[E3] Réinitialisation [Sibylla]

Ce forum contient les archives de tous les RPs ouverts par les personnages durant les préparatifs et le départ du corps expéditionnaire.

[E3] Réinitialisation [Sibylla]

Messagepar Maximus le 24 Août 2012, 14:28

Docile, l'androïde obéissait de nouveau à la parole comme au geste. Le concepteur de ce garde du corps lui avait dessiné de larges épaules et une grande taille pour dissuader l'agresseur de s'en prendre à ses maîtres. Néanmoins, le consul Maximus restait plus impressionnant encore. Le pavé qu'ils battaient témoignait du rang des propriétaires de ce garde. Maximus traversait rarement le pont pour se rendre sur Isola Sacra. Il n'y venait que pour livrer son travail, qu'il s'agisse d'une commande particulière pour la forge ou bien de rapporter à son propriétaire un androïde réinitialisé. Maximus avait travaillé avec la plus grande attention et le plus grande concentration sur cette réinitialisation. Il avait accepté ce délicat travail qu'à la condition de disposer d'une semaine et non de la traditionnelle nuit. La réinitialisation n'avait pas été plus difficile qu'à l'accoutumé d'autant que cette version n'avait pas une intelligence artificielle développée.

Seulement il avait dû s'assurer que l'androïde ne ferait courir aucun danger à ses propriétaires. Et cela lui avait pris du temps. La réinitialisation de droïde de combat n'était pas sans risque. Et ne pas correctement vérifié un androïde pouvait non seulement lui faire perdre son poste, mais cela pouvait surtout mettre la vie de ses propriétaires en danger. Maximus était désormais convaincu de l'obéissance de l'androïde. Il ne restait qu'un test pour vérifier que les souvenirs avaient totalement disparu comme exigé par le navarque de Rome. Ils arrivaient prêts d'une enceinte plus prestigieuse que les autres. La porte cochère, finement ouvragée, avait été achetée à prix d'or à un des principaux concurrents du forgeron. Contrairement à Maximus, il travaillait également le verre et le haut de la porte était composé d'un vitrail sur lequel il lut la devise du maître des lieux. Les dieux, les humains, les animaux, les androïdes. Voilà qui en disait long sur cette famille.

Tu reconnais les lieux
Non Consul Proteus, répondit l'androïde
Faisons le tour et mémorise bien l'enceinte !
Bien Consul Proteus ! Fonctions de reconnaissance activées !

La voix de l'androïde était métallique, chaque mot était prononcé froidement et un étrange "blanc" séparait chacun des mots. Son programme de langue humaine ne s'encombrait pas des finesses de liaisons et il commettait de fréquentes erreurs de conjugaison. Maximus ne l'avait jamais rectifié dans ses propos. L'androïde ne savait apprendre dans ce domaine. Il était néanmoins capable d'apprendre de nouvelles techniques de combat et d'immobilisation. Il n'avait aucune âme, aucun sentiment, aucune empathie. Son regard était celui des grands requins blancs : vide et mort.

Achevant de parcourir le tour de la propriété, Maximus allait frapper à la porte quand il entendit son prénom.
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Re: [E2] Réinitialisation [Sibylla]

Messagepar Sibylla Atilius le 24 Août 2012, 18:55

- Maximus?

La silhouette du colosse était immanquable. J'approchais à grand pas de l'homme à la carrure impressionnante et offrit le plus beau sourire que je pouvais esquisser. Prenant soudainement un faux air sérieux, j'ajoutais m'arrêtant à quelques dizaines de centimètres du géant.

- Consul Proteus, cela fait bien longtemps que j'ai eu de vos nouvelles. Comment se portent nos chers amis? Et votre forge?

J'appréciais grandement Maximus, il ne posait pas trop de questions et obéissait aux ordres, on aurait pu le confondre avec un androïde. Je ne pus résister à dessiner de nouveau un large sourire sur mon visage. Ce fut à peine si je remarquais l'autre homme non loin de lui, je n'avais d'yeux que pour cet humain que je connaissais depuis bien des années maintenant.

