La forge tournait et rendait étouffante la chaleur de cette pièce. La large cheminée ne suffisait pas à évacuer la température. Maximus s'en doutait mais ne se rendait pas précisément compte combien cela pouvait être oppressant. Loin d'être inconscient à ces températures, il avait donc ouvert son étale sur la rue.
Le four avait été porté à haute température pour porter du métal à l'état liquide. Le précieux métal fondu coulait le long de la plaque de métal pour en combler chaque interstice. Une fumée noire s'échappait du moule quand il le referma. Le crépitement des charbons de bois dissimula les fluets pas de son esclave descendant les escaliers. Il poursuivit sa tâche et chassa tout excédent de métal. La prochaine étape; les finitions, affinera le métal pour le rendre souple comme un vêtement. Mais pour l'instant la pièce devait doucement descendre en température. Trop contraindre ce métal n'affaiblissait pas sa résistance, mais cela le rendait moins pur, moins brillant.
Puis il l'entendit annoncer qu'elle était prêtre. Il se retourna et la découvrit si triste et renfrognée qu'il ne remarqua pas que la robe était repassée et ses cheveux si bien coiffés. La discussion de ce matin ne pouvait l'aider à comprendre cette attitude. Il pensait avoir été clair, respectueux en refusant ses avances. Elle, elle se sentait vexée voire humiliée d'avoir été repoussée. Maximus était désemparé quand elle lui demanda si elle devait patienter ici ou retourner dans ses appartements. Elle craignait de le déranger. Non, elle avait été vexée. Maximus, loin de penser cela, cherchait à comprendre pourquoi elle avait le sentiment de déranger.
Le sentiment de déranger... Était-ce une erreur d'un programme d'analyse comportemental ? Peu de chance ! Maximus remarqua l'absence de sourire, l'attitude totalement différente de Vita. Comment réagir ? Il ne savait pas et cela avait peu d'importance. Son esprit était obnubilé par ce sentiment de déranger. Constatant l'attitude de l'androïde et habitué aux caprices d'une de ses aînées, il savait qu'attaquer de front n'était pas la meilleure solution.
Alors, il adopta une toute autre démarche. Sa puissante main se referma avec une infinie douceur sur celle de Vita.
Je t'en prie, reste, tu ne me déranges pas. Tient regarde !
Loin d'être idiot, il n'allait pas lui montrer comment il fabriquait une paire de menotte pour une androïde. Aussi subtil soit la finesse de ce bijou, sa fonction première était de contraindre une esclave androïde. Il continua son chemin et lui présenta un patron de tableau.
Ce soir je vais devoir fabriquer une armature pour un tableau. Si cela t'intéresse, je peux te montrer et tu pourrais m'assister.
Si elle acceptait, il lui montrerait combien il était ravi en l'embrassant sur la joue. Si elle refusait, il lui dirait qu'il le ferait seul, mais qu'elle ne devrait pas se gêner au cas où elle changeât d'avis. Mais au fond de lui, Maximus s'attendait à une réponse de normand. Comme il vous plaira, comme vous préférez.. Alors, il ne saurait pas cacher son embarras mais ne lui donnerait ni l'ordre de l'aider, ni l'ordre de prendre congé.
Quoi qu'il en soit, il monterait rapidement se laver le visage et les mains avant d'enfiler une toge pour se préparer pour faire les boutiques que Lucretia lui avait recommandées.