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[E6] On joue à chat perché? [Calypso]

MessagePosté: 20 Février 2014, 11:38
par Nero
Je baille de tout mon être et mon bâillement se répercute sur les murs des lavoirs non loin de là. Aujourd'hui, il fait beau et chaud. Ou chaud et beau, c'est au choix. C'est un de mes jours de repos et étrangement, au lieu d'aller prier la Déesse vénérée en son temple, j'ai décidé d'aller m'étaler de tout mon long sur les berges du fleuve. Avec ce qui risque de se passer, j'ai bien le droit au repos tranquille du guerrier. Pas le repos éternel, pas encore, mais je veux profiter de cette belle journée. Au lieu de partir de chez moi vêtu de l'Egide de Minerve, j'ai pris mon apparence féline et ai sauté le muret. L'animal que je suis s'est alors mis à courir au grand galop pour ne s'arrêter qu'ici même au plus près du Tibre. Et puis je me suis étalé par terre et j'ai laissé mon pelage rôtir au soleil.

Et c'est dans ce lieu paisible que je passe ma journée. Il y a des esclaves qui se dirigent vers les lavoirs, mais je ne leur prête pas la moindre attention. Il y a des enfants qui clapotent dans l'eau peu profonde, et ils me dérangent plus par leur rire qu'autre chose. Je les regarde avec envie. Oh, je ne veux pas d'enfant, loin de là, mais je reste un animal chasseur et le chasseur commence à avoir faim. C'est instinctif. Je finis par me lever et m'écarter du bruit en sautant sur l'un des lavoirs. Là-haut, je serais tranquille, personne ne viendra m'embêter et puis, j'ai vu sur tout le coin. En plus, il y a un olivier qui pousse juste à côté et je me réfugie dans l'ombre, car le soleil de midi devient brulant. J'avoue que j'aimerais rester toute ma vie ainsi. Être un jaguar est distrayant et attirant. Je pourrais probablement broyer la main d'un androïde, en tout cas, je pourrais facilement le renverser et lui courir après.

Mais mes pensées quittent les androïdes pour les paroles de Mettius. Il y a beaucoup de travail à accomplir pour protéger cette ville. Et je pense que mon plan incongru pourrait fonctionner, il fallait tout simplement trouver le moment idéal. Les Dieux ne parlent qu'aux plus chanceux, qu'aux plus forts. Jupiter et ses cachoteries, Vénus et ses moqueries, Pluton et ses secrets et Minerve... Minerve et sa colère. Non, il me fallait réfléchir. Je ne devrais rien hâter. Il faut réfléchir calmement et posément. C'est ainsi qu'on gagne une guerre, quand on considère toutes les possibilités et quand on en néglige aucune. Je baille à nouveau, le soleil de plomb endort le chat sauvage que je suis. Il me faut bouger. Je me redresse donc et descend de mon aire pour sauter directement dans l'eau.

J'ai beau être un chat, j'aime l'eau. Le jaguar aime l'eau, j'aime jouer avec le courant, j'ai clapoter dans les vaguelettes, j'aime le bruit de l'eau qui s'écrase contre le ponton, j'aime sa fraicheur, sa clarté. Et c'est quand je scrute les berges que je vois un petit animal boire l'eau de la rivière. L'instinct animal prend le dessus et mon ventre me crie famine. Je me lèche les babines. Je sais que je pourrais manger les animaux, mais je l'ai rarement fait, car, j'ai ma fierté d'homme, pourtant, celui-là m'a l'air bien plus qu'appétissant. Lentement, je nage jusqu'au bord et une fois sorti, je fais un bond rapide. Mais la bestiole est rapide, elle aussi, probablement, suivant son instinct et la course poursuite démarre!

Re: [E6] On joue à chat perché? [Calypso]

MessagePosté: 20 Février 2014, 23:50
par Calypso
Je m'étais levée tôt comme toujours. La grande prêtresse de Neptune ne pouvait pas se lever en plein milieu de la matinée bien que des fois j'aurai bien aimé. Mais je savais également que je culpabiliserai de rester à ne rien faire au fond de mon lit. Ce n'était pas en restant couchée que j'allais réussir à mettre mon dieu sur le devant de la scène romaine. Je me levais donc très tôt et après avoir fait un passage par les bains, je me rendais dans la grande salle du sanctuaire. Agenouillée devant la statue de mon dieu, je priais avec ferveur, lui demandant conseils, aide et protection aussi bien pour moi que pour les romains. Pour les romains surtout en fait. C'était eux qui en avaient certainement le plus besoin vu les heures sombres qui les attendaient. Mais j'avoue que moi aussi j'aurai bien besoin d'aide. Neptune se taisait depuis plusieurs semaines et je n'aimais pas cela. Ma ferveur ne diminuait pas mais mon dieu me manquait d'une certaine façon même si je le savais toujours à mes côtés à sa façon.

