Je quittai le Colisée avec empressement. La colère de Mettius allait croissante et bientôt il allait commencer à aboyer des ordres, frapper des androïdes et menacer son entourage. Et puis, ce soir, était le soir où je disparaissais ! J'arrivais rapidement dans les coursives, une androïde du temple était présente. Je l'avais choisie car elle ne savait ni lire, ni écrire, ni parler. elle me remit des tenues qu'elle avait acheté au marché et volontairement traîné dans le sable pour les salir et les abîmer. Tout en marchant, je passais mes mains dans un abreuvoir à chevaux et les passait dans mes cheveux. Je tendais ma toge à l'androïde et m'habillait dans une tenue des plus simples, des plus romaines. Ce soir j'étais Monsieur tout le monde. Éoce, prêtresse du temple était au courant de ma sortie. C'était elle qui viendrait me chercher dans les geôles si je faisais trop de conneries ce soir. L'an dernier, je m'étais fait arrêter parce que je pissai dans une fontaine à la gloire de Mettius et il avait fallut cinq jours pour qu'on me retrouve au fond des geôles. J'aimai me mêler à la foule, mais il y avait des limites.
Changé, grimé, je ressemblais à un simple romain, mon statut de Grand-Prêtre s'effaçait pour laisser place à Festus. Loin d'être schyzophrène, je désirai simplement festoyer et chaque année, cette nuit rimait avec tous les excès. Et les excès les plus fous avaient lieu sur le pont ma déesse. Je me rapprochai de ce pont pris dans une lièce populaire autour de saltimbanques qui fêtaient Minerve. Mais les adeptes de la déesse de la guerre continuèrent plus loin. Pour ma part, je commençais à gravir le pont et une musique plus endiablée me parvenait. À mi chemin, sur une estrade un chanteur criait plus qu'il ne chantait. C'était un pamphlet à la gloire de Mettius...
Que de beaux discours, de belles paroles et de mots d'amour,
Mais derrière les petits fours, les vautours cachent un compte à rebours,
Pouvoir, pouvoir, toujours plus, et là pas question d'amis,
Ce sont les terres du Sénat, arène de l'hypocrise,
J'exulte, je danse, suis bousculé, j'écarte les bras et tourne sur moi-même. La musique enflamme mon corps, mes yeux m'offrent les effluves d'Orgone qui s'échappent de la foule qui s'enflamme. Les ondes parcourent mon corps, je monte sur le parapet face aux musiciens pour accueillir chaque note de plein fouet.
Sans aucun remord, pendant que le monde se meurt chaque jour,
ils crament leur putain d'trésor, le disséminent au gré du vent,
Tout ça pour briller comme un sou flambant neuf,
Au sein d'un atrium dorée, faite de pétasses et de palmiers
Un homme et une femme grimpe avec moi. Seul l'équilibre était précaire. À trois nous finirons bien vite dans le Tibre. Mais peu importe, ce soir, on va se déchaîner, l'eau ne sera pas de trop pour nous apaiser. J'attrape une chope qui passe. Elle devait être pour quelqu'un, peu importe, ce soir tout est gratuit, je bus jusqu'à plus soif et continuai encore tant qu'elle ne fut vide. Jupiter empoisonne moi, je t'attends !
Allez-vous rester les bras croisés, à regarder le monde crever de faim
Des enfants vous supplier de ne plus explorer pour rien,
Des milliers de malheureux pour le seul plaisir de vos yeux
Même si vous les ignorez, moi je ne vois qu'eux !
La tête me tournait, je manquait de tomber, mais sautait toujours plus haut. La femme chut et l'homme plongea la récupérer. Je redescendais pour profiter jusque l'aube, il était trop tôt pour me baigner. La danse n'en était plus une, il s'agissait de se défouler de chanter et de crier sa haine envers le Sénat et ce système où tout n'étais pas à jeter, mais ce soir, je jetai tout et le brûlait sur l'autel de ma déesse Venus. J'attrapai une femme qui me regardait et la fit virevolter, elle partit sourire aux lèvres. La connaissais-je ? Peu importe ! Une autre chope passa, j'en pris une gorgée et la partagea avec mon voisin avant de tourner toujours un peu plus vite.
Arrêtez, Arrêtez de prôner l'amour, la gloire et la beauté,
notre putain de monde n'est fait que de misère et de pauvreté,
pendant que le corps expéditionnaire vacille face à ces monstruosités,
c'est l'ensemble de nos prières qui entretiennent leur sainteté !
La musique stoppe tout le monde exulte. Gloire à Pluton ! Ce n'est pas mon Dieu mais qu'importe tout n'est pas à jeter dans tous les temples. Je ne demanderai pas à quelqu'un de changer de dieu. Je lui demande juste de revoir son avis sur Venus et de lui adresser des prières de temps à autres. Je suis les enseignements des Oracles, je ne renie aucun culte !
-- Gloire à Pluton !!! criai-je en coeur que Venus enserre de ses cuisses rajoutèrent par orgueil bien placé. La foule rit. Tout simplement, elle rit !