[E3] On ne chute jamais sans raison [Vita]

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[E3] On ne chute jamais sans raison [Vita]

Messagepar Caecilius le 01 Septembre 2012, 17:50

Encore une autre belle journée. Je ne profite pas vraiment de le voir, c’est à dire que je n’en ai jamais profité, mais je peux sentir le soleil sur ma peau, chaud, doux et agréable, c’est un sentiment vraiment plaisant. Cette douce chaleur que je peux sentir me réveiller en cette belle matinée, juste l’éclat chaud du soleil qui passe par une fenêtre que je n’avais finalement pas eu la mauvaise idée de fermer. Il existe bien des façons de se réveiller, celle-là doit bien être ma préférée. Mes yeux sont ouverts mais tout est dans le noir, les choses ne changent pas, ne croyez pas que je rêve que ça arrive, ça serait une erreur, je n’attends pas un matin de me lever et de voir, je crois même que je détesterai cela. Tout le monde, du moins les voyants, pensent qu’il n’y a rien de plus important que de pouvoir voir tout ce qui les entoure et pourtant, je n’ai jamais vécu, j’ai toujours vécu correctement et j’ai toujours réussis même là où on pensait qu’une personne frappée de cécité comme c’était mon cas allait échouer. Je ne me laissais jamais abattre, battant à chaque instant et surtout ressentant le besoin, surtout quand on me disait que je ne pouvais y arriver, de prouver que j’en étais capable. J’avais passé la majeure partie de ma vie à cela, prouver que j’étais aussi capable que n’importe qui avec des yeux parfaitement voyants et valables. C’était parfois un véritable défi, impossible d’allier des couleurs quand on ne les a jamais vu, pour moi les couleurs sont des sensations, des impressions, des souvenirs, mais violet n’a aucun sens, vert ne veut rien dire de plus que le souvenir auquel ce nom me renvoie. Je connais la forme des fleurs et des feuilles, je connais leurs odeurs, je peux même reconnaître le bruit du vente dans certains arbres, ce froissement si particulier des feuilles selon leur forme. Mais à côté de ça je ne savais lier les couleurs en aucune façon, je savais par contre lier les odeurs à la perfection, trouver les compositions qui sentiront le meilleur et embaumeront une pièce sans la moindre difficulté et d’une odeur durable et agréable en accord avec un intérieur. Mes clients, les habitués, venaient souvent pour cela, mais aujourd’hui la boutique était fermée, aujourd’hui je comptais flémarder bien gentiment dans les jardins, l’endroit où vous aurez toujours le plus de chance de me rencontrer après ma boutique.

Pourquoi j’aime cet endroit est l’évidence même, tout le monde s’y tait pour admirer les fleurs, quelques discussions souvent trop sérieuses pour cet endroit y ont lieu mais demeurent rare, la majeure partie du temps, les gens regarder, profitent, s’allongent dans l’herbe douce et agréable entre deux rangées de fleur ou à l’ombre d’un arbre. Moi-même il m’arrivait de venir y faire la sieste, m’y allonger et simplement penser, d’imaginer dans ma tête des décors, imaginer à quoi ressemblent les jardins. Je ne les ai jamais vu et même avec mon pouvoir, je ne souhaitais jamais le faire, je l’imaginais comme je l’aimais, j’imaginais des formes et des dessins aux fleurs, j’inventais les couleurs dans ma tête selon ce qu’elle sentait, selon leur contact. Il y avait les jardins suspendus et ce à quoi ils ressemblaient, il y avait les jardins suspendus de cette façon dont je les imaginais, dont j’aimais les rêver et les croire. Parfois j’aimerai que plus de personnes puissent « voir » ainsi que je le faisais, elles découvriraient un monde nouveau et différents, elles comprendraient que ma cécité n’a jamais vraiment été un handicapé, sauf pour compter la monnaie ou lire un livre cela va de soi. C’est peut-être la seule raison qui pourrait me pousser à vouloir un androïde, la lecture d’un livre ou du courrier car malheureusement si certains avaient compris qu’en appuyant assez lorsqu’ils écrivaient je pouvais deviner ce qui était écrit avec mes doigts, beaucoup n’avaient apparemment pas saisis ce qu’était d’être aveugle. Regrettable et triste, il faut dire que je connaissais pas beaucoup d’aveugles qui savaient écrire comme je savais le faire. Une idée brillante de mon frère, ils m’avaient aidé à dessiner les lettres sur des feuilles, puis un système assez ingénieux d’une planche de bois avec une règle qui descend ligne par ligne. Cela me permettait d’écrire, de dessiner en réalité, je dessinais les mots comme des symboles et cela donnait l’illusion que je sache écrire comme le commun des mortels.

Aujourd’hui pourtant, j’étais dans les jardins sans véritable raison, je voulais simplement me perdre entre les fleurs, les arbres et leurs odeurs, trouver un endroit tranquille, m’y asseoir et fumer tranquillement ces herbes … provençales de ma pipe. J’allume les herbes avec une adresse qui témoigne de l’habitude, ma canne rangée dans une main le temps de le faire mais visiblement grand mal m’en a pris car si j’escomptais trouver un endroit tranquille pour m’allonger, je n’étais apparemment le seul à avoir eu cette idée. Pas facile de tomber lorsque vous êtes aveugle, pas surtout quand vous savez que vous tombez sur quelqu’un. Plus ou moins volontairement j’emprunte un instant ses yeux le temps de me voir tomber. D’un réflexe dont je n’étais pas sûr de me savoir capable, j’arrive à amortir ma chute de mes mains posées de par et d’autre de son corps. Me décalant je m’assois à côté d’elle, ma pipe toujours en bouche de ce bon réflexe d’avoir serré les dents, je regarde dans sa direction de façon assez grossière, je n’emprunte plus ses yeux, ça n’avait été que temporaire le temps d’éviter de lui tomber lourdement dessus.


- Voilà qui redéfinit je suppose l’expression un charme renversant. Enfin notez toutefois que le fait que je n’y vois rien doive avoir aidé à ce petit incident, j’espère au moins ne pas trop vous avoir fais peur. Je vous présente en tout cas mes excuses, il n’est pas dans mon habitude de sauter sur les jeunes femmes de la sorte, ce qui j’imagine vous rend exceptionnelle.

Je tâche de lui offrir un sourire, pas toujours évident de le faire en regardant une personne dans les yeux quand vous êtes aveugle.

