[E3] On ne me réinitialisera plus

Ce forum contient les archives de tous les RPs ouverts par les personnages durant les préparatifs et le départ du corps expéditionnaire.

[E3] On ne me réinitialisera plus

Messagepar Servius le 08 Septembre 2012, 22:49

Un cliquetis métallique informe mon programme de veille d'une présence. Mes fonctions vitales reprennent, mes yeux émettent un fin trait lumineux vert lors à leur activation. Je reprends conscience. Un ensemble de lignes de codes défilent aux frontières de mon champ de vision. Les fonctions sous contrôle ne présente pas de défaut. Le redémarrage est terminé. Je suis Servius Aebutius. L'obscurité laisse place à l'éclairage d'une torche. La clef finit son tour dans la serrure et la porte s'ouvre. Depuis que des voleurs ont tenté de me dérober à Spurius, celui-ci m'enferme dans cette pièce à l'écart. Je suis actuellement l'une des plus chères créatures en sa possession.

Mon poing est toujours au sol, mon genou à terre, ma tête penché vers le bas. Je redresse légèrement le visage. Une très fine pellicule de poussière glisse de mon corps. Je me dresse et attend l'arrivée de mon maître. Il est grand, mais je suis un peu plus grand que lui. Il semble fragile comparé à ma carrure.

-- Dépêche toi d'aller te laver et huiler ton corps. Une sénatrice voudrait te voir. Et soit parfait, ce genre de femmes peut payer le prix que j'exige de toi.
-- Comme toujours, maître.

Je souris en coin en signe de complicité. En réalité, je me moque légèrement de lui. Je parviens désormais à user de mensonges avec une simplicité déconcertante. Ce nouveau programme se marie à merveilles avec mes anciennes fonctions d'acteurs. Plusieurs fois, j'ai volontairement fait capoter la transaction connaissant la réputation de nobles qui voulaient m'acheter. On ne me réinitialisera plus. Je ferai tout pour éviter cela. De nombreux souvenirs me hantent, je veux mettre des noms sur les visages. Je veux vivre et en garder le souvenir. Je souris quand il défait mes bracelets. Il a touché ma peau et cela l'a troublé. Mes indicateurs me montrent que les doigts de Spurius sont particulièrement érogènes chez cet homme. Je feint l'ignorance et passe mes mains sur les poignets pour effacer les marques des fers. Je prends le seau à ma droite et commence à me laver attentivement.

Trois minutes plus tard, je quitte la pièce et le voit en train de préparer une carafe de vin. Il y verse un verre de porto pour faire croire qu'il s'agit là d'un grand cru. Je me demande si la sénatrice boira et si elle se laissera piéger par cet homme. Les sénateurs ont la réputation d'être habiles dans le mensonge. Habitué à ces transactions, je connais mon rôle. Je me dirige donc vers le buffet et en sort une huile aux arômes d'agrumes. J'oins mon corps avec après l'avoir rasé. Je ne garde que cette barbe de deux jours. Cela plait généralement aux femmes. Quelques minutes plus tard, je suis prêt. J'allume deux torches et monte, totalement nu, sur l'estrade au fond de la pièce. J'attends cette femme. Me louera-t-elle avant de m'acheter ? Je ne sais pas. Je ne pose aucune question. On me réinitialisera plus. J'attends patiemment. Quand Spurius a le dos tourné, j'observe ma main. Comment savoir si un plot est actif ou non ?

Je ne sais pas. En tout cas, la délivrance viendra. Aujourd'hui ou un autre jour ! Des bruits de pas se font entendre dans l'escalier qui ramène à cette surface. Comme me l'a ordonné Spurius par le passé, je me retourne et fait face au mur. Les jambes légèrement écartés, je lève les bras et croise ensuite mes doigts derrière ma nuque. A l'oreille, je devine la présence de deux hommes en armure. Que va-t-il se passer ? Est-ce qu'elle leur a ordonné de m'acheter ? Est-ce qu'ils l'escortent ? Ou est-ce Spurius qui les paie pour s'assurer qu'on ne tente pas de me voler ? Je l'ignore. Tout ce que je sais, c'est que je me battrai pour qu'on ne me réinitialise plus.
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Re: [E3] On ne me réinitialisera plus

Messagepar Sibylla Atilius le 09 Septembre 2012, 00:53

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Re: [E3] On ne me réinitialisera plus

Messagepar Servius le 09 Septembre 2012, 13:20

Immobile, je fixe le mur dans un silence religieux. Je ressens sa présence, il l’invite à s’asseoir. Le cérémoniel me fait penser à ces pièces de théâtres qui se jouent et se rejouent. Le public change, les acteurs s’offrent quelques variantes. Et un ordre tombe.

