[E3] Prières de Vita [Event]

[Aquila]

Partir en expédition avait excité la prêtresse. Elle se voyait déjà combattre d'immense créatures plus dangereuses les unes que les autres. Les sensations qu'elle ressentait lors de ce genre de combat n'était égale à rien d'autre. Combattre des hommes était divertissant, mais le plaisir de tuer n'était pas là. Le danger de mourir non plus. L'esprit humain était prévisible pour la jeune femme, celui des créatures pas tout à fait. Seulement, la voilà qui était face à la réalité. Cela faisait plusieurs jours que le corps expéditionnaire avait quitté les remparts de Rome et pas un bruit n'était venu briser la quiétude qui planait dans ce désert maudit. Aquila commençait sérieusement à s'ennuyer au point d'avoir longuement pensé s'introduire sous la tente de Titus dans l'espoir d'un corps à corps endiablé. Au moins il y aurait eu de l'action et elle ne doutait pas que le centurion de Pluton puisse être à la hauteur à partir du moment où il serait capable de rester au garde-à-vous le temps nécessaire. Le reste, elle s'en serait chargé.

Heureusement, elle avait fini par s'endormir comme un bébé jusqu'au lendemain où ils avaient repris la route. Tout était si calme et si paisible que c'en était inquiétant. La prêtresse était souvent sortie des remparts et il n'avait jamais fallu autant de temps avant qu'une attaque ne se produise. Les prières des familles avaient-elles été exaucé ? Il était triste que Minerve n'ait pas pensé lui offrir un petit cadeau, mais elle devait certainement avoir ses raisons. La prêtresse ne mettrait jamais en doute les choix de sa déesse étant persuadé que tout ce qu'elle faisait était réfléchi et avait un sens.

Elle était au devant du cortège sur son cheval, juste derrière Caius. Les yeux scrutant au loin les dunes de sable à perte de vue. Elle persistait à penser que c'était bien trop calme. Que quelque chose se préparait et elle fut rassurée de voir que le moment tant attendu arrivait enfin. Elle les reconnaîtrait entre mille... les tigres des sables. Le vent avait conduit leurs cris jusqu'au cortège. Un regard vers Caius, son chef et elle était déjà prête. Celui-ci le verrait immédiatement. De tout Rome, il était certainement celui qui la connaissait le mieux. Il avait élevé et éduqué l'enfant puis formé la guerrière. Elle lui devait beaucoup et elle le savait.

Une femme surgissait au sommet d'une des dunes demandant de l'aide pour le consul Maximus, ce qui provoca le désordre dans le cortège. La voix du chef des Plutonniens lui parvenait. Il avait raison, l'armée ne devait pas se dissiper ni partir tête baissée. Ils auraient vite fait de tomber dans un piège. Il le savait, tout autant que Caius qu'elle pria du regard de l'envoyer au front. Comment Maximus était arrivé là, pour le moment, elle s'en fichait.

Aquila.... Prends avec toi la seconde, la troisième et la quatrième d'écurie de cavaliers et aller voir en éclaireurs de quoi il s'agit. Sauvez le consul et engagez les créatures à distance, au javelot ou à l'arbalète. Le reste de l'armée suivra derrière, aussi n'hésitez pas à vous replier en cas de soucis, si le consul est en sécurité.

« Ô merci grande déesse d'avoir exaucé mes prières. » pensa-t-elle.

Un signe de la tête à Caius et elle s'engageait avec ses troupes. Ils partirent au triple galop à la rencontre du consul. Les cavaliers la suivaient et faisaient aussi vite que possible. Seulement, le consul devrait faire seul un petit moment. Contre des tigres des sables, elle ne donnait pas cher de sa peau. Peut-être les dieux veillerait sur lui et lui donnerait assez de temps pour survivre jusqu'à leur arrivée.

Finalement, ils finirent par l'apercevoir, combattre comme il le pouvait les créatures qui le chargeaient. Ils s'approchaient de lui quand une lumière intense traversa le ciel dans un bruit sourd, ce qui fit peur aux chevaux. Aquila utilisa son pouvoir d'empathie animal pour calmer les chevaux, mais quand un énorme objet vint à se cracher à leur sabot, elle ne put plus rien y faire. Quelques soldats tombèrent de leur monture, les autres bien harnachés continuaient avec elle la mission.

