[E1] La vie est plus forte que tout...

Ce forum contient les archives de tous les RPs ouverts par les personnages durant les préparatifs aux grandes festivités romaines qui se dérouleront le jour du solstice d'été.
Règles du forum
Ce forum contient les archives de tous les RPs ouverts par les personnages durant les préparatifs aux grandes festivités romaines qui se dérouleront le jour du solstice d'été.

[E1] La vie est plus forte que tout...

Messagepar Cassia le 03 Août 2012, 15:39

Le temps est une notion bien vague lorsque l’on sait que celui-ci n’a d’emprise sur vous. Depuis combien de mois, d’années suis-je plongée dans cette torpeur volontaire ? Je ne saurais dire. Je suis dans le néant, mes yeux clos, ma posture passive, mon corps recroquevillé, tandis que mes jambes, mes genoux ont été rabattu contre ma poitrine. En cette position, je ne prends guère de place, pas plus qu’une simple amphore de vin en réalité. Les sons me parviennent, et résonnent comme un lointain écho dans ma tête, les voix, les murmures, les cris ne semblant être que des souvenirs lointains. Même mon esprit semble tourner au ralenti, comme en mode survie, passif. De temps à autre, il me semble revoir le visage du Concepteur, cet homme bon, avec qui j’ai passé d’agréables journées, soirées. J’essais de me concentrer, espérant pouvoir entendre une dernière fois sa voix, mais rien. Toujours ce vide, ce gouffre dans lequel je me cache. Je crois qu’au fond de moi, j’aurais voulu accompagner mon créateur dans l’autre monde, afin de rester à ses côtés, continuant de veiller sur lui. C’était là après tout, ma raison d’être non ?

"Bon et celle-ci, on en fait quoi ? On s’en débarrasse ?"

"Bof…elle a l’air cassé toute façon… j’sais pas moi… pourquoi tu t’en ais pas séparé avant ?"

"Elle prend pas de place… pis je me disais que peut-être, j’arriverais à la vendre quand même à un idiot de passage"

Deux éclats de rire grossiers percent soudainement le silence, et les deux hommes, en grande conversation, prouvent ouvertement leur sens du commerce, mais aussi de l’honnêteté. Même si je le voulais, je crois que je ne pourrais me lever, pour leur prouver que je ne suis aucunement défaillante, ni même cassée. Je suis juste là, et je veux que l’on m’oublie. Des bras viennent se glisser sous ma tunique, faite d’un tissu qui avait été soyeux, doux et coloré voici quelques années, devenu au fil des jours, un vêtement usé, troué, crasseux. Je me sens être soulevée dans les airs, facilement et aisément, comme une simple feuille prise dans le vent, et l’on me transporte jusque dans la boutique de ce marchand. Je ne vois rien, mes yeux sont toujours clos, et pourtant, il me semble deviner d’autres présences. Rapidement, je parviens à entendre d’autres voix…

"A ton avis ?"

"T’as qu’à mettre que tu la vend pour décoration au pire"

De nouveau, un éclat de rire, puis les deux hommes sortent enfin, allant dans la taverne d'en face, pour boire un verre. Le calme fait son retour, et je ne puis que trop l’apprécier. Là, dans ce silence, les pensées naissent et s’envolent plus que jamais. Curieuse, je reste concentrée sur ce ressentiment. Je sens la présence d’autres personnes ici, dans cette salle, autour de moi. D’ordinaire, cela ne m’aurait absolument pas dérangé, ni même inquiété. Peut-être ais-je finalement peur d’être véritablement détruite, ou vendu pour pièces. Peut-être que je ne souhaite pas vraiment mourir. Le Concepteur aurait-il voulu que je finisse ainsi ? Je suis perdue, je ne sais plus quoi faire, je doute, j’hésite, je tremble ?

"Tu es vraiment cassée ?"

