[E7]Course folle ! (Elena)

Ce pont ne doit pas son nom aux amoureux qui s'attardent la nuit sous les alcôves des pieds de son pont de pierre, mais à la vue imprenable qu'il offre sur Rome. De nombreux artistes, peintres, sculpteurs envahissent quotidiennement pour créer et parfois vendre leurs oeuvres d'art.

[E7]Course folle ! (Elena)

Messagepar Servius le 22 Janvier 2014, 00:47

Cela faisait un moment que je vivais terrer dans la grande bibliothèque de Pluton. Les ouvrages recelaient de trésors culturels et d’informations précieuses. Mais ils vieillissaient également très vite. La chaleur de Rome n’aidait pas à leur conservation. Les pages s’asséchaient bien rapidement et leur conférait une trop grande fragilité pour que je puisse lire les livres sans les abîmer.

Valeria avait besoin de matières premières pour panser les livres. Elle ne me demandait rien, ne me donnait aucun ordre. Mais je m’étais proposé pour acheter cela au marché. Je préférais m’y rendre personnellement. Si les romains la voyait chiner par elle-même au marché, ils se s’interrogeraient rapidement sur ce que, moi, son androïde, je faisais. Et je n’avais pas envie que les tribunaux et les soldats enquêtent sur notre respectueuse relation. Je connaissais des esclaves condamnés à être réinitialisés car leur maître leur en demandait peu. Certains Consuls pensaient voir en le moindre relâchement d’un androïde ou la moindre politesse d’un maître le début d’un risque d’émancipation. Ils nous craignaient, ils nous avaient implanté des plots pour éviter que nous pensions par nous-même. Et ils vivaient dans la paranoïa que nous nous libérions de nos entraves psychiques.

Comble d’ironie, je m’étais libéré de mon plot à force de réinitialisation. Mais, maintenant que j’éprouvais des sentiments, je connaissais la peur, la peur de la réinitialisation et de perdre à nouveau tous mes souvenirs. Alors, ce matin, au marché, je me faisais discret. Je marchais entre les étales à la recherche de ais de bois, de bandes de cuir ainsi que du ruban résistant.

S’approvisionner devenait difficile pour les androïdes. Face à l’augmentation de population, de plus en plus de romains voulaient des androïdes. Mais il y en avait de moins en moins sur le marché. Alors, bien des romains faisaient eux-mêmes leurs emplettes. Du coup, dès lors qu’ils remarquaient notre nature, ils passaient devant nous. Sans compter les commerçants qui papotaient avec les humains et les faisaient passer devant nous en les reconnaissant.

Cela faisait vingt minutes que je patientais chez un tisserand renommé pour la qualité de ses rubans. Valeria ne recherchait pas des produits luxueux, mais des produits de qualité. Malheureusement, ce genre d’établissement se voulait fréquenter par la haute société. Devant moi, il y avait un seul androïde. J’aurais dû passer passer rapidement. Mais, c’était déjà la sixième humaine à venir devant l’étale et évidemment les humains nous passaient naturellement devant. Je ne perdais pas patience, pour autant. Je gardais mon calme. Toute preuve d’impatience serait vite interprétée comme une rupture de mon plot d’asservissement. Une interprétation très judicieusement, par ailleurs ! Et je finirais au cachot.

Alors que l’androïde passait enfin la commande de sa maîtresse, derrière nous, un grand fracas retentit. Une roue de carriole trop chargée venait de se briser. Le chargement avait alors basculé sur le côté et les barils venaient d’écraser l’étale du marchand derrière nous. Nous étions sur le pont menant à Isola Sacra. La voûte de ce pont de pierre offrait une pente fabuleuse à la course de ses barils. Ils n’allaient pas très vite, mais rempli de vin, mieux valait éviter leur chemin. Je fis un pas sur le côté, non pas pour éviter un baril, j’étais au dessus d’eux. Non je voulais que mon visage se retrouve dans l’ombre. Plus que tout, je tenais à rester discret.