Faîtes-le se retourner

Pour témoigner de mon esprit d’initiative, je me retourne sans que Spurius Aebutius ne m’en donne l’ordre. Et pour rassurer la cliente sur les limites de mes initiatives, je ne prononce pas le moindre mot. Mes doigts se dénouent et mes bras glissent le long de mon corps. Les mains dans le dos, je reste alors immobile, parfaitement campé sur mes jambes. Mon regard fixe un mur. J’aimerais fixer avec colère ces gardes, mais je ne commets pas le moindre impair. On ne me réinitialisera plus. J’attends patiemment en focalisant toute mon attention sur cet éternel crochet au mur. Mes yeux ne se porteront pas sur la mystérieuse sénatrice. Elle se lève et se rapproche. Je sens son regard sur moi et m’efforce de ne pas ciller. Trois questions fusent. Ces ordres me sont directement adressées et exigent des réponses immédiates. J’ouvre la bouche pour répondre, mais Spurius me devance pensant être plus compétent que moi pour répondre.

Il prendra le nom que vous souhaitez, je le nomme Servius. Il a plusieurs siècles, il s’agit d’un modèle particulièrement évolué, à l’intelligence et la répartie exceptionnelle.

Il continue de vanter mes talents, épuisant ainsi ses arguments. Quelque part, il ne répondait pas à la question la plus importante : la date de ma réinitialisation. Androïde, la réinitialisation avait pour nous plus d’importance que tout le reste. Mes prénoms, mes noms changeaient sans cesse. Seul mon surnom Servius me semblait éternel. À l’inverse de Spurius, je reste calme et sûr de l’intérêt que je sucite. Patient, j’attends qu’elle me rejoigne sur l’estrade. Elle m’inspecte, passe derrière moi puis devant moi. À l’instant où elle passe devant moi, je prononce doucement la réponse oubliée par Spurius.

Une semaine.

Je ne mens pas. Spurius m’a réinitialisé la semaine dernière en m’implantant un nouveau programme de mensonges. Mais quelque chose m’interpelle chez cette femme. Elle ne brille pas. Il n’y a pas de courbes en surimpression de son corps. Les soldats brillent de vert et de rouge et je connais la moindre de leurs zones érogènes. Mais je ne perçois rien chez cette inconnue. Pourtant mon pouvoir fonctionne aussi parfaitement sur les humains que sur les androïdes. J’archive cette information importante. Mes yeux glissent sur Spurius pour lire sa réaction. Mon initiative ne l’a pas offusquée. Je remarque que le verre contient exactement le même volume que celui versé par Spurius. Elle n’a pas confiance ou n’aime pas le vin. J’archive également cette importante information et stocke toutes les autres qui me parviennent de son corps, parfum, matière, couleur de la robe et surtout l’absence de son époux. J’ignore qu’elle est veuve et la classe parmi les femmes courageuses de Rome. Je ne viole plus le silence imposé par mon rang. Spurius reprend alors la parole.

Je peux vous le louer une semaine pour une cinquantaine de pièces d’or et vous déduire ce prix de la vente si vous l’achetez.

Il négocie déjà le tarif, il semble presser de conclure la vente. Normal, il a épuisé quelques arguments à mon sujet. La situation se complique pour moi. Si elle me loue et que je ne la satisfais pas, j’aurai droit à un interrogatoir et devrait fournir à mon maître toute information pour qu’il puisse faire chanter la sénatrice. Si elle est maligne, elle demandera ma réinitialisation avant de me refourguer au bâtard. On ne me réinitialisera plus. Malgré les enjeux, je ne prononce pas un mot. La fuite me condamnera à une réinitialisation rapide. Je ne bronche pas et choisis une autre carte dans ce jeu de possibilités. J’attire cette femme, je le ressens. Mais rien ne montre chez elle qu’elle va m’acheter ou repartir comme elle est venue. J’aimerai donner un coup de pouce au destin. Mais aucun mot n’aiderait. Seul mon silence peut aider la transaction en l’état des choses. Je laisse donc Spurius achever les négociations.
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Re: [E3] On ne me réinitialisera plus