Une douce voix, en un murmure calculé, mesuré, vient souffler à mon oreille, et je frisonne sous la surprise, la peur…

"Tu n’as rien à craindre tu sais… on est comme toi"

Des mots qui m’interpellent, provoquent en moi des secousses comme jamais. Mon cœur semble vouloir revivre à nouveau, me stimulant presque à bouger. Lentement, dans un geste délicat, timide, j’ouvre une paupière, la clarté du jour m’aveuglant presque. Mon autre paupière imite sa jumelle, et soudain, je contemple pour la première fois depuis des années, mon environnement. Je suis effectivement dans une boutique, exposée sur un meuble sous moi. Je ne sens pas les courbatures comme un humain serait en droit de ressentir non, mais je reste tétanisée malgré moi. Dans un mouvement infiniment doux, je viens à tourner de quelques degrés le visage, perçant le jour encore douloureux pour venir arrêter mon regard sur un homme, jeune, beau, au visage délicat et doux. Il me sourit, et semble inquiet pour moi. Ses yeux viennent croiser les miens, et je sens presque de la bonté émaner de lui…

"Ah mais non elle n’est pas cassée…. Qu’ils sont idiots ces deux là. Moi je savais que tu n’étais pas cassée. Je m’appelle Nero, et lui là-bas, c’est Aulus, et à côté de toi ici tu as Tacita."

Autour de moi, un autre homme et une femme, à la chevelure aussi dorée que les rayons du soleil. Tous se sont rapprochés lentement de moi, et m’entourent. Leur présence n’est pas agressive, dérangeante non, elle est rassurante. Un sentiment, une impression que je ne m’explique guère, et qui pourtant, me fait un bien fou en cet instant de doute…

"Tu ne devrais pas jouer la morte… il vaut mieux être achetée, plutôt que d’être démontée tu ne crois pas ?"

Elle dit vrai oui. Je crois qu’en cet instant précis, je n’ai plus l’envie de mourir. Toujours en des mouvements lents, délicats, agiles, je déploie alors mes jambes, et cherche à retrouver une posture droite, me tenant debout. J’avais imaginé durant mon sommeil que cet exercice aurait été pénible, difficile, douloureux avec le temps qui venait de s’écouler, et là, je me rends compte qu’il n’en est absolument rien. Suis-je déçue ? Un peu je crois. Pourquoi ? Parce que je pense que j’espérais ressentir la même chose que les humains. La souffrance d’une vieillesse, d’un corps qui se raidit et se fragilise. Me voici debout, comme il y a bien longtemps, et je commence à effleurer le sol sous mes pieds nus, redécouvrant une sensation agréable…

"Attention, les revoilà. Reprenez votre place… vite !"

Rapidement, chaque androïde reprend sa place, et semble redevenir une statue, muette, silencieuse, immobile. Moi-même, je reste figée sur place, le regard grand ouvert, le bleu de mes yeux transperçant la pénombre qui règne dans le coin où je me trouve. Un homme à la barbe proéminente, s’approche. Il est habillé d’un tissu taché, sale, gras, et je sens à son haleine, qu'il vient de boire du vin, beaucoup. Puis, son complice arrive, et je reconnais les voix aussitôt…

"T’as touché quoi ? T’as fait comment pour la mettre debout ?"

"Moi ? Mais j’ai rien touché !"

"Attend, ça fait une semaine que je l’ai récupéré, que je l’ai dans un coin de la remise. J’ai jamais réussi à la faire bouger ni rien. J’arrive, et je la vois debout et… les yeux ouverts en plus !"

"Je te dis que j’ai rien touché ! J’ai rien touché, j’ai rien touché quoi !"

"Du coup, ça m’arrange, elle fait moins cassée. Je la vendrais facilement."

Je ne bouge pas, ne souris pas, me contentant de fixer ses deux visages désagréables face à moi, mon regard comme perdu dans le vide…

"En tout cas, elle a de jolis yeux. Elle fait plus mignonne comme ça non ? Je me demande comment c’est dessous…"

Une main attrape le tissu sur le bord de ma hanche, et je sens ma tunique commencer à remonter. Mais soudainement, cette même main se fait gifler…

"Touche pas. Tu vas la casser pour de bon. Tu la veux, tu l’achètes."