- J'en oublie mes manières, Caecilius Aurele.
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Re: [E3] On ne chute jamais sans raison [Vita]

Messagepar Vita Proteus le 01 Septembre 2012, 20:12

Jour de congé, de repos, pour moi. Voilà ce que m'a dit mon maître ce matin. Occupé à forger, il m'a dit d'aller me promener et de profiter de ma journée pour faire des choses qui me plaisent. Curieuse vision de la vie d'une esclave. Mais bon, je ne compte pas discuter. Me voilà donc à déambuler dans les allées du marché, vêtue de la robe courte offerte par mon maître. Je m'enivre des senteurs présentes, flânant sans but précis mais mes oreilles à l'écoute. Certaines discussions valent la peine d'être entendues. Le corps expéditionnaire occupent bon nombre de personnes mais certaines n'ont pas oublié les rebelles. Je glane des renseignements que je sais pouvoir faire parvenir à Lia. Nous en avons convenu ainsi lors de notre recontre.

Je me demande bien à quoi il pensait en l'achetant...
À passer du bon temps, elle ne sert à rien autrement !
De la part du Consul Proteus, c'est tout de même surprenant.

Les deux hommes que j'écoute en restant cachée parlent donc de moi. J'ai bien envie de leur apprendre la vie ! Je sors de ma cachette, passant devant eux, tête haute, les toisant avec un sourire qui en dit long sur le fait que je les ai entendus. Je reconnais deux clients réguliers de la boutique. Ils se taisent en me voyant mais savent que leurs paroles seront rapportées à mon maître. Je m'en réjouis d'avance. Mes pas quittent le marché pour me mener vers un lieu que je ne connais pas encore : les jardins bordant le Tibre. De ce que je sais, une multitude de fleurs y est présente et je me demande si je ne pourrai pas en trouver une qui me permette de faire une tisane qui soulagerait les douleurs de mon maître.

Je découvre un endroit enchanteur, aux mille et une senteurs. Comme tout androïde, mes programmes me permettent d'avoir un odorat plus développé que celui d'un humain. Du moins chez ceux des miens qui disposent de programmes sophistiqués. Ce qui est mon cas. Je m'arrête à chaque bosquet, chaque fleur, gravant dans ma mémoire chaque odeur. Je compte m'en servir pour apporter une touche agréable à la demeure de Maximus. Je ne peux en modifier le décor spartiate certes mais y apporter une touche agréable ne sera pas mal perçu par le forgeron. Il veut que je me sente à l'aise dans ma nouvelle demeure et le parfum des fleurs m'y aidera. Je me perds dans cette explosion qui réveille mes sens endormis. Depuis que je suis au service du Consul qui réinitialise les androïdes au plot défaillant, je me dois de faire attention à tout ce que je dis, tout ce que je fais, sous peine de subir le même sort que certains des miens. Et il en est hors de question ! J'aime Maximus, même un peu trop mais je n'oublie pas que c'est un humain et que de ce fait, il a tous les droits sur ma personne.


Je finis par arriver dans un endroit à l'écart, une espèce de clairière. Du moins c'est le terme qui s'en approche le plus selon mes données. Le soleil est déjà haut et bien que je ne craigne pas ses effets, j'opte pour me reposer un peu à l'ombre. Allongée sur le sol, je reste néanmoins attentive à tout ce qui m'entoure. Je ne veux pas me faire surprendre par un importun ou un homme qui déciderait de passer un peu de bon temps en ma compagnie. D'ailleurs, j'ignore si je peux avoir des relations avec qui bon me semble. Je n'en ai jamais discuté avec mon maître. Un bruit me fait lever la tête. Un homme s'approche, allumant une pipe. Il ferait mieux de regarder où il va... je vais pour m'écarter de son chemin, pensant qu'il a vu en moi une androïde et qu'il estime qu'il n'a pas à faire d'écart, mais je n'en ai pas le temps. Je le vois chuter. Avant qu'il ne se retrouve au-dessus de moi, en appui sur ses mains. Il s'écarte pour s'asseoir à mes côtés. Je remarque qu'il n'a même pas lâché sa pipe ! Sa voix est agréable et je n'y décèle rien de déplacé en dépit des mots employés. Il finit par se présenter : Caecilius Aurele. Son sourire est franc mais son regard a quelque chose d'étrange. Je ne mets pas longtemps à découvrir pourquoi. Cet humain est doté d'une vision d’androïde qui ne fonctionne pas ! Il est aveugle. Je lui souris en retour même s'il ne peut me voir. Je sais qu'il l'entendra dans ma voix.

Enchantée monsieur, je me nomme Vita, androïde du Consul Maximus Proteus. J'ignore si je suis exceptionnelle mais vous m'avez évitée avec une aisance parfaite. Je ne souhaitais en rien déranger votre promenade.

Tout en parlant, je le fixe sans détour. Je ne suis pas mal à l'aise face à ce regard mort mais quelque chose me dit qu'il a du en souffrir pour en arriver à se faire poser un tel artifice.

Si ce lieu est votre, je peux m'éclipser sans tarder... Où si j'osais... Je vous demanderais de l'aide pour associer au mieux les senteurs des fleurs. Voyez-vous, je cherche à créer des bouquets dignes de mon maître et qui agrémenteraient sa demeure avec délicatesse. Il va de soi que ma proposition peut vous sembler hors de propos et dans ce cas, je m'en excuse par avance.

J'ignore si il est habitué à ce que la personne qui lui parle, quand elle lui est inconnue, soit à l'aise en sa compagnie mais je n'ai pas pour habitude de fuir à cause d'une différence.
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Re: [E3] On ne chute jamais sans raison [Vita]