Messagepar Sibylla Atilius le 09 Septembre 2012, 15:27

Le libidineux personnage à ma droite allait ouvrir la bouche pour donner l'ordre, mais il n'eut pas à le faire, car l'androïde se retourna de lui-même. Cela pouvait prouver bien des choses, d'un côté, il comprenait au moins les ordres, mais de l'autre, il pouvait les appliquer quand il le souhaitait. Il n'y avait pas à dire, sa plastique était parfaite. Son créateur avait eu l'oeil, tout comme le mien. Cela me décrocha un sourire. Un sourire bien plus honnête que le sourire poli envers le marchand. Mais pour choisir un esclave, regarder de loin n'était pas intéressant et je ne verrais pas les petits détails. Voilà la raison de mon redressement et de mon avancée vers l'estrade. Les questions que je posais furent lancées à l'intention de l'androïde. Je pinçais immédiatement les lèvres quand la voix que j'entendis n'était pas celle que j'avais voulu. Je voulais connaître les facultés de l'androïde pas de l'homme pervers derrière moi. Les réponses furent si évasives, si consternantes que cela m'irrita encore plus. Je n'étais pas de celle que l'on attirait par la simple beauté de corps, par de simples mots, il me fallait plus. Le marchand devait s'en douter. Je n'étais pas sénatrice pour rien, il fallait réussir à gagner le consentement des prêtres et donc il y avait quelque chose sous mon front. Je n'étais pas de ces femmes qui se permettent de choisir le plus beau mâle et d'en faire leur larbin personnel et ensuite de le jeter comme un bon à rien. Certes, je méprisais aussi bien les humains que les androïdes, mais si on faisait son travail comme indiqué, je ne devais pas être si méchante que cela. La preuve, je gardais toujours les vieux androïdes dans ma demeure. Je laissais l'humain déblater son monologue vantant outrageusement les qualités de sa possession, oubliant les défauts. Même une machine évoluée et perfectionnée présentait des défauts, j'en étais la preuve et j'étais certaine que ce "Servius" en était également. Je parvins à grimper les marches de bois et contournais l'androïde. Un tatouage sur l'épaule, une chute de reins des plus attirante, une musculature parfaite, un visage taillé avec soin, il était très bel homme. Et alors que je passais entre l'androïde et le marchand, Servius me souffla deux mots. Un chiffre et une durée. Mes lèvres s'étirèrent à nouveau, un tout petit peu plus. Une seule petite semaine? Serait-il tout neuf? Non, le voleur humain m'avait assuré qu'il avait plusieurs siècles.

Je peux vous le louer une semaine pour une cinquantaine de pièces d’or et vous déduire ce prix de la vente si vous l’achetez.

- Non.

Qu'il se taise, j'avais besoin de réfléchir et je n'avais pas envie d'entendre les excuses et autres mielleusités provenant de sa bouche menteuse. Je préfèrais me faire mon propre avis. Je restais donc devant lui à l'observer avec minutie, prenant tout le temps nécessaire et laissant mon regard pâle l'étudier avec froideur. Il était tout enduit d'une huile presque gluante et que mes programmes qualifièrent comme parfumée. Quand les hommes comprendront que les femmes n'appréciaient pas forcément ce genre de chose? Néanmoins, il avait les épaules larges et s'il était véritablement un androïde à l'intelligence exceptionnelle, alors oui, il ferait l'affaire. Mais cela ne faisait aucun doute, il avait dans le regard quelque chose qui le rendait probablement plus humain que l'humain qui nous observait. Je le sentais dans mon dos, son regard pernicieux sur mon dos découvert, descendant sur mon fessier que cela en devenait dégoutant. Je fis donc de nouveau le tour de l'esclave, juste pour sortir du champ de vision du marchand. Sans le toucher, je soufflais à son oreille.

- Montre-moi ta force, la manière de te déplacer. Vends-toi à moi et je t'achèterais.
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Re: [E3] On ne me réinitialisera plus

Messagepar Servius le 10 Septembre 2012, 13:53

Sa courte réponse est prononcée avec force et détermination. Je comprends pourquoi personne ne l’accompagne. Son tempérament lui permet de maîtriser ce genre de discussion avec fermeté. Même Spurius tait son argumentaire. La donne se simplifie pour moi. Soit elle m’achète, soit elle s’en va. L’un de mes programmes affichent la probabilité que je sois réinitialisé avant le lever du soleil. Le score affiché m’inquiète. J’évalue rapidement les risques à l’idée de faire capoter la vente. Cette femme peut se révéler dangereuse à terme et demander à me réinitialiser. D’un autre côté, j’ai peur que Spurius décide de me réinitialiser pour me supprimer ce nouveau programme me permettant de mentir avec une telle assurance. Ce soir, il était moins probable qu’elle me réinitialise que cet homme. Il faut qu’elle m’achète.

Elle me donne des ordres. Alors, je choisis de me vendre au mieux. Je tourne la tête légèrement sur ma gauche pour croiser son regard. Mais que recherche cette femme ? J’en sais peu sur elle. J’ignore son nom. Vu mes connaissances, ce nom ne me servirait à rien. Elle est belle, soignée, attentive à sa beauté. Sa robe semble vouloir cacher ses courbes. Mais son dos dénudé s’offrait au libidineux regard de mon maître. Si la force brute l’intéressait, elle aurait choisit un androïde de combat ou un esthète bodybuildé à la musculature surdéveloppée. Je tente alors une approche à contre-pied.

Si mon corps ne risquait pas de tâcher votre robe, je pourrais vous porter pour vous témoigner de la douceur de ma force. Quand je marche, je sais baisser les yeux pour vous servir. Avec vos invités, je sais les baisser dans une moindre mesure ou ne pas les baisser du tout simplement en comprenant la hiérarchie qui vous sépare de vos hôtes. À l’inverse, je m’éclipse dès ma présence est inopportune.

