[E2] La Cigale, la Fourmi et le Renard

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Re: [E2] La Cigale, la Fourmi et le Renard

Messagepar Tiberius le 26 Août 2012, 20:22

Je prenais un quartier d'orange et m'apprêtais à le porter à ma bouche quand j'entendis l'avis de Sibylla sur les androïdes. Je me ravisai. Mon bras redescendit le long de mon corps, attristé que la sénatrice porte de telles œillères. Je ne répondis pas à sa phrase, espérant simplement qu'un jour elle ouvrirait les yeux. Il n'existait pas pire aveugle que celui qui ne voulait pas voir. Seulement, ironie du sort, de nous trois, j'étais le plus aveugle, incapable d'ouvrir les yeux sur la véritable nature de Sibylla et de remarquer qu'elle me mentait totalement.

Notre pause allait être de courte durée, un homme s'approchait, un sénateur et j'allais devoir m'éclipser. Encore une fois, c'était sans compter Sibylla qui se leva et attira l'homme à elle avec une simplicité enfantine. Ma discussion continua en tête à tête avec Livia qui trouvait le grand-prêtre agréable et enfantin au point d'en être touchant.

Les enfants turbulents sont ceux qui s'ennuient. lui répondis-je.



Sibylla revint vers moi et m'informa que ma couverture n'était pas compromise d'un simple geste sur l'épaule. Sirena nous quitta aussitôt, elle retournait déjà sur l'estrade chanter pour notre plus grand plaisir. Comme tout à l'heure, la musique m'envahit. Comme tout à l'heure, cette mélodie me berçait, s'imprégnait en moi et mon corps frissonna. Le monde autour de moi était occulté, je n'en voyais plus, n'en entendais pas plus. C'est seulement quand la chanson prit fin que je remarquai ce soldat qui me montrait discrètement du doigt. Son acolyte me regardait aussi et l'androïde qui était avec eux, telle la poupée, faisait non non non...

Je ne savais pas lire sur les lèvres, mais je devinai sans difficulté qu'il leur infirmait me connaître.

-- Je crois qu'il est l'heure pour Cendrillon de s'effacer. Sibylla mes hommages... Un dernier baise-main par galanterie, politesse, le tout saupoudré d'un brin de séduction
-- Hep toi l'androïde là !
-- Et saluez Sirena de ma part, s'il-vous-plaît !

Déjà, je m'élançai vers le guéridon, l'enjambai d'un saut alors que deux gardes se jetaient à mes trousses accompagnés de deux androïdes. Je courais, serpentais dans ce labyrinthe que je connaissais par coeur. Les lieux étaient déserts, réservés pour le sénateur. Je cherchai une sortie assez discrète, qui par chance ne serait garder que par un homme. J'arrivai dans le dernier corridor de rosiers, je ne pris guère le temps d'admirer les pétales de rose car je fis vite face à deux gardiens remontant vers moi. A leur visage patibulaire, je comprenais qu'il n'était pas là pour taper la belote avec moi. Je bifurquai aussi à droite, et croisa une sénatrice en compagnie de son amant.

Tu n'aurais pas un peu grossi Solène ? je continuai sans m'attarder...

L'impasse que j'empruntai désormais menait vers le Tibre, j'enjambai le garde-fou et sautai. Les gardes arrivèrent à ma suite. Trop tard, je n'étais plus à portée de vue. Le Tibre était assez calme et ils rebroussèrent chemin me croyant loin. Ils pestèrent quelques instants, un sénateur vint demander des explications qui se résumèrent au fait qu'un instrus avait réussi à s'infiltrer et avait sauté dans le Tibre. Je n'avais pourtant pas plongé. J'étais seulement en dessous d'eux tenant tant bien que mal en équilibre sur un petit parapet.

J'attendis un peu et quand je fus assuré qu'il n'y avait plus personne au dessus de moi, je bougeai pour sortir de là. Un craquement m'avertit que mon idée était bancale...

-- Oups...

Un dernier craquement...
Un cri...
Plouf....
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Re: [E2] La Cigale, la Fourmi et le Renard

Messagepar Sibylla Atilius le 27 Août 2012, 08:49

Le bal était parfaitement bien mené, à peine étais-je revenue à mon siège que le sénateur qui avait organisé l'évènement demandait de nouveau Livia sur l'estrade. Pendant quelques instants, je gardais les yeux rivées sur la jeunesse qui allait chanter. Sa voix était indéniablement magnifique, féerique, presque éthérée et je me demandais si un créateur pouvait programmer une telle voix à un androïde ou bien si cela n'était que don des dieux? Discrètement, j'observais l'assistance qui parfaitement silencieuse vivait au rythme des fluctuations de cette voix. Beaucoup en avait presque la larme à l'oeil et je vis plusieurs, qui comme Ulysse et ses copatriotes firent un pas en direction de la sirène. Seuls les androïdes naviguaient entre les invités tentant de reprendre un verre vide ou de proposer un canapé. Tibérius semblait en faire de même, immobile, le visage tourné entièrement vers la scène. Tant et si bien qu'un garde rompu à l'exercice le repéra sans aucun doute possible. Mes yeux naviguèrent alors entre le Grand Prêtre de Venus et la sécurité du sénateur. Un sourire amusé parcourut mes lèvres. Mais je ne fis rien pour prévenir Tiberius. Le prévenir me compromettrait et je n'avais aucune intention à avouer ma nature synthétique. Je me replongeais donc dans les dernières notes du chant de la Maestra.

