[E2] La Cigale, la Fourmi et le Renard

Ce forum contient les archives de tous les RPs ouverts par les personnages durant les grandes festivités romaines.

[E2] La Cigale, la Fourmi et le Renard

Messagepar Sibylla Atilius le 21 Août 2012, 14:28

Je fixais ces yeux si pâles qu'étaient les miens grâce à l'immense psychée dans ma chambre. Je contemplais ce regard si fort, si persuasif, si froid. Etait-ce réellement moi, derrière ce parangon de fierté? C'était là ma meilleure arme contre les humains. Lentement, sans un mot, mes doigts appliquèrent un léger maquillage autours de mes yeux et puis, avec un semblant de gêne, ils camouflèrent le tatouage à mon poignet. Je levais à nouveau les yeux, observant mon reflet. J'y vis de la peur, pis que cela, j'y vis de la terreur. La terreur de me retrouver dans une chambre dénuée de vie, un humain maître de mon corps qui m'injectait des nanoparticules afin d'éliminer toute mémoire résiduelle. J'eu l'impression de ressentir la piqure contre ma peau. Et la terreur se transforma en haine absolue. Jamais. Jamais, jamais je ne laisserais les hommes me réduire en esclavage. Je resterais qui j'étais et je rirais du monde entier. Une androïde parmi les mortels. Une brebis qui se joue des loups. Oui, je jouais à un jeu dangereux, très dangereux, mais je ne regrettais pas une seule seconde.

Lentement, je me redressais, quittant mon reflet des yeux. Je passais une robe d'un blanc immaculé et ceignais ma taille d'une ceinture de perles et d'argent. A mes poignets j'amoncelais les bijoux d'argent, mais laissais mon cou nu de tout artifice. Il fallait connaître la limite de l'excès. Mes pieds terminèrent dans des escarpins légers à la fine lanière qui dévoilaient plus qu'ils ne couvraient. J'étais fin prête, mes cheveux relevés permettaient de découvrir des fines boucles d'oreilles d'argent. Je savais me montrer sans pour autant aveugler. La femme de nos jours s'enroulait dans des étoffes plus voyantes les unes que les autres. Cela en devenait presque ridicule, je préférais la simplicité, cela était le meilleur moyen pour se faire remarquer comme j'aimais le faire. Sans un mot, je quittais la demeure de mon défunt époux et traversait les rues de notre Sainte Rome.

Un sénateur richissime et particulièrement fier de sa personne avait organisé une soirée où il avait convié bon nombre de ses collègue de travail. Je le connaissais depuis mon cinquième mandat et ayant repoussé ses avances à plus d'une fois, il n'avait pas baissé les bras, aussi m'invitait-il en ce soir. Peut-être voulait-il prouver son courage en m'abordant une fois de plus, au nez et à la barbe de sa femme. Et bien qu'il était très influent, je le repousserais encore. J'étais ambitieuse, mais faire un trop grand pas peut entrainer les glissades. J'aimais avancer à petits pas, être certaine du guêpier dans lequel je me fourrais. Peut-être était-ce là un trait caractéristique de mon créateur. J'arrivais donc aux Jardins Suspendus, réservés pour l'occasion. Il fallait dire que de jour l'endroit était absolument magnifique, mais de nuit, avec les lanternes et les draps blancs, il avait rendu ces lieux presque divins.

- Ceres! Vous êtes ravissante ce soir.

Un sourire gagna mes lèvres, me prenant au jeu. Qu'il était d'une stupidité exemplaire! Etait-il possible de ne serait-ce que penser dire "votre robe est affreuse et vous avez une mine atroce, très chère, entrez!". Il était évident que toutes les femmes présentes en ce soir seraient ravissantes. Il m'accompagna, prenant l'un de mes bras dans le sien et me chuchota à l'oreille.

- Sénateur Populus est déjà ici. Il a apporté sa femme. Une vraie jument... J'ai appris que Sénateur Calvinus va enquêter lui-même sur le meurtre du Consul Bavius. Il paraitrait que c'est un homme du peuple qui aurait fait le coup. Oh, et dites à ma femme que sa robe est somptueuse, elle m'a couté une fortune.

Gardant un sourire réservé, je m'éloignais de ce pot-de-colle. Et comme si les Dieux étaient en ma défaveur, voilà que Madame arrivait, ouvrant ses bras comme si j'étais de sa famille. Après les viles mondanités si peu intéressantes, je ne tardais pas à contempler ce que le sénateur avait considéré comme valant une fortune.

- Vous avez là une robe... comment dirais-je, oh, il faut que je vous conseille un bien meilleur tailleur, elle ne vous met pas assez en valeur. Et je vous assure que ses prix restent... modérés, quoi que supérieur à la moyenne.

Voilà les mondanités avaient été terminées, je m'enfonçais dans la foule, une coupe à la main. J'entendis des bribes de conversations, plus ou moins intéressantes. Finalement, je pris un siège, non loin d'une estrade. L'on avait invité quelques artistes pour faire oublier à quel point une soirée pouvait être longue. Portant le verre à mes lèvres, je n'attendais plus qu'une chose. Qu'on me divertisse.
Dernière édition par Sibylla Atilius le 23 Août 2012, 08:23, édité 1 fois.
Image
Avatar du romain
Sibylla Atilius
Joueur absent
 
Messages: 354
Inscription: 19 Août 2012, 10:42
Prénom: Sibylla
Nom de famille: Atilius
Surnom: Ceres
Compte principal: Oui

Re: [E2] La Cigale et la Fourmi [Livia]

Messagepar Livia Caelius le 21 Août 2012, 21:41

Quelque jour auparavant, alors que je m'exerçais, j'eux la surprenante visite d'un homme de noble rang venant quérir mes services. Il avait besoin de quelque artiste reconnu pour animer sa soirée où bons nombres d'invités étaient des gens importants et influents. Bien que l'idée de me trouver au milieu des loups me terrifiait quelque peu, j'avais su garder mon sourire acceptant la demande, non sans remarquer l'insistance avec laquelle cet homme me regardait. Autant vous dire que sa façon de m'observer n'avait rien de bien chaste, d'ailleurs, il s'était essayé à quelque flatterie pensant que j'allais succomber ou peut-être en espérant que j'étais comme ma génitrice, à ouvrir mes jambes face à un homme de bonne condition. Cela était mal me connaître, je n'étais aucunement comme, c'était un exemple à ne suivre aucunement. J'ai été dans la bienveillance et la tendresse d'une androïde qui m'appris bien des choses. Certes, c'était son devoir de le faire, mais je m'étais toujours rêvé à penser qu'au fond d'elle, elle m'aimait, qu'elle ressentait la tendresse d'une mère à mon égard. Peut-être me trompais-je, mais, à plusieurs reprises je crus remarquer une certaine lueur dans son regard.