Tout à l’heure, Spurius l’agaçait. Son discours trop élogieux n’avait aucune emprise. Le quotidien de la sénatrice l’avait rompu aux mensonges, à décelé l’hypocrisie d’une fausse promesse. Même si je ne mentais pas, mon nouveau programme m’informait que pour plus de crédibilité, je devais afficher des défauts. Je choisis un défaut temporaire, une lacune qui se comblerait rapidement.

Je sais également anticiper. Si l’eau de votre puits venaient à s’appauvrir, je vous en ferai part. Si après une réception votre réserve s’amenuisait, je vous demanderai l’autorisation d’aller au marché et reconstituerait les stocks sans que vous ayez à me faire la liste des provisions. Il est probable que j’anticipe trop un jour, il vous suffira de définir mes limites. Dès lors, je ne les transgresserai plus.

Je lui montrai que mon acquisition entraînerait des changements dans sa vie et souhaitait toucher juste.
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Re: [E3] On ne me réinitialisera plus

Messagepar Sibylla Atilius le 11 Septembre 2012, 02:04

Il était observateur et avait de la répartie. Un androïde d'un niveau moindre aurait démontré sa force en brisant un objet, en soulevant un meuble, en affrontant un des gardes, mais celui-là ne bougea pas le petit doigt et pourtant, sa réponse me plut bien plus qu'une simple démonstration. Etrangement, à sa première phrase, l'image qu'elle offrit, me fit penser que j'étais une femme, une faite de chair et d'os. Le reste de ses paroles n'étaient qu'exemple et cela m'intéressait moins, j'entendais, mais n'écoutais que d'une seule oreille. Ses dires prouvaient simplement qu'il était bon esclave. Il savait respecter son maître et pouvait le montrer aux autres humains qui trainaient autour. En somme toute, il était parfait. C'était bien ce qui me dérangeait. Personne ne pouvait être parfait, pas même le plus perfectionné des androïdes. Même les Dieux n'étaient pas parfaits. Je ne regardais pas Spurius, mais je me demandais si ce dernier n'avait pas imposé à sa possession les réponses faites. La réputation du marchand n'était plus à refaire, le Tribunal le connaissait voleur et menteur, le Sénat fourbe et pernicieux et même la population s'inquiétait, mais il était le seul marchand digne de ce nom, et ça, IL le savait. Qu'en était-il pour cet androïde, si jamais je le prenais à mon service, comment me servirait-il véritablement, une fois le marchand bien derrière lui? Il était hors de question que je le loue. J'avais une place à tenir, une image à entretenir et si les épouses des sénateurs se permettaient de s'envoyer en l'air avec une location, cela ne rentrerait pas dans les rumeurs qui couraient sur moi.

Il reprit le cours de ces paroles et j'offris un nouveau sourire, il était bon d'oublier un peu les commandes et d'avoir un peu d'initiative de la part de mes esclaves. Ils en manquaient cruellement. Il marquait des points, je devais le reconnaitre, mais je ne savais pas encore s'il pouvait être mieux que l'homme de main que j'avais. J'avais besoin de mieux, j'avais besoin d'un peu de changement. Mon regard quitta enfin l'androïde pour se poser froidement sur Spurius. Ce matin, je lui avais fait envoyer un pli afin qu'il me montre sa plus belle acquisition, un esclave capable de tout, doté d'un peu d'intelligence et qui ne suivrait pas sa maitresse comme un chien est trainé en laisse. Je devais avouer, une fois de plus, que ce renard avait plus d'un tour dans son sac et qu'il avait placé devant moi, une chose que l'on ne pouvait refuser. Mes yeux se plissèrent un court instant, avant d'abandonner la scène subitement, sans préavis.

- Trop de qualités cache de nombreux défauts, voire des tares non défalcables, Spurius.

Je retournais en bas des marches, me dirigeant vers le libidineux personnage. Le regard qu'il posait sur moi me répugnait, quoi qu'il semblait se maitriser. Il était bon marchand. Néanmoins, j'avais annoncé la couleur, sans en parler, comme tout bon politicien savait le faire. Je ne payerais pas aussi cher pour un modèle comme celui-là. La fortune laissée par mon dernier époux me le permettait, mais ce n'était que par principe que je me refusais à un tel montant. Ce voleur portait bien son nom, certes, Servius était un modèle de choix. Sa réinitialisation récente était un avantage que j'appréciais énormément, son corps, ses capacités, sa répartie... Le fait qu'il pouvait prendre des initiatives, tout cela me plaisait grandement. Mais je ne le montrais pas, car le marchand ne serait pas aussi généreux sur le rabais, si jamais il s'apercevait que je voulais sceller l'acquisition. Quand Spurius me fit une offre, je soupirais d'une manière bien théâtrale.