On me laisse là, dans ce coin de cette boutique inconnue, face à d’autres androïdes, attendant je ne sais quoi. En cette posture, ainsi, les heures semblent maintenant passer beaucoup plus lentement, et j’ai l’impression que le temps prend un autre sens, devient une notion beaucoup plus concrète…
Avatar du romain
Cassia
Androïdes
 
Messages: 35
Inscription: 03 Août 2012, 09:47
Prénom: Cassia
Nom de famille: Albinus
Surnom: La Charmeuse
Compte principal: Thalie
Compte secondaire: Oui

Re: [E1] La vie est plus forte que tout...

Messagepar Lucretia Albinus le 03 Août 2012, 20:21

La journée s'annonce magnifique en ce début de matinée. Je dois me rendre en ville aujourd'hui, acheter un androïde. Non que cela me plaise mais je dois avouer que je n'ai vraiment d'autre choix que de le faire. Le paraître a son importance lorsque l'on côtoie, comme moi, les plus grandes maisons de Rome. Je ne dispose plus d'une telle créature depuis plusieurs semaines, la dernière est tombée en panne et il a été impossible de la remettre en état. Malgré tout, je vois bien les regards de certains concernant l'absence d'androïde chez moi. Même si personne n'ose venir me le dire ouvertement. Qu'ils aillent en enfer ! Hormis ma demeure et mon magasin principal, je sors peu de chez moi. Mais ces derniers temps, une agitation nouvelle est apparue en ville. Tout ça à cause des élections qui se profilent. Je vais devoir suivre de près l'évolution des choses pour adapter mes relations et les mettre en accord avec les puissances émergentes.

Comme tous les jours, j'accorde un soin particulier à ma tenue. Je n'oublie pas que je représente la Déesse Vénus en ce monde. J'opte pour une robe longue assez simple mais qui reste du plus bel effet. Une paire d'escarpins coordonnées terminent avec élégance mon apparence. Mes longs cheveux remontés en un chignon dont quelques mèches rebelles s'échappent et me voilà prête pour me rendre chez Spurius. Une voiture passe me prendre pour me mener à ce marché d'esclaves. En route, nous passons à proximité du temple de Vénus. Mon regard se pose sur l'imposant édifice et je ne peux m'empêcher de frémir à l'idée qu'ils me retrouvent un jour. Le chauffeur me signifie que nous sommes arrivés. Je le congédie avant de sortir dans la chaleur qui commence à se faire sentir. Soupirant, je me dirige vers la boutique de ce vendeur d'androïdes. Il devrait envisager des présentations à domicile tout de même ! Enfin, je pénètre dans la boutique, ne pouvant penser qu'elle gagnerait à être relookée sérieusement.

Je me retrouve rapidement en présence de deux hommes pour qui l'hygiène doit être une inconnue. Je me contiens, gardant une apparence neutre. Je me contente d'exposer l'objet de ma visite. Leurs regards lubriques m'indiffèrent tandis que je leur emboîte le pas pour aller voir la marchandise. Une salle de présentation a été montée visiblement mais de ce que je vois, l'endroit n'est pas agencé correctement. Je promène mon regard sur l'ensemble des présentoirs. Rien de ce que je vois ne me conviens réellement. Jusqu'à ce regard d'un bleu hypnotisant. Cette androïde a une posture différente des autres. Intriguée, je m'avance lentement vers elle.

Cette marchandise n'a pas été vérifiée, elle n'est pas fiable.