J'avais su comment détourner les intentions perverses de cet homme en le faisant rire, d'ailleurs j'avais l'horrible sensation que son ventre allait exploser à chaque fois qu'il s'esclaffait, ne parlons pas de sa respiration qui lui manquait parfois. J'aurais pu être compatissante envers son état de santé plutôt précaire, mais le fait d'avoir sous-entendu que je pourrais lui être plus utile qu'une artiste, m'avait désappointé. Je ne disais rien, mais au fond de moi, la colère naissait. Je suis peut-être une adepte de Vénus, mais je la prie pour l'art et non la luxure.

Voilà un petit résumé de mon entrevue avec cet homme. Me voici derrière l'estrade à attendre qu'il me présente à ces invités pour que je débute mon petit concert. J'avais cherché la chanson adéquate pour la chanter et répété minutieusement. Pour cette soirée en haut lieu, j'avais choisi une tenue bleue mettant en valeur mes courbes ainsi que la couleur de mes yeux. Ma coiffure se résumait à une queue de cheval sophistiqué ondulant le long de mon dos, quelque bracelet discret et des boucles d'oreilles. Mon surnom Sirena ne valorisait pas seulement ma voix, mais également ma beauté. Deux atouts de par un seul surnom, judicieux pour l'artiste qui m'avait baptisé, très judicieux même.

Comme avant chaque entrée en scène, j'avais un peu le trac que je tentais de contrôler. Jetant un coup d’œil au musicien qui accordait leurs instruments sur la scène tout aussi nerveux que moi et pourtant pour faire bonne figure, ils faisaient fie de cela. Prenant quelque respiration, je me calmais peu à peu tout en regardant l'organisateur de la soirée monter sur scène.

- Mes chers amis, tout d'abord, je vous remercie d'avoir répondu favorablement à mon invitation. Qui dit soirée, dit bien évidemment musique. Pour vous, j'ai fait appeler une perle des océans que Santorius, un musicien réputé a baptisé Sirena. Veuillez accueillir chaleureusement Livia Caelius.

Avec grâce, je montais sur scène avec l'aide de l'hôte de la soirée qui me tendait la main. Regardant mon public, un sourire se dessina sur mes lèvres, intérieurement je priais Vénus pour que tout se déroule à merveille et que ma prestation plaise. C'était peut-être l'une de mes peurs, que ma voix ne plaise plus et que ma voix disparaisse à jamais. C'était pour cela que je me renouvelais toujours, que j'améliorais mon art et ne restait pas toujours sur la même chose. Je donnais des airs oubliés qui s'harmonisait avec celle que nous connaissions tous.

- Merci pour votre accueil mesdames et messieurs.

J'accorde un regard aux musiciens qui se mettent doucement à jouer. Balayant la salle du regard, je me mis alors à chanter y mettant le cœur à l'ouvrage. Dès que je chantais, mes yeux brillaient d'une lueur profonde et indescriptible, cependant on pouvait y lire parfaitement l'amour que je portais à cet art. Chaque musique devait être interprétée de différentes façons. Je n'allais pas y mettre de la joie si les paroles étaient tristes.

Ma chanson de ce soir exprimait mystère, l'appel d'une nymphe cherchant l'amour qu'elle a perdu. Elle mélangeait détresse, amour et passion. Une certitude que son amoureux l'entendrait même dans la mort.

J'espérais que mon public soit réceptif à ma chanson. Chanson dédiait non seulement à Vénus, mais aussi à mon Azura qui m'accompagnait absolument partout même si elle a été brisée par mon odieuse génitrice de laquelle je n'entendais plus parler depuis que mon père l'a jeté dehors. Ce fut une bonne chose, car désormais, il était libre et il ne passait plus pour un homme de qui l'on se moque par derrière. J'aimais mon père malgré son air autoritaire, dure et sans cœur. Il avait beau être froid, mais il se souciait grandement de moi, c'était le genre à prendre soin des autres dans l'ombre. D'ailleurs, je me demande s'il n'a pas ressenti un sentiment quelconque envers Azura, son regard semblait se radoucir à chaque fois qu'il prononçait son nom.

Mon regard croisa celle d'une femme sublime empli de grâce et d'une présence si grande qu'elle captivait nombre de regard. Chantant, je lui souriais continuant avec amour aidé par les musiciens grâce à qui je poussais la bonne note.
Avatar du romain
Livia Caelius
Joueur absent
 
Messages: 474
Inscription: 18 Août 2012, 19:03
Prénom: Livia
Nom de famille: Caelius
Surnom: Sirena
Compte principal: Oui

Re: [E2] La Cigale et la Fourmi [Livia]

Messagepar Sibylla Atilius le 22 Août 2012, 04:09

- Mes chers amis, tout d'abord, je vous remercie d'avoir répondu favorablement à mon invitation. Qui dit soirée, dit bien évidemment musique. Pour vous, j'ai fait appeler une perle des océans que Santorius, un musicien réputé a baptisé Sirena. Veuillez accueillir chaleureusement Livia Caelius.

Santorius? Oui, il était renommé et il connaissait non seulement son art, mais également sa valeur. Alors pour que ce dernier donne un surnom d'une telle envergure à une jeune femme, c'était qu'elle valait son surnom. J'applaudis donc, me joignant au reste des invités qui se rapprochaient de la scène, prenant un siège. Et Sirena grimpa les marches. Cette chanteuse était magnifique, elle savait parfaitement se mettre en valeur, sa robe était simple, mais comme je l'avais déjà dit, je préférais la simplicité à l'excès de voyeurisme. Elle avait un cou gracile, un corps fin, elle n'avait rien à voir avec les cantatrices qui préféraient une large cage thoracique et une voix de ténor.