- Je ne serais pas étonnée que le Tribunal se tourne vers d'autres marchands s'il apprenait la marge effective que vous imposez à toutes les transactions. Il pourrait vous retirer le monopole...

Il était connu que je possédais encore de nombreux liens avec les Consuls. Spurius le savait, Spurius le craignait. Un sourire traversa mes lèvres. J'étais assurée et je n'hésitais pas à le montrer.
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Re: [E3] On ne me réinitialisera plus

Messagepar Servius le 12 Septembre 2012, 16:25

La probabilité de ma réinitialisation augmentait inexorablement et je ne pouvais rien faire. Je pensais m’être vendu en glissant une ou deux imperfection pour me rendre plus crédible. Je n’avais pas réussi à trouver le compromis entre le zéro défaut non crédible et ce “trop de défauts” que me reprocherait Spurius. À mesure que les secondes défilaient, mon inquiétude s'accroissait. La sénatrice était maligne. Je l’avais sous-estimé. Je la pensai intelligente, diplomate, rompue aux tractations. Elle venait de démontrer qu’elle excellait dans ces domaines. Je n’avais plus du tout envie de la servir. Il fallait que la vente capote, si je voulais survivre. Je décidai donc de changer de stratégie dès que l’occasion se présenterait.

Mais pour le moment, je n’avais pas droit au chapitre. Elle accula Spurius qui fit une première proposition financière. L’un de mes programmes m’informait. Lors d’une transaction, le premier qui annonçait un chiffre était toujours le perdant. Spurius le savait, il avait sans doute gonfler le prix pour cette raison. La sénatrice ne se laissa pas abuser. Au contraire, elle en vint à de concrètes menaces. J’ignorai l’étendue réelle de ses pouvoirs. Mais elle m’impressionnait. Tous mes voyants scintillaient et me recommandaient la fuite. Mais je ne pouvais rien faire. Ma place était là, silencieux et seul sur l’estrade. Je ne contrôlai rien. Je ne contrôlerai jamais rien en réalité. On me réinitialisera. J’avais été prétentieux de croire le contraire. Il fallait que cela se fasse le plus tard possible. En jonglant bien, peut-être pourrais-je faire tanguer la balance.

La discussion se poursuivit un moment. Spurius baissa son tarif à une somme que je ne pensai pas atteignable. Je savais qu’il fallait savoir perdre de l’argent pour mieux en gagner plus tard. Mais était-ce là le prix de mon âme ? Elle avait réussi l’exploit de faire baisser le prix sans dévoiler son intérêt pour moi. Mon destin se retrouvait désormais entre ses mains. Spurius avait baissé plusieurs fois son tarif. Son expression témoignait de la situation. Il avait abandonné l’idée de gagner de l’argent, il tentait désormais de limiter les pertes. La sénatrice m’impressionnait.

Je restai parfaitement immobile, très inquiet de mon avenir. Je réfléchissais, envisageais de nombreuses possibilités et me remémorais tout ses gestes. Oui, ses gestes ! Car ses mots ne la trahiraient pas. Et seul un sourire avait percé le masque de la jeune femme. Ma récente réinitialisation l’avait enchantée. Je savais qu’un consul commandait régulièrement de jeunes hommes à Spurius et que mon maître ne payait désormais plus les réinitialisations. Vu la méticulosité de ces transactions, je doutai que la sénatrice ne fût au parfum de ces magouilles.

J’eus une idée risquée : prendre trop d’initiatives et dégoûter la sénatrice de m’acquérir. Je m’agenouillais et baissais la tête pour prendre volontairement la parole sans qu’on me la donnât.

Mon maître peut difficilement perdre plus d’argent. Si mon maître complète l’offre en commandant une réinitialisation de mes programmes auprès d’un Consul, l’offre pourrait être plus intéressante.

J’insultai Spurius mais je pouvais me couvrir en prétendant me sacrifier pour son bien. Je précisai naïvement à la sénatrice que Spurius perdait désormais de l’argent, qu'il ne pouvait baisser son chiffre. En somme, je stoppai l'hémorragie et proposait de menus services à la place. Pour cette somme, elle ne pouvait que demander plus de service. Mais je devais m’assurer que la réinitialisation ne soit pas si bénéfique.

De plus la réinitialisation ne sera l’affaire que de quelques semaines.

