Partir en expédition avait excité la prêtresse. Elle se voyait déjà combattre d'immense créatures plus dangereuses les unes que les autres. Les sensations qu'elle ressentait lors de ce genre de combat n'était égale à rien d'autre. Combattre des hommes était divertissant, mais le plaisir de tuer n'était pas là. Le danger de mourir non plus. L'esprit humain était prévisible pour la jeune femme, celui des créatures pas tout à fait. Seulement, la voilà qui était face à la réalité. Cela faisait plusieurs jours que le corps expéditionnaire avait quitté les remparts de Rome et pas un bruit n'était venu briser la quiétude qui planait dans ce désert maudit. Aquila commençait sérieusement à s'ennuyer au point d'avoir longuement pensé s'introduire sous la tente de Titus dans l'espoir d'un corps à corps endiablé. Au moins il y aurait eu de l'action et elle ne doutait pas que le centurion de Pluton puisse être à la hauteur à partir du moment où il serait capable de rester au garde-à-vous le temps nécessaire. Le reste, elle s'en serait chargé.
Heureusement, elle avait fini par s'endormir comme un bébé jusqu'au lendemain où ils avaient repris la route. Tout était si calme et si paisible que c'en était inquiétant. La prêtresse était souvent sortie des remparts et il n'avait jamais fallu autant de temps avant qu'une attaque ne se produise. Les prières des familles avaient-elles été exaucé ? Il était triste que Minerve n'ait pas pensé lui offrir un petit cadeau, mais elle devait certainement avoir ses raisons. La prêtresse ne mettrait jamais en doute les choix de sa déesse étant persuadé que tout ce qu'elle faisait était réfléchi et avait un sens.
Elle était au devant du cortège sur son cheval, juste derrière Caius. Les yeux scrutant au loin les dunes de sable à perte de vue. Elle persistait à penser que c'était bien trop calme. Que quelque chose se préparait et elle fut rassurée de voir que le moment tant attendu arrivait enfin. Elle les reconnaîtrait entre mille... les tigres des sables. Le vent avait conduit leurs cris jusqu'au cortège. Un regard vers Caius, son chef et elle était déjà prête. Celui-ci le verrait immédiatement. De tout Rome, il était certainement celui qui la connaissait le mieux. Il avait élevé et éduqué l'enfant puis formé la guerrière. Elle lui devait beaucoup et elle le savait.
Une femme surgissait au sommet d'une des dunes demandant de l'aide pour le consul Maximus, ce qui provoca le désordre dans le cortège. La voix du chef des Plutonniens lui parvenait. Il avait raison, l'armée ne devait pas se dissiper ni partir tête baissée. Ils auraient vite fait de tomber dans un piège. Il le savait, tout autant que Caius qu'elle pria du regard de l'envoyer au front. Comment Maximus était arrivé là, pour le moment, elle s'en fichait.
Aquila.... Prends avec toi la seconde, la troisième et la quatrième d'écurie de cavaliers et aller voir en éclaireurs de quoi il s'agit. Sauvez le consul et engagez les créatures à distance, au javelot ou à l'arbalète. Le reste de l'armée suivra derrière, aussi n'hésitez pas à vous replier en cas de soucis, si le consul est en sécurité.
« Ô merci grande déesse d'avoir exaucé mes prières. » pensa-t-elle.
Un signe de la tête à Caius et elle s'engageait avec ses troupes. Ils partirent au triple galop à la rencontre du consul. Les cavaliers la suivaient et faisaient aussi vite que possible. Seulement, le consul devrait faire seul un petit moment. Contre des tigres des sables, elle ne donnait pas cher de sa peau. Peut-être les dieux veillerait sur lui et lui donnerait assez de temps pour survivre jusqu'à leur arrivée.
Finalement, ils finirent par l'apercevoir, combattre comme il le pouvait les créatures qui le chargeaient. Ils s'approchaient de lui quand une lumière intense traversa le ciel dans un bruit sourd, ce qui fit peur aux chevaux. Aquila utilisa son pouvoir d'empathie animal pour calmer les chevaux, mais quand un énorme objet vint à se cracher à leur sabot, elle ne put plus rien y faire. Quelques soldats tombèrent de leur monture, les autres bien harnachés continuaient avec elle la mission.
Elle eut la déception de remarquer que cet accident avait effrayé et fait fuir les tigres avant même qu'elle ait eu le temps d'en découdre. Peu importe, le consul était sauf, la mission était réussie. Elle s'arrêtait à la hauteur de l'homme.
« Que faites-vous au milieu du désert ? »
Elle ne jugeait pas utile de lui demander comment il allait. Il était encore vivant, ne semblait pas être gravement blessé, il s'en remettrait. Elle attendit ses explications avant de descendre de son cheval et lui tendre une main. Puis après une rapide inspection de l'objet, elle donna l'ordre qu'on lui donne une monture. Deux jeunes femmes frêles qui étaient présentes avaient largement la place pour monter à deux sur un cheval. Elle savait qu'elle devait rejoindre le corps expéditionnaire au plus vite. Elle ne connaissait en rien l'objet qui venait de se cracher à leurs pieds et n'en avait que faire. Cela n'engageait rien de bon, c'est tout ce qu'elle savait.