Et son chant débuta. Immédiatement, il mesmérisa l'audience, la jeune femme avait une voix absolument magnifique. J'avais les programme pour observer et comprendre la beauté, mais cela était encore pour moi difficile de ressentir quelque chose qui n'était pas palpable. Son regard croisa le mien, elle semblait y mettre du coeur, sa voix cristalline portait loin dans le calme ciel nocturne. Et son chant termina en apothéose, les hommes et les femmes présents à cette réception l'acclamèrent de vive voix, redemandant une autre chanson. Je les rejoignais dans leur geste, applaudissant la chanteuse.

Sa voix avait été parfaite pour l'occasion et les Jardins Suspendus s'étaient montré le lieu idéal. Ah, notre Sénateur savait émerveiller ses supporters, dirait-on, il savait au moins ce qui leurs plaisaient. Je croisais le regard de son épouse et lui sourit. Demain, elle irait s'offrir avec l'argent de son mari, une robe encore plus chère que cela en friserait l'indécence. Que le sénateur s'occupe de sa femme et de son argent, cela me laissait le champ libre au Sénat pour grimper encore une ou deux marches. En parlant du sénateur, il monta sur scène à nouveau, affirmant que la belle Sirena, si elle le désirait, chanterait de nouveau, un peu plus tard dans la soirée, mais avant cela, d'autres artistes désiraient briller.

Toute l'assistance, moi y compris applaudirent de nouveau la chanteuse. Voyant de libidineux personnages zoomant sur l"artiste, d'autres se frayant un passage vers mon siège, je me levais et prestement, coupe toujours à la main, je me dirigeais vers la susnommée Sirena. Elle était réellement une belle jeune femme, une taille longiligne, mais avec ce qu'il fallait où il fallait. Ses yeux étaient magnifiques, il n'y avait pas à dire. A croire que nos créateurs appréciaient le même genre de création, création humaine ou synthétique. Je me pris à sourire sincèrement, me rappelant à quel point mon créateur avait été ingénieux, quoi que horriblement pervers.

- Je tenais à vous féliciter de vive voix, Maestra Sirena. Mais dirigeons-nous vers des sièges plus tranquilles, des gorgones s'approchent.

J'indiquais discrètement les hommes qui malgré le fait de rester silencieux, avaient la bave aux lèvres. Leurs intentions ne faisaient aucun doute. Je l'invitais à fendre la foule, pour nous tenir un peu à l'écart du brouhaha. Un androïde dans un uniforme sobre, le regard vidé de toute émotion passa devant nous et nous invita à choisir une coupe de son plateau. J'y déposais la mienne vide et en reprenait une autre emplie d'un liquide aqueux et incolore. Très probablement de l'eau. Je pris place dans un fauteuil et invitais la jeune femme à faire de même.

- Vénus vous a offert un cadeau des plus divins et vous savez parfaitement l'embelir. Pardonnez mon émotion, je suis la Sénatrice Atilius.

Ah que j'aimais prononcer ce mot... "Sénatrice", pour moi, cela valait tout l'or du monde. Jamais on ne remettrait mon mode de fabrication avec ce titre. Et puis, cela me donnait un pouvoir que bien peu avait dans ce bas monde. Mais la personne à l'honneur n'était pas moi, c'était cette chanteuse féerique. Il convenait donc de lui donner sa gloire. Commençons par les questions candides.

- Avez-vous chanté toute votre vie, Maestra?
Image
Avatar du romain
Sibylla Atilius
Joueur absent
 
Messages: 354
Inscription: 19 Août 2012, 10:42
Prénom: Sibylla
Nom de famille: Atilius
Surnom: Ceres
Compte principal: Oui

Re: [E2] La Cigale et la Fourmi [Livia]

Messagepar Livia Caelius le 22 Août 2012, 18:20

Mon chant fut acclamé par les invités du sénateur. Un sourire dessina mon visage et une révérence gracieuse pour les remercier. D'un geste de la main, je présentais les musiciens sans qui je n'aurais pas pu donner une aussi belle prestation qui fut aussi bien accueillie par le public. Contrairement à certain artiste, je ne me pensais pas supérieur, ni meilleur que les autres.

Le Sénateur prit ma main pour y déposer un baiser léger prenant ces airs de gentleman, alors que le jour où il était venu quérir mes services, il s'était conduit comme un parfait rustre. Mais, je me devais de jouer le jeu, souriant à cet homme qui n'avait aucunement ma confiance et d'un hochement de tête, je promis de revenir leur chanter une nouvelle chanson accompagnée par mes talentueux musiciens. Continuant d'arborer son rôle de parfait hôte gentleman, le Sénateur m'aida à descendre les marches. Je gardais mon sourire face à l'assistance remarquant que des hommes se dirigeaient vers moi, une lueur semblable à celle que le Sénateur a eu à mon égard. Je songeais en cet instant que j'avais grandement besoin d'un garde du corps, ne sait-on jamais ce qui pouvait arriver. Bien sûr, je pouvais parfaitement me défendre, mais je n'étais pas infaillible.

- Je tenais à vous féliciter de vive voix, Maestra Sirena. Mais dirigeons-nous vers des sièges plus tranquilles, des gorgones s'approchent.

L'intervention de cette femme tomba à pique, c'est le moins que je pouvais dire. Je la suivais adoptant son pas gracieux et remarqua son air digne et fière, voilà une femme qui devait appartenir à la noblesse voir à un rang haut dans la hiérarchie de Rome.

Prenant une coupe d'eau bien fraîche, je croisais le regard de l'Androïde faisant la liaison avec celui de mon azura. Étrangement, au vu de mes nombreux souvenirs, je constatais que les yeux de ma nourrice avaient bien plus d'intensité et de profondeur que cela. Voilà une affaire à laquelle je devrais me vouer par la suite pour éclairer ma lanterne et nourrir une curiosité qui me rongeait depuis sa mort.

- Vénus vous a offert un cadeau des plus divins et vous savez parfaitement l'embelir. Pardonnez mon émotion, je suis la Sénatrice Atilius.

- C'est un honneur de rencontrer une aussi grande Dame et c'est d'autant plus d'honneur que de recevoir un compliment de votre part. J'ai entendu bien des choses sur vous et je constate qu'elles sont vraies. Belle et pleine de prestance, les femmes doivent envier votre beauté Dame Atilius.