Je revenais d'une scéance particulièrement ennuyeuse au Sénat et avais gardé la robe d'un blanc immaculé, au liseret tissé de rouge. A mes bras, les bracelets s'ammoncelaient, comme à mon habitude. La journée avait été quelque peu éreintante. Nous avions commencé dès le lever du soleil, nous avions discuté, parlementé, argumenté, disserté pour finir par nous envenimer, la première séance avait été d'une lenteur sans pareil. Puis on nous avait laissé quelques instants afin de nous reposer et déjeuner tranquillement. C'était à ce moment que beaucoup complotaient ou cherchaient des futurs alliés. Je remarquais que le Sénateur Gracchus se tenait toujours à l'écart, avec ses deux acolytes. Ils étaient les plus anciens au Sénat et devaient connaître tous les aboutissants, toutes les magouilles possibles et inimaginables. C'était eux mon but ultime. Mais pour le moment, je devais briller au sein de la population sénateuriale et je n'étais pas encore prête à m'affirmer. Il me fallait encore étudier le comportement des humains dans cette grande Assemblée. Nous avions ensuite repris nos débats. Cela se termina plus ou moins en beauté quand un jeune sénateur, complètement perdu quitta son siège envoyant tout ad patres. Une place allait se libérer sous peu. C'était ainsi que je retournais chez moi, amusée par les capacités des humains à subir les heures de torture d'une salle de débats. La journée avait été belle, mais le vent avait soufflé fortement, aussi devais-je avoir les cheveux défaits quand je m'approchais du géant. Je me contrefichais bien de mes soi-disant "chers amis", mais cela avait été une manière détournée pour savoir comment les Consuls prenaient les choses du moment. Néanmoins, ma question sur les affaires de Maximus avait été sincère. Penchant légèrement la tête sur le côté, je perdais un tantinet de froideur habituelle.

- Comment te portes-tu donc, Maximus?

Je ne m'attachais pas aux humains, cela m'était impossible, n'étais-je pas une androïde également? Mais pourtant, le Consul colossal avait ce... quelque chose qui faisait baisser mes barrières. Pourquoi voulais-je devenir réellement une femme face à lui. Je me redressais subitement, non, il ne fallait pas penser à cela. Je devais rester la sénatrice Atilius, point final. Je me confinais donc dans un presque sérieux avant de finalement tourner le regard sur l'homme à ses côtés. Il ne faisait aucun doute que cet homme était un être artificiel. L'oeil terne, vide, il restait là, planté sans bouger. Mais il était costaud, fort, très probablement résistant. C'était un être de ce genre dont j'avais besoin. En tout cas, question gabarit, mais pas aussi... statufié. Ah, ce n'était pas le moment de penser à ces choses-là, je me tournais donc définitivement vers Maximus, oubliant l'andoïde à ses côtés.
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Re: [E2] Réinitialisation [Sibylla]

Messagepar Maximus le 27 Août 2012, 09:50

Maximus se tourna et découvrit la silhouette de Sibylla. Qualifié le lien entre Sibylla et lui s'avérait une tâche difficile pour lui. Le terme d'amitié ne serait pas hypocrite mais sans aucun doute exagéré. Et le terme d'ancienne collègue de travail ne témoignait pas assez de la solidité de leur lien. C'est avec plaisir qu'il rendit le sourire à Sibylla.

Sibylla ! Je suis ravi de vous voir.

Maximus oublia la machine derrière lui et la salua en lui prenant sa main droite dans la sienne. Il posa sa main gauche par-dessus, enfermant quelque peu la main de Sibylla dans les siennes. Le contraste entre la taille et la douceur de ses pattes d'ours était saisissante. Vita sans qu'ils ne se rendent compte avait une influence sur eux. Jamais Maximus ne se serait permis un tel geste au Tribunal. Et elle n'était plus sa collègue. en tout cas, il ne réalisa même pas son geste. Il relâcha aussitôt sa petite main, toujours souriant et extrêmement naturel.

Les soldats de Minerve se félicitent des résultats, le nombre de Consul pourrait augmenter dans les prochaines semaines pour lutter contre la rébellion. Leurs débats sont toujours aussi vains et m'ennuient toujours autant. Notre mission consiste à appliquer les décisions du tribunal, je ne comprends pas pourquoi ils dissertent tant. Cela les vexe quand je les rappelle à leur rang. Il m'est arrivé plus d'une fois de leur préciser qu'ils doivent suivre l'exemple de la Sénatrice Atilius pour avoir le droit de légiférer.