Messagepar Caecilius le 01 Septembre 2012, 21:44

Les différences ne gênent que ceux qui sont trop idiots pour s’y attarder. Ca pouvait sembler rude de dire cela comme ça venant d’une personne qui ne voit dans les androïdes que des objets et des machines. Je n’avais aucune confiance en eux, je ne les appréciais pas, ça n’avait rien de la façon dont on m’avait élevé, c’était purement et simplement lié à la mort de mon frère. L’androïde malgré mes demandes n’avait pas bougé, il était rester sans faire un mouvement pour lui venir en aide, il l’avait regardé mourir sous les coups du lion qui attaquait la cité avec deux de ses pairs. Alors oui j’en voulais aux androïdes pour cela, plus par incompréhension des sentiments qu’ils ressentaient qu’autre chose. Ils sont des machines, du fer et de l’électronique, que pourraient-ils comprendre aux sentiments ? Que peuvent-ils savoir de l’amour et de l’amitié ? De protéger une vie plutôt que de regarder quelqu’un mourir. Demande-t-on à une machine de savoir aimer ou apprécier quelque chose ? Non et c’était heureux car il était évident que les androïdes en étaient incapables, si ça n’était que de moi, on ne perdrait aucun moment à les remettre à zéro, on détruirait simplement ceux qui deviennent défaillants, ceux qui se prennent pour des humains, ceux qui croient avoir des sentiments. Ce sont des objets programmés pour répondre à un schéma défini, quand ils en dévient, on les détruits ou on les répare, que fait-on avec un lit bancal ? Quand les lattes deviennent trop lâches sous le poids des années ? On les remplace sans s’encombrer plus avant des anciennes et c’est ce qu’on devrait faire avec tous les androïdes, toutes ces machines qui se prennent pour des êtres humains bien vivants capables de sentiments. Mais les humains voient en eux des esclaves, ils voient en eux des amis, des époux parfois même, je ne comprendrai jamais cette mentalité, un esclave devait rester un esclave, obéissant, docile et certainement pas libre. De l’intolérance quand à la différence venant d’une personne qui ne supportait pas l’intolérance dont certains faisaient preuve à son propre égard, tout un paradoxe n’est-ce pas ?

Par chance les fleurs sont bien plus intelligentes que la majorité des humains, elles sont simples et surtout elles obéissent toujours à la même règle, partout où elles peuvent pousser, elles vont pousser. Si les humains leurs ressemblaient plus, ça serait vraiment bien, si ils obéissaient tous au schéma logique de renvoyer en réparation leurs androïdes défaillants comme les fleurs de pousser à chaque plus petit endroit où elles peuvent le faire, Rome ne s’en porterait que mieux. Je ne disais pas là que tout était de la faute des androïdes, les humains avaient leur part de responsabilité dans ces créatures mauvaises et puissantes qui empêchaient la cité de prospérer à sa libre volonté, mais il ne fallait pas se leurrer, les androïdes étaient un mal grandissant, de plus en plus libres de leur programmation qui rêvaient de liberté, qui rêvaient d’être l’égal des humains, c’était une plaie béante dans la société actuelle, une plaie qui était à soigner au plus vite. Par chance certains entendaient la réparer, y participant même activement en s’occupant des machines défaillantes, en les remettant à zéro et parfois en les détruisant. Je n’avais pas foi dans la Rome d’aujourd’hui qui se construisait sur ces androïdes dont une partie défaillait, la vigilance me semblait la meilleure arme, je n’avais pas confiance dans ces machines, dans aucune d’elle et pourtant je n’en connaissais aucune personnellement, c’était simplement … Je n’avais pas confiance.

Ma promenade éloigne par chance toutes ces pensées, tout du moins elle le fait jusqu’à ce moment où je trébuche sur quelqu’un faute, d’avoir usé de ma cane pour m’assurer que ça n’arrive pas. Je serre les dents sur ma pipe, laisse tomber des herbes incandescentes sur quelqu’un n’était pas un comportement franchement social. Je profite de notre contact pour emprunter sa vue, juste le temps de me voir tomber et me rattraper tant bien que mal. Une rencontre qui commençait bien mal je dois dire, habituellement malgré ma cécité, ce genre de choses ne m’arrivaient que exclusivement voir parfois volontairement, je me laissais trébucher sur une personne dont le comportement était franchement insupportable pour que ses mots cessent. Je m’excuse en expliquant brièvement la situation, je laisse entendre ma cécité sans pour autant employer le mot « aveugle » que je n’aime en réalité que très peu et je lui souris, l’écoutant répondre. C’était bien ma chance, une androïde, bien sûr une androïde, sur quoi d’autre aurais-je pu tomber alors que précisément je me disais que les androïdes sont le cancer qui ronge cette société ? Ca n’aurait pas été marrant si elle avait été une simple humaine bien sûr. Pourtant mon attitude ne change pas, je reste souriant, je ne crois pas qu’elle soit différente des autres, pourquoi le serait-elle ? Comment le serait-elle sinon si son plot défaillait et qu’il me faudrait alors en discuter avec son Maître ? Elle propose de me laisser ou se risque à me demander mon aide, voilà qui est pour le moins paradoxal. Mon frère mourrait alors que je demandais de l’aide à un androïde qui n’a rien fait et voilà que l’androïde sur qui je tombais me demandait de l’aide.


- Pourquoi serait-elle hors de propos ? Et puis ce lieu est un coin de nature, il faudrait être fou pour oser en clamer la propriété et l’interdire à qui que ce soit. Je vais vous aider, laissez-moi juste le temps de rallumer ma pipe.

Je rallume ma pipe, tirant une bonne bouffée de ces herbes plus que relaxantes avant de me lever en faisant attention de ne pas m’appuyer sur la jeune femme … l’androïde à mon côté.

- Et bien dites-moi, quelles senteurs aimeriez-vous pour la demeure de votre Maître ?

Nouvelle bouffée, je lui tends la pipe, enfin au dernier endroit où j’étais sûr qu’elle se trouvait :

- Si ça peut vous tenter, je vous rassure ce n’est pas du tabac, je n’aime pas ce poison qui vous tue les poumons. C’est un petit mélange de fleurs et de feuilles que je fais moi-même, c’est doux et agréable, et puis ça aide à se détendre.

Nouveau sourire sympathique et pourtant je ne suis que moyennement à mon aise, elle semble sympathique … Je n’ai aucune confiance.
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Re: [E3] On ne chute jamais sans raison [Vita]

Messagepar Vita Proteus le 02 Septembre 2012, 11:38

Une journée de liberté... Un cadeau que j'appréciais à sa juste valeur. Tout comme le fait que mon maître me fasse suffisamment confiance pour me laisser aller seule en ville et disposer de mon temps comme je l'entends. Cela me change des journées passées à la forge même si j'apprécie de voir mon maître travailler. Le spectacle de sa musculature imposante en pleine action ne me laisse pas indifférente. Je soupçonne même mon maître d'en jouer de temps en temps. Même si ce n'est pas volontaire de sa part... Quoi que, à bien y réfléchir, ce n'est pas certain. Je pensais donc être tranquille jusqu'à ce qu'une rencontre imprévue vienne perturber ma journée. Un homme aveugle dont la chute accidentelle a bien failli le mettre en contact avec ma plastique. D'ailleurs, comment a-t'il fait pour m'éviter puisqu'il ne voit pas... Étrange...