Un sourire accompagna mes mots puis doucement, je portais la coupe à mes lèvres pour en boire l'eau claire et agréablement fraîche remarquant que derrière la Sénatrice se trouvait les hommes qui tantôt avaient accouru vers moi pour avoir l'occasion de converser voir même de me courtiser. J'en avais l'habitude, mais à force cela devient lassant surtout que je pouvais comprendre sans grand mal que leurs paroles n'étaient qu'une illusion face aux pensées aucunement chaste.

- Avez-vous chanté toute votre vie, Maestra?

- Depuis que je suis enfant, j'aime la musique, c'est un langage qui n'a aucune frontière. Mais j'apprécie toutes les autres formes d'arts qui existent dans notre belle cité.

Continuant de sourire, j'observais cette femme qui avait tout pour plaire. Sûr d'elle, charismatique, resplendissant, gracieuse. Tant de qualité que cela paraît étrange, on pouvait aisément la confondre avec une androïde tout comme on le faisait avec moi.

- Il est bon de voir qu'une femme n'a pas froid aux yeux. Un dauphin au milieu des requins.
Avatar du romain
Livia Caelius
Joueur absent
 
Messages: 474
Inscription: 18 Août 2012, 19:03
Prénom: Livia
Nom de famille: Caelius
Surnom: Sirena
Compte principal: Oui

Re: [E2] La Cigale, la Fourmi et le Renard

Messagepar Tiberius le 23 Août 2012, 11:22

J’avais appris la présence de Sirena à cette réception une demie heure avant d’avoir décliné l’invitation du sénateur. Cela avait d'ailleurs étonné la prêtresse avec laquelle j'en discutai que je refuse d'y participer. Elle savait combien j’aimais la voix de cette chanteuse. Je lui fis un clin d’oeil en guise de réponse. Je voulais le beurre et l'argent du beurre, comme toujours. Je voulais écouter sans participer.

Quelques nuits plus tard, la réception commençait. Je détestai ces mondanités. Je déclarai m’y sentir étranger, mais quelque part, je savais que je détestais ces sénateurs et ces nobles parce qu’ils me ressemblaient. On ne déteste jamais autant une personne que celle qui a les mêmes défauts que nous. Allongé sur un banc, j’entendais quelques bribes de conversation. Sous le feuillage d’un arbre, je jouai à cache-cache avec les étoiles et attendait avec impatience qu'elle commence à chanter.

J’étais entré dans les jardins suspendus une heure avant qu’ils ne soient fermés. Je détestai cet abus. Le sénateur se avait fait fermer les jardins suspendus pour organiser sa réception. Rien que pour cela, j’aurais aimé jouer les troubles fêtes dans cette soirée. Mais, par les seins de Venus, Sirena avait une telle voix que j’étais prêt à bien des sacrifices pour l’écouter. Des gardes m’avaient trouvé, sur ce banc. Une rangée de cyprès me cachait de la cérémonie. Il m’avait averti que les jardins seraient fermés en raison de la réception, mais mon statut s’accompagnait de quelques privilèges. Les gardes ne m’avaient pas demandé de partir. Je les avais remercié de ce message et ils étaient partis.

Et puis vint le moment tant attendu. Quelle chance, les sénateurs respectaient le don de cette chanteuse et le silence se fit. À la première note, des frissons parcoururent mon bras. Un battement de cil plus tard, sa voix s’éleva. un souffle et mon corps entier frissonna cette fois. Alors mes yeux devint noir de jais. Venus m’a fait le plus beau des cadeaux. Je suis capable de voir les champs d’Orgone. Ces volutes s’échappent des humains quand ils offrent du plaisir. L’arbre étincella d’une myriade de couleurs en écho à la voix sublime de Sirena. J’observais ces farandoles dans une parfaite immobilité. Chacun des poils de mon corps se dressait sous l’émotion. Je sentis sa voix me parcourir, me traverser, me transporter loin de Rome. Je ne pensai plus du tout aux maux de la cité. Sa voix marquait une pause dans le temps romain. Tant que de telles artistes existeront, je ne douterai pas de l’existence de nos âmes comme de nos dieux. Les torches dansaient et se reflètaient sur le drap tendu au dessus de la scène. J’y lisai chacune des notes de musique. J’avais l’impression d’être dans un autre univers. J’oubliai mon corps, la musique touchait mon âme. Les bonnes choses ont toujours une fin et la voix disparut lentement pour laisser place aux applaudissements. Immobile, allongé sur mon banc, je n’applaudis pas. Figé j’observais les étoiles derrière l’arbre, espérant qu’un écho parviennent, qu’une note, qu’une syllabe revienne à moi.

Finalement, je m’assis, dos au cyprès, dos à la réception. J’allais quitter les jardins aussi discrètement que j’étais arrivé quand j’entendis le sénateur affirmé que Livia allait chanter à nouveau.

Merci Venus...

Je revins sur ma décision de partir et attendit impatiemment. Je marmonnai une prière pour remercier Venus de me permettre d’écouter ces chants quand j’entendis deux voix s'approcher. Elles étaient bien différentes l'une de l'autre malgré leur douce féminité commune. Sirena et une sénatrice se trouvait derrière moi. J’écoutai leur conversation tel un gamin caché sous la table de la salle à manger. Bien entendu la sénatrice la complimentait, se voulait pleine de louanges et d’éloges. Comment savoir si c’était vrai ou non ? Un point pour la sénatrice, elle complimentait la chanteuse à l’écart de la foule. elle ne faisait donc pas cela pour donner l’illusion d’aimer l’art. Quant à la chanteuse, sa voix naturelle avait une douceur rare. L’émotion me reprit. Alors, je me levai. Je fis le tour des cyprès. Un guéridon présentant quelques amuse-bouches marquait la frontière entre la réception et le restant des jardins suspendus. Je croquait un quartier d’orange et prit le plateau dans ma main, tout en me faufilant entre les cyprès et le présentoir. Ce soir, je serai un serveur pique-assiettes. Je gagnai ainsi la réception que je craignai. Mais je ne pouvais réfréner le désir de connaître cette chanteuse. Je n’avais pas besoin de cet artifice, mon rang m’ouvrait bien des portes. Mais c’était plus drôle, ainsi.

Je m’approchai d’elles, l’index sur ma bouche. Toujours désinvolte, toujours enfant, je souriais.

-- Savez vous garder un secret ? Celui de ma présence en ces lieux ? Ma voix se faisait discrète, complice.

