par Amethyste Inspectoris le 26 Septembre 2012, 15:08
Les jours défilaient rapidement et je n'ai pas pu savoir si le mensonge a toujours habité ma vie. Moi, tellement habitué aux faux semblants, je tente désespérément de m'accrocher à un nouveau style de vie aux côtés d'Ailanda. L'inconnu m'effraie et m'attire à la fois, le souci, c'est que je ne sais pas comment m'y prendre pour apprendre à le connaître. J'ai peur que ma confiance trop facilement donné m'offre la déception. Je crois en Ailanda, car c'est mon système qui le veut, il est mon maître et je lui voue une fidélité sans faille.
Malheureusement, tant de fois l'illusion fut le présent le plus noir que m'offrait le destin. D'un sourire offert, je recevais ensuite des coups et des insultes sans avoir la possibilité ni le droit de me défendre. Je suis comme tous les miens, soumis à une existence de servitude. Nos programmes divers selon les nôtres, nous ordonnant de nous taire et de faire ce qui est le mieux pour nos propriétaires, même s'il s'agit de tuer.
Parfois, la folie gagnée lors d'une nuit sans sommeil, je vois sur mes mains le sang que j'ai fait couler. Homme, femme et enfant. Tous ont croisé ma route pour une ultime et dernière étape. Celle qui mène à la mort. Leurs fantômes me hantent ; leurs visages se gravent sur les murs de ma chambre. Lorsque le ciel grondent, j'ai l'impression d'entendre leurs cris, leurs pleurs, leurs haines à mon égard. Il est difficile de vivre une existence comme celle-ci. Là où on se condamne pour les fautes que l'on nous a obligées à commettre.
Mon maître s'abaissera-t-il un jour à me demander pareille infamie ? Me demandera-t-il d'être la main qui s'abaissera sur un ennemi ? Je ne le souhaite guère. Car, d'une part, je devrais lui obéir sans même demander pourquoi et de l'autre, car l'illusion parfaite se brisera et me fera voir le monstre qui a prit l'apparence d'un ange.
Pour le moment, je pense à ce qu'il n'y a lieu d'être. Des peurs qui n'ont pas leur place. Ailanda est bon et n'a encore jamais osé me demander l'impensable. Il me traite avec respect, chose qui m'est toujours difficile, car j'ai trop vécu au statut de bête pour me croire à l'égal d'un humain. Les personnes que j'ai croisés et desquels j'ai été au service m'ont toujours fait comprendre qu'un chien était bien meilleur que moi.
J'observe les gens autour de moi qui s'affaire, les androïdes qui achètent pour toute la maisonnée à laquelle ils appartiennent. Certain se montre assez horrible pour leur faire acheter et porter un lourd fardeau. Je les croise et leur regard est aussi vide que n'est le mien. A croire que c'est ce qui nous différencie des humains. Sans émotions, sans sentiments à part ceux que l'on incorpore dans nos programmes.
Il y a des choses que je ne parviens toujours pas à saisir. Des choses que mon maître fait et qui soulève en moi tant d'interrogation. Des questions que je n'ose pas lui poser de peur de paraître ridicule devant lui. Je tente de comprendre par moi-même, ce qui n'est pas chose aisé.
Je ne dois pas penser à cela. Le souci principal pour le moment est d'acheter de quoi remplir les placards de mon maître. Le gourmet qu'il est, aime avoir des nourritures diverses et variées dans son assiette. Il me permet de goûter aux choses que je prépare à la différence des autres, je n'ai pas à avoir peur d'une quelconque punition seulement à un sourire de sa part lorsqu'il me voit faire.
J'avoue aimer la nourriture à en apprécier la sensation que cela me fait connaître. Peut-on considérer la cuisine comme un art que sa Déesse offre. Il y a tant de domaine, de façon de faire, de comportement qui me dépasse. Je suis encore bien jeune et on ne m'a pas offert la possibilité de les comprendre me prenant toujours pour une androïde stupide seulement bonne à servir, à offrir un moment agréable au lit, à satisfaire les plaisirs noirs et inassouvie de certain.
Je n'ai plus à avoir peur. Il me le dit souvent, mais j'ai tant de mal à y croire et à m'y faire surtout.
Devant l'étalage de légume, je regarde et choisis les mets sous mes yeux réfléchissant à ce que je pourrais faire comme déjeuner et diner pour ce jour. Chaque jour, je me rends au marché pour qu'Ailanda ait toujours à disposition des fruits et des légumes frais. C'est bien meilleur, mais peu savent ce qu'il y a derrière. Peu connaisse comment on a la chance de se nourrir grâce à la bravoure et au sacrifice des miens qui sortent des remparts protecteurs pour permettre aux habitants de Rome de satisfaire leur estomac et leur palet.
Je suis tellement concentrée que j'entends et voit à peine ce qu'il se passe autour de moi. Mes sens sont endormis, voilà quelque temps que je n'ai plus à craindre de recevoir une gifle de la part d'un maître qui par jeu m'a suivi pour voir si je ne lui désobéis pas ou bien parce que pris d'une envie. Il me traîne dans une ruelle pour me prendre de force sans se soucier si on le voit ou non. Un jour, nous avons été surpris par un homme. J'aurai dû me sentir sale et humilié, mais ce genre de moment n'ont été que mon quotidien que je ne voyais pas le mal. Cet homme. Jamais je n'oublierai la lueur de dégoût qui est passé dans ses yeux, une leur qui passa inaperçu pour celui qui me prenait et jouissait de ce moment.
- Tu trouves ton bonheur ?
Je me fige restant un instant sans me tourner pour savoir qui s'est adressé à moi en murmurant à mon oreille. Une voix que je connais bien et que je ne crains pas. Lentement, je me tourne plongeant mon regard vers dans celui qui venait de m'aborder. Un sourire aurait pu apparaître sur mes lèvres en reconnaissant cet ami. Humain de surcroît. Le même qui a vu à quoi l'on m'abaissait dans cette fameuse ruelle.
- Vous ? Cela fait longtemps...
Un coup d’œil circulaire passa sur la foule, le transcendant de mon vert intense qu'est mon regard. Instinctivement, pris par les souvenirs d'un passé pas si lointain, je crus que quelqu'un allait apparaître pour couper court à cette rencontre et pourtant... Il n'en est rien. Simplement, le geste, d'un quotidien auquel je suis habituée, mais qui n'a lieu d'être.
- Dépérissez-vous encore, car vous n'avez pas fait attention à vos placards ?
A force de le voir, j'ai commencé à le connaître et à savoir qu'il se perd facilement dans ses réflexions au point d'en oublier son bien être. Je ne devrais pas me soucier et pourtant c'est le cas, même si je ne le montre pas. Cela doit venir de la signification « Se soucier d'un ami » comme je le fais pour mon maître.
- Je n'ai pas pu respecter la promesse faite lors de notre dernière rencontre. Mon ancien maître m'a remise sur le marché pour prendre à son service une nouvelle androïde.
La dernière fois que l'on s'est vu. Je lui ai promis que le lendemain je venais pour quelque emplette. Des emplettes que je n'ai pu faire, car l'on m'avait guidé tout droit vers le marché de Spurius. J'espère qu'il ne prendra pas à mal cela, mais rien n'est jamais sûr avec les androïdes. Notre destin est sombre de par le mystère qui nous entoure. Nous ne savons jamais de ce que lendemain est fait. Le destin ne guide pas nos pas, c'est les décisions des humains qui nous possédaient qui décidaient pour nous.