Nous traversions ensemble le marché dans un silence quasi pesant. Je me sentais gênée par la reconnaissance qu'éprouvait Lulian à mon égard, intérieurement, je ne m'en sentais absolument pas digne. Je sais que j'offrais lui offrais une chance de vivre librement, enfin si l'on peut dire, mais il restera malgré tout vu comme un esclave. Mon esclave qui plus est. Comme c'était affreux de constater que je ne valais pas mieux que les romains que je critiquais. M'abaissais-je finalement à leur niveau pour prendre un androïde sous mon toit ? Aurais-je dû continuer à offrir du travail à des serviteurs humains ? Me voilà perdue dans un combat intérieur qui devient quasi chaotique. Ma conscience me faisait mal et je ne savais pas comment le prendrais Azura si elle était encore de ce monde. Me féliciterait-elle de venir en aide à l'un des siens ou au contraire serait-elle déçue de moi ? C'est bête de s'inquiéter de ce que penserait une androïde, mais Azura m'était chère, bien plus précieux qu'un trésor. Elle était un souvenir duquel je ne pouvais me détacher aussi aisément.
Je constatais que déjà Lulian prenait son rôle très à cœur restant sur ces gardes à l'affût du moindre danger potentiel. Cela me fit sourire et je dois avouer que je me sentais fière à ces côtés, je voyais des femmes lorgner sur la beauté de ce dernier, je lisais la jalousie et même l'envie dans son regard et cela me plaisait bien au fond. Je suis une femme de goût qui aime les belles choses et Lulian était un homme plus que séduisant et même un aveugle s'en rendrait compte.
En chemin, je m'arrêtais dans quelques boutiques pour faire la garde de robe à Lulian, il avait besoin de vêtements ainsi que des objets qui pourraient lui être indispensable, je voulais qu'il soit au mieux dans son nouveau chez soi, je veux le traiter dignement comme un être à part entière. Androïde, humain, ce ne sont que des mots pour moi, cela n'avait aucune espèce d'importance loin de là. J'éprouvais bien plus de respect envers les androïdes qu'envers les humains. Ils sont parfois trop imbus d'eux-mêmes avec leurs airs supérieurs et dans leur façon de croire que tout leur est dû. Quelle bêtise ! Vraiment, ils font parfois preuve d'une décadence déconcertante.
Je le vois bien hésiter, mais je l'invite tout de même à se faire plaisir. Je prends même la peine d'acheter un
kimono traditionnel du Japon, celui que l'on surnommait avec douceur, le pays du soleil levant. Cela sera un présent lorsqu'il découvrira la chambre que je lui réserve, il ne sait pas que je lui fais ce cadeau. Il attend dehors. Je patiente le temps que le vendeur me fasse une espèce de papier cadeau puis, je ressors le sourire aux lèvres.
Nous reprenons la route tranquillement, je lui fais voir les plus beaux paysages tout en lui parlant de tout et de rien. Je lui laissais profiter de son premier jour de liberté hors de la cage qui lui a servit de demeure. Lentement nous grimpons la colline, bien nous serons chez moi, chez lui, chez nous. Ma demeure est également la sienne à partir de maintenant, je le lui dis également cela.
Enfin, je la vois, trônant fièrement. Elle surplombe la ville offrant un magnifique panorama, derrière nous pouvons voir la Méditerranée. J'entre, un serviteur vient nous rejoindre, le plus ancien de la maison, un simple humain, mais comme moi, il n'éprouve aucune rancune envers les androïdes, j'ai pris soin à ne pas avoir de serviteur prêt à profiter de leur rang pour s'en prendre aux androïdes qui passeront ma porte. Comme à mon habitude, je m'arrête devant la statue qui représente mon Azura, si belle, si douce, on peut lire la gentillesse dans les traits que le sculpteur a fait. Une lueur de mélancolie prend naissance dans mon regard. Augustus reste à côté de lui durant ce moment.
Ce dernier d'ailleurs se présente à lui et lui souhaite la bienvenue. Le vieil homme est vieux, mais on lit de la douceur dans ses traits. Il connait Livia depuis qu'elle est enfant et connait le secret qui entoure la statue qu'en ce moment même elle regarde avec amour. Il ne dit rien, laissant le secret planait là-dessus, sa jeune maîtresse le lui dira elle-même si elle le désire.
Je reviens vers eux sourire aux lèvres.
- A-t-on nettoyé la statue de Vénus ? Le jardinier s'est-il occupé du jardin comme je le lui ai demandé ?- Oui maîtresse, tout a été fait durant votre absence, il n'attend plus que votre inspection.- Bien, veuillez lui dire d'aller acheter des fleurs de lotus pour mettre dans la fontaine et je veux un arrangement de fleur fait avec des orchidées quelque chose de simple. - Bien maîtresse, je m'en occupe tout de suite.- Merci Augustus et n'oubliez pas de boire et de manger quelque chose, cette chaleur est traîtresse et faites-vous accompagner, je fis un signe de main en voyant qu'il allait refuser,
et c'est un ordre, je ne veux pas qu'il vous arrive quelque chose, c'est déjà une épreuve de vous demander de vous reposer, alors s'il vous plaît acceptez que l'on vous accompagne.- C'est entendu.
Je hoche la tête fière d'avoir réussi à le convaincre puis me tourne vers Lulian.
- Suis-moi, je vais te conduire à ta chambre ensuite je te ferais visiter la demeure.Je le précède me dirigeant à l'étage le conduisant directement dans sa chambre, j'ouvris doucement la porte et y entra.
- Voilà ta chambre, j'espère qu'elle te plaira. Elle est entièrement faite dans les respects de la culture asiatique de l'ancien temps. Les orchidées te seront emmenées dès qu'elles seront là, c'est un présent de ma part. Je dépose le paquet sur son lit puis va ouvrir la fenêtre.
- Tu as une vue sur le jardin et plus loin tu peux apercevoir le bleu de la Méditerranée.Je le regarde en souriant.
- Ce paquet est pour toi, ouvre-le lorsque tu seras seul...J'inspecte la chambre arrangeant certain élément comme à mon habitude puis revient vers lui.
- J'admets que cela peut paraître étrange qu'un humain se montre aussi amical et conciliant envers un androïde. Mais nous ne sommes pas tous mauvais et empli de mauvaises intentions. Ce n'est pas mon genre, mes actions sont faites avec sincérité et je m'emploierais à ce que tu aie une bonne vie. Tu es libre d'aller et venir comme bon te semble, tu peux sortir si tu le souhaites, je demanderais juste à savoir quand tu sors ainsi je serais au courant.Je tapote gentiment son épaule sans effacer mon sourire.
- Rejoint-moi dans les jardins quand tu seras installés, je te ferais visiter le reste.Un dernier sourire puis je sors de la chambre refermant doucement la porte derrière moi et me rendit dans les jardins pour voir le travail qu'avait effectué le jardiner.