-- Je crois qu'il est l'heure pour Cendrillon de s'effacer. Sibylla mes hommages...

Il prit ma main vivement pour me rendre ses hommages et un sourire presque maternel couvrit mes traits et j'inclinais ma tête, respectueuse tout de même du Grand Prêtre.

-- Hep toi l'androïde là !

Je levais les yeux rapidement pour apercevoir le garde qui cavalait dans notre direction.

-- Et saluez Sirena de ma part, s'il-vous-plaît !

- Je n'y manquerais pas.

Un sénateur, peu rompu à la course à pied s'arrêta près de moi alors que le garde coursait Tibérius dans les Jardins.

- Il est... il est trop... rapide. Que voulait-il? Fouiner... encore. Ah... les Venusiens... aucune... bienséance, ils ne pensent qu'à leurs orgies... Cherchait-il des informations?

- Reprenez votre souffle, Sénateur Poplus, vous allez défaillir et nous avons une cession demain. Voudriez-vous que je vous ramène chez vous? Nous habitons à deux pas l'un de l'autre.

Ah, cela était à mourir de rire, ce vieux sénateur avait gambadé bien quatre ou cinq pas avant de devenir rouge comme une tomate. Il ne faisait pas bon d'être sénateur. Ah que je n'aimais pas ce genre de mise en scène. Le sénateur n'hésita pas le moins du monde à user de ma gentillesse polie. Je traversais donc la foule, lui à mon bras, fier comme un gardon d'avoir une cavalière qui ne ressemblait pas à un épouvantail mal fagoté. Passant non loin de Livia, je lui ajoutais un dernier compliment avant d'incliner la tête.

- Je me dois d'aider le Sénateur Poplus à retrouver le chemin de sa maison. Votre chant, encore une fois, pourrait assagir la pire des bêtes... Oh, et, il vous salue, ayant dû quitter l'endroit prestement. Bon soir, Maestra Sirena.
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Re: [E2] La Cigale, la Fourmi et le Renard

Messagepar Livia Caelius le 28 Août 2012, 20:18

Lorsque la Sénatrice prit congé après m'avoir passé le message du grand prêtre de Vénus. J'eus beaucoup de mal à me tracer un chemin au travers de la foule. Des hommes vinrent moi pensant que je pouvais répondre à leur demande. Croyaient-ils vraiment que j'allais succomber tout cela parce qu'ils étaient riches ? Non mais quelle plaisanterie absurde. Je n'aime pas que l'on me prenne pour une femme facile et pourtant malgré ma réputation honorable, les hommes ne cessaient de continuer à faire leur demande jour après jour. Les femmes me jalousaient ce qui n'était pas nouveau à vrai dire, mais certaine ne valait pas mieux que les loups affamés qui se donnaient le titre de Casanova. Cela m'exaspérait au plus haut point.

L'hôte de la soirée, cet homme des plus pervers qui pensait encore avoir sa chance me prit à l'écart des autres pour réitérer sa demande que je refusais tout bonnement. J'avais engagé pour la soirée un garde du corps qui ne me quittait pas des yeux, normal étant donné la somme que je lui payais, mais avec cette soirée, je m'étais décidée à prendre un androïde comme garde du corps, de plus ça me permettait d'en sortir un du marché de Spurius et l'empêchait également de tomber dans les fourberies et la perversité d'un maître ou d'une maîtresse. Je ne voulais pas que le drame d'Azura se perpétue, c'était un sort trop horrible et je n'arrive toujours pas à imaginer l'humiliation et la douleur qu'elle a due subir au main de ma détestable génitrice.

La soirée allant bon train, je pus néanmoins prendre congé et partir à mon tour. Mon devoir était fait, j'avais chanté pour amuser ces invités. A présent, je pouvais me détendre dans ma demeure comme il se devait. Adieux pour ce soir, les sourires hypocrites, les demandes persistantes de ces hommes, les regards des femmes jalouses et aussi la présence indésirable du sénateur.

Lorsque que je quittais le jardin en compagnie de mon garde du corps qui m'accompagna jusque chez moi, je lui donnais la somme que nous avions convenue et le laissa partir tandis que moi, je m'offris une fin de soirée dans les jardins avant d'aller rejoindre le monde des rêves et des mélodies à jamais perdues.


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