Elle eut la déception de remarquer que cet accident avait effrayé et fait fuir les tigres avant même qu'elle ait eu le temps d'en découdre. Peu importe, le consul était sauf, la mission était réussie. Elle s'arrêtait à la hauteur de l'homme.

« Que faites-vous au milieu du désert ? »

Elle ne jugeait pas utile de lui demander comment il allait. Il était encore vivant, ne semblait pas être gravement blessé, il s'en remettrait. Elle attendit ses explications avant de descendre de son cheval et lui tendre une main. Puis après une rapide inspection de l'objet, elle donna l'ordre qu'on lui donne une monture. Deux jeunes femmes frêles qui étaient présentes avaient largement la place pour monter à deux sur un cheval. Elle savait qu'elle devait rejoindre le corps expéditionnaire au plus vite. Elle ne connaissait en rien l'objet qui venait de se cracher à leurs pieds et n'en avait que faire. Cela n'engageait rien de bon, c'est tout ce qu'elle savait.

[Maximus]

Musique

Maximus leva la tête vers Aquila. Il la connaissait bien et l’appréciait à sa juste valeur. Ils ne s’étaient jamais parlés, simplement croisés. Elle lui avait déjà ramené des esclaves violents à réinitialiser. Fuyant les réceptions, ils ne s’y étaient jamais rencontrés et n’avaient jamais pris le temps de parler ensemble. Mais Il s’était moins croisé dans les réceptions qu’elle fuyait. Mais la réputation de la prêtresse guerrière la précédait. Discrète, diablement efficace, puissante, orgueilleuse, en conflit avec sa famille de sang, mais aimée à sa juste valeur par sa famille adoptive.

Que foutait-il là ? Qui était l’intrus ? Lui ou elle ? Sans Vita, il serait parti chercher la mort avec le corps expéditionnaire, mais il était resté à Rome, en partie pour elle, en partie parce qu’il n’approuvait pas ce sacrifice. Les sourcils de Maximus se froncèrent, son regard se porta sur Vita, un peu plus loin. Elle ne semblait pas maltraitée. Pourquoi le serait-elle de toute façon ? Il avait confiance en elle et en ses capacités à dissimuler l’état de son plot. Maximus sentit une douleur à son bras. Un des tigres avaient réussi à le griffer profondément. Peu importait, il n’en mourrait pas.

-- Deux minutes plus tôt, je battais encore le fer dans une forge de Rome...

Aquila ne s’encombrait pas de fioritures

Maximus la laissa donner ses ordres, mais ne se dirigea pas vers le cheval qu’elle lui offrait. Il observa les tenues des soldats pour connaître les grades des cavaliers. Il se tourna vers le moins gradé et lui ordonna d’aller chercher deux chevaux plus costauds et des cordages et un attelage.

Il fit signe à Aquila d’approcher. Le métal était encore brûlant, mais Maximus le toucha sans conséquence apparente.

-- Je n’ai jamais vu de tel alliage. Je ne sais pas à quoi servait ce mécanisme, mais rien que son métal est une mine d’or.

Il posa ses deux mains à plat sur le métal brûlant et le fit rouler après un énorme effort. Il roula d’abord difficilement, puis dévala la pente. Maximus cherchait à le refroidir au contact du sable. Quelques heures plus tard, il fut difficilement hissé sur une charrette.

Le corps décida de poursuivre sa route. La direction qu’empruntait Caius jusqu’alors correspondait à celle où l’objet volant. Il leur aurait fallu pas moins de deux jours pour gagner le point d’impact. Mais le désert changea. Le sable laissa place à un erg parsemé de petits rochers qui ralentissaient les carrioles. Mais plus grave, les créatures se manifestèrent. Si Aquila s’en réjouissait, les soldats rencontrèrent les premières pertes. Grâce aux conseils avisés des gardes de Pluton, à l’obéissance et l’entraînement des soldats de Minerve et à la stratégie indéniable de Caius, les pertes furent minimisées.