Mes prières exécutées, j'allais me restaurer rapidement avant de laisser mes consignes concernant la journée aux autres prêtres et prêtresses. Pour ma part, j'avais d'autres projets. Je me rendais dans les jardins et prenais l'une de mes formes animales favorites, un chat noir. Cet animal me permettait de passer inaperçue. Je pouvais me balader, suivre les discussions du peuple, celles des sénateurs et autres politiciens sans qu'ils ne s'en rendent compte. Bien sûr, j'essayais de me montrer discrète mais cela me permettait d'avoir les nouvelles du jour. Parfois, quand on laissait traîner ses petites oreilles fines et noires, on en apprenait des choses. Je revêtais très régulièrement cette forme depuis la disparition de Caïus. J'espérais pouvoir apprendre quelque chose sur lui, sur sa disparition. Je conservais l'espoir de le revoir en vie même si chaque jour qui passait, amoindrissait cet espoir. Je crains de devoir avancer sans lui. Il était plus qu'un pion sur mon échiquier. Je l'appréciais. C'était un homme bien mais il n'était plus. Il me fallait passer à autre chose. J'honorerai sa mémoire comme il convenait tout en servant mon dieu. Mais il me faudrait un nouveau pion, un nouveau champion pour Neptune. Les hommes se rappelaient des héros, voulaient leur ressembler. Ils se rappelleraient de Caïus mais il leur fallait un homme de chair et de sang pour qu'ils puissent s'identifier à lui et c'était cet homme qui me faisait défaut pour le moment.

Peut-être aussi que je le cherchais inconsciemment dans mes pérégrinations félines. Les heures passèrent et je n'appris pas grand chose. Les gens ne parlaient quasiment plus de lui. Loin des yeux, loin des cœurs. Il n'y avait pas de ragots intéressants aussi je décidais de rentrer au sanctuaire. D'autres tâches m'attendaient. Je fis un détour par le fleuve, histoire de me désaltérer ; Un chat noir passe inaperçu mais en plein soleil, une robe noir ça chauffe et j'avais horriblement chaud. Les chats n'aiment pas l'eau mais je n'étais pas vraiment un chat même si parfois l'instinct prenait le pas comme la fois où j'avais tué et mangé une malheureuse souris. Cela me donnait envie de vomir à chaque fois que j'y pensais. Je courais jusqu'aux lavoirs, longeant la berge jusqu'à trouver un endroit où je peux atteindre facilement l'eau. Je me penche et commence à boire, remerciant mon dieu pour ses bienfaits. Sans eau, la vie ne serait pas possible. Les romains ne s'en rendaient pas compte tant cela leur paraissait banal. Et pourtant, l'eau était loin d'être anodine. Sans elle, la nouvelle colonie n'existerait pas. Rome n'existerait pas non plus sans le fleuve. Mais je me jurais bien de leur faire comprendre cela un jour prochain.

Soudain, mon instinct se mit en alerte. Je n'aimais pas subir mon instinct animal mais quand il sentait un danger, je lui faisais confiance. Les animaux étaient bien plus sensibles que les êtres humains. Je continuais de boire tout en ayant les oreilles et les moustaches aux aguets. Mes yeux étaient aveuglés par le soleil qui se reflétait dans les eaux. Ils ne m'étaient d'aucune utilité mais je comptais sur mes autres sens. Le danger se rapprochait. Je le sentais bien. Quand je compris de quoi il s'agissait, il était presque trop tard. Un jaguar bondit vers moi. Je ne pus que remercier ma vivacité féline qui me permit d'éviter la gueule de l'animal. Sans demander mon reste, je partais à toute vitesse dans la direction opposée, laissant l'instinct agir pour moi. Raisonner demandait trop de temps et je n'en avais pas.

Le jaguar ne me lâchait pas malgré les raccourcis que je prenais. Il me pourchassait. J'étais sa proie. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu à fuir comme cela. Je laissais ma part animal fuir, je l'obligeais juste à ne pas aller vers des humains. Inutile de faire plus de victimes bien que j'espérais qu'il n'y en aurait aucune. Je n'étais pas de taille à affronter mon cousin félin, la fuite était ma seule option pour le moment.

Re: [E6] On joue à chat perché? [Calypso]

MessagePosté: 21 Février 2014, 06:23
par Nero
Le jaguar rugit. J'aime la course poursuite, ça montre que la bestiole a envie de vivre, qu'elle fera tout pour échapper à la Mort et puis, une bonne course poursuite, ça ouvre l'appétit. Je poursuis donc le chat. C'est peut-être un félin tout comme moi, mais ça reste un encas de roi. Je bondis gracieusement, malgré ma carrure lourde. Le jaguar est un animal imposant, mais il est aussi flexible, aussi rapide qu'une panthère. Le chat noir tente de zigzaguer, peut-être pour me semer, c'est qu'il est intelligent! Mais je ne perds pas sa trace. Au lieu de fuir vers ce qui pourrait être son salut : le marché avec cette population présente, je serais plus que ralenti, il file le long des berges, passant les lavoirs, les quais et les quelques pontons. Il n'a pas grand place où se cacher. Et même s'il sautait dans un arbre, je pourrais y bondir aussi. Les oliviers qui bordent le fleuve ne sont pas bien hauts et même si les branches ne soutiendraient pas mon poids, il me serait aisé de sauter et de croquer cette petite bébête à poils. J'imagine déjà sa chaire entre mes dents, les craquements de ses os, ça me fait saliver comme on bave devant un gâteau immense.

