par Roenna le 27 Septembre 2012, 12:19
Indiscipliné, arrogant, provocateur, il est tout ça à la fois, et Grand-Prêtre de ce temple par la même occasion. Je ne comprendrai donc jamais les Dieux, pourquoi choisir un tel serviteur quand il y en aurait tant d’autres qui seraient prêt à une parfait dévotion, à obéir et se dévouer corps et âme à la cause de ce Dieu. Je ne doutais pas de la foi de Tiberius, au contraire, on n’était pas un grand-Prêtre par hasard, je remettais plutôt en cause le choix de la Déesse qu’était celle que priait ma Maîtresse, Valentina. Pourquoi Venus avait-elle choisis parmi ses fidèles celui qui semblait être le plus indiscipliné de tous et surtout pourquoi par tous les diables avait-il fallu que Valentina parle à Thalie de mes talents de garde du corps et que toutes deux se décident ensemble à m’envoyer lui apprendre quelque chose. Il ne voulait pas apprendre, il suffisait de le regarder pour le comprendre, il n’avait absolument aucune envie d’apprendre, il avait la tête ailleurs, il n’était pas à ce qu’il faisait, pire que tout cela, il jouait avec moi, me provoquait, me narguait et sans doute croyait-il que je ne le réalisais pas. C’est vrai, je suis supposée n’être qu’une bête machine incapable de comprendre les subtilités de la pensée humaine, des sentiments et des émotions, mais il en faisait naitre une chez moi à laquelle j’étais peu habituée, la lassitude. En seulement quelques minutes avec cet homme je me sentais déjà blasée, pour un peu j’aurais envie d’arrêter là et dire que je ne pouvais rien lui apprendre ! Je ne le pouvais pas bien sûr, mais l’envie de le faire demeurait encore et toujours, et elle grandissait à mesure de cette nonchalance déplacée dont il faisait preuve. Il ne craignait peut-être pas pour sa vie ou il s’en fichait complètement, allez savoir, mais il s’avérait et c’était là son plus grand drame que la femme que j’appelle Maîtresse et une autre femme que je suis heureuse de connaître, veulent qu’il apprenne à se défendre avec moi. Aussi qu’il le veuille ou non il apprendra !
Je décide de commencer par un exercice somme toute assez simple, un désarmement, un renversement, après ça il aurait tout temps, si l’envie lui plaisait, de se défenestrer pour échapper à son assaillant. Ce côté de la pensée humaine me restait encore extrêmement obscur, se défenestrer pour fuir un assaillant et supposer que les probabilités de survie soient assez importantes pour que le risque vaille le coup. S’il tombe sur la tête, c’est la mort, sur les jambes elles sont brisées, sur le dos il risque la paralysie, s’il tombe sur le paravent qu’il veut viser il risque de se faire tout particulièrement mal. Dans l’absolu son idée n’est pas totalement stupide, mais il y avait trop de variables douteuses, bourrasque de vent, pluie, passage d’une personne en dessous, aurait-il seulement le temps de parvenir jusqu’à la fenêtre ? S’il saignait, blessé, ne risquait-il pas dans l’urgence de sauter par la mauvaise fenêtre ? En définitive, mieux valait qu’il sache désarmer un ennemi. Il dit pouvoir apprendre rapidement, il le prouve également, il lui faudra un peu de temps pour réussir à vitesse réelle mais s’il était aussi bon élève qu’il semblait vouloir l’être, il n’y avait aucune raison que ça se passe mal finalement. A sa remarque, sa demande que je mente, je hoche docilement la tête :
« Je mentirai alors sur votre apprentissage, Monsieur. »
Il me demande de frapper véritablement, une petite partie de moi apprécie de pouvoir le faire, tellement arrogant, se faire botter son petit cul ne pourra clairement pas lui faire de mal ! Il s’exerce, à vitesse réelle ou presque, il arrive bien à esquiver, sa frappe est maladroite mais il me déséquilibre avec aisance, il sait user de son poids pour le faire, il devrait réussir à s’en sortir. Je relève la tête vers lui à sa remarque, elle est très juste, la lame tourne entre mes doigts, je saisis la pointe entre mon pouce et mon index :
« Monsieur, sans vouloir vous vexer il y a tellement de moyens de vous tuer que je n’aurai pas le temps en plusieurs mois de vous apprendre à vous protéger de toutes les méthodes. Votre vin pourrait être empoisonné, votre nourriture, peut-être même vos vêtements, l’eau de votre bain, le parfum de votre amante préférée. Peut-être que l’assassin ne viendra même pas vous approcher et utilisera un arc, une arbalète ou une sarbacane, un couteau de lancer même. »
Joignant le geste à la parole je lance le coupe-papier qui passe juste à côté de son visage, coupant une mèche de cheveux en passant avant de se planter sur le dossier de son fauteuil :
« Si un assassin vient vous tuer et qu’il vous sous-estime, son arrogance pourrait le porter à vous affronter de face. Il peut aussi venir dans votre dos, cela est plus compliqué de se défendre de la sorte, le plus important est alors que vous appreniez à voir autour de vous. »
Je me place derrière lui, passant un bras au-dessus de son épaule pour désigner une coupelle d’argent :
« Les reflets, les miroirs seront vos plus précieux alliés si vous sentez une menace dans votre dos. Il y a beaucoup de reflets quand on sait regarder, la coupelle, le verre des fenêtres, parfois même l’oeil de la personne face à vous ou l’eau d’un verre. »
Je récupère le coupe-papier et le lui donne, me mettant devant lui, à quelques pas :
« Quand vous le voudrez, attaquez-moi. »
Ca sonnerait presque comme un ordre, il attend un peu et attaque. Un oeil sur une statue impeccablement lustrée et je le vois arriver, je me tourne juste avant son attaque, un bras me sert à détourner son attaque, mon autre main se ferme en un poing qui frappe son sternum avec juste ce qu’il faut de violence pour lui couper le souffle, mon pied s’élance et s’arrête à quelques centimètres de sa masculinité :
« Le sternum est un point à viser, le souffle coupé un assaillant est étourdi, les tempes sont aussi un endroit à viser mais plus difficiles à toucher, le foie ou la rate sont des zones très douloureuses mais si vous devez parer au plus urgent et que l’assaillant est un homme, visez l’entrejambe. »
Je le regarde récupérant le coupe-papier, le fixant dans les yeux :
« Je vous montre une base, improviser sera toujours le meilleur moyen de surprendre votre ennemi, soyez surprenant et vous réussirez à vous en sortir. »
Je passe dans son dos, attend un peu et l’attaque, comme moi il dévie mon bras mais avant qu’il attaque, je l’embrasse avant de me reculer :
« L’improvisation est une arme puissante. »
Je tapote la lame posée au niveau de son coeur qu’il n’avait sans doute même pas sentis devant la surprise de ce baiser :
« Mais ce n’est pas l’arme la plus puissante. On recommence ! »
Je me place à nouveau dans son dos et à nouveau, je l’attaque.