Un petit sourire en coin montrait combien Maximus n'était pas ce simple d'esprit que beaucoup croyait. Mais Maximus n'attachait aucune importance à ce qu'on pensait de lui. La question de Sibylla lui plut beaucoup, tant par la mine qu'elle avait faite avant de se redresser que par ce tutoiement qu'elle n'utilisait qu'en privé, c'est-à-dire quasiment jamais.

Je vais vraiment bien. J'ai la forme, mais je suis triste. De nombreux clients viennent chercher armes et armures avant de s'engager dans le corps expéditionnaire. Ils courent à leur perte, l'espoir de revenir grandit par leur découverte. Tu sais ce que j'en pense.

Lors d'un débat, une douzaine d'années plus tôt, Maximus avait donné son point de vue sur ce corps expéditionnaire. Ses idées rejoignaient celle de Pluton : renforcez les avant-postes, trouver des ressources, fortifier la ville et s'étendre peu à peu.

Pourquoi ce corps expéditionnaire réussirait mieux que les précédents ?

Combien de nombreux corps étaient partis ? Il ne savait pas exactement. Combien n'étaient pas revenus ? La réponse était simple : aucun. Il désigna un banc à l'ombre d'un cerisier et invita son amie à asseoir à ses côtés.

Et toi comment vas-tu ? Le Sénat se réunit beaucoup en début d'années.

Il s'inquiétait avec une évidente franchise pour Sibylla. Il avait remarqué sa chevelure légèrement ébouriffée, mais ne se permit pas la moindre remarque. Il ne la sous-estimait pas un instant, il la savait rompue à la science du débat et lui connaissait de rares vertus de patience, de recul et de perspicacité. Il se souvenait d'elle dans les réunions. Elle se tenait souvent en retrait, ne déplaçait ses pièces que lorsque c'était indispensable et avec un doigté et une perspicacité exceptionnelle. Il avait toujours su qu'elle finirait au Sénat. Il ne serait pas surpris de la voir décrocher l'un des hauts titres du Sénat, comme celui de navarque ou de préfet. Mais malgré la force de la jeune femme, il s'inquiétait avec bienveillance pour elle. Il sentait qu'elle était femme par moment. C'était extrêmement subtile, il avait mis des années à remarquer un de ces signes. Ces signes ? Eh bien celui de tout à l'heure, quand elle avait incliné doucement la tête sur le côté en était un exemple. Un jour, il l'avait surprise à entortiller ses cheveux autour de son index lors d'une longue discussion. Peut-être l'avait-elle fait exprès, peut-être ne s'en était-elle même pas rendue compte. Maximus n'était pas machiavélique et ne réfléchissait pas à ce genre de détails.
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Re: [E3] Réinitialisation [Sibylla]