Instinctivement, quand un animal fuit, il fuit le plus loin de son prédateur, donc si je me décale sur la gauche, est-ce que le chat va partir sur la droite? Je tente le coup, d'un côté puis de l'autre. Nous galopons toujours le long du fleuve. Il est rapide et vif, il faudrait que je le coince dans un cul-de-sac, mais je ne vais pas souvent dans ce coin-là. Certes, je connais bien les abords du Tibre, à force d'y venir souvent, mais de là à connaître les allées qui le bordent. Et puis, ce n'est pas souvent que je chasse un animal. On évite de justesse un chariot rempli de tonneaux. L'homme gueule comme un putois en nous pourchassant avec un bâton, mais on le sème en quelques secondes. Ah, je sais. Si ma proie continue tout droit, je vais la coincer contre la muraille qui protège la ville. Il faut juste qu'elle reste le long des berges et dans quelques centaines de mètres, elle sera coincée et je pourrais me régaler. Je rugis à nouveau, pour éviter que la boule de poils ne pense pas trop, pour l'effrayer encore plus, qu'elle se rue sur la muraille. A ce même moment, des femmes sortent d'une maison avec des paniers de linges. Mon feulement les effraient au plus haut point. Certaines crient en se posant une main sur leur poitrine, d'autres hurlent et lâchent leur panier. Les vêtements volent, les draps tombent tout autour de nous. Y'en a un qui tombe sur moi et je suis quelque peu ralenti, mais ce n'est pas pour cela que je vais arrêter ma chasse!

Re: [E6] On joue à chat perché? [Calypso]

MessagePosté: 23 Février 2014, 12:40
par Calypso
La course poursuite ne semblait pas vouloir prendre fin. Il fallait dire que courir en quasi ligne droite n'était pas à mon avantage. Je devais aller plus vite et ma petite taille me désavantageait face à la stature du jaguar. Quand il faisait un pas, il fallait que j'en fasse trois. Je me fatiguerai bien plus vite que lui mais je ne voulais vraiment pas prendre le risque d'aller dans le marché ou les ruelles. Être la proie d'un tel animal n'avait rien de réjouissant mais qu'il m'oublie au profit d'un humain était encore bien pire. Mais le temps jouait en ma défaveur et l'animal qui me poursuivait jouait avec moi. J'avais horreur de ça. J'avais déjà eu à faire à des adversaires mais cela se limitait à des chiens au marché. Rien de bien méchant et il m'était facile de les semer. Je ne m'étais jamais retrouvé la proie d'un pareil adversaire et je n'étais pas certaine du tout de m'en servir. Mon cœur battait à tout rompre aussi bien à cause de l'effort que de la peur qui me vrillait les entrailles.

Les obstacles sont mineurs, un chariot, des femmes et leur linge. L'un des draps ralentit mon adversaire mais pas assez pour me donner un avantage sérieux. J'avise un arbre et y grimpe avec dextérité. La facilité avec lequel je me déplaçais quand j'étais un chat m'épaterait toujours. Mais j'avais oublié que celui qui me pourchassait était aussi un félin et qu'il avait les mêmes capacités que moi. Tétanisée, je le vois bondir vers la branche où je me tiens et je ne tiens mon salut qu'à un réflexe instinctif qui me fait éviter de justesse les crocs du jaguar. Quelle poisse ! Même la hauteur ne m'aiderait pas cette fois. La course reprit donc et l'espace se faisait plus vaste, moins de maisons mais aussi moins d'endroit où pouvoir disparaître. Je poursuivais ma course et vit avec horreur l'enceinte de la ville se dessiner devant moi. J'avais été trop prise par la panique pour réfléchir vers l'endroit où j'allais. Impossible de faire demi-tour de surcroît.

Je freinais légèrement mon allure et cherchais du regard une brèche, un trou, quelque chose pour me cacher. Mais rien. Les fissures existaient bel et bien mais elles étaient trop petites pour que je puisse m'y glisser. Si j'avais été lézard ou couleuvre, je ne dis pas, mais en chat c'était impossible. Le rempart se rapprochait à une vitesse effrayante et je voyais déjà ma fin. Pourtant, je n'étais pas du genre à abandonner. Si c'était le cas, je n'aurais pas défendu mon dieu depuis si longtemps.

Apperçevant une sorte de retrait dans le mur, je m'y glissais mais ce n'était qu'un cul de sac. Je tentais de sauter sur les roches mais la paroi était assez lisse et les rares fois où mes griffes s'implantaient dans le mortier, celui-ci s'effritait, me faisant lourdement retomber sur le sol pierreux. La course était finie et je risquais de finir moi aussi par être dévorée vivante. Il y avait quand même mieux comme fin. En chat, impossible de me défendre face à un jaguar mais en humaine peut-être. Je me concentrais pour reprendre mon apparence humaine, redevenant la jeune femme que j'étais, vêtue de blanc, alors que le fauve arrivait devant moi. Je me redressais et attrapais une grosse pierre, c'était tout ce que j'avais à ma portée pour tenter de me défendre. Ma main serra la roche alors que mes lèvres prononçaient une prière pour mon dieu.

- Oh puissant Neptune, dieu des eaux, donne-moi la force pour faire fuir cet animal. Soutiens ta prêtresse, apporte lui, je te pris, aide et conseil.