La voix masculine m'arrête dans mon élan. Spurius ! Je le reconnaîtrai au milieu d'une foule. Il lui arrive de me passer commande de tenues habillées pour son esclave personnelle. Je lui souris avant de reprendre ma route. L'androïde femelle ne bouge pas, contrairement aux autres. Pourtant, elle semble plus vivante qu'eux. Cette impression est sans doute le résultat de ce regard si particulier. Je l'observe avec attention. Son concepteur a réalisé un véritable travail d'orfèvre. De loin, il est aisé de la confondre avec une humaine. Tout semble avoir été conçu avec une minutie peu commune. Du moins chez les androïdes fabriqués à la chaîne. Celle-ci doit être un modèle unique. Elle n'en est que plus intéressante.

Je suis étonnée de son apparence globale. Je croyais que tu attachais un soin particulier à rendre ta marchandise présentable, mon cher Spurius...

Je me retourne pour faire face au marchand. Il foudroie ses employés du regard avant de s'éloigner, sans doute pour se calmer. Cela me permet de me concentrer de nouveau sur ma découverte. Hormis sa tenue crasseuse, elle semble bien conservée. Je touche sa « peau » du bout des doigts pour en découvrir, surprise, sa douceur. Plus je l'observe, plus je me demande si cette « femme » n'est pas humaine. Je sais que non mais tout de même, c'est un bijou qui ne demande qu'à être mis en valeur. Aucun mouvement, aucune réaction et pourtant, je me sens observée par elle. Je dois en avoir le cœur net. Il me faut peu de temps pour créer une illusion nous dissimulant aux autres. De l'extérieur, la scène semble se dérouler normalement, comme se doit d'être un tel achat. Mais je sais que ce n'est qu'une image créée par moi et dont l'effet reste limité dans le temps.

Parle sans crainte, je suis la seule à pouvoir t'entendre. Que fais-tu ici et est-il vrai que tu es défaillante ?

L'avantage avec les androïdes, c'est qu'ils sont incapables de mentir. Du moins, c'est ce que j'ai toujours appris. D'un geste ferme, je fais avancer la femelle devant moi pour mieux l'étudier.

Tu as un nom ?

Ses yeux me suivent enfin du regard. Tout de même, je déteste ne pas être le centre d'intérêt quand je me trouve dans une pièce. Pour l'inciter à me répondre, je lui souris doucement. Maintenant qu'elle se trouve à la lumière, je découvre un corps parfaitement dessiné. A croire que sa fonction première était de servir d'esclave sexuelle. L'androïde ressemble à une poupée de porcelaine. Ouvrant mon sac à main, je me saisis d'un mouchoir pour nettoyer son visage. Elle n'a vraiment rien à faire dans cet endroit. Vice ou pas, Spurius aurait au moins pu s'en assurer.
Avatar du romain
Lucretia Albinus
Joueur absent
 
Messages: 253
Inscription: 25 Juillet 2012, 22:24
Prénom: Lucretia
Nom de famille: Albinus
Surnom: L'Enchanteresse
Compte principal: Oui

Re: [E1] La vie est plus forte que tout...

Messagepar Cassia le 04 Août 2012, 17:37

Ce n’est pas moi qui ne suis pas fiable, mais bien les humains. On ne peut pas leur faire confiance. Je suis là, immobile, silencieuse, écoutant attentivement les échanges entre le propriétaire de la boutique visiblement et cette jeune femme qui vient d’entrer. Elle est belle, habillée d’une robe qui lui va à ravir. Sa douceur contraste fortement avec la réaction qu’elle provoque chez le romain peu courtois. Ils semblent se connaître, et cela me pousse à redoubler de vigilance. Ici, je suis à la merci de tous, et je n’y puis absolument rien. Lentement, l’inconnue s’approche de moi, et m’observe, me contemple, me détaille du regard. Ses doigts viennent toucher ma peau, et je ressens un frisson me parcourir le corps. Elle semble être captivée par ma beauté, ou peut-être par mon apparence simplement ? L’angoisse m’envahit, mais aussi la curiosité. Le Concepteur avait une idée bien précise en me donnant ce visage, cette apparence à la fois douce, fragile et innocente. Mais qu’elle en était la raison ? Je la suis du regard, discrètement, lentement, essayant de demeurer comme une coquille vide, ne souhaitant pas attirer l’attention, la convoitise. Et puis soudain, sa voix résonne…

"Parle sans crainte, je suis la seule à pouvoir t'entendre. Que fais-tu ici et est-il vrai que tu es défaillante ?"