Messagepar Sibylla Atilius le 27 Août 2012, 13:29

J'avais établi un code particulier, au fil des années quant à mon appellation. Les inconnus ou les gens du bas peuple finissait par me nommer Dame Atilius. Les sénateurs et personnages de haut-rang avait compris que Sénatrice Atilius était le seul patronyme que j'acceptais. Il n'y avait que de bien rares personnes qui m'appelaient Sibylla et Maximus en faisait partie. Je devais avouer que j'avais quelques réticences avec mon prénom. Il m'avait été donné par mon créateur, cet homme que je haïssais et que j'adulais à la fois. Mes époux, dans l'intimité de ma demeure avaient fini par prononcer Ceres. Ce surnom, je leur avais soufflé dans un murmure. A la mort de mon créateur, j'avais été appelée Dame Ceres et j'avais énormément apprécié ce surnom. Je le réutilisais encore quelques fois, mais pour de bien rares occasions. Il fallait que cela soit un ami des plus intimes, des plus proches. Maximus, je ne savais pas encore, s'il fallait que je lui accorde ce passe-droit, il restait un être étrangement dangereux pour ma condition, mais en même temps, je me sentais en sécurité quand nous étions présents dans la même pièce. Je ne savais vraiment pas sur quel pied danser avec lui, mais pour rien au monde je ne désirais le voir s'éloigner. Il prit ma main dans la sienne et l'enferma avec sa jumelle. Mon poing semblait si minuscule, mais je serrais tout de même la sienne avec chaleur, cette chaleur qui n'appartient qu'aux femmes. Les politesses faites et oubliées, il me rappela à quel point les séances au Tribunal étaient d'un barbant atroce. Au compliment, je ne pus que sourire généreusement. Oh oui, qu'on parle de moi, cela m'offrira une renommée encore plus grande parmi les Consuls et surtout les Sénateurs. J'aimais avancer dans l'ombre, faire semblant de rien et terminer sous le regard de tout le monde. Cela avait toujours été ma façon de faire. Rester discrète, mais grimper les échelons avec facilité, pour cela, il n'y avait pas de secret, simplement une recette facile d'utilisation : de la patience, des bons contacts et une dose d'hypocrisie. Mélangez le tout et vous obtiendrez une androïde rompu aux dialogues du Tribunal et du Sénat. J'avais été réélue et gagnais même un rang, plus près de la fosse, plus près du Prélat, plus près du pouvoir. Maximus me rappela à la réalité quand il s'embarqua sur le sujet présent dans toutes les bouches depuis la fin du Jour des Jeux.

- Ils ont avec eux, la puissance de Minerve. Jupiter était le dieu de Rome, mais Minerve peut peut-être parvenir à conquérir les étendues sauvages. Ne t'en fais pas, tant que tes mains ne se lasseront pas de leur art, il y aura toujours du travail pour toi et un sourire sur ton visage. Minerve est vaillante. Ils reviendront.

Oh, je doutais fortement de mes propres propos, pourtant prononcé avec assurance. Mais je demeurais une sénatrice de Minerve et je devais passer pour telle. Il répéta une question qui au sein des Consuls était présente depuis des années. Oui, pourquoi ce Corps expéditionnaire réussirait-il. Je n'avais pas besoin de répéter mes paroles, seul un sourire assuré se planta sur mes lèvres. Visiblement, il n'était pas pressé, car il m'offrit un siège, sur un banc tout proche. Nous avions parfaitement oublié la présence de l'androïde qu'il avait apporté. Et je ne m'en souciais pas non plus. Ce fut son tour de me demander comment je me portais. Prenant un peu de sérieux et laissant mon regard dériver dans le vague, ma voix se fit plus douce, presque triste, oui... triste...

- Et bien... Mon époux a été assassiné il y a quelques temps maintenant. Je vis dans son immense demeure vide et froide. Des complots jaillissent à tous les coins de rue et les débats au Sénat sont encore plus ennuyeux que ceux du Tribunal.

Puis redressant le dos, tournant ma tête vers Maximus, je lui offris un nouveau sourire.

- Mis à part cela, je me porte comme un charme. La politique a quelque chose de tellement passionnant que je me rends dès que je peux au Sénat. Un simple regard sur les tribunes et on imagine aussi bien les pires attentats que la plus fière des loyautés. C'est un monde qui me plait, oui.

Oh, je ne regrettais en rien d'être entrée en politique, bien au contraire, cela me retirait pas mal de contrainte et ne m'offrait que des avantages. Ayant une carrière "officielle", on ne me cherchait plus pour vouloir un héritier, on m'accordait une attention polie et respectueuse et j'étais hors de danger de tout soupçon en matière de ma nature synthétique. Tout comme durant mon temps de Consul, je restais connue, mais discrète, ne cherchant pas à attirer l'attention, bien que beaucoup me connaissait de nom. Donc oui, dernier époux mort, j'avais, voilà maintenant un siècle, gardé mon nom de premières épousailles, Atilius. Beaucoup ignorait désormais de qui je descendais.

- Plus sérieusement, il faut que je passe chez ce Vautour de Spurius. Je ne me sens pas à l'aise seule à la maison et les androïdes qui y vivent sont... dépassés par les évènements. L'une se plante au milieu de la pièce, l'autre se prend un mur et un troisième confond "seau d'eau" avec "amphore de vin"... Il faut que je les change, les réparer reviendrait probablement plus cher. Il n'y a que le jardinier qui fait un travail absolument fantastique. As-tu quelques instants, j'aimerais connaître ton opinion sur un projet et c'est ton art que je tiens à utiliser ou souhaites-tu t'occuper de cette... chose?