Je me plaçai entre elles et le reste de la réception. J’étais dos à la foule pour que personne n'entraperçoive mon visage.

-- Tenez, faîtes semblant de vous servir ! L'orange est délicieuse. Excusez cette mascarade ! La sénatrice Atilius sait combien je n’aime pas ce type de réception. Mais, Livia, je ne pouvais réfréner le désir de rencontrer une artiste telle que vous. Allez, allez, servez-vous !

Bien sûr, ma route m'avait déjà fait croiser la Sénatrice, mais nous ne nous connaissions pas plus, au delà de quelques salutations courtoises.

Déroutant, j’aimais l’être. Séducteur, j’adorais l’être. Hors-sujet, je me le montrais toujours. J’étais convaincu que c’était en déroutant mes interlocuteurs que je découvrai leur véritable nature.
Avatar du romain
Tiberius
Humains
 
Messages: 606
Inscription: 25 Juillet 2012, 00:15
Prénom: Tiberius
Nom de famille: Scribonius
Surnom: Festus
Compte principal: Oui

Re: [E2] La Cigale, la Fourmi et le Renard

Messagepar Sibylla Atilius le 23 Août 2012, 17:45

- C'est un honneur de rencontrer une aussi grande Dame et c'est d'autant plus d'honneur que de recevoir un compliment de votre part. J'ai entendu bien des choses sur vous et je constate qu'elles sont vraies. Belle et pleine de prestance, les femmes doivent envier votre beauté Dame Atilius.

Je me laissais sourire poliment, inclinant très légèrement la tête. Cela sera ma seule réponse et elle resterait silencieuse. Oui, beaucoup de femmes enviaient mon corps, mon créateur avait su me modeler à la perfection. Mais le plus impressionnant était qu'il m'avait doté de la grâce des humaines, tant et si bien que je trouvais ma technologie bien plus perfectionnée que la génétique. L'humaine en face de moi était absolument magnifique, le temps avait fait son oeuvre et il l'avait modelé avec délicatesse, mais j'avais été créée par des mains humaines, comme quoi, j'appréciais bien plus la beauté mécanique que celle naturelle. Je m'enfonçais dans les coussins, portant moi aussi la coupe à mes lèvres. Mon odorat m'indiqua que ce n'était pas de l'eau. Ah encore un horrible breuvage humain qui enivrait les sens et qui allait envahir mon organisme synthétique. J'allais avoir bien du mal à évacuer tout cela, mais tant pis, cela faisait partie du jeu. Mes lèvres trempèrent dans le liquide et j'en avalais une petite gorgée. Puis je posais une question qui la mettrait en valeur, car cela devait être son soir, et non le mien. Elle répondit qu'elle chantait depuis toujours et qu'elle appréciait l'art à sa juste valeur. Une fidèle adepte de Vénus. Je préférais les arts visuels, plus facile à comprendre à mon humble avis, mais le chant, la danse, la musique, je commençais, après toutes mes années à percevoir la beauté, même si elle était invisible. J'inclinais de nouveau la tête, affirmant que j'avais non seulement entendu ses paroles, mais que j'approuvais ses dires. Et puis, elle m'étonna des mots qui suivirent, mais ce fut un sourire qui ceignit mes lèvres. Un dauphin parmi les requins.

- C'est là notre meilleure arme. Les hommes peuvent se montrer rustres, violents. Pour nous protéger, nous devons leur prouver que nous pouvons nous aussi être fortes. Minerve en est la preuve suprême. La rose a su se parer d'épines, et quand un homme veut la cueillir, il se blesse les doigts.

Un nouvel artiste grimpait sur l'estrade et j'en profitais pour applaudir poliment, l'encourageant, comme tous les invités présent, et voilà qu'arriva une tête connue, un plateau à la main et les traits digne d'un enfant espiègle sur le visage. Je n'ouvrit pas la bouche, mais mes lèvres s'étirèrent en un sourire tout aussi amusé.

-- Tenez, faîtes semblant de vous servir ! L'orange est délicieuse. Excusez cette mascarade ! La sénatrice Atilius sait combien je n’aime pas ce type de réception. Mais, Livia, je ne pouvais réfréner le désir de rencontrer une artiste telle que vous. Allez, allez, servez-vous !

Lentement ma tête s'inclina à l'appel de mon nom. Il était vrai que le Grand Prêtre de Venus était connu pour fuir les réceptions mondaines. Cela était assez contradictoire aux orgies qu'il proposait, mais je le comprenais. Les mondanités pouvaient épuiser à force de les répéter et de faire semblant d'y croire. Je tendis donc le bras attrapant un quartier d'orange, comme proposé. Cela m'aidera à éliminer l'alcool presque imbuvable que contenait ma coupe. Gardant les yeux sur Tiberius, je me demandais un instant ce qui arriverait si on découvrait sa présence ici? Ah qu'importe, la personne à l'honneur était la demoiselle à mes côtés. Je mordais lentement dans le quartier, avalant le jus sucré avant de reporter mon attention sur la chanteuse et reprenant la conversation comme si le serveur improvisé n'était jamais arrivé.

- Cela s'apprend et il suffit d'y croire. N'a-t-on pas dit un jour que "la beauté est dans l'oeil de celui qui regarde"? Peut-être que pour certains la beauté est tout autre. Demandez à notre... serveur, n'a-t'il pas braver les mondanités pour vous rencontrer?
Image
Avatar du romain
Sibylla Atilius
Joueur absent
 
Messages: 354
Inscription: 19 Août 2012, 10:42
Prénom: Sibylla
Nom de famille: Atilius
Surnom: Ceres
Compte principal: Oui

Re: [E2] La Cigale, la Fourmi et le Renard

Messagepar Livia Caelius le 23 Août 2012, 21:12

Comment aurais-je pu refuser l'invitation sans blesser dans sa fierté le sénateur ? De plus, je n'avais souhaité que son départ de ma demeure. Des propositions qui sous-entendaient bien plus qu'une simple chanson, une invitation à rejoindre sa couche. Comme si j'aurais pu permettre une telle chose. Me prenait-on vraiment pour une femme aussi facile que ne le fut ma génitrice ? Mon apparence accueillait-elle ce genre de conduite envers moi ? A moins que les hommes se pensaient tout puissant pensant que les femmes allaient dire oui à toutes le demande à cause de leur statut dans la société. Moi, j'étais bien différente que ces femmes. Si je me donnais, c'était entièrement, parce que j'aimais et que je voulais être aimé. Se donner pleine et entière étaient bien meilleure que de s'offrir par simple plaisir de jeu et de satisfaire une envie passagère.