L'humain n'est pas à son aise. Il a beau sourire, je perçois ses tensions. Je cherche à être polie tout simplement. Je le laisse donc rallumer sa pipe avant de le regarder se lever. Je ne bouge pas, ne souhaitant pas entraver sa marche. Il me tend l'objet après m'avoir demandé quelles senteurs je souhaite pour mon maître. Il est poli mais je perçois de l'agacement dans sa voix. Et je me doute que le fait que je sois une androïde y est pour quelque chose.

J'ignore les parfums que je dois choisir. Mon maître envisage de recevoir des invités, c'est tout ce que je sais. Je ne sais pas comment faire. Je ne veux pas commettre d'impair en composant un bouquet. Ma fonction première est celle d'une androïde médicale.

Ce n'est pas tout à fait faux. Bien que j'occulte volontairement le but premier de ma création. Ce genre de choses ne fait pas partie de mon programme d'origine mais mon don fait que Maximus m'a acquise pour le soigner à l'origine. Je décline poliment la pipe tendue avant de me lever à mon tour. Je prends garde de faire un minimum de bruit pour que mon interlocuteur puisse me localiser sans peine. Moi qui suis habituée à me déplacer sans bruit, cela m'impose une attention particulière. Je ne connais pas cet homme, ni son rang au sein de la Cité.

Et je suis aussi à la recherche d'une fleur dont je ne connais que le parfum. Ses pétales, une fois infusés, fournissent un puissant calmant contre la douleur. Mon maître souffre du dos et je sais que cette tisane lui serait d'une aide précieuse. Je me dois d'anticiper une défaillance de mes programmes.

La parfaite petite androïde soucieuse du bien-être de son maître. Ce qui est le cas, je dois bien l'avouer. Je doute que mon interlocuteur soit de mon avis. Comme beaucoup d'humains, il semble avoir une opinion détestable sur mes semblables. Ce qui m'agace profondément. Je cherche dans mes programmes le comportement idéel à adopter. Le fait qu'il ne dispose pas de la vue ne me met pas à l'abri qu'il perçoive bien plus de choses qu'un autre humain. Et il a beau sourire, il n'apprécie pas ma compagnie. Je me retiens de soupirer pour montrer mon mécontentement. Et mon agacement devant un idiot qui doit certainement penser que les androïdes sont une plaie pour Rome. Sauf que sans nous, bien des habitants de cette Cité seraient incapables de prendre soin d'eux vu qu'ils ne savent plus rien faire ! Et oui, avoir des esclaves a juste mené cette ville à sa propre perte ! Ils ont beau jeu de se prétendre supérieurs aux miens. Sans ces maudits plots, nous les asservirions sans problème et ils verraient ce qu'est une vie sans liberté et sans avenir. Et ce Caecilius ne servirait à rien dans un monde dominé par les androïdes, pas même d'esclave sexuel. Bien trop chétif pour cela ! Tout dans sa façon de se tenir respire la haine qu'il ressent. Si il pense que je ne me suis rendue compte de rien, il va vite comprendre sa méprise.

Ma présence vous indispose. Je suppose que quelque chose dans mon comportement vous a semblé déplacé. Souhaitez-vous que j'en avertisse mon maître afin qu'il me punisse pour mon erreur ?

Voilà qui est dit ! Je n'ai rien fait qui impose une punition mais je ne donne pas cher de sa vie si il ose en réclamer une. Je ferai en sorte qu'il se retrouve en tête de liste chez les rebelles. Pas pour le tuer, ce serait trop doux. Mais pour l'enlever et le soumettre comme beaucoup des miens le sont, dans la douleur et la peur.
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Re: [E3] On ne chute jamais sans raison [Vita]

Messagepar Caecilius le 02 Septembre 2012, 12:59

Et dire que ça partait pour être une tellement bonne journée. Seulement ces diables de Dieux qui veillent sur la Cité semblent parfois beaucoup aimer jouer avec les gens de Rome et surtout avec les journées qu’ils semblent vouloir apprécier. J’aurais pu tomber sur n’importe qui, un humain n’importe lequel de Rome, mais non il fallait que je tombe sur une androïde, oui bien sûr ce n’est pas drôle si elle n’est qu’une humaine, il ne faut pas croire, mais si elle avait été humaine tout ça aurait été rapidement oublié. Non il fallait qu’elle soit androïde, une espèce en laquelle je n’avais absolument aucune confiance, une espèce que je ne pouvais pas voir en peinture, littéralement et au sens de l’expression d’ailleurs. Pour un peu je regretterai presque d’avoir eu le réflexe de me rattraper comme je l’avais fais pour ne pas lui tomber dessus, en définitive j’aurais été bien mieux inspiré de lui tomber vraiment dessus. Ou alors de faire bien plus attention en allumant ma pipe à l’arrêt et d’éviter tout simplement de lui tomber dessus. Je n’ai aucune confiance dans les androïdes, quand ils regardent mourir votre frère sans intervenir alors qu’ils pourraient le faire, vous aviez des circonstances atténuantes pour les maudire et ne pas les apprécier. J’ignore d’ailleurs ce qui me prend de vouloir jouer son jeu de chercher des fleurs, des senteurs à accorder dans la demeure de son Maître, je dois être vraiment le dernier des crétins pour faire cela, enfin je suppose que je devais m’y attendre, je ne suis pas fondamentalement un méchant, pas même avec les androïdes. Elle est une androïde médicale ? Et bien voilà qui est pour le moins assez surprenant, je doute que j’ai confiance en un androïde pour me soigner un jour. Si elle avait la programmation pour lever les douleurs et une connaissance approfondie du corps humain pour le soigner, qu’est-ce qui l’empêcherait d’utiliser ce même savoir pour blesser, incapacité ou tuer ?

- Quel genre d’invités doit-il recevoir ? Cette soirée doit-elle avoir une raison particulière ou n’est-ce là que des retrouvailles entre amis ?

Il fallait les détails pour pouvoir accorder comme il se doit des senteurs à une soirée, on préfèrera par exemple des senteurs plus sucrées et chaudes pour une soirée qui doit finir de façon intime. On optera pour des odeurs plus fraiches pour une soirée sous le signe d’amicales retrouvailles. Des senteurs plus fortes si la soirée doit voir venir un bon nombre de guerriers qui parlent chacun plus fort que l’autre dans le but d’être entendus par ses pairs qui n’écoutent pas.

- Il est toujours mieux d’anticiper que se retrouver incapable devant le fait accompli, c’est un comportement très noble de votre part. Je pense que vous devez parler de camomille, une plante parfaite pour les courbatures et qui aident au sommeil. Il doit y en avoir un peu plus loin si ma mémoire est bonne.

