Maximus venait de dépenser une fortune pour un androïde. Cet achat n'avait pas du tout été prémédité, il s'agissait d'un achat compulsif dicté par la douleur et les promesses de Spurius. Il se demandait s'il avait bien fait et doutait sincèrement du sérieux de cet acquisition. Ses doutes illustraient combien les soins de Vita avait été prodigieux. Même si elles reviendraient vite, ses douleurs au dos avaient totalement disparu, il avait presque oublié l'intensité de ses souffrances.
En constatant les bienfaits que Vita lui avait procuré, la transaction avait été conclue entre Spurius et lui. Vita, androïde médical, se tenait désormais auprès de lui, acquise. Il la trouvait sublime et était gêné au point de ne pas oser la regarder. Il l'évitait et la route avait donc été assez silencieuse entre elle et lui. Insérant sa clef dans la serrure, il ouvrait la porte d'une modeste demeure en plein centre de Rome. La rue était particulièrement étroite, elle se trouvait entre deux avenues commerçante du marché. Il s'agissait de l'entrée arrière de sa boutique. En entrant chez lui, la vétusté des lieux était frappante. Maximus aimait la rigueur spartiate. Il avait appris à vivre avec peu de biens et ne dépensait jamais son argent inutilement. Même si sa rigueur n'avait pas résisté aux dons de l'androïde, il n'était pas dépensier. Consul lui apportait un salaire confortable, mais l'argent n'était pas la finalité de cet homme. La demeure semblait spartiate.
Je vous en prie... Entrez ! dit-il calmement.
Sa voix résonnait profondément dans les graves et lui apportait une assurance qu'il n'avait pas face à cette femme. Les androïdes qu'il possédait étaient tellement différents. Ils étaient fonctionnels avant tout, incapable d'émettre une opinion ou de tenir une discussion. On réalisait à leurs gestes mécaniques, à leur absence totale d'empathie qu'il s'agissait d'androïdes dont l'intelligence artificielle se limitait à la culture d'aliments.
L'intérieur de l'habitation avait été organisé pour être pratique, accessible. L'arrière de la boutique recelait un stock de matières premières nécessaires à la forge. Charbon de bois, plaque de métal, palettes de transport composaient l'étrange mobilier de cette pièce. Mais ce qu'on remarquait en premier en ce lieu était la chaleur qu'il y régnait. Même si la forge était au repos, elle dégageait une chaleur du charbon qui avait porté le fer au rouge durant la matinée. Il emmena son hôte à l'étage via un escalier particulièrement massif. Maximus pensait être poli en laissant monter Vita avant lui. Il fut rapidement mal à l'aise et tentait de regarder «ailleurs». Espérant que ce petit incident ne soit pas remarqué, il présenta maladroitement sa demeure. L'ordre, le rangement n'étaient pas à l'image de la mauvaise caricature du célibataire endurci. Au contraire, le lit, dans la petite chambre, était fait au carré. La cuisine était parfaitement rangée et tout semblait à sa place. Tout avait une place en réalité. La rigueur militaire de cet homme se retrouvait dans son rangement. Cela lui procurait un sentiment de stabilité.
Maximus baissa la tête pour passer la porte à la suite de Vita et entra dans la seule pièce de vie de la maison. C'était un salon qui s'étendait jusque sur une terrasse ensoleillée. Cette grande pièce donnait sur la place du marché et quand il ouvrit les volets en bois, une agréable lumière éclaira une étagère pleine de livres. Un fin courant d'air s'engouffrait du salon à la chambre et apportait une fraîcheur salvatrice.
Je n'ai pas l'habitude de recevoir, ni d'avoir d'androïde.
Sa voix ne tremblait pas. Chez lui, il se ressourçait. Cet appartement, au dessus de la forge était son havre de paix, un point de lecture, de recueillement à sa mesure.