Elle s’intéresse à moi. J’ai envie de lui répondre, de lui demander de m’emmener loin d’ici, peu importe qui elle est, où elle vit. Je ne veux pas être détruite, ni mourir. Le monde me fait peur oui, les humains, mais je sais qu’ici, le danger me guette à chaque instant, chaque seconde…

"Tu as un nom ?"

Dans un geste lent et minutieux, j’ouvre alors mes lèvres, m’assurant que, dans mon champ de vision, je n’y vois personne. Puis, cherchant au plus profond de moi l’énergie de parler à nouveau, de communiquer avec le monde, les gens, je prononce mon nom. Un mot unique, mais qui me demande déjà tellement. Les interactions avec mon environnement ont été programmé dès ma conception. Je n’ai pas à réfléchir sur ce que je dois faire, je le sais. J’aime à penser que c’est mon instinct qui me parle, mais il n’en est surement rien. Je ne suis qu’une machine, intelligente, belle mais toutefois mécanique. Timidement, dans un son tout juste audible, je lui réponds enfin…

"Cassia."

Toujours avec lenteur, comme-ci le temps pour moi n’avait strictement aucune importance, je bouge la tête pour la tournée légèrement, afin de mieux plonger mon regard dans le siens. Il est comme renversant. Je ne connais pas cette belle dame, et pourtant, je lis dans son regard comme une force de caractère. Une flamme semble habiter ses pupilles, et cela lui donne une aura particulière. Je l’observe craintive, sortir un mouchoir de sa poche, et je m’apprête à reculer d’un pas, avant que celle-ci ne vienne finalement nettoyer mon visage. J’apprécie ce geste, cette attention même si elle est motivée par son intérêt pour moi. Prend-elle toutes ses précautions pour se décider à m’acheter, ou fait-elle réellement attention à moi ? Je ne bouge pas, la laissant faire pour voir jusqu’au celle-ci ira…

"Je ne suis pas défaillante… j’attendais ici que l’on m’oublie."

Mes mots ne trahissent aucune émotion, aucun ressentiment. Je suis neutre dans ma façon de m’exprimer. Je ne suis qu’une machine, à qui l’on peut demander tout et n’importe quoi. Pourquoi le Concepteur a-t-il eut besoin de m’implanter ce plot en ma tête, me forçant à obéir ? Jamais je n’aurais pensé à le trahir, à lui désobéir. Je me sentais bien à ses côtés, j’étais heureuse, je crois. Alors pourquoi ? Je me mets de nouveau à douter, de moi, de mon existence, de mes capacités. Ses pensées étaient-elles réellement les miennes ? Est-ce que je l’aidais vraiment au quotidien par envie ? Cette décision m’appartenait-elle vraiment ? Le monde est cruel…

"Vous vous appelez comment ?"