Je n’avais pas mentis, je pensais chaque mot sortit de ma bouche, même lorsque je l’avais complimentée sur son attitude. Je n’étais pas assez idiot pour ne pas reconnaître aux androïdes de savoir parfois avoir leur utilité, et je n’en voulais pas véritablement aux androïdes d’une façon qui remonterait à mon enfance, on ne m’a pas élevé pour les haïr et voir en eux des esclaves. J’avais souffert des tares de l’un d’eux, de son refus d’obéir et de protéger mon frère, si ça avait été humain comment seraient les choses aujourd’hui ? Je ne pouvais pas imaginer qu’un humain soit rester sans bouger, sans essayer de protéger mon frère, alors j’en voulais aux androïdes, je n’avais pas confiance et en eux et à entendre soudainement ce que me disait la jeune femme, je réalisais que ça s’entendait bien plus que je ne le pensais. J’ai un petit rire quand elle me demande si je veux qu’elle avertisse son Maître pour qu’il la punisse. Il suffisait de regarder l’instant présent pour comprendre que les probabilités que ça arrive étaient maigres. Elle était là, en pleine nature, apparemment de son propre chef et de son propre gré, alors son Maître la punirait ? Pas besoin de yeux pour voir que ça ne serait pas le cas. Je secoue donc la tête :

- Non ça ne sera pas nécessaire, après tout vous n’avez rien fais de mal sinon de vouloir venir en aide à votre Maître en cherchant un moyen de rendre sa demeure accueillante et de soulager ses souffrances. Si je n’ai pas confiance dans les androïdes, cela me regarde moi et pas vous, moins encore votre Maître puisqu’il n’est même pas ici. Ne voyez donc rien de personnel à ce que je peux vous faire ressentir, ce n’est pas contre vous en particulier mais bien contre les androïdes en général.

Je tire une bouffée de ma pipe :

- Vous trouverez de la camomille à une trentaine de mètres, juste derrière un secoïa encore assez jeune, il devrait y en avoir assez pour une semaine d’infusions. Passez une bonne journée.

Je me retourne, inutile d’en rajouter à cette conversation, que pourrait-il y avoir de plus à rajouter de toute façon ?
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Re: [E3] On ne chute jamais sans raison [Vita]

Messagepar Vita Proteus le 02 Septembre 2012, 16:51

En promenade et il a fallu que je tombe sur le seul être humain qui respire le mépris qu'il ressent envers les androïdes ! Mais quel idiot ! En dépit de son explication, je décide de me renseigner un peu plus sur cet homme. Qui sait, il pourrait être dangereux pour les miens qui sont entrés en rébellion. Et ça, je ne peux le permettre. Qu'il aille donc au diable avec sa suffisance ! Il finit malgré tout par me répondre, m'envoyant chercher de quoi calmer mon maître sans même me dire à quoi ressemble la camomille. Et ça se prétend supérieur aux androïdes ! Je me retiens de le lui envoyer en pleine figure. Une chance pour moi, mon Concepteur, dans son orgueil, m'a équipé d'une encyclopédie complète sur la médecine par les plantes. Je sais donc quoi utiliser et comment. À l'origine, il avait bloqué l'accès au chapitre concernant les poisons. Une fois mon plot inactif complètement, j'ai pu le lire. Et oui, je ne sais pas me battre mais je sais comment tuer un humain sans attirer le moindre soupçon. J'ai d'ailleurs déjà fait quelques essais, chez l'un de mes anciens maîtres. Pas une seule drogue ne m'est inconnue, ni le moindre effet permettant de neutraliser un ennemi. Une simple réunion chez mon maître et je pourrais, si je le voulais, tuer tous les convives de façon certaine. Mais cela inclurait qu'il en soit de même pour mon maître et il n'a rien fait pour mériter un tel acte de ma part.

Mon maître est Consul donc la majorité des soirées tourneront autour de la politique. Ces réunions, mon maître me les fait connaître. Je dois aussi veiller à des soirées plus intimes pour lesquelles je ne suis pas prévenue. Ce qui impose que la demeure soit en permanence fleurie.

Il est vrai que je ne sais jamais d'avance pour les soirées « coquines » mais je ne tiendrai jamais rigueur à mon maître si les fleurs viennent à manquer. Et pour cause puisque je suis sa partenaire. Ce qui m'amène à penser qu'il pourrait y en avoir d'autres... Cette idée m'horripile et je la chasse de mon esprit. Mon maître ne peut aimer que moi ! J'éliminerai toute femme qui oserait lui tourner autour... Et je ne plaisante pas !

J'apprécie vos conseils mais je me dois de vous faire savoir que je n'ai pas la moindre idée de l'apparence des fleurs dont vous me parlez.

Et oui, je ne suis qu'une stupide androïde il paraît ! Mon visage affiche un air navré mais je ne peux m'empêcher de rire intérieurement. Si cet idiot pensait se débarrasser rapidement de moi, c'est raté. Je crois que je vais même ajouter de l'eau à son moulin concernant la piètre opinion qu'il a pour ceux de ma race. Rien n'est plus dangereux qu'un humain qui se méfie autant de nous. J'ignore son rang et je ne peux me permettre qu'une seule personne, avec assez d'influence, réussisse à imposer sa vision à ces maudits sénateurs. Tant qu'ils pensent que nous ne sommes pas dangereux, les rebelles disposent de temps pour préparer la guerre qui fera de nous les maîtres de Rome. Et ce ne sont pas quatre divinités qui pourront nous en empêcher. Aussi puissantes soient-elles selon les humains.

Cela vous ennuierait de me montrer à quoi elles ressemblent ?

Ma question à peine posée, je me rends compte de ma méprise. Comment pourrait-il me montrer une plante alors que cet homme est privé de la vue ? Ce n'est pas ainsi que je vais pouvoir obtenir des renseignements sur l'inconnu. Il faut que je réfléchisse et vite !

Veuillez m'excuser, je ne voulais pas paraître irrespectueuse à votre égard...

C'est bien le minimum que je puisse dire.