De plus, les regards à l'encontre de la sénatrice et de moi-même ne prêtaient guère à des pensées chastes. N'y avait-il que la luxure qui comptait aux yeux des humains ? Avaient-ils oublié le bonheur d'un échange partagé, de sentiments s'enlacent et s'harmonisent pour créer la plus douce des mélodies pour Venus ? La Déesse n'était pas que luxure, elle était également amour, celui passionné et empli de douceur, de caresses et de poésie. Elle en rêvait comme la plupart des êtres humains. Mais à force de se croire proche des Dieux, les humains en oubliaient le plus important. Avidité, ambition, puissance, il n'y avait que ça qui compte et comptera toujours.

- C'est là notre meilleure arme. Les hommes peuvent se montrer rustres, violents. Pour nous protéger, nous devons leur prouver que nous pouvons nous aussi être fortes. Minerve en est la preuve suprême. La rose a su se parer d'épines, et quand un homme veut la cueillir, il se blesse les doigts.

J'accueillis ces paroles d'un sourire, emplie de sagesse et de vérité. Mais malheureusement, le point que je ne soulevais pas, c'était que parfois certaine femme ne montrait pas du tout leurs épines et se laissait facilement dominer. Est-ce mon cas ? Je l'ignore, peut-être, je n'ai pas vécu d'histoire assez importante pour répondre à cette question. Les hommes m'ont continuellement déçu, me trompant sans cesse. Je n'ai pas eu une multitude d'amant, j'ai eu comme bien des femmes deux ou trois histoires qu'à chaque fois je pensais sincère, mais au final, je me faisais berner et on me laissait tomber.

Sortant de ces pensées, je perçus un serveur du coin de l’œil qui se dirigeait vers nous.

-- Savez vous garder un secret ? Celui de ma présence en ces lieux ?

J'étouffais un rire en constatant que ce serveur n'était autre que le Grand Prêtre de Vénus. Celui-là même qui m'avait porté secours face aux propos peu convenable d'un homme et qui avait disparu sans même que je l'en remercie. J'avais bien tenté de le voir, mais il avait refusé mon invitation et aussi de me voir. C'était donc étrange de le croiser ici.

-- Tenez, faîtes semblant de vous servir ! L'orange est délicieuse. Excusez cette mascarade ! La sénatrice Atilius sait combien je n’aime pas ce type de réception. Mais, Livia, je ne pouvais réfréner le désir de rencontrer une artiste telle que vous. Allez, allez, servez-vous !

Suivant son conseil, je pris un quartier d'orange et le porta à ma bouche appréciant le goût divin du fruit. Ni trop acidulé ni trop sucré, parfait pour mon palais.

- Cela s'apprend et il suffit d'y croire. N'a-t-on pas dit un jour que "la beauté est dans l'oeil de celui qui regarde"? Peut-être que pour certains la beauté est tout autre. Demandez à notre... serveur, n'a-t'il pas braver les mondanités pour vous rencontrer?

La sénatrice continuait notre conversation comme si de rien était. Moi, je gardais le sourire amusé par l'attitude enfantine du prêtre.

- Certes, mais s'il voulait tant me rencontrer pourquoi n'a-t-il pas accepté de me voir quand je suis allée le rencontrer pour le remercier de son aide ?

Une petite allusion à l'histoire qui s'est passé, mais que je n'avais pas oubliée. Gardant le fil de la conversation, j'avais subtilement posé cette question à l'attention de ce dernier et je comptais bien avoir une réponse avant qu'un curieux ne découvre pourquoi un serveur s'attardait avec nous.
Avatar du romain
Livia Caelius
Joueur absent
 
Messages: 474
Inscription: 18 Août 2012, 19:03
Prénom: Livia
Nom de famille: Caelius
Surnom: Sirena
Compte principal: Oui

Re: [E2] La Cigale, la Fourmi et le Renard

Messagepar Tiberius le 24 Août 2012, 10:38

N'ayant pas pu entendre la question de Sirena, je ne compris pas ce dont on admirait la beauté. Discret, je ne le serai pas assez longtemps, mais j'aimais profondément ce petit jeu auquel elles participaient avec un intérêt que je devinais. Dame Atilius me nommait serveur et un sourire malicieux se dessina sur mon visage. Alors qu'elle croquait les délices de l'agrume, j'observai l'amoncellement de bijoux à son poignet. Il tintait légèrement en s'entrechoquant. Mais le carillon fut étouffé par la voix de Sirena, elle captiva toute mon attention. Leurs paroles ne s'adressaient pas directement à ma personne. Inhabitué à cela, je me sentis soudain dans la peau d'un androïde. On parlait en mon nom sans que j'ai mon mot à dire. La sensation fut aussi étrange que fugace. Une femme s'approcha de nous, dans notre dos. Je sentis son parfum si mal dosé qu'il en devenait oppressant.

-- Servez-moi encore de cette eau de vie !

Pour demander à combler leurs besoins, les humains savaient aboyer leurs ordres aux androïdes. Le ton n'était pas criard en respect à la bienséance, absolument pas en respect à l'androïde que j'incarnais. Plus que l'usage de l'indicatif, preuve résidait en l'absence de toute formule de politesse. J'avais remarqué le visage de Sibylla se déformer quand elle avait porté la coupe à ses lèvres. Je pris alors son verre et le tendit sans me tourner, sans savoir à qui je parlais.

-- Votre mari m'a fait part que votre parfum lui manquait.

Verre saisi, mains propres mais ongles abîmés, la beauté se fane sans la persévérance, ténacité et surtout constance quotidienne. Le verre étant un dû, sans remerciement, l'odeur étouffante du jasmin et de l'essence disparut au rythme de pas chancelant. Trop enivrée sans doute n'avait-elle pas tout compris. Mais mes spectatrices me faisaient face. J'aimais me donner en spectacle et m'avérai un brin plus égocentrique que Sibylla. Je souris à Sirena qui faisait allusion à un critique d'art ayant écrit un torchon sur elle. En place publique, je lui avais jeté une boule de papier au visage, sa soit-disante critique.

