité des pièces d'argent fondues et travaillées pour soutenir la tenue. Une fois satisfaite, elle se dirigea alors vers les cuisines, y trouvant un Tiberius pensif.
-- Melina, il faut que nous discutions... démarra-t-il directement.
L'Androïde ne dit mot, se contentant d'incliner la tête en assentiment tout en réalisant que les réserves étaient quelque peu limitées... Elle avait pensé "Musée", et l'arrivée de Tiberius étant inattendue elle n'avait pas pensé à faire remplir les placards, ou à acheter du sel pour conserver de la viande. Mais alors que le prêtre lui expliqua ce qu'il s'était passé, 'lina réalisa rapidement qu'attirer l'attention serait une mauvaise idée. Clairement, son nouveau maître avait des ennemis déterminés... Moins de 24 heures après le départ de l'Expédition, quelqu'un tentait déjà de l'assassiner.
Lorsque celui-ci termina, elle l'observa avec un air glacial, répondant lentement avec un ton presque suintant de mépris.
- Pour commencer je conseillerais de bien la fermer. C'était rude, mais clair. Quittant cette allure froide au possible, elle reprit rapidement avec un ton moins lourd de reproches.
- Quelle certitude avez-vous que je ne peux pas être reconditionnée ? Ou reprogrammée ? Si vous êtes officiellement mort, il suffirait à Spurius de décider de me mettre sur le marché et en l'espace de 24 heures, je serais forcée de répondre à n'importe quelle question à votre sujet si on m'en posait. C'est la magie du plot de contrôle. Fronçant les sourcils, elle se rapproche de Tiberius jusqu'à ce que son visage soit à quelques centimètres de celui de son interlocuteur, pointant l'index sur le plexus de ce dernier, l'ongle s'enfonçant très légèrement.
- Vous avez de la chance que le mien ait été désactivé depuis des années, car dans le cas contraire, votre petit briefing aurait aussi pu être votre mise à mort. Donc mon conseil : taisez-vous.Elle se retourna, s'éloignant de Tiberius, mais non sans continuer de parler.
- Les Androïdes ne sont pas fiables à cause de leur plot : si leur maître leur pose une question à votre sujet ils seront forcés de répondre. Les humains ne sont pas fiables à cause de leurs sentiments. Si vous parlez de votre "statut" actuel à quelqu'un, ce quelqu'un pourra se retrouver face à mille situations l'encourageant à parler. Si il veut regagner la confiance de son amante après une dispute, sur un coup de déprime elle en parle à une amie parce que c'est lourd à porter comme secret, en faisant une gaffe quelqu'un dit vous avoir vu récemment... Même des personnes de confiance peuvent faire une erreur et vous compromettre. Elle finit par s'asseoir sur le comptoir, gardant un air pensif quelques secondes avant de reprendre :
- Maintenant la course logique serait de trouver une solution, à l'heure actuelle j'en vois trois. La première serait d'exécuter celui qui a ordonné votre mort. Je peux le faire, sans laisser la moindre trace, mais je dois arriver à proximité. Il s'éteindra, comme si l'âge l'avait emporté. La deuxième option serait d'exposer publiquement l'exécuteur, mais il faudra des investigations qui pourront attirer l'attention et plus nous accumulerons de preuves, plus nous aurons de chances de nous faire repérer. La dernière possibilité serait de vous cacher en attendant que les conditions changent. J'avoue ne pas avoir de préférence.Ayant terminé, elle se redressa légèrement, toujours assise sur le comptoir, et fixant Tiberius, ses yeux exposés à la faible lumière du matin ressemblant à deux grand lacs turquoises. Clairement, elle parlait "business" ici.