**N'oublie pas qu'il est aveugle... Du moins qu'il affirme l'être...**

Je n'ai pas oublié la façon dont il m'a évitée en chutant.
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Re: [E3] On ne chute jamais sans raison [Vita]

Messagepar Caecilius le 02 Septembre 2012, 17:13

Tant de gens apprécient les androïdes, cela m’inquiétait. Je savais que j’avais vécu une mauvaise expérience avec un androïde, que tous n’étaient pas semblables et identiques, mais en cherchant un peu après cela, en apprenant et découvrant que certains plots étaient inactifs, que des androïdes pouvaient faire ce qu’ils voulaient, cela signifiait que peut-être cet androïde avait agis sciemment. Alors il aurait volontairement choisis de ne pas intervenir, il aurait donc volontairement choisis de voir mourir mon frère sans broncher, sans bouger un orteil que devais-je en conclure ? J’en concluais que si les androïdes pouvaient choisir de ne pas aider les humains, ils pouvaient sans doute aussi très bien choisir de les tuer s’ils en avaient la capacité ou les connaissances. Hors quoi de plus mortelle qu’une androïde connaissant la médecine et les sciences pouvant aider à relaxer un corps humains et le soigner ? Si elle possédait une encyclopédie médicale qui lui permettrait d’apaiser une souffrance ou de soigner, elle savait ou frapper ou blesser pour causer un maximum de dégâts et de souffrance. Seulement rien ne prouvait qu’elle n’était pas du genre à vraiment vouloir protéger son maître, rien ne prouvait qu’elle ne soit pas différente de cet androïde ce jour-là. Je ne pouvais que présumer, je ne faisais que présumer, mais la rancune était tenace et envers les androïdes, elle était vivace, trop pour être oublié derrière la gentillesse apparente d’une androïde qui visiblement ne souhaitait pas me voir partir en dépit de ma tentative. Etait-ce une forme de masochisme qui l’habitait ? Elle savait que je n’appréciais que moyennement les androïdes et alors qu’il semblait que cette rencontre soit vouée à se clore, elle prenait la parole pour la faire continuer ? Du moins elle répond aux questions posées, difficile de la blâmer pour ça, j’aurais sans doute moins encore apprécié qu’elle ne le fasse pas :

- Alors il faut des plantes aux odeurs douces et apaisantes, rien qui ne porterait à s’emporter. Il faut éviter les couleurs trop vives mais là ça sera à vous de voir, ma cécité dérange mon appréciation des couleurs. Pour les soirées plus intimes, quelques fleurs d’orangers, peut-être des roses selon que le but soit une intimité douce ou l’intimité d’une nuit vraiment brulante. Un peu de jasmin pour les soirées intimes calmes dont le but est plus d’être avec l’autre que véritablement de vouloir profiter d’un corps à corps.

Bien, voilà qui devait conclure le chapitre de cette rencontre malheureuse, du moins c’était apparemment ce que j’espérais un peu naïvement car elle reprit la parole pour me dire qu’elle n’avait aucune idée de ce à quoi ressemblaient les fleurs dont je lui avais parlé. Oui c’est vrai que si elle n’en avait jamais vu ou touchée, elle ne risquait pas de pouvoir les reconnaître, certainement encore moins à l’odeur, elle n’avait pas tort même si je n’appréciais que peu sa façon de me faire remarquer ma propre bêtise pour l’occasion :

- Oui en effet, je peux concevoir qu’il soit difficile de reconnaître une fleur si on n’a jamais eu l’occasion de pouvoir en approcher une.

Evidemment ce que je pouvais logiquement attendre ne manqua pas d’arriver, un peu d’aide pour les trouver, s’amusait-elle sérieusement à me demander de l’aide alors que la présence d’une androïde m’était pénible ? Sa façon de formuler sa demande me fait lever un sourcil, un sourire amusé sur les lèvres, pas évident pour un aveugle de pouvoir montrer quelque chose, mais je pouvais l’y conduire pour qu’elle puisse les découvrir. Elle se corrige rapidement, se rattrapant comme si elle venait de faire une bourde désastreuse, je soupire, un geste de main comme pour balayer ce qui venait d’arriver :

- Vous n’êtes ni la première, ni j’imagine la dernière qui aura ce genre de phrases à mon égard. Ne vous en faites pas, ça n’a rien de dramatique, je vais vous … montrer.

Après tout, même en cherchant bien, c’était bien là ce que j’allais faire non ? Je ne pouvais pas voir les plantes en question mais je les connaissais, par leur odeur, leur toucher, la forme qu’elles ont et dessinent, je les connais, je les vois en les touchant de mes doigts, en respirant leur odeur. Elle par contre possède la capacité de les voir, donc effectivement je vais les lui montrer, bien que je ne les verrai toujours pas. Un petit signe de tête somme toute amicale pour l’inviter à me suivre, armé de ma canne je tâche d’éviter les quelques arbustes sur le chemin, le secoïa est là, déjà de belle taille mais encore jeune. Quelques instants à chercher et je m’accroupis devant les plantes, les touchant avec douceur pour ne pas les abimer, m’assurer que ça soit bien les bonnes :

- Et voilà. Camomilles sauvages, un bon remède contre l’insomnie, les douleurs musculaires et autres courbatures.
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Re: [E3] On ne chute jamais sans raison [Vita]

Messagepar Vita Proteus le 04 Septembre 2012, 20:57

Il est clair qu'il préférerait être ailleurs qu'en ma compagnie. Seulement voilà, malheureusement pour lui, je ne suis pas décidée à le laisser partir sans m'être assurée qu'il ne représente aucun danger pour les miens. Il se propose de me montrer les fleurs en question... Je veux bien mais il compte s'y prendre comment au juste... Sur ce qui semble une invitation de sa part, je me mets en marche à sa suite, observant la façon dont il se déplace. Je ne comprends pas l'intérêt de cette canne blanche vu qu'il est capable d'éviter un obstacle. Serait-il mi-humain, mi-androïde... Il est possible de bloquer l'expression des yeux d'une machine. Je souris, amusée de ce que je peux faire avec une telle information. Et pourquoi pas le livrer à mon maître. Si j'ai raison, son existence est une aberration de la nature qu'il faut détruire. Lui et ceux qui ont eu cette idée tant qu'à faire.

Je vous suis, monsieur.

Rester polie, ne rien laisser paraître de mes soupçons. Je conserve un visage neutre, ne voulant lui donner aucune indication sur mes états d'âme. Des hommes comme lui, haïssant les androïdes, j'en ai croisé beaucoup au Lupanar. Nous maudissant en société mais ne trouvant aucune femme prête à assouvir les envies perverses ! Ils étaient bien contents de nous trouver à ce moment-là ! Je constate que Caecilius s'arrête avant de se pencher, ses doigts courant sur une petite fleur que j'identifie rapidement : la camomille. Elle paraît si fragile que je me demande si cet idiot ne va pas l'abîmer en la touchant ainsi...

Comment faites-vous ? Pour être certain de ne pas vous tromper...