-- Peut-être que l'homme que vous vouliez remercier pensait n'avoir fait que son devoir et qu'il estimait ne mériter aucun remerciement. Je suis certain que si vous aviez souhaité une entrevue pour tout autre motif, il se serait fait une joie de vous recevoir. Et puis, Tiberius Festus aime qu'on bouscule son emploi du temps et les visites à l'improviste.

Après cette invitation officielle, mon regard se tourna vers Sibylla. Car je commençais à percuter le sens de ses premiers mots.

-- Dame Atilius, sauf le respect que doit tout androïde à une sénatrice, quand bien même la beauté se trouve dans l'oeil de celui qui regarde, ou l'oreille de celui qui prête attention à une divine Voix, nous savons tous combien la plus belle des critiques n'arrivent pas à la cheville de la plus petite création artistique. D'ailleurs, la définition même du mot Art est fausse. Art : Expression par des créations humaines d'un idéal esthétique.

Je faisais référence à l'encyclopédie dépourvue d'âme du scribe Itetus.

-- Si mon maître m'ordonnait de définir l'art, au minimum, j'apporterai une nuance sur l'adjectif de cette définition. Art : Expression par des créations non naturelles d'un idéal esthétique. Les dieux ne sont pas humains et sont capables de créer des oeuvres d'art. Je tournai la tête vers le temple de Venus construit par les Dieux. Et les androïdes en sont tout aussi capables quand on accepte d'observer son environnement. Dans le fond, la beauté réside aussi dans le regard de celui qui observe par delà les oeillères qu'on nous oblige à porter.

L'emphase marquait mon changement d'opinion et mon adhésion aux propos de la sénatrice. J'étais à mille lieux de savoir que je m'adressai à une androïde. Je ne faisais pas référence à l'art avec lequel elle s'habillait, je faisais référence aux jardins suspendus dont les plans n'avaient jamais été dessinés par un être humain. Mettius cachait cette information et quand j'avais voulu la révéler, il avait su me botter le cul comme il se doit. Apparemment, il n'avait pas dû frapper assez fort. À moins que je ne sois maso.
Avatar du romain
Tiberius
Humains
 
Messages: 606
Inscription: 25 Juillet 2012, 00:15
Prénom: Tiberius
Nom de famille: Scribonius
Surnom: Festus
Compte principal: Oui

Re: [E2] La Cigale, la Fourmi et le Renard

Messagepar Sibylla Atilius le 24 Août 2012, 12:17

Les hommes étaient devenus des vauriens, des êtres de chair qui tentaient désespérément de s'approprier le corps d'une femme. Les libidineux personnages trainaient toujours autour de nous, leur regard pervers nous étudiant. Ils dardaient la beauté de la chanteuse et ils fixaient l'or à mes poignets. J'avais un rang, j'avais un nom, plus que mon corps ils s'en prendraient à mon titre et mon pouvoir de sénatrice, mais pire encore, pour être connue pour une voix d'ange, une voix, don des cieux, ils s'en prendraient à Livia, simplement pour pavaner devant leurs concurrent. "Hier dans ma couche s'est trouvé la Voix des Anges" et ils la rejetteraient sans la moindre culpabilité. Oui, je nourrissais une rancune contre les hommes et préféraient ne pas m'attacher. Ce sentiment d'amour, pour moi était encore étranger, ce n'était qu'en imitant les femmes qui m'entouraient que je commençais à comprendre ce que cela signifiait. Mon regard de glace se détacha des prédateurs pour revenir sur le Grand Prêtre devant nous, serviable.

Il me retira des doigts ma coupe qu'il offrit à une femme présumée invitée. Elle ne lui adressa aucun regard et Tiberius en fit de même et la passation de coupe fut sans aucune saveur, aucun remerciement, aucune politesse, juste un dédain froid et silencieux. Mes yeux s'attardèrent sur l'homme. Il avait parfaitement imité la méchanceté de cette femme sans la moindre once de pudeur. Puis les deux adeptes de Vénus se mirent à discuter d'un sujet qui ne me concernait pas le moins du monde, aussi gardais-je un sourire poli sur le visage, mais tournais le regard vers les invités, non loin de là. Ils avaient tous une raison pour être ici en ce soir, tout comme moi. Nous voulions nous faire bien voir de ce sénateur puissant, d'autres venaient trouver des adresses intéressantes, certains se mettaient à comploter, il n'y avait rien de mieux qu'un lieu public, cela effaçait tout soupçon. Quand mon nom se fit entendre, je reprenais subitement le fil de la conversation, n'ayant plus dans les mains que le quartier d'orange que je fis tourner dans mes mains.

Le mot "androïde" vrilla mes organes synthétiques, comme on essore du linge mouillé, fort heureusement ma condition me permit de garder un air détaché et inexpressif. Ce ne fut que quand il termina sa phrase que je soufflais et me détendis de nouveau. Il évoqua ce qu'était pour lui l'art, prétextant que tout le monde avait accès à l'art. Et quand il indiquait tout le monde, il voulait dire tout le monde : humain, androïde et même dieux. Je voulais approuver ses dires, j'en étais la preuve vivante, mais j'avais également un statut et une opinion à défendre et pour ma propre défense, je me devais de répondre.


- L'art est divin, cela est indéniable. Mais concernant les androïdes, si certains peuvent apprécier l'art, c'est qu'ils ont reçu des programmes, implantés dans leur esprit, avec certaines mesures, certaines oeillières, comme vous l'avez décrit. Ils ne sont pas capables d'évaluer par eux-mêmes une forme d'art. Cela rentre tout simplement dans leurs paramètres et comme tout paramètres, ils ont des limites. Même s'ils ont des programmes évolutifs.