Au dernier mot, mes yeux s'étaient placés sur l'androïde. Comment le décrire? Chose? Il ne bougeait pas, restait là impassible face à notre conversation. Oui, chose.
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Re: [E3] Réinitialisation [Sibylla]

Messagepar Maximus le 28 Août 2012, 09:56

Je comprends Sibylla...

Maximus remarquait l'officialité du discours de Sibylla. Loin d'être stupide, il comprenait qu'il ne pouvait en être différemment. Sénatrice de Minerve, son statut ne lui permettait guère de contredire la volonté du Sénat et des prières du peuple. Minerve était vaillante, Maximus le savait. Ils reviendraient. Certainement, mais combien en reviendrait ? Alors ces trois mots montraient surtout qu'il acceptait ce discours et qu'il avait compris qu'il n'engageait pas forcément Sibylla. Elle ne pourrait tenir avec lui que le discours officiel et il préférait discuter avec la femme plutôt qu'avec la Sénatrice.

J'avais appris la nouvelle pour ton époux. Je voulais me rendre aux funérailles, mais le Tribunal m'avait averti que tu préférais une cérémonie dans la plus stricte intimité.

Il n'insista pas une seconde, n'était pas du genre à s'enquérir de savoir si elle avait bien reçu ses condoléances. Cela faisait trop : Tu vois je t'ai envoyé un message, j'ai fait ma B.A. Le Consul ne fonctionnait pas ainsi, l'homme encore moins. Elle ne s'apitoyait pas sur son sort et rebondissait avec élégance sur les joutes du Sénat. Le sourire qu'elle affichait fit plaisir à voir. Elle ne mentait pas, elle aimait ce milieu et quelque part ce sourire apportait satisfaction à Maximus. Néanmoins, il discernait une ombre au tableau, une ombre qu'il n'avait jamais remarquée auparavant. Il n'avait pas soupçonné cette solitude. Les mots revenaient régulièrement dans la bouche de Sibylla. «demeure vide et froide», «seule à la maison», autant de petites expressions qui témoignent de grands maux.

Maximus leva les yeux vers la chose.

Ses programmes fatiguent, il ne parvient pas à comprendre l'ordre de protéger une famille. Il a été conçu pour protéger une et une seule personne. Alors quand la famille se dispute, il part en vrille. Je leur ai conseillé de s'en débarasser, mais il a sauvé la vie du Pater Familia, alors égoïstement il refuse. Je leur ai imposé de venir me le rapporter tous les six mois pour le reconditionner. Mais la vie d'un noble semble trop occupée pour penser à ces détails. Il faudra un drame plus important pour qu'ils reviennent sur leur position.

Maximus se leva et présenta sa main pour aider Sibylla.

Bien sûr, avec plaisir Sibylla. Je la livre et te rejoins chez toi. Nous pourrons alors parler de tout cela. Qu'en penses-tu ?

Maximus avait suffisamment d'éducation pour ne pas proposer à Sibylla de la raccompagner chez elle. S'il le faisait, il entrerait quelque peu à l'improviste. Et même si une femme telle la Sénatrice devait faire tenir sa maison avec le plus grand ordre à ses androïdes, on ne s'invitait pas à l'improviste. Selon lui, c'était un parfait compromis entre précipiter et reporter la visite.

Et j'en profiterai pour jeter un oeil à tes androïdes. Tu ne peux pas rester ainsi, tu détestes le vin.