[Clarissa Vibius]

L’expédition dans ce désert n’était peut-être pas la meilleure idée qu’avait eut Clarissa. En mission pour le Prélat au sein de ce convoi qui voyageait à travers les terres stériles, désertiques et mortellement dangereuses entourant la cité de Rome, la jeune espionne en venait à douter un peu plus chaque jour, du bien fondé de cette fameuse mission et surtout de ses propres capacités à la remplir. Les fiers soldats eux, marchaient d’un pas régulier, monotone même. Rompus à ce genre de marche peut-être, ils demeuraient obéissants, prêts à se battre à la moindre alerte. C’était plutôt rassurant pour une simple citoyenne comme Clarissa, qui n’était ici officiellement qu’en tant que chroniqueuse. Son travail consistant à écrire le plus fidèlement, judicieusement possible, le récit de cette aventure hors du commun, qui, à coup sur, resterait dans les annales de l’Histoire de Rome, elle prenait à cœur sa tâche, même si, au final, jusqu’ici, il n’y eut aucun combat, aucune attaque. Pas que Clarissa souhaitait voir le danger de trop près, mais elle trouvait cependant tout cela bien intriguant, curieux. On lui avait longtemps fait le récit d’un monde cruel, dangereux, habités de monstres terribles autour de Rome et de ses murailles. Maintenant qu’elle était en plein cœur de cet enfer, elle ne voyait rien de tout cela, hormis du sable, du sable et encore du sable. A tel point que même dans son sommeil désormais, elle ne rêvait que de paysages constitués de sable…

"Regardez !! Là-bas !!!"

Le convoi se stoppe en un geste sec et soudain. Les soldats, répondant certainement à des instincts acquis à force d’entraînements, adoptèrent une position défensive autour des chariots, mais aussi tout l’ensemble du corps expéditionnaire. Rien depuis le départ de la cité n’avait réussit à faire s’arrêter les troupes qui ne ressemblaient qu’à une fine file d’ombres, perdues dans l’immensité du désert sans fin. Les civils, dont Clarissa faisait partie finalement, malgré son éducation militaire, fixa la lumière éblouissante et inhabituelle qui se manifesta à quelques lieux des troupes, en plein désert. Aucune raison à celle-ci et cela ne rassura certainement pas la chroniqueuse, qui attrapa vite un parchemin, une plume, pour commencer à écrire. Les officiers à l’avant de la colonne semblaient discuter entre eux, cherchant surement la meilleure réponse à apporter face à cet évènement soudain, inattendu, surprenant. Manifestation des dieux, d’une force destructrice ? Ecrivant pour la postérité sur son parchemin, le récit de ce qui était en train de se passer là, sous ses yeux, Clarissa se devait de se rapprocher pour pouvoir mieux comprendre la situation…

"Qu’est ce qui se passe ?"

"Retourne dans les rangs civile !"

Le soldat qui venait de répondre sèchement à Clarissa laissait paraître à travers son regard, la tension qui semblait s’exercer à l’intérieur de son être. Rompu au combat, la surprise ne devait pas être à son goût. La jeune citoyenne de Rome ne s’en offusqua pas et s’exécuta aussitôt, ne voulant certainement pas s’attirer la foudre des troupes. Si elle escomptait pouvoir approcher les plus hauts officiers de l’expédition, elle se devait de s’adapter, faire profil bas. Son parchemin en main, Clarissa attendait de savoir ce qu’allaient trouver les soldats à la source de cette lumière, maintenant disparus. Finalement, tout sembla prendre un tournant bien inquiétant. Des chevaux quittèrent le convoi, des soldats se préparent au combat, le corps se mit en route pour foncer vers cette lumière surprenante. Clarissa avait un mauvais pressentiment et préféra se cacher dans l’un des chariots. Après tout, elle serait mieux à l’intérieur. Soulevant une toile, elle grimpa agilement à l’intérieur du premier chariot qui passerait à côté d’elle, tombant nez à nez avec une jeune femme aux yeux curieusement tirés…

"Oh…euh… désolée mais… enfin je… le soleil quoi… pis la fatigue. Je fais une pause, je vous gênerais pas."