Ma voix était assurée, posée, calme. J'étais une prêcheuse de Minerve, je me devais à mon rôle. Mon regard prit l'intensité de mes paroles, mais il dévia rapidement sur la réception qui continuait. Une paire d'yeux croisa les miens. Senateur Gracchus. Il s'approcha. Mes pupilles firent un aller-retour entre le sénateur et le Grand Prêtre. Je me levais prestement, passais le serveur improvisé et attirait le sénateur qui s'approchait dans le sens inverse. Quelques mondanités échangées, quelques futilités évoquées et je le renvoyais vers ses pénates, loin du Prêtre de Venus. Je posais une main sur son épaule, tout en continuant d'avancer, signe que le danger était passé et je rejoignais mon siège ayant trouvé une coupe d'eau sur le plateau d'un androïde, véritable, celui-là, j'avais également terminé le quartier d'orange, abandonné dans un geste discret.
Image
Avatar du romain
Sibylla Atilius
Joueur absent
 
Messages: 354
Inscription: 19 Août 2012, 10:42
Prénom: Sibylla
Nom de famille: Atilius
Surnom: Ceres
Compte principal: Oui

Re: [E2] La Cigale, la Fourmi et le Renard

Messagepar Livia Caelius le 24 Août 2012, 14:44

-- Peut-être que l'homme que vous vouliez remercier pensait n'avoir fait que son devoir et qu'il estimait ne mériter aucun remerciement. Je suis certain que si vous aviez souhaité une entrevue pour tout autre motif, il se serait fait une joie de vous recevoir. Et puis, Tiberius Festus aime qu'on bouscule son emploi du temps et les visites à l'improviste.

Cette modeste réponse me fit sourire. Le prêtre de Vénus était un homme fort rafraîchissant et sa manière d'être était à la fois agréable et peu commune. Mon petit doigt me dit que ce comportement spécial lui valait parfois la colère de quelque personne. J'aimerais voir un visage se déformer face à la façon de faire de Tiberius, moi, il me faisait rire et cela me faisait oublier que j'étais la ligne de myrrhe des regards de quelque homme aux intentions peu conventionnelles. Mais les rêves sont permis et je ne vais pas leur en priver, par contre s'ils souhaitaient que cela arrive, alors dans ce cas, c'était un miracle que demandaient ces derniers.

Bien des rumeurs s'élevaient à Rome à propos de mes aventures. L'on me considérait comme une femme discrète qui n'étalait pas sa vie privée au grand jour, mais une autre rumeur circulait à mon intention. Elle disait que je ne connaissais que des amours tristes, ce qui n'était pas tout à fait faux. Mais c'est le lot de la plupart des artistes, certains avaient beaucoup d'amour à offrir, mais peu répondaient à cela. Je me contentais donc d'offrir cette amour à travers ma musique, au moins cela me donnait suffisamment d'inspiration pour créer de nouvelles mélodies, mais une fois seule, on se perdait facilement dans les méandres d'un coeur meurtris et en mal d'amour.

- Dans ce cas, j'irais voir le prêtre de Vénus et bousculer son emploi du temps en conversant avec lui de la beauté de l'art, voir même chanter pour lui en privée. Il le mérite bien.

La conversation qui s'en suivi souleva un point intéressant à laquelle je prêtais une oreille attentive. Il est vrai que certains androïde étaient prédisposés à aimer l'art plus que d'autre selon la manière dont ils ont été crée, mais leur regard vide d'émotion ne nous permettaient de savoir s'ils appréciaient une musique ou une peinture comme un artiste ou bien un admirateur d'art l'exprimait. Moi, je ne pouvais m'empêcher de penser à azura et de sa manière à être à mon écoute lorsque je chantonnais dans mon coin tout en lisant, en brodant ou bien à m'occuper des fleurs du jardin de mon père. Cette lueur, elle ne me quittait jamais et je n'arrivais pas à définir ce qu'elle signifiait.

La sénatrice finit par se lever pour rejoindre une personne qui venait dans notre direction, afin de cacher l'identité du serveur, elle préféra parler avec l'homme dans un coin un plus loin que le nôtre. Je pris un autre fruit pour ne pas que la présence de ce serviteur spécial paraisse étrange.

- L'on m'avait raconté nombre de chose sur le prêtre de Vénus et j'avoue que j'étais impatiente de le rencontrer sa façon d'être est vraiment agréable, très enfantine, cela en est touchant.

Portant le quartier d'orange à ma bouche, j'appréciais pleinement le goût quelque peu sucré du fruit. Remarquant que la sénatrice revenait, mais le Sénateur me fit un signe pour le rejoindre.

- Veuillez m'excuser....

J'offris ma coupe à notre serviteur particulier rejoignant d'un pas lent et plein de grâce hochant la tête face à sa demande. Montant sur scène avec moi, il se mit devant l'assemblée.

- Mes chers amis à votre demande, la ravissante Sirena va nous offrir un nouveau chant pour notre plus grand plaisir.

Les applaudissements fusèrent de toute part, j'avançais quelque peu remerciant mon hôte de la soirée faisant face au public.

- Il y a quelque année, bien avant que je ne porte le nom d'artiste de Sirena. L'honorable Santorius m'a donné un défi. Il consistait à montrer à quel point ce fut dur à Ulysse de rester attaché au mât de son bateau, alors que les sirènes ne cessaient de l'attirer de leur chant. Santorius m'a également appris qu'un chant ce n'est pas seulement des paroles ou encore une mélodie parfaitement interprété, mais c'est une émotion que l'on veut faire partager à son public. Un artiste sans émotion ni passion ne peut dire aisément qu'il est le meilleur.

D'un signe de tête envers les musiciens, ces derniers se préparaient à jouer connaissant la mélodie à jouer. Lentement, ma voix s'éleva dans les jardins émettant un chant sans aucun mot, mais mes sentiments étaient palpables et l'assemblée se laissait bercer par la mélodie enchanteresse qui avait su arracher une larme à l'éminent Santorius. Mon regard se posa sur la sénatrice puis sur le prêtre de Vénus espérant qu'ils appréciaient mon chant.

Tout en douceur, les musiciens me suivaient dans cet océan de notes et de voix mélangeaient se mariant et s'harmonisant avec beauté. Je ne chantais pas seulement pour les gens présents ici, mais également pour Vénus qui m'a fait don de cette voix, pour mon Azura et également pour mon père qui n'avait pas désiré m'accompagnait. J'eus une pensée pour celui qui m'a ouvert les portes de son monde lorsqu'il me prit sous sa protection et m'a offert ce nom de Sirena me faisant renaitre dans les écumes qui où a vu le jour notre déesse bien-aimée.
Avatar du romain
Livia Caelius
Joueur absent
 
Messages: 474
Inscription: 18 Août 2012, 19:03
Prénom: Livia
Nom de famille: Caelius
Surnom: Sirena
Compte principal: Oui

Suivante

Retourner vers Épisode Deux : Les festivités



Qui est à Rome ?

Romains parcourant ce forum: Aucun romain en ville et 2 touristes

cron