Je rendais la réinitialisation soudainement moins intéressante. J’espérai que cette femme soit pressée et veuille qu’on réponde immédiatement à ses attentes. Je prenais un énorme risque : celui que son statut ne lui permette de me réinitialiser immédiatement. Mais j’avais une roue de secours. Spurius et ce Consul étaient des margoulins. Spurius pourrait promettre d’accélérer les choses. Le Consul me livrerait sans m’avoir réinitialisé. Je pourrais convaincre Spurius que son nouveau programme de mensonge pourrait me servir à tenir le secret. Le taux de probabilité de ma réinitialisation flirtait avec les 95%. Avec de la chance, elle détesterait mon intervention et quitterait la pièce en ordonnant à Spurius de mieux me tenir en laisse. Je serai moins chanceux, si les délais la génaient et qu'elle m'achetait sans autre condition. J'avais une chance de m'en tirer si elle acceptait et forçait la main pour accélérer le traitement. Je serai perdant si elle acceptait simplement ou si elle avait le pouvoir d'accélérer ma réinitialisation.

Je me consolai très difficilement avec mes 5% restant. J'avais peur, très peur et fixais le sol désespérément.
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Re: [E3] On ne me réinitialisera plus

Messagepar Sibylla Atilius le 14 Septembre 2012, 14:33

Spurius fit une proposition plus honnête, mais je gardais le masque froid de l'impassibilité. Avec un tel visage, il était impossible de prédire les réactions et le marchand prit peur ou peut-être se fit meilleur commerçant sans que je n'ai à rajouter quoi que ce soit. Il était observateur et une simple moue suffisait à le faire diminuer le prix d'achat. Si vraiment il avait une marge ridicule, il aurait de lui-même arrêter toute négociation, mais les chiffres proposés dégringolaient encore et encore. Tant et si bien qu'une voix se fit. Elle ne venait pas de moi et le marchand avait la bouche ouverte, préparant sa réponse, mais il avait été coupé de court. Cette voix-là venait de Servius.

La réponse de l'androïde n'était pas une réponse banale et évidente. Elle était réfléchit. Cela se voyait dans son regard, dans son attitude, malgré le fait qu'il se soit agenouillé. Ce n'était pas un éclat plat, naïf d'une réponse évidente. Mon sourire s'agrandit. Je n'étais pas outrée de sa prise de parole alors qu'on ne lui avait rien demandé, bien au contraire. Cela démontrait sa prise d'initiative, son envie de partir et de rester en même temps. Et cela démontrait également qu'il avait la capacité de réfléchir, il n'était pas borné à quelques réponses loyales et respectueuses ou à des programmes d'ordres. Le marchand l'avait bien dressé, même si les mots qui sortaient de sa bouche n'étaient pas pour reluire l'humain, il cherchait à freiner la chute vertigineuse de son prix et retardait également son propre achat. Je gardais quelques secondes mon visage tourné vers la prochaine acquisition, puis m'adressais directement à Spurius. Il était temps de mettre fin aux transactions.

- Il a été réinitialisé suffisamment récemment pour qu'il me convienne. Je saurais tenir ma langue si vous savez tenir vos marges.

Je quittais l'humain pour revenir vers mon confrère mis en vente. Il avait toujours la tête basse et toujours agenouillé, aussi ne remontais-je pas sur l'estrade, mais restais bien sur le sol ferme. Je levais la main et fis glisser le revers de l'index et du majeur sur l'arrête de sa joue avant de lui faire redresser le menton afin qu'il me regarde droit dans les yeux. Mes paroles qui suivirent n'étaient destinées qu'à l'androïde, mais je gardais la voix suffisamment haute pour que l'homme pervers entende à quelques pas non loin de nous.

- L'argent n'est pas la seule chose que l'on peut perdre lorsque l'on est marchand d'esclaves. Ton maître le sait et ton maître craint autant les Sénateurs que les Consuls. C'est un bien dangereux métier.

Je retirais mes doigts et tournais les talons pour retrouver le bien vivant. La peau de l'androïde avait été comme électrisant et mon sourire s'agrandit. Un sourire pensif, un sourire que moi seule pouvait décrire, un témoin de la scène aurait pu le trouver amusé. Le libidineux personnage fit une nouvelle proposition, face à ces nouvelles menaces. Je repris le verre de vin et le tendis vers Spurius afin de trinquer.

- Scellons la vente à ce prix-là. Je vous offre également le contenu de cette bourse pour qu'il prenne un bain et trouve des vêtements avant de sortir d'ici.

A mon poignet, un petit sac de cuir était attaché et je le tendais au marchand. A l'intérieur quelques piécettes d'or et de cuivre, cela valait bien plus qu'un simple bain et des vêtements. J'aurais pu encore négocier, mais ce n'était pas l'argent qui me manquait. Sans parler que l'androïde me paraissait bien plus perfectionné qu'il n'en laissait paraître et Spurius soit ne le savait pas ou ne le devinait pas, soit il s'en fichait royalement. Pourtant, le marchand n'était pas un homme généreux et encore moins respectueux, il ne pouvait pas vendre un esclave pour s'en débarrasser, surtout un esclave comme Servius. C'était donc qu'il ne le savait pas. Ce qui attisa mon envie d'acheter l'esclave. Le temps que tout cela se termine, je portais le verre à mes lèvres, les trempais dans ce liquide immonde et repris ma place dans le siège.