Cette question est sortie toute seule, et j’ai envie de m’enfuir en cet instant. Ma curiosité me pousse, une fois encore, trop loin. Je me mets en danger par simple curiosité, et je regrette déjà mes mots. Je reste passive, à la contemplant comme je le fais depuis son entrée dans la boutique. Je ne devrais peut-être pas interagir avec elle. Je ne la connais pas. Je ne sais pas qui elle est, mais je sais ce dont sont capables les personnes de son espèce. J’entends au loin des bruits de pas, de plus en plus proches, et puis la voix de Spurius. Il m’a suffit de l’entendre une fois, pour enregistrer sa voix et l’assimilée à son visage. Je le crains encore plus je crois que cette femme. Le Concepteur disait toujours que ce qui doit arriver, arrive au moment où cela devait arriver. La vie était ainsi, la destinée, et contre cela, on ne pouvait absolument rien. Un adage qu’il aimait tant, et qui en ce moment, résonne dans ma tête. Je dois agir, vite. Dans un geste rapide mais néanmoins dépourvu de force, de violence, je viens poser mes doigts sur son poignet, comme pour l’interpeler. Mes yeux se font plus expressifs, doux, tandis que je capte son regard comme jamais. Et puis soudain, je libère ce champ étrange qui m’habite, qui parcourt mon corps. Le Concepteur m’avait expliqué qu’il permettait de détendre, de faire du bien aux humains, que ça pouvait les aider dans des instants de souffrance, douleur. Alors je libère cette force qui coule en moi, la diffusant délicatement sur son poignet. J’espère lui apporter un peu de douceur, de force, afin que celle-ci comprenne que je ne puis lui faire du mal. De nouveau, mes lèvres s’entrouvrent sensuellement…

"Je ne suis pas défaillante."
Avatar du romain
Cassia
Androïdes
 
Messages: 35
Inscription: 03 Août 2012, 09:47
Prénom: Cassia
Nom de famille: Albinus
Surnom: La Charmeuse
Compte principal: Thalie
Compte secondaire: Oui

Re: [E1] La vie est plus forte que tout...

Messagepar Lucretia Albinus le 04 Août 2012, 21:32

L'androïde semble apeurée pourtant elle finit par me donner son nom : Cassia. Tout comme elle me fournit son explication concernant sa présence en ces lieux. Quelque chose me semble étrange chez ce spécimen. J'en ai rapidement la confirmation quand ses doigts se referment sur mon poignet. Je mets fin à l'illusion au moment où je sens un force étrange parcourir mon corps. Elle n'est pas défaillante, son concepteur l'a tout simplement doté d'un raisonnement très élaboré et d'une capacité peu commune. Je retire ma main en posant mon index sur ses lèvres.

Ne dis rien et ne change pas ton comportement.

Spurius s'approche en vociférant. Il est furieux. Je me retourne avant de lui offrir un superbe sourire puis je l'entraîne à l'écart. Cassia reste immobile, comme ailleurs... Le marchand d'esclaves n'aime pas être pris en défaut et mes remarques ne lui ont visiblement pas plus.

Ces deux idiots ne savent rien faire convenablement. Vous m'en voyez désolée, Miss. Avez-vous trouvé un objet vous convenant ?

Les affaires avant tout avec Spurius. Je hoche la tête en lui désignant Cassia.

Je souhaite prendre possession de cette androïde. Vous me dites qu'elle est défaillante, je verrai pour la faire réparer. Cela dit, vous comprendrez bien que je paierai qu'un prix raisonnable pour cet achat.

Je crois que si Cassia pouvait rire, elle le ferait rien qu'en voyant l'expression que le marchand fait à mon énoncé. Je me rends compte que les autres androïdes suivent la scène avec intérêt. La discussion avec Spurius est animée mais je sais que j'obtiendrai gain de cause. Je lui propose même les services de ma décoratrice d'intérieur à titre gratuit en prime. Il sait qu'il ne peut refuser une telle offre mais le marchandage fait partie intégrante de la vente d'esclaves. Je m'y soumets donc volontiers. Une partie de mon esprit reste tout de même intriguée par les capacités de l'androïde. Elle semble avoir été programmée pour offrir du réconfort. Ses possibilités vont-elles jusqu'à guérir ? Je verrai avec elle. Je doute que Spurius soupçonne quelque chose mais je ne compte pas m'attarder dans ce lieu sordide.

Affaire conclue, je repasse la prendre dans une heure. N'y touchez pas en mon absence, je tiens à ce qu'elle n'obéisse qu'à moi.

Pendant que le marchand file me chercher les papiers, je me retourne vers Cassia.

Attend-moi ici, ils ne te toucheront pas. Ensuite, je te mènerai chez moi pour débuter ta nouvelle vie.