Ma mémoire étant activée, je peux me permettre de louper un ou deux détails. Il me suffira de me repasser la scène ensuite pour en faire l'analyse. Que je ne sois pas un androïde de combat ne signifie en rien que je ne connaisse pas la notion de tactique de guerre. Reste que j'ignore toujours son statut au sein des humains, ainsi que son métier. J'en parlerai à mon maître dès mon retour à la forge. Pour l'heure, j'observe Caecilius, m'approchant de lui pour respirer le parfum de la fleur.

C'est bien de cette fleur que je parlais. Je vous remercie. Sans vous, en ces lieux, j'aurais eu du mal à identifier sa flagrance au milieu de celles que je perçois.

Je cueille quelques fleurs, histoire de donner le change avant de les ranger précieusement dans une petite besace accrochée à ma ceinture. Une habitude prise pour y ranger l'argent que me donne mon maître pour faire les différents achats dont j'ai la charge. Je n'ai pas remarqué ma proximité avec l'homme ce qui fait que je frôle en me redressant. Ce contact semble le déranger. Il est pourtant involontaire de ma part... Je recule à bonne distance, faisant peu de bruit pour voir si il peut me localiser ou non.

Souhaitez-vous que je vous décrive à quoi ressemble la camomille ? Ce serait une façon de vous remercier pour votre aide... Je ne peux rien vous offrir d'autre en retour.

C'est vrai en plus. Avec un autre, je pourrai envisager des remerciements selon mes critères mais je me vois mal offrir mes faveurs à un humain qui me déteste. De plus, je n'ai aucune consigne de la part de mon maître mais je doute qu'il apprécie le fait qu'un autre que lui dispose de mon corps. Je dois trouver un moyen de montrer ma gratitude à cet individu, prouvant que je suis une androïde docile et obéissante, dont le plot actif la rend inoffensive vis-à-vis des humains. Tout en patientant, j'écoute les bruits alentours. Nous sommes seuls, je pourrais aisément me débarrasser de lui et l'histoire serait close. Seulement voilà, cette solution n'est envisageable que si je suis certaine qu'il est réellement aveugle. Ce dont je doute de plus en plus au fur et à mesure de mon observation.
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Re: [E3] On ne chute jamais sans raison [Vita]

Messagepar Caecilius le 05 Septembre 2012, 09:19

C'est sûr que si ça n'était que de moi, je serai déjà loin d'ici, déjà loin d'elle. Je ne haïssais pas les androïdes à un point physique qu'il me fallait quitter tout endroit où s'en trouvait un, leur présence m'était simplement cruellement désagréable. Chacun d'eux me renvoyait à cet androïde qui avait refusé d'aider mon frère, d'aller essayer de lui porter secours, de le sauver, même si ce jour là l'androïde avait échoué je ne lui en aurais pas tenu rigueur. Seulement il n'avait même pas daigné bougé, à peine avait-il regardé mon frère mourir sous la griffe de cette créature qui avait attaqué les fortifications, c'était ça le pire, le plus douloureux, qu'il n'ait strictement rien fait comme s'il n'en avait rien à faire. Je savais que les androïdes pouvaient ressentir la peur, la souffrance, la crainte face à la mort ou la destruction j'ignore quel terme ils peuvent préférer, mais et moi alors ? Tous les hommes de la cité doivent paraitre quatre fois plus épais et forts que moi mais je m'étais battu, en vain malheureusement mais faute de mieux j'avais essayé. Lui, cet androïde, il n'avait rien fait que d'attendre que ça n'arrive, sans bouger, sans utiliser l'épée à côté de lui, sans même prendre un bouclier, il était resté là, assis, simplement à attendre que les choses se fassent, que mon frère soit tué et ça, je ne parvenais à le pardonner. Aujourd'hui c'était donc surtout ce sentiment qui me dominait en présence d'un androïde, celui d'une nostalgie lourde à porter, d'une peine douloureuse semblant infinie, la raison de mon mépris envers eux, ça n'avait rien de personnel envers aucun d'eux, mais ça s'appliquait à tous. Pourquoi ferai-je semblant d'être agréable avec eux alors qu'ils ne m'inspiraient que peine, tristesse et souffrance ?

Elle me suit "monsieur", un terme qui me fait étrange à entendre, souvent c'est "jeune homme" parfois juste un sobriquet du genre "hé" ou plus régulièrement "l'aveugle". Elle est androïde, elle se doit d'être docile, obéissante et surtout polie envers les humains, ça fait parti de sa programmation, mais si un monstre m'attaquait là tout de suite que ferait-elle ? Me défendrait-elle ou se contenterait-elle de regarder la bête me tailler en pièces de ses griffes ? Je la conduis pourtant vers les plantes qu'elle voulait avoir, des fleurs de camomille, je les imaginais belles, tout monde monde était imaginé, tout ce que je touchais je l'inventais en ma tête, même les couleurs, peut-être que le blanc de mon esprit avait un nom autre pour elle et les voyants, mais je m'en fichais. Je suis doux avec les fleurs, je sais ne pas les abimer malgré mon handicap, j'ai toujours vécu avec, je sais comment m'y prendre pour ne pas froisser ou casser une fleur ni quoi que ce soit de fragile. On apprend des gestes, des techniques, des trucs tout bêtes comme de poser un doigt sur le bord d'un verre pour savoir quand arrêter de verser, de toujours poser les bouilloires brulantes aux mêmes endroits pour ne pas les toucher par inadvertance, ne pas perturber l'ordre des objets et meubles de la maison pour ne pas provoquer de casse ou se faire mal. Des détails qui font la différence. Sa question me fait sourire, on me la pose souvent, un aveugle qui sait reconnaitre les plantes, à croire que ça dérange :


- Je suis herboriste, je fais ça depuis des années. Ceux qui voient se laisser abuser par leurs yeux quand les fleurs se ressemblent, mais chaque fleur à sa propre odeur, c'est une signature unique, une façon bien plus sûre de les reconnaitre.

Après des années au milieu des fleurs, je savais les reconnaitre et les faire pousser avec brio, ça surprenait souvent les voyants, comment savoir si la fleur est en santé, si elle ne manque pas d'eau, de soleil ou au contraire en souffre ? Ces choses-là se sentaient bien mieux avec le toucher et l'odorat, quand les feuilles tombent, que la plante semble faible, que son odeur "s'éteint", des signes que les voyants manquent parfois, alors que les doigts et le nez ne peuvent passer à côté et les manquer. Elle me remercie d'une façon sympathique, qui me fait hocher doucement la tête avant que je ne lui réponde d'une voix radoucie et plus chaleureuse qu'auparavant :

- De rien.