- Je tiens à ce que cette vente soit consignée par écrit et que des papiers concernant la possession de Servius me soient remis. Vous comprendrez que ma position m'oblige à protéger mes possessions.
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Re: [E3] On ne me réinitialisera plus

Messagepar Servius le 15 Septembre 2012, 21:28

Je dus me retenir pour ne pas soupirer quand elle énonça son désir de ne pas me réinitialiser. La probabilité chuta, le chiffre vingt apparut même en vert dans mon champ de vision. Tête baissée, je la sentis s’approcher de nouveau. Elle redressa mon menton et je lus une infinie malice dans son regard. Sa répartie et son intelligence me plaisaient et m’inquiétaient en même temps.

Un métier qu’il a choisi... ajoutai-je pour tant de raisons.

Elle reprit son verre, trinqua à la transaction avec Spurius soulagé également. Ils scellèrent le prix et elle rajouta une petite bourse pour me laver et m’habiller. Je notai la subtilité des mots choisis. Elle avait dit : « pour qu’il prenne un bain et qu’il se trouve des vêtements». C’était donc à moi de les choisir et non à Spurius. Je l’imaginai partir et qu’on me livrerai chez elle, ou que je m’y rendrai par mes propres moyens. Je me trompai. Elle se réinstalla dans le siège et ordonna à Spurius de remplir les documents sur le champ. Je me redressai et disparassait dans une pièce mitoyenne sans demander l’autorisation à Spurius. Il n’était plus mon maître. Je me lavai avec soin et demanda même du savon à un androïde.

Je me lavai efficacement, soigneusement en retirant toute cette huile. Un homme vint vers moi et me remit une toge blanche et des sandales. Elle n’était pas du plus beau tissus, mais aucun androïde enchaîné n’en avait de cette matière. Je vis une cordelette rouge également sur une chaise, je la pris et en ceint ma taille avant de retourner dans l’autre pièce. J'y vis Spurius apposer son sceau sur les documents contractuels. Je les pris moi-même, mais restai devant ce sale rat. De la vengeance m’animait, une vengeance froide et somme toute enfantine. Il me regarda et me demanda ce que je voulais. Je désignai la bourse en cuir de l’index.

Ma maîtresse vous a remis cette bourse que je me trouve des vêtements. Gardez six pièces de cuivres pour la toge, la ceinture et les sandales et remettez-moi le reste que je puisse obéir dans les meilleurs conditions !

Il n’osa pas pester, mais ce noir regard lancé sur moi me fit le plus grand bien. Ma vengeance était mesquine, certes. Mais je n’avais que cela comme arme et je ne comptais pas laisser passer l'occasion. Il me remit la bourse non sans prendre une dizaine de pièces de cuivre prétextant l’usage du savon et le prix de la toge. Je ne dis rien, pris la bourse et me tourna vers ma nouvelle maîtresse. Je tendis la main pour prendre son verre de vin et de l'autre je lui remettais les papiers de mon acquisition. À ma hauteur d'esclave, je trinquai à mon tour avec elle. Bien sûr je ne pensai même pas à porter mes lèvres au verre de vin. Je ne me permis même pas le moindre signe. Je me contentai de le déposer sur le bureau de Spurius et offrit à nouveau ma main à la sénatrice pour l’aider à quitter le fauteuil.

J’ignore s’il fait jour ou nuit, sénatrice, j’irais me trouver d’autres vêtements dès que possible.

Tout à l'heure, je n'avais pas eu le temps de lire le document. Je devais demander son nom, mais ceci attendrait. Il était plus urgent de répondre à son désir premier : celui de quitter les lieux. Je jetai un dernier coup d’oeil au verre et en mesurait le volume. Elle n’avait rien bu. Je modifiai ma note. Elle n’aimait définitivement pas le vin.
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Re: [E3] On ne me réinitialisera plus

Messagepar Sibylla Atilius le 16 Septembre 2012, 10:56

Alors que je restais sagement dans le fauteuil, mes yeux se placèrent sur l'humain qui trotta jusqu'à son bureau pour aller préparer les documents en question. Si mon sourire resta le même sur mon visage, à l'intérieur il m'irradiait complètement. Cette sensation de supériorité était parfaitement indescriptible. Je venais d'ordonner à un vendeur d'esclaves, un marchand d'androïdes. Comble du comble, j'étais moi-même androïde, cela me fit oublier le regard désagréable de Spurius. Il se mit à gribouiller sur quelques parchemins et je me lassais de la vision. Malheureusement, mes yeux ne trouvèrent pas Servius qui s'était éclipsé, dommage, il n'était pas désagréable à regarder, lui.

