- Tout est toujours compliqué avec vous. Tout est soit blanc ou bien noir. Tout doit être parfait d'apparence, mais pour arriver à cette perfection, il faut faire des choses qui ne sont ni rationnelle et encore moins juste. Pour la réussite de certain, il est parfois nécessaire de faire des sacrifices. L'humain ne se prendrait-il pas parfois pour un Dieu ? Ordonnant facilement, mais ne se disant pas un seul moment qu'ils ne sont en faite qu'un grain de poussière dans ce monde. Grain qui peut facilement être balayé de la surface de la terre ?
- La vie n'est ni blanche ni noire Améthyste, ce n'est qu'une succession de teintes de gris plus ou moins foncées. Mais tu as raison, certains ne savent pas faire dans la modération et partent dans les extrêmes de la vie se rendant dangereux pour les autres et pour eux même. Mais là encore il ne s'agit que de la subjectivité de l'espèce humaine. Son libre arbitre peut le rendre incontrôlable et parce qu'il a la capacité de choisir et de décider, il lui arrive de se prendre pour un dieu. Pourtant notre vie est bien peu de chose sur cette planète, comparable à un battement de cils. Pendant le court laps de temps où nous foulons cette terre, nous pleurons, sourions, dormons. Nous connaissons des moments de joies et de tristesses, le bonheur comme la trahison, nous apprenons à aimer. Mais dans ce monde tout n'est que fatalité et nous finissons tous par succomber au sommeil éternel. Homme, animaux, plantes, et même androïdes, personnes n'échappent à cette règle immuable. Voilà en quoi nous ne sommes pas des dieux et devons en prendre conscience.
Atris avait aimé le raisonnement qu'Améthyste lui avait présenté pour qualifier l'être humain. Un grain de sable. Oui, l'Homme n'était que cela, un simple grain de poussière balayé par les vents. Mais à notre époque certains avaient complètement oublié cette vérité. Se prenant pour les maîtres du monde, dictant leurs lois sans se soucier de la vie qu'ils pourraient piétiner sur leurs passage. Pourtant ils n'étaient que poussière et redeviendraient un jour poussière. Souriant face à la jeune femme, le jeune homme se sentait fier de l'androïde qui désormais commençait à se poser de véritable question. La réserve sur son identité commençait à s'étioler et Améthyste dévoilait de réelle capacité d'analyser personnelle et nous plus robotique.
Alors qu'il lui exposait les raisons qui le poussait à la voir comme une créature dotée de sentiments, Atris vit son interlocutrice pencher la tête sur le côté. Probablement intriguée par sa verve et les propos qu'il lui tenait quant à sa condition. Et c'est là qu'il l'a vit. Petite, cristalline. Une timide larme était apparue au coin de l'oeil de la jeune femme. Améthyste pleurait comme un être tout à fait ordinaire. Lentement elle se mit à glisser le long de la joue de sa propriétaire jusqu'à ce que cette dernière ressente son existence. Terminant sa course sur un doigt, Améthyste était focalisé sur ce dernier et finit par poser LA question.
- Peut être parce que tu es un être normal finalement et qu'il y a plus d'humain en toi que tu le pensais.
Le regard d'Améthyste changea alors, sortant du champ de vision de sa larme, elle fixait Atris avec insistance comme pour lui demander silencieusement si lui aussi était capable de pleurer. Si ça lui était déjà arrivé. Mais sur le sujet, le jeune homme resta de marbre, ne laissant transparaître aucune émotion sur son visage. C'est alors que l'androïde porta sa larme sur la joue de ce dernier. Silencieux il l'a laissa faire. Le contact de cette petite goutte d'eau salée lui était étrangère depuis bien des années. Aussi ferma t il les yeux pour en ressentir le moindre parcours. Lui glissant sur la joue, provoquant une légère sensation de chatouillement avant d'arriver à la fin et de s'écraser sans un bruit sur le sol. Puis une fois que tout cela fût terminé il réouvrit les yeux. Oui, Atris ne savait plus comment pleurer ou plutôt en avait perdu la notion. La tristesse, le chagrin ou la colère avait laissé la place à une indifférence envers le monde qui l'entourait. Il n'en avait presque plus d'attache. Depuis mintes années à présent ses larmes s'étaient taries.
- Pleurer montres que tu as des émotions, des sentiments en toi Améthyste. On ne peut créer ou obliger quelqu'un à pleurer, c'est instinctif. Tu peux pleurer de tristesse, de chagrin, de colère ou de culpabilité. Mais les larmes n'annoncent par forcément une mauvaise nouvelle car elles peuvent symboliser le bonheur, la joie ou le rire. Une larme et le reflet de ce que tu ressent en toi. Rien de plus, rien de moins.
Terminant son explication par un franc sourire, Atris avait chassé son air sombre et s'amusait à faire tournoyer sa canne dans sa main droite. Améthyste qui au début de leur conversation était fermée à l'idée d'être plus qu'une simple androïde s'ouvrait à l'humanité.
- Mais dit moi Améthyste, qu'est ce qui t'a fait verser des larmes? Quels sentiments, émotions ou si tu préfères sensations tourbillonnaient dans ta tête?
C'est exact, Atris était curieux d'entendre Améthyste lui répondre. Curieux de connaître les impressions de la demoiselle devant ce fait nouveau.