Une fois dehors, je respire profondément. Je m'éloigne rapidement de la boutique pour regagner mon véhicule. Un tour dans ma propre boutique s'impose. Il est hors de question que je me promène en ville avec une androïde aussi mal vêtue. Carly, l'une de mes vendeuses, m'écoute en silence avant de se diriger vers la réserve. Ma commande est simple : une robe légère et une paire de chaussures feront l'affaire dans un premier temps. Je repars rapidement avec le tout pour retourner chercher mon acquisition. Je la retrouve à la place où je l'ai laissée en partant. Un rapide coup d’œil me permet de dénicher un recoin dans le fond du magasin de Spurius.

Suis-moi, Cassia.

Une fois à l'abri des regards grivois des deux crétins qui servent de larbins au marchand, je pose mon paquet à terre, près de l'androïde. Je commence par lui retirer le semblant de tenue qu'elle porte. Ce qui me permet de découvrir ce que je présageais déjà : un corps aussi fin et parfait que son visage. Tout chez cette esclave me pousse à croire qu'elle a été fabriquée pour devenir un jouet sexuel mais dans ce cas, pourquoi la doter de la capacité d'apaiser par simple contact... Je m'occuperai de cela plus tard. Le paquet ouvert, je passe la robe à Cassia puis les chaussures. Le résultat est bluffant. Elle est superbe et risque d'attirer bien des convoitises.

Te voilà prête. Contente-toi de me suivre et tout se passera bien. Nous allons chez moi. Je t'expliquerai là-bas ce que j'attends de toi. Et tu m'expliqueras comment tu fais.

Pour être certaine de me faire comprendre, je pose sa main à nouveau sur mon poignet avec douceur.
Avatar du romain
Lucretia Albinus
Joueur absent
 
Messages: 253
Inscription: 25 Juillet 2012, 22:24
Prénom: Lucretia
Nom de famille: Albinus
Surnom: L'Enchanteresse
Compte principal: Oui

Re: [E1] La vie est plus forte que tout...

Messagepar Cassia le 05 Août 2012, 16:32

Cette femme semble me comprendre. Lit-elle dans mon regard aussi aisément que dans un livre ouvert ? J’obéis, me disant que c’est là, la meilleure façon de procéder. Immobile, impassible, je sursaute à peine lorsque le propriétaire de cet endroit sordide fait son retour, vociférant des insultes à ses deux employés. Je crois que je le crains plus que tout, surtout en cet instant. Mon destin est encore indécis, et il suffirait d’une légère variation dans cet enchainement d’évènements, pour que tout bascule pour moi. J’observe, attentive à l’échange que cette inconnue qui n’a pas souhaité me donner son nom lorsque je lui ai demandé, avec Spurius. Elle souhaite m’acquérir, et commence à négocier fermement avec le marchand. Mon cœur semble vouloir s’accélérer. Mes sentiments sont confus. Je suis à la fois heureuse de quitter cet endroit auprès de cette romaine qui semble douce au premier abord, mais j’angoisse à l’idée de retrouver le monde extérieur et ses dangers. Et tandis que mon regard ne quitte plus le visage de ma future nouvelle propriétaire, je réprime une envie de sourire, voir même de rire lorsque celle-ci fait remarquer au propriétaire des lieux, qu’elle attend une belle remise sur le prix. N’est ce pas là une forme de vengeance de ma part ? Oui, je me venge de la cupidité de cet homme à travers ma future maîtresse. Je me venge de cette course infinie aux profits, à l’argent. Mais quelque part, tout ceci demeure blessant pour moi. L’on me vend comme une machine, on m’achète comme on achèterait un simple objet. Je ne peux pas attendre mieux de la part des humains, je le sais, mais j’ai du mal à l’accepter encore…

"Suis-moi, Cassia."