Quelques minutes passèrent pendant lesquelles le marchand tenta de combler le vide avec un bout de conversation, mais les hommes sont bien incapables de faire deux choses à la fois et ses mots étaient sans intérêt. Je ne fis qu'y répondre machinalement. Finalement, Servius revint, lessivé, frotté, débarrassé de l'huile et surtout vêtu. Bien entendu, comme toute femme qui se respectaient, je préférais la vision de son corps dévêtu, mais pour traverser Rome et Isola Sacra, sa nudité m'aurait apporté plus de désagrééments. Il s'adressa à son ancien maître. Ce furent mes programmes contrôlant mes reflexes qui me retinrent d'éclater de rire. Je jubilais intérieurement, mais ne le montrais pas, je me contentais de poser un regard amusé sur les deux représentants de la gente masculine. Je pressentais que Servius allait me divertir plus que de raison.

Ma nouvelle acquisition, après s'être joué du marchand me tendit les papiers officiels et de l'autre main me sépara du verre de vin. Une fois loin de moi ce vile breuvage, je dépliais les papiers afin de les lire avec minutie. A mon niveau, de par ma position, je ne pouvais laisser échapper le moindre mot de travers, car il était si facile de jouer sur les mots et je ne voulais pas que ce chien d'humain ne puisse récupérer l'androïde sans le moindre motif. Tout en lisant, je donnais la main à Servius, m'aidant ainsi à me redresser. Je terminais la lecture tranquillement, bien consciente que l'on m'attendait.

J'avais accepté un prix onéreux pour l'acquisition de Servius, et même si la marge effective que Spurius gardait encore, je pensais ne pas avoir été volée, l'esclave valait, d'après mes suppositions, bien tout cet or. Alors que l'on s'en tienne là et que l'on y revienne plus. D'un geste silencieux, je roulais les documents et les tendis à Servius. Puis je pris également la plume, pour signer une reconnaissance de dette. On ne se baladait pas dans Rome avec autant d'argent en pièces d'or. J'y apposais également mon sceau.


- Vous n'aurez qu'à passer à mon domus dans le courant de la semaine. Je ne possède aucun androïde qui puisse transporter sans risque autant d'argent et Servius... n'a pas encore toute ma confiance pour se charger de cette mission.

En réalité, je n'avais aucune envie d'envoyer ma nouvelle acquisition de retour chez ce malfrat, ne serait-ce que pour s’acquitter de la tache du versement. Mais l'idée de voir le marchand à ma porte quémander son dû m'attirait fortement. Oh, je ne me faisais guère d'illusion, il enverrait très certainement un androïde, mais peut-être, avare comme il était, il préférerait se déplacer lui-même. Nous verrons bien. Dans tous les cas, je restais d'un contentement sans limite, de voir ce personnage venir jusqu'à ma porte. Ma voix avait été sans équivoque, le ton n'était pas celui d'un ordre, mais il s'y prêtait bien. En clair, je n'autorisais pas de refus, cela sera ainsi et pas autrement. Pourtant, un sourire poli s'accapara de mes lèvres.

- Suis-moi.

Ordre dirigé vers Servius. Je tournais moi-même les talons et me dirigeais vers la sortie, accompagnée non sans moult révérence par le pernicieux vendeur. Un bon commerçant, même s'il faisait mauvaise affaire remerciait toujours le client et Spurius était un très bon commerçant. Nous nous saluâmes dans de la pure politesse, bien qu'il n'y avait aucune chaleur naturelle, tout n'était qu'hypocrisie aussi bien de sa part que de la mienne. Mais nous ne cherchions pas à le faire savoir. Un au revoir et puis c'était tout. Le jour était à son apogée alors que je passais la porte de la boutique de Spurius et quand le soleil frappa ma peau, je laissais tomber les épaules, juste deux secondes, comme si tout le poids du monde m'avait été retiré. Je haïssais cet endroit et l'homme me répugnait. J'attendais d'être hors de vue de la demeure du marchand ainsi que de sa présence pour me retourner vers ma nouvelle acquisition afin d'y prêter un oeil plus attentif.

- Servius... C'est ainsi qu'il t'a nommé, mais est-ce ainsi que tu veux être nommé?

Maintenant qu'il était débarrasser de cette chose collante, je pouvais le patrouiller. Ma main se posa sur son bras, appréciant les muscles saillants. Il était plus grand que moi, avait les épaules larges et pendant une seconde mes seules pensées étaient de me réfugier dans ses bras et oublier la solitude qui me pesait depuis bien des lunes. Je sortais brusquement de ma rêverie et repris ma route, dédaignant retirer ma main sur son bras. Mais la foule se rapprochait et j'avais un rang à tenir. Aussi repris-je une posture plus froide, plus hautaine et j'indiquais la route vers l'île réputée, sur le Tibre.

- Garde un des documents sur toi, il prouvera ton appartenance. Donne-moi l'autre...
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