Je ne demandais nullement à ce que l'animal soit tué. Je ne tenais pas à le mettre à mort. Comme tout animal, il avait le droit de vivre. Tout ce que je souhaitais, c'était qu'il ne me mange pas. J'espérai l'aide de Neptune mais si jamais l'animal venait à bout de moi, c'était que le dieu avait considéré que j'avais échoué dans ma tâche. Aussi j'accepterai son jugement aussi terrible soit-il. Je regardais l'animal droit dans les yeux, prête à l'affronter.

Re: [E6] On joue à chat perché? [Calypso]

MessagePosté: 24 Février 2014, 09:37
par Nero
Ahah, que cette chasse est amusante. Comme tout bon félin, j'aime poursuivre mon diner avant de m'en délecter. Les femmes tentent elles aussi de me séparer de ma proie, mais les maigres projectiles qu'elles envoient ne m'atteignent pas, il y a pourtant un pot qui s'écrase pas loin, mais j'ai bondi sur le côté pour éviter de me blesser sur un tesson. Le minuscule petit chat noir saute dans un arbre tout près. Un feulement plus tard et moi aussi je grimpe au tronc. Mes griffes acérées s'enfonce dans le bois et soutiennent parfaitement mon poids. Je me lèche les babines avec envie. La boule de poils suffira comme petit encas. La branche où le chat s'est réfugiée est suffisamment grosse pour que je puisse y prendre appui sans risquer de la craquer. Roulant des épaules, prêt à toute éventualité de la part de mon cousin félin, j'avance, mes pupilles dilatées, grondant légèrement de désir. Sans prévenir je lance une attaque rapide comme l'éclair, mais la bestiole est agile et tout aussi rapide que moi, voir même plus. Et elle se laisse tomber. La course poursuite reprend alors de plus belle. Et surtout, la course poursuite se dirige droit vers la muraille, impénétrable. Ma proie s'est piégée d'elle-même. Elle disparait l'espace d'un instant et je freine subitement pour m'approcher lentement, examinant chaque recoin de la brèche.

L'animal noir semble pendant quelques secondes gonfler, gonfler pour se métamorphoser. Je feule à nouveau. Ce n'est pas un simple chat qui aurait bien pu finir dans mon estomac, cet animal est en vérité un être humain, possédant le même pouvoir que moi. Dans mon esprit, pas un seul instant, je ne pense aux androïdes qui pourraient avoir ce pouvoir identique. Je suis certain que je n'aurai pas été attiré par un androïde si tel avait été le cas. L'être humain devient alors une magnifique jeune femme. A nouveau, je m'approche, roulant des épaules prêt à bondir. Oh, je ne veux pas l'attaquer, mais j'aime voir la peur dans le regard des gens. Pourtant, même si je sens la peur en elle, elle se saisit d'une pierre. Je m'arrête, pensif. D'ordinaire, un simple humain prie pour sa vie en levant les yeux au ciel, espérant qu'un "miracle" va surgir, ou alors il se recroqueville sur lui-même et pleure sa malchance, mais cette jeune femme est prête à se battre. Bien, j'aime ça, elle est différente des autres.

Je me demande alors si je vais reprendre moi aussi mon apparence réelle ou bien si je vais rester ainsi. Qu'a-t-elle dit déjà? Puissant Neptune? Aaaaah, une adepte du dieu de la mer? C'est encore plus intéressant... Je m'assois alors sagement, les quatre pattes ensemble, la queue s'enroulant tout autour de moi, les oreilles bien droites et mobiles, écoutant les bruits autour de nous, mes yeux fixés sur elle. Le bout de ma queue bat la mesure. Quelques fois, je peux être un chat patient également. Je suis curieux de voir ce qu'elle va faire, car je suis en plein milieu de ce petit passage des plus étroits, elle est obligée de me contourner à quelques centimètres si elle veut passer. Si elle le fait, je ne bougerais pas, mais je la suivrais après.

Je me pose des questions sur le Culte de Neptune et peut-être que cette femme va me donner des réponses. D'ailleurs, maintenant que le chasseur en moi a arrêté de la regarder comme une proie, je suis certain d'avoir vu son visage quelque part. Avant le chaos qu'a créé Caïus, je n'avais pas fait très attention à Neptune et ses prêtres. Je ne m'y étais pas intéressé, mais maintenant que j'ai repris son poste... Il me semble que la Grande Prêtresse était venue à ma nomination. Oui... La Grande Prêtresse... Son visage... Je penche ma tête sur le côté, comme si cela va m'aider à mieux la regarder. Calypso... Est-ce que j'ai vraiment Calypso en face de moi? Un éclat d'amusement passe dans mon regard... J'ai failli dévorer la Grande Prêtresse de Neptune... Je me rapproche d'elle. Le jaguar n'a plus aucune position de chasse, mais ressemble plus à un chat fier de sa personne.

Re: [E6] On joue à chat perché? [Calypso]

MessagePosté: 04 Mars 2014, 23:01
par Calypso
Je me tenais prête à combattre même si je sentais bien que si l'animal passait à l'attaque, je n'aurais pas beaucoup de chance d'avoir le dessus sur lui. Je guettais donc chacun de ses gestes, guettant la faille, la faiblesse qui me permettrait de m'en sortir. Inutile d'essayer de fuir, c'était la mort assurée. On ne doit jamais tourner le dos à un prédateur. Jamais ! On peut reculer mais toujours en le regardant, face à lui. Mais pour le moment, je ne pouvais pas reculer. La muraille me bloquait. Maudite muraille ! Même si elle protégeait la cité, là, elle risquait de me coûter la vie. Paradoxale comme fonction. Mais je n'avais pas vraiment le temps de discourir sur l'intérêt de cette masse de pierre, j'avais un jaguar à gérer.