J’observais la scène. Les barrils descendaient encore et encore. Un soldat eut la stupide ou courageuse idée de s’interposer. ll détourna un barril qui s’arrêta contre la rembarde de pierre du pont, mais il fut également projeter et il aurait du mal à marcher pendant quelques temps. Le dernier barril suivait la pente et se dirigeait vers un groupe composé de deux femmes, dont une aux étonnants cheveux clairs.
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Re: [E7]Course folle ! (Elena)

Messagepar Elena le 15 Février 2014, 23:46

Elena détestait la foule. Elle avait horreur de ça. Elle essayait d'y échapper autant qu'elle le pouvait. Elle ne fréquentait le marché qu'aux dernières heures de la journée et le reste du temps, elle travaillait dans des demeures modestes où elle avait tendance à jouer les serviteurs discrets voir invisibles tout en étant parfaitement efficace. Mais aujourd'hui la femme chez qui elle travaillait, avait voulu aller faire des courses. C'était le genre de femme qui ressemblait beaucoup à sa mère. Elle voulait paraître plutôt qu'être. Ses vêtements pouvaient la faire passer pour plus riche qu'elle ne l'était en réalité. Elle aimait se mêler aux plus riches mais ceux-ci savaient assez vite la démasquer. En ce jour, elle avait voulu aller faire quelques achats. Les plus riches sortaient avec leurs androïdes. Une chose qu'elle n'avait pas les moyens d'avoir. Mais elle avait une servante qui avait besoin des maigres pièces qu'elle lui donnait pour ses services. Aussi avait-elle demandé à Elena de l'accompagner. Elle ne lui demanda pas de jouer les androïdes mais ce n'était pas utile. Certains la prendraient peut-être pour cela et tant qu'on ne lui poserait pas une question directe, elle n'avait pas de raison de faire croire le contraire. Jouer les androïdes ne la gênait pas, tant que cela lui permettait de gagner son salaire et de ne pas perdre son travail. Elle ne demandait guère plus.

Les voilà donc parti. La dame dans ses plus riches apparats. Elena dans son pantalon bouffant bleu ciel et une tunique blanche. Certains androïdes étaient mieux habillés qu'elle. Restant un pas derrière la femme, elle portait le panier dans lequel s'empilait étoffes et breloques de maigres qualités. La femme ne se pressait pas. Elle prenait son temps au grand désespoir de la jeune Romaine. Celle-ci se sentait mal à l'aise parmi les gens et son visage était plus fermé encore que d'habitude. Elle essayait de jouer les anguilles pour ne pas se faire toucher, éviter de se faire bousculer. Elle détestait tous les contacts possibles. Depuis que son beau-père passait une partie de ses nuits dans son lit, elle avait développé une sorte de phobie du contact humain.

Accompagnant son employeuse, elles traversèrent le marché avant de remonter vers Isola Sacra. Elles allaient emprunter le pont de Vénus quand elles virent des barils dévalés la pente. Un chariot aura perdu sa cargaison mais peu importait. Un des tonneaux fonçaient sur elles deux.

- Par Jupiter !

Elena ne comprenait pas cette manie d’appeler les dieux. Enfant, elle l'avait fait mais en vain aussi avait-elle perdu confiance en eux. Ce n'était pas en implorant un dieu qu'elles allaient être sauvées. La jeune femme aux étranges cheveux blancs préférait compter sur elle plutôt que sur des entités intangibles. Mais le temps de la réflexion était minime. C'était plus l'instinct qui dominait dans ses cas là. A tort ou à raison. La Romaine poussa l'autre femme sur le côté avant d'en faire de même mais le tonnau lui blessa la pied avant de s'écraser contre une échoppe. Elena grimaça en se tenant le pied. Son épaule aussi était douloureuse. Elle aurait de magnifiques bleus mais elle ne semblait avoir rien de cassé. Elle se releva en titubant et s’intéressa à sa maîtresse qui hurlait comme une bête agonisante alors qu'elle ne semblait rien avoir de particulier sauf quelques bleus et des vêtements abîmés. Elena se rapprocha.

- Laissez-moi vous examiner.
- Non ! Non ! Par Jupiter... Je veux un prêtre pour me soigner... Que m'as-tu fait ?
- J'ai évité qu'un baril ne vous écrase. Je vous ai juste poussée. Rien de plus.
- Non... Non... J'ai mal...

Elena releva la tête pour essayer de trouver de l'aide. Des curieux s'étaient approchés. Certains devaient se demander pourquoi elle ne portait pas la femme jusqu'au temple pour qu'elle y soit soignée. Sauf que si porter une femme ne posait pas de soucis à un androïde, cela lui posait à elle. Elle n'était pas assez forte.

- Quelqu'un peut m'aider s'il vous plaît ?

Peut-être que les soldats pourraient faire quelque chose mais ils semblaient occupés avec l'un des leurs. Elle ne pouvait espérer leur aide.
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