Il savait pour le vin, à force d'observation. En somme, dans un sourire, il offrait un prétexte à Sibylla pour accepter son aide à domicile.
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Re: [E3] Réinitialisation [Sibylla]

Messagepar Sibylla Atilius le 29 Août 2012, 15:01

Le fameux corps expéditionnaire. On l'entendait dans toutes les conversations, il était présent dans toutes les pensées et désormais, il s'appropriait bon nombre de coeurs idiots pour ne pas se rendre compte qu'ils allaient tous mourir. Parmi les hommes et les femmes, bien vivant, de Rome se trouvaient également une majorité d'esclaves mécaniques, conditionnés à se battre jusqu'au bout. Oh, ils faisaient honneur à la grandeur de Rome, mais ce n'était que pure perte. Voilà pourquoi le Tribunal parlait de ce sujet épineux depuis au moins une décade. Maximus avait toujours été contre, tout comme les Consuls suivant les préceptes de Pluton. A cette époque, je soutenais déjà Minerve et malgré nos différences éthiques, Maximus ne m'avait jamais porté ombrage. Il me comprenait et je le comprenais et nous en restions là, dans un silence tacite. Il comprenait et j'inclinais la tête, moi non plus je n'avais pas envie d'en parler maintenant. Cela n'était plus en notre pouvoir. Tout était placé dans les prêtres de Minerve et la foi des habitants de Rome. Maximus ne pouvait qu'obéir aux ordres du Tribunal et même s'il était évident qu'ils rencontreraient bien vite leur mort, je me devais d'être une Sénatrice de Minerve.

Nous changeâmes donc de sujet et j'en vins à parler de mon ancien époux. L'évoquer ne me faisait pas grand chose, mais étrangement, quand cela sortit de la bouche du consul à mes côtés, je remarquais à quel point il me manquait. Nous n'avions été mariés que quelques années seulement, il connaissait les risques de son métier, je connaissais les risques qu'il encourait et pourtant sa mort fut un choc. Je m'étais retrouvée dans ma chambre, incapable de bouger, comme l'androïde réinitialisée que je pourrais être un jour. J'avais alors pris les devant, prenant le deuil, m'occupant sagement de sa crémation. Je ne voulais pas qu'il finisse en terre, je ne voulais pas que les vers terminent son cadavre. Et quand tout fut fini, oui, la maison était vide. J'aimais le luxe, j'aimais la beauté, j'aimais avoir supériorité sur tout ceux qui s'extasiait sur les décorations des murs, du sol et des plafonds, mais comme je venais de le dire à Maximus, tout cela virait au "vide et froid". Aussi, quand il évoqua les funérailles, je posais ma main sur son avant-bras et serrais mes doigts. Il me fallait sortir de cette mélancolie, cela n'allait pas à l'image de la sénatrice forte que j'étais. Je me repris subitement et parlais alors des androïdes de ma demeure. Maximus enchaîna avec l'androïde qu'il trainait avec lui. Levant les yeux sur la chose alors que le géant à mes côtés le décrivait, je retirais ma main et reprenais une position plus sérieuse. D'ailleurs, Maximus se leva et m'invita à en faire de même, j'acceptais volontiers et lui donnais la main pour me lever pourtant agilement.

- A tout de suite, Maximus.

Je m'en retournais tranquillement chez moi, laissant le Consul à ses affaires, ce n'était pas à moi de demander chez qui il allait où ce qu'il en ferait. Ce n'était plus mon problème de Consul, j'étais Sénatrice désormais. Je quittais la voie dans laquelle nous nous trouvions et déambulait sur la Via Pia. L'androïde affecté à la sécurité de ma demeure se redressa.

- Le Consul Proteus ne devrait pas tarder, laisse-le entrer.

Je fis un pas pour rentrer chez moi, mais je m'interrompis brusquement, ce pas, je le fis en arrière afin de bien faire comprendre à cet esclave qui allait arriver.

- Le Consul... Maximus... Proteus.

Quelques fois, il avait des courts-circuits également celui-là, il fallait tout préciser, sinon, il n'accepterait pas de laisser entrer. Deux androïdes galopèrent pour me retrouver dans l'atrium.

- Toi, fais apprêter le jardin, j'ai un invité. Ensuite, tu iras l'attendre à l'entrée et tu le conduiras dans le jardin... Et toi, suis-moi.

Je n'avais jamais arrêté mes pas et entrainait l'androïde qui me servait de femme de chambre, dans ma chambre. La grande psychée m'indiqua que mes cheveux se donnaient en bataille. L'androïde me peigna afin que j'ai l'air un peu plus présentable et j'en profitais pour vérifier que tout le reste était en place. Je me rendais ensuite au jardin afin de m'assurer que tout était prêt.
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