Mais contre toute attente voilà que le fauve s’assoit face à moi. Ce n'est absolument pas dans le comportement d'un animal sauvage. Il n'était même pas en attente. En tout cas, pas en attente pour attaquer. Aucun de ses muscles ne semblaient prêt à entrer en action. C'était totalement contradictoire avec un animal en chasse. Je ne lâchais pas pour autant ma pierre. L'animal n'avait pas l'intellect de l'être humain. Il ne calculait pas les choses. Il ne jouait pas avec sa proie et certainement pas de cette façon. Il attendait, me regardait. Neptune serait-il là dessous ? Ma prière aurait-elle été entendu ? Même si j'étais grande prêtresse du dieu des océans, j'avais un côté très pragmatique aussi. Or la peur me quittait doucement même si je restais sur mes gardes. Mon bras revint se coller contre mon corps et, à mon tour, j'adoptais une attitude plus détendue. La pierre restait quand même dans ma main.

L'animal pencha la tête, se releva pour venir marcher près de moi. Il était d'un calme impressionnant. J'avais soudain plus l'impression 'avoir un gros chat domestique face à moi plutôt qu'un fauve capable de me tuer d'un simple coup de patte. Ce comportement me décontenançait. Je fronçais les sourcils. Cet animal était décidément pas commun. Hésitante, je finis par glisser ma main sur la fourrure sombre de l'animal. C'était aussi doux que cela le paraissait. Je n'aurais su dire pourquoi j'avais eu envie de le toucher. Un fantasme peut-être de pouvoir caresser un jaguar comme un simple animal domestique. Soudain, ma main s'arrêta, se crispa sur le poil doux. Je le regardais avant d'esquisser un sourire.

- Toi, tu n'es pas plus un jaguar que je ne suis un chat. Tu es aussi un être humain qui possède le don de te transformer. Bien. Finis de jouer, j'ai du travail qui m'attend. Je ne te demande pas de me révéler qui tu es – elle s'agenouilla – mais visiblement tu ne veux pas de mal. Je suis Calypso, grande prêtresse de Neptune. Tu peux venir avec moi si tu veux – elle se redressa – Sinon adieu beau jaguar.

Cela m'avait frappé alors que je le caressais. Seul un humain pouvait avoir ce type de réaction. Même si je m'étais transformée, je n'étais au finale qu'une proie un peu plus grosse. Cela n'aurait pas dû l'empêcher de m'attaquer. Or là, d'un coup, il avait stoppé sa chasse, passant à une attitude attentiste, presque bienveillante. Un vrai jaguar n'aurait pas fait ça. Je reposais la pierre au sol et m'écartais du fauve. Doucement, je m'éloignais tout en gardant un œil sur l'animal et je reprenais la direction du sanctuaire de mon dieu. L'animal me suivrait-il pour me révéler son identité ? Habituée des sorties sans rien dire, je connaissais la façon de pénétrer les jardins sans attirer l'attention. Je rejoignais mes quartiers et m'installais dans le jardin près de la fontaine qui jouxtait ma chambre. Si le jaguar m'avait suivi, il serait content de s'amuser dans l'eau. Mais qu'est-ce que je disais ? C'était un humain ! Pas un jaguar ! C'était le souci avec les métamorphes, on ne savait jamais jusqu'où on pouvait les considérer comme animaux ou comme humains.

Re: [E6] On joue à chat perché? [Calypso]

MessagePosté: 05 Mars 2014, 06:36
par Nero
Je m'approche lentement, mais surement. Je vais jusqu'à me laisser caresser. Je sens sa main dans la fourrure de mon échine. Je ne sais pas ronronner, et puis même si je le pouvais, je ne le ferais certainement pas. Ça reviendrait à me rabaisser face à une humaine. Je suis un humain, c'est juste que j'ai une autre apparence en ce moment-même. Pourtant, j'apprécie ce contact. Je m'assois de nouveau et lève ma tête vers elle.

- Toi, tu n'es pas plus un jaguar que je ne suis un chat. Tu es aussi un être humain qui possède le don de te transformer. Bien. Finis de jouer, j'ai du travail qui m'attend. Je ne te demande pas de me révéler qui tu es mais visiblement tu ne veux pas de mal. Je suis Calypso, grande prêtresse de Neptune. Tu peux venir avec moi si tu veux. Sinon adieu beau jaguar.