Perdue dans mes pensées, dans mes réflexions, je ne me suis même pas rendue compte du départ de ma propriétaire. Immobile, telle une statue éternelle, je reste passive, silencieuse, interdite, avant de revoir ce visage me faire face. Elle est d’une grande beauté, et son regard a quelque chose d’envoûtant, d’intriguant. Déjà, je me suis faite une idée sur le caractère de ma future propriétaire, mais je ne partage jamais ce genre d’idées avec les humains. Il me faut sans cesse apprendre, pour savoir ce que je peux faire, ou ne peux pas faire avec eux. Docile, je quitte mon emplacement d’exposition, pour la suivre, lentement, agilement, me demandant ce qu’elle attend de moi. Nous passons dans l’arrière boutique, et je reste figée face à elle. Ainsi, j’espère ne pas la froisser, ou faire naitre une quelconque forme de mécontentement chez elle à mon sujet. Elle me déshabille et je n’éprouve aucune gêne, aucune pudeur. La romaine m’habille, s’applique à me passer sur le corps nu, une robe somptueuse. Je ne pouvais attendre mieux de sa part, c’est un cadeau sublime. Des chaussures viennent se glisser délicatement sur mes petits pieds, et j’ai du mal à me faire à cette matière. Je n’ai pas l’habitude de marcher avec des chaussures…

"Te voilà prête. Contente-toi de me suivre et tout se passera bien. Nous allons chez moi. Je t'expliquerai là-bas ce que j'attends de toi. Et tu m'expliqueras comment tu fais."

J’hoche simplement la tête pour lui signifier que je comprends ses instructions. La sensation de ses doigts sur mon poignet ne fait que renforcer l’idée que je serais bien mieux en sa compagnie qu’ici. D’un pas égalant celui de ma nouvelle maitresse, je la suis, attentive à sa démarche, presque féline, à ses gestes, son attitude. Je l’observe, la détaille du regard, essais d’en apprendre autant que je le puis sur elle. J’imprime en mon esprit tout ce que je vois. Sa chevelure, son grain de peau, ses longues jambes mais aussi la manière qu’elle a de se mouvoir. Nous sortons de la boutique, et je frisonne à l’idée de laisser cet endroit derrière moi. Que vont devenir les autres, restés là-bas ? Je ne peux rien pour eux, je ne peux sauver les androïdes. A quoi bon de toute façon ? Jamais les humains n’ont voulu que nous soyons indépendants. Je ne suis pas conçue pour agir de moi-même, selon ma propre volonté. Que ferais-je si je me retrouvais seule ? Je crois que je me replierais de nouveau sur moi-même, en attendant une nouvelle vie, utilité…

Je crois comprendre que ma maîtresse est une romaine que l’on respecte. Beaucoup de regards se tournent à son passage, et l’observent. Je ne sais rien d’elle, ni même son nom. Mais les réponses viendront surement bientôt. Elle attend de moi que je lui explique comment je fais. Une demande qui est restée sans réponse jusqu’ici. Peut-être veut-elle que nous soyons chez elle, avant de pouvoir discuter librement. Ce serait logique. Je crois savoir qu’elle s’intéresse à mon don, à ma capacité à apaiser les personnes de son espèce. Ce ne serait pas surprenant. Pourquoi le Concepteur m’a-t-il fait ce cadeau ? Je n’ai même pas réussi à la sauver du sommeil éternel, lorsque cela fut nécessaire. J’espère ne pas être inutile, j’espère que cette romaine ne sera pas déçue par son achat, par mes capacités, mes facultés. Je ne veux pas retourner dans cette boutique, ni être détruite. Je marche lentement et suis au mieux ma nouvelle maîtresse, vers l’inconnu…
Avatar du romain
Cassia
Androïdes
 
Messages: 35
Inscription: 03 Août 2012, 09:47
Prénom: Cassia
Nom de famille: Albinus
Surnom: La Charmeuse
Compte principal: Thalie
Compte secondaire: Oui


Retourner vers Episode Premier : Les préparatifs



Qui est à Rome ?

Romains parcourant ce forum: Aucun romain en ville et 2 touristes

cron