[Galatea]

Cela faisait plusieurs jours que l'armée avait quitté Rome. Le soleil était assommant dans le désert et les nuits glaciales. Par chance, aucun créature n'avait encore attaqué le convoir au grand soulagement de tous. Les troupes avançaient doucement et les charriots encore plus. Ils devaient être prudents afin de ne pas se faire enliser dans le sable ou les roues brisées sur des rochers affleurants. Le parcours serait rude pour arriver à destination et ils n'en étaient qu'au début.

Dans le chariot médical, Galatea avait du mal à garder les yeux ouverts. Sa tête, posée contre le montant du chariot, dodelinait sous les mouvements. Elle se frottait les yeux mais en vain. Quelques secondes ouverts, ils finissaient toujours par se clore quoiqu'elle fasse. Un léger trou dans le sable fit faire une embardée au convoi, tirant une grimace douloureuse à la jeune femme.

« Allons fainéante ! Réveilles-toi un peu bon sang et tiens-toi droite ! Quelle image est-ce que tu donnes des prêtres de Jupiter ? »

Galatea ne répliqua pas. Elle hocha simplement la tête, essayant de se redresser et de se tenir correctement. Mais son corps accusait une fatigue certaine. Même s'ils étaient partis depuis peu de temps, les nuits de la jeune femme avaient déjà été plusieurs fois monneyées aux soldats présents. Des nuits qui apparaissaient comme des calvaires à la jeune femme qui devait passer de soldat en soldat sans vraiment de répis. A cela il fallait ajouter ceux qui avait connaissance de son don et qui avaient déjà fait appel à elle. Antérios avait d'ailleurs vanté son talent à ceux qui étaient assez riches pour pouvoir se l'offrir. Plus ou moins tous des fils à papa qui étaient parti de Rome en pensant revenir couvert de gloire mais qui n'avaient aucune idée de ce qui pouvait les attendre. Ils étaient donc venu se faire ôter des petites blessures à prix d'or comme des crampes, des ampoules, des égratignures, des coups de soleil. Ils pouvaient se le payer. Heureusement, ce n'était pas la majorité des hommes de l'expédition mais il y en avait quand même un petit nombre. Galatea s'était donc retrouvée affublée de tous ces maux qui, pris séparement ne sont pas méchants, mais tous mis ensemble, cela devenait plus dur à gérer. La jeune femme souffrait mais elle en avait l'habitude et par rapport à d'autres blessures, celles-ci étaient gérables.

Soudain, Antéros et sa compagne levèrent la tête. Un brouhaha agitait les rangs des soldats. Que se passait-il donc ? Le chariot était trop loin de la tête de l'expédition pour que ses occupents puissent voir quoique ce soit. Ils virent simplement des détachements de cavaliers partir dans d'autres directions. Des monstres peut-être. C'était même fortement probable vu le lieu. Le cœur de Galatea battait à tout rompre. Quand soudain un bruit strident et une lumière traversèrent le ciel, faisant de nouveau sursauter la guerisseuse.

« Qu'est-ce qui se passe ? »

Antérios haussa les épaules.

« J'en sais rien mais rien de bon à mon avis ! »

« On devrait aller voir tu ne crois pas ? Il y a peut-être des blessés ? »

Nouvel haussement d'épaules et un soupir en prime.

« Ils nous appeleront si y'a besoin. Je vais pas aller risquer ma peau comme ça. On a qu'à attendre. On verra bien. »

Soudain, un bruit se fit entendre dans le fond du chariot. Galatea se leva et passa derrière, se retrouvant alors nez à nez avec une jeune femme, une civile comme elle apparement. Sa phrase la dérouta un peu.

« Si... si vous voulez... oui, vous pouvez rester vous reposer si vous avez besoin. »

Après tout c'était l'infirmerie. La jeune femme risquait peut-être une insolation. Mieux valait qu'elle reste à l'ombre.

« Vous devriez vous allonger et vous reposer un peu. »

Elle alla chercher un peu d'eau et le lui tendit en prenant soin de ne pas laisser voir ses mains marquées.

« Buvez cela, vous irez mieux après. »