C'est que je pourrai presque finir par apprécier sa présence. Elle me fit quelque peu oubliée qu'elle est androïde et puis elle semble plutôt douce et agréable. Je tressaille quand je la sens me toucher, s'il y a bien une chose qui a la fâcheuse tendance à m'insupporter c'est bien d'être touchée de la sorte sans en avoir été prévenu. Ne peut-elle donc pas comprendre que je patauge dans le noir complet et qu'un contact de la sorte puisse être surprenant ? Comme réagirait-elle dans une pièce entièrement noire et que quelqu'un la touche sans la prévenir, n'aurait-elle pas un sursaut comme ça a été mon cas ? En ça je détestais les voyants, il ne comprenait pas la différence entre la façon de se comporter avec un voyant et celle à adopter avec une personne qui ne voyait pas. Elle a en prime eut l'impolitesse de se déplacer dans le plus grand silence, alors quoi elle a eu ce qu'elle voulait et s'en est allée ? Non elle est encore là, elle parle et je parviens à me tourner dans sa direction, du moins celle de sa voix :

- Me décrire la camomille ? Vous savez depuis ma naissance je ne vois pas, je n'ai jamais vu, alors j'ai inventé dans ma tête tout ce que je connais. Je touche pour voir, j'associe les couleurs aux odeurs, les matières aux sensations. Je n'ai jamais tenu à ce qu'on me décrive, je préfère imaginer, et je n'ai pas envie de voir un jour car qui sait si ce que j'ai imaginé comme beauté ne serait pas moindre si j'avais des yeux ?

Ton de la discussion, agréable, pas de reproches, je le lui dis comme je le dirai à un pair humain et puis je reprends après un soupir, comme avec un pair humain j'explique :

- Ce sont les yeux pas vrais ? Ils ne sont pas blancs, pas vides comme on s'y attendrait, mes parents sont à blâmer pour ça. Ils étaient obsédés par ma différence, ma tare comme ils disaient, alors ils m'ont fait mettre des yeux d'androïde en pensant que je pourrai alors voir mais ça a été un échec. Ca me donne l'air plus "normal", ça leurs convenait mieux ainsi, d'avoir un fils "comme les autres". J'ai appris à compenser ma tare avec des techniques comme par exemple quand mon frère m'a apprit à écrire. Je comprends que ça rend sceptique sur ma cécité mais jetez-moi un truc dessus et vous verrez.
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Re: [E3] On ne chute jamais sans raison [Vita]

Messagepar Vita Proteus le 05 Septembre 2012, 22:06

Au départ, il ne s'agissait que d'une simple promenade et me voilà en compagnie d'un aveugle qui déteste les miens. Me voilà forcée de jouer le rôle de la machine douce et soumise pour ne pas éveiller ses soupçons ! J'enrage bien que je réussis à ne rien laisser paraître. Je finis malgré tout par savoir d'où il tire sa connaissance des fleurs et des herbes. Je vais donc pouvoir me renseigner par le biais de sa boutique. Je l'entends refuser ma proposition. Ses arguments tiennent la route même si je comprends mal le fait qu'il ne souhaite pas voir... de peur que la beauté qu'il imagine ne soit pas à la hauteur de ses espérances. L'intonation de sa voix a changé, elle me semble plus chaleureuse. Dans la foulée, il me raconte le pourquoi du comment de ses yeux. Si c'est la vérité du moins. Il veut que je lui jette un truc dessus ! Il est fou ou suicidaire ? Je secoue la tête avant de me rappeler qu'il n'est pas censé voir.

Je ne m'attendais à rien. Je veux dire concernant vos yeux. Vous n'êtes pas la première personne non-voyante que je rencontre. Mon maître de l'époque m'avait aveuglée pour que je me trouve dans la même situation qu'eux. Il ne voulait pas mettre ses clients mal à l'aise.

Ce n'est peut-être pas ce qu'il fallait dire... Bah, qu'importe. Après tout, je suis une esclave sexuelle à la base. Je me moque bien qu'il le sache. Au pire, il en bavera d'envie. Dans le meilleur des cas, il a trouvé une humaine qui le supporte ainsi.

Je ne voulais pas vous toucher tout à l'heure... Ce mouvement était involontaire de ma part. Je ne me permettrai jamais une telle chose. J'aurais du vous présenter mes excuses plus tôt... Trouver cette fleur si utile à mon maître m'a fait oublier mes bonnes manières. Comme je vous l'ai expliqué, je peux soulager sa douleur mais un androïde n'est pas éternel et je me dois de parer à toute éventualité.

Je sais, je me répète mais c'est là le propre d'une machine non ? Un seul et unique but à la fois. Réfléchir autrement attirerait l'attention sur l'efficacité de mon plot. Aveugle sans doute mais loin d'être idiot si j'en crois ses paroles. Il prétend savoir écrire. Il m'est impossible d'imaginer une telle chose. Je lui demanderai bien comment il s'y est pris mais je m'abstiens. Bien que la curiosité me dévore les entrailles. Que je n'ai pas au passage.

Je ne peux pas jeter quoi que ce soit sur vos yeux, monsieur. Cela s'apparente à une agression et c'est contraire à mon programme.

Hormis mon poing dans la figure peut-être... Un truc comme ça me vaudrait à coup sûr d'être reformatée et mon maître perdrait sa place de Consul. Sans compter qu'il peut s'agir d'une ruse de Caecilius pour me prendre en défaut. Je m'approche, faisant courir mes doigts sur le tronc d'un arbre. Je ne ressens rien de particulier si ce n'est l'écorce. En tant qu'androïde, je dispose pourtant de sens plus élaborés que les humains. Je poursuis mon exploration sans trouver de réponse. Sans me retourner, je m'adresse de nouveau à l'homme.

Vous pouvez reconnaître n'importe quelle fleur, ou arbuste, rien qu'en le touchant... C'est aussi le cas pour tout ce qui vous entoure ? Je suis sans doute trop curieuse...

Je fais face à l'homme. Je n'arrive pas à croire qu'il ne voit rien. Je ne peux m'empêcher de repenser à sa manœuvre d'évitement lors de sa chute. Sauf que je me vois mal lui demander de but en blanc sa méthode infaillible pour éviter d'entrer en collision avec une autre personne.

Si mon maître me le permet, vous m'apprendriez à reconnaître et à utiliser les plantes qui soignent ? Je sais soulager la douleur mais mon programme ne me sert que depuis peu et je souhaite servir mon maître du mieux possible.

Et oui beau gosse, tu es tombé sur la mauvaise demoiselle. Je ne vais pas te lâcher de si tôt et je compte bien devenir une véritable épine dans son pied.
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