Si je pouvais sourire sous ma forme animale, je le ferais volontiers. Elle n'est pas si bête que cela, finalement. Qu'est-ce que je fais? Je la suis, ou bien je rentre trouver une proie véritable? Non, pour une fois que la Grande Prêtresse m'invite, je ne vais pas laisser passer l'occasion. Et puis, cela me permettra d'espionner un peu son temple. C'est que je me pose des questions, beaucoup de questions sur son Culte. Peut-être trouverais-je des réponses, sans les poser... Je me lève également et la suis. Nous marchons dans les rues de Rome, les gens se posent des questions nous voyant et je ris sous le couvert de ma métamorphose. Alors qu'on se rapproche des temples, je dénigre et me désintéresse totalement de la foule pour guetter avec attention les alentours du Temple de Neptune. Je m'attends à ce qu'elle passe par le perron de la bâtisse, mais non, elle fait le tour et passe par la petite porte. Étonnant, il s'agit pourtant de la Grande Prêtresse, non?

Devant moi se dresse alors une magnifique fontaine placée au centre d'un jardin luxuriant. Ce dernier peut être incroyable, je n'ai d'yeux que pour la fontaine. Jamais auparavant je n'en avais vu une aussi grandiose, sauf peut-être celle qui se trouve dans la Villa du Prélat. Je galope jusqu'à l'eau limpide et saute sur le parapet. L'eau m'a toujours attiré et surtout dans ma forme actuelle. Je bois quelques lapées avant de sauter tout entier dans l'onde fraiche. Je joue quelques instants avec les reflets du soleil qui brisent la surface, tel un chat des plus joueurs avant de revenir sur le parapet, secouer tout mon pelage tacheté et m'étendre de tout mon long sur le petit muret. Cette journée est vraiment bien commencé. D'abord une petite chasse et même si mon ventre me rappelle à l'ordre, je reste immobile sur le rebord de la fontaine. Je lève la tête pourtant, pour chercher la Prêtresse des yeux.

Après quelques minutes pendant lesquelles mon pelage sèche, je regarde l'eau. Il n'y a pas de poissons à grignoter. Aussi, je me désintéresse de la fontaine pour me lever et aller à l'encontre de la jeune femme. Voyons voir ce qu'elle peut m'apprendre sur le Culte de son Dieu, sans pour autant me dévoiler. Cela m'étonnerait beaucoup d'ailleurs qu'elle se confie à un adepte de Minerve, surtout à celui qui a remplacé le bienaimé Caïus. Encore une fois, je souris intérieurement. Je m'assois à nouveau en face d'elle, la tête penchée, à l'écoute.

Re: [E6] On joue à chat perché? [Calypso]

MessagePosté: 08 Mars 2014, 15:13
par Calypso
Je ne crois pas aux coïncidences. Je pense que tout arrive pour une bonne raison. Cette raison ne nous apparaît pas toujours clairement sur le moment, parfois on ne la comprendra même jamais. Pourtant, je suis persuadée que chaque chose a sa raison d'être et sa propre logique, une logique divine. La coïncidence n'est qu'un mot que l'homme a inventé pour expliquer ce qu'il ne comprend ou ce qu'il ne veut pas croire. Les rationalistes ou les athées ont tendance à utiliser ce mot à toutes les sauces et tout le temps. Pour moi, c'était les dieux et plus particulièrement Neptune qui tissaient les fils de notre existence. Aussi, cette rencontre avec ce jaguar n'était ni anodine, ni le fruit d'un curieux hasard. Elle avait une raison d'être. C'est pour cela que j'invitais le métamorphe à me suivre.

Je sentais la présence du fauve derrière moi ce qui ne manqua pas de susciter l'étonnement sur notre parcours. Mais je ne m'y arrêtais pas. J'avais autre chose à faire. Je retrouvais le sanctuaire de mon dieu, laissant l'animal, ou plutôt l'humain sous sa forme animal, découvrir les lieux. Je ne fus pas étonnée de le voir profiter de la fontaine. Le jaguar aimait l'eau. Une autre raison de me dire que ce n'était vraiment pas le hasard qui avait fait se croiser nos routes. Suivant l'instinct de celui dont il a revêtu la forme, l'homme se baigne puis se repose avant de me rejoindre. Je plonge mon regard dans le sien et y trouve bien l'intelligence dont les êtres humains sont dotés. Il n'a pas changé de forme. Il ne souhaite pas que je sache qui il est. Soit il n'est pas en confiance, soit il craint ma réaction, soit il veut m'espionner. Beaucoup de questions mais pas de réponse pour le moment. Je devrais attendre pour ça.

- Je vois que tu as voulu me suivre. Je ne crois pas aux coïncidences. Je pense que si nous nous sommes rencontrés et que tu as voulu me suivre c'est que mon dieu l'a voulu. Vu que tu ne souhaites pas reprendre ta forme d'origine, je suppose que tu ne veux pas que je saches qui tu es. Mais j'ai comme l'impression que tu recherches quelque chose. Sache qu'au sein du Sanctuaire de Neptune, tous sont les bienvenus, peu importe qui ils sont, d'où ils viennent ou ce qu'ils ont fait. Neptune est un dieu miséricordieux. Il accorde le pardon à ceux qui le demande et peut purifier les âmes par ses eaux. Ne croit cependant pas mon dieu uniquement comme un dieu de pardon, il peut châtier s'il est offensé. Il commande les eaux et les chevaux. L'eau est source de vie et sans elle, nulle civilisation ne peut exister. Neptune est dieu mineur pour les romains de notre cité alors qu'il devrait faire parti des premiers dieux. Sans lui, la nouvelle colonie ne serait pas. Sans lui, Rome ne serait pas. Sans lui, nous ne serions pas – la prêtresse sourit – Peut-être me trouves-tu excessive dans mes propos mais n'est-ce pas le droit de la grande prêtresse de Neptune de l'être ? Ne suis-je pas censée être aveugle et d'une foi sans égale ? Je le suis peut-être mais je sais de quoi mon dieu est capable et je sais ce qu'il a apporté et peu encore apporter aux hommes. Tout comme je sais ce qu'il peut leur enlever s'il souhaite se venger. Je ne sais si j'ai répondu à tes attentes et tes questions. Probablement pas totalement mais tu es le bienvenu en ces lieux pour aussi longtemps que tu le souhaites tant que ne fais aucune offense au dieu cela va de soit. Et si tu as des questions, pourquoi ne pas te changer et me les poser directement ? Cela serait plus pratique je crois.

Je caressais de nouveau la douce fourrure animale me demandant qui pouvait bien se cacher sous cette forme. Ma curiosité était piqué à vif.

Re: [E6] On joue à chat perché? [Calypso]

MessagePosté: 11 Mars 2014, 08:23
par Nero
- [...] Et si tu as des questions, pourquoi ne pas te changer et me les poser directement ? Cela serait plus pratique je crois.

Tout du long de son monologue, je reste assis, sagement, à écouter ce qu'elle a à dire. Dans mon fort intérieur, je ris, parce que j'ai en face de moi une des Grandes Prêtresse de Rome. Certes, son dieu reste mineur, mais elle a un statut inégalable. Il n'y a personne au dessus d'elle, si ce n'est pour le moment, Mettius. Elle gère à sa manière son sanctuaire et je suis étonné de la voir s'ouvrir ainsi à quelqu'un qu'elle ne connait absolument pas. Elle a bien compris que je ne suis pas un véritable jaguar et donc, elle se doute de mon humanité, mais pourquoi autant se confier. Pourtant, elle ne me donne que des détails que je connais déjà. Pourtant, je m'en pose des questions, sur Neptune, sur ce culte qui m'attire et en même temps... je ne sais pas, je ne me sens pas confiant... Mon regard félin la toise jusqu'à ce qu'elle se taise et dans un feulement, je lui tourne le dos pour retourner m'assoir sur le muret de la fontaine.

Ce n'est pas que je me désintéresse de ses paroles, c'est juste que mauvais joueur que je suis, je sais parfaitement qu'elle a raison, qu'il serait bien plus simple de reprendre ma forme humaine et de donner du son aux questions, mais je n'arrive pas encore à le reconnaître. Si je me dévoile, elle me reconnaitra surement. J'ai remplacé le Généreux Caïus, le demi-dieu... Je l'ai remplacé et... bah, disons que je n'ai pas été très objectif quand j'ai raconté ses déboires. Je n'ai jamais apprécié Caïus. J'ai toujours été jaloux de sa destinée. Moi aussi je voulais être un demi-dieu. Personne mis à part les dieux n'arrive à la cheville d'un demi-dieu. Alors oui, d'une certaine manière, je l'ai rabaissé. Et puis Caïus faisait attention au peuple, peuple que je méprise, soyons clair, alors évidemment que je n'ai jamais porté Caïus dans mon cœur. Donc si je me dévoile, elle refusera de me parler, j'en suis persuadé, j'en suis tellement certain que cela ne fait aucun doute.

Lascivement, je joue avec les reflets du soleil sur l'eau de la fontaine, toujours assis sur le parapet, d'une patte molle. Neptune... Dieu des eaux. Le Jaguar, les chevaux. Pourquoi pas, au final. Mais alors pourquoi suis-je né dans une famille mercurienne? J'aime la guerre plus que tout, j'aime l'ordre militaire, j'aime élaborer des tactiques, je suis rapide, fort, léger, puissant. Je suis taillé pour faire la guerre. Je suis né dans une famille qui vénère la Déesse Guerrière, je trouve que c'est tout à fait normal. Pourquoi serais-je une exception? Non, c'est impossible, je porte l’Égide de Minerve, cela fait donc de moi, un guerrier de ma noble déesse, c'est évident. Je tourne la tête pour voir si la Prêtresse de Neptune est toujours là. Oui. Ce n'est pas bien de faire attendre une Grande Prêtresse.

Que vais-je faire? Sauter le mur du Sanctuaire et partir sans jamais m'être dévoilé? Changer de forme et retrouver mon apparence humaine? Ou rester ici et la faire tourner en bourrique en gardant mon allure féline? Je ne veux pas partir, il y a des questions qui ont besoin de réponse. Je me décide en quelques millièmes de seconde et revient vers elle, dans un grognement de mécontentement. Pourtant, je ne m'arrête pas à ses pieds, je continue vers une fenêtre qui donne très probablement sur une chambre, je m'en fiche en tout cas. Là, se trouve une linge blanc, qui sèchait certainement. Je l'attrape entre mes crocs et tire dessus jusqu'à ce qu'il cède et je reviens vers Calypso, le linge dans ma gueule. Je le lui tends, jusqu'à temps qu'elle le prenne. Une fois cela fait, je passe ma tête en dessous afin que mes yeux soient cachés par le linge. Puis je retire ma tête et la regarde droit dans les yeux. Je pense le geste assez clair. Je ne veux pas qu'elle voit qui je suis et j'espère qu'elle acceptera de se bander les yeux pour que je puisse reprendre mon apparence humaine.

Re: [E6] On joue à chat perché? [Calypso]

MessagePosté: 17 Mars 2014, 22:45
par Calypso
Le jaguar ne bouge pas d'une oreille alors que je lui parle. Je lui parle comme je parlerai à un humain car je sais que sous cette apparence se cache bel et bien un être humain doué de conscience. Je ne doute pas que cet être cache son identité pour des raisons qu'il juge certainement bonnes. Je ne les connais pas et ne peut en juger aussi j'agis avec lui comme avec n'importe quel homme qui viendrait chercher conseil auprès de moi afin de mieux connaître mon dieu. Les possibles adeptes se faisaient bien plus rares depuis la disparition de Caïus. Certains romains voyaient même le culte de Neptune comme mauvais. Les simples d'esprits et les imbéciles croyaient que c'était parce que Caïus était adepte du dieu des eaux qu'il s'était attiré la foudre de dieux plus puissants. Quelle idiotie ! Caïus avait manqué de jugement et fort de son ascendance, avait voulu mettre fin à la domination du prélat le plus rapidement possible. Mal lui en prit. Pourtant je sais qu'il agit avec son cœur et qu'il a voulu bien faire pour aider les romains. Mais ce n'était pas ce qu'il aurait fallu faire. Cependant, c'était toujours facile de juger à posteriori et quand on était pas concerné directement par les évènements. Caïus s'était laissé emporter par sa fougue mais je ne pouvais lui en vouloir. Je continuais de prier pour lui même si une partie de mon corps se doutait qu'il ne reviendrait pas.

Je ne sais si j'ai répondu à ses interrogations. Le fait que l'animal demeure auprès de moi, montre son intérêt pour le dieu. Je ne peux m'empêcher de me poser beaucoup de questions même si je n'en formule aucune. En grande prêtresse, j'ai appris à gérer mes propres questionnements. Être au service d'un dieu, c'est se poser constamment bon nombres de questions sur le qui, le pourquoi ou le comment. Si j'ai une foi totale en mon dieu, je n'ai pas la même foi en moi même si je ne le laisse pas paraître. Je suis sa représente et je ne peux me permettre d'apparaître faible et peu sûre de moi. L'erreur est possible. J'en ai déjà fait et j'en ferais certainement encore. J'ai appris à vivre avec et à accepter ces imperfections. Cela me rend plus proche du commun, une chose que j'ai toujours voulu. Je n'ai jamais voulu de séparation entre prêtres et gens du peuple. Nous sommes nous aussi des romains et nous avons à cœur de les servir. Nous sommes là pour ça. Nous servons d'intermédiaire entre Neptune et les hommes. Nous en sommes fières mais nous nous devons d'être humble face à cette tâche. Nous sommes des serviteurs du dieu mais aussi des serviteurs des hommes. Cette vision est mal vu par certains cultes mais tant que Neptune n'aura pas désigné quelqu'un d'autre pour diriger son sanctuaire, alors je continuerai de mener les choses à ma façon et selon ma vision des choses et surtout celle du dieu des flots.

J'observe l'animal qui se comporte comme un gros chat, le ronronnement en moins. Il joue avec les reflets du soleil sur l'eau de la fontaine. Patiente, j'attends qu'il se décide, si jamais il se décide, à bien vouloir se montrer à moi sous forme humaine. Les mains sagement posées sur mes genoux, j'attends encore et toujours. Je ne sais pas si ma patience sera récompensée mais je considère que mon temps n'est pas perdu si ce que j'ai dit amène la réflexion dans un esprit et qu'un nouvel adepte se réveille à mon dieu. Aujourd’hui plus que jamais, il a besoin de notre soutien. Après un moment, l'animal revient vers moi mais il passe devant moi. Dubitative, je le suis du regard, l'observant entrer dans ma chambre et revenir un morceau de tissu dans la gueule. Je ne comprends pas sur le moment. J'attrape le morceau d'étoffe et le regarde sur toutes les coutures. C'est qu'un bout de tissu bien banal. Mais le félin insiste. Il passa sa tête dans le tissu et je finis par comprendre. Il ne veut pas que je le vois. Décidément, voilà une bien étrange demande pourtant j'y accède et noue le tissu derrière ma tête en ayant prit soin de bien recouvrir mes yeux.

- Je ne te verrais donc pas si c'est ce que tu souhaites. Je suis prête à écouter tes questions romain. Tu peux te transformer sans crainte. Je ne chercherai pas à voir qui tu es, je te le promets par Neptune.

S'il doutait de ma parole, désormais il ne le pouvait plu. Ma promesse avait une certaine valeur mais si j'y apportai le nom de mon dieu, cela avait valeur de serment et en aucun cas, je ne le romprais.

- Je suppose que tu appartiens à un autre culte si tu ne veux pas que je te vois. Pourtant tu sembles attirer par Neptune. Pourquoi ?

C'était théoriquement plus lui qui devait poser des questions mais cela ne m'empêchait pas d'en poser aussi. J'étais certaine qu'il n'était pas là par hasard et j'